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01/06/2020
The Samurai of Prog Bernard/Pörsti
Gulliver
rock progressif symphonique – 62’17 – International ‘20
J’avoue, à la sortie du disque et surtout de son emballage, on ne peut plus magnifique, digne des plus belles œuvres picturales (tous genres musicaux confondus), m’être quelque peu enflammé et pour cause... Ce groupe a été initialement formé comme un projet de collaboration multinationale en 2009, avec Marco Bernard (basse), un Italien résidant en Finlande, Kimmo Pörsti (batterie) de Finlande et un multi-instrumentiste américain, Steve Unruh. Le The Samurai of Prog est ce trio de base et des musiciens invités en cas de besoin. Le premier album est apparu en 2011 et ce n’est pas moins de sept albums qui ont ponctué la carrière du trio qui sait s’entourer d’un sacré paquet de musiciens plutôt doués en général, jusqu’à ce jour avec le huitième «Gulliver». Un album qui ne s’appelle pas Samurai of Prog mais Marco Bernard/Kimmo Pörsti Gulliver Samurai. Ces considérations de boutiquier ont leur importance car Steve Unruh, le troisième larron, n’apparaît que sur un titre, «Gulliver’s fourth travel», en tant que violoniste. Album de transition donc ou rupture passagère?
Pourtant, tous les ingrédients sont là dès «Overture XI», une ouverture qui porte allègrement ses 7’42, et augurent d’une œuvre progressive au sens où on l’entend. Profusion de sons qui vous assaillent les tympans avec une élégante furie. L’impression se poursuit favorablement avec le gros morceau du disque, l’imparable suite «Lilliput Suite» et ses six parties dans le plus pur style grandiloquent. Cependant, j’ai du mal avec le chant qui «envahit» un peu trop l’espace musical, à la façon d’un opera rock genre Ayreon en plus prog’, cela va de soi. Mais c’est une profusion de claviers dont un sublime mellotron qui emporte l’adhésion au-delà des passages chantés, il faut dire aussi que pas moins de six claviéristes se sont collés à l’élaboration du monument. Tous Italiens à priori, ce qui procure cette latinité jubilatoire, ce phrasé très XVIIIe siècle avec juste l’emphase nécessaire pour porter ce progressif agressif à un haut degré d’ébullition. 17’53 de retour vers le futur du prog’ comme on le faisait vers 75/76. Bien sur, l’histoire du Gulliver de Jonathan Swift se prête à toutes les exagérations et les fantasmes prog’ possibles et imaginables et le duo Bernard/Pörsti s’en est donné à cœur joie pour cette pièce montée, la chantilly déborde de partout, à la limite de l’écœurement, et il faut avoir le cœur (prog') bien accroché pour ne pas succomber à une overdose qui, chez d’autres auditeurs, mènerait à une issue fatale! Les quatre titres suivants, dont pas un ne descend sous la barre des huit minutes, sauf le «Finale», sont de somptueux morceaux de rock progressif comme on l’entendait aux temps bénis. Peu de modernité en cela, seul «The land of the fools» aborde une facette moins outrecuidante par rapport à la faconde symphonique dont fait preuve ce «Gulliver». Un splendide morceau qui ne sera pas sans rappeler le changement d’ère de Genesis, entre anciennes envies et promesse d’un futur plus pop. C’est avec «Gulliver’s fourth travel» que surgit le violon de S. Unruh, relayé par un Moog rugissant sur un titre chanté en italien! Le court et enjoué «Finale» clôt une œuvre grandiose, à la limite de l’insolence et de la prétention pour qui ne peut entrer dans un univers sonore aussi riche. Il est évident que Bernard/Pörsti viennent de signer un manifeste progressif exubérant d’une luxuriance touffue, le foisonnement de claviers en étant le grand responsable, mais tout est exécuté à la perfection et plusieurs écoutes seront requises pour apprécier les pleins et déliés d’une telle opulence.
Commode
Album non disponible sur Bandcamp
02/06/2020
Marjana Semkina
Sleepwalking
prog de chambre – 41’10 – Russie ‘20
D’aucuns l’ont comparée à Kate Bush et c’est vrai qu’il y a quelque chose de ça à certains (trop rares) moments! La chanteuse de «Iamthemorning» (curieux nom pour ce duo avec Gleb Kolyadin dont elle est la chanteuse!) et son petit brin de voix un peu fluette est pourtant loin d’avoir le punch de la précitée. Mais bon, elles ne jouent pas dans la même cour. Pour son premier essai en solo, Marjana nous promène de ballade bucolique en ballade pastorale accompagnée de guitare acoustique, de piano et de violon intimiste. Et ce malgré la présence de grosses pointures rock du genre Jordan Rudess (clavier de Dream Theater) et Craig Blundell (batteur chez Steve Wilson e.a.). L’orchestre de Saint Petersburg «1703» ajoute sporadiquement plus de rondeur et d’emphase à certaines plages. Dommage que ce ne soit pas la règle générale mais c’est le choix de l’artiste. On imagine pourtant des morceaux comme «Turn back Time», «How to be Alone», «Everything burns» et «Mermaid Song» (surtout) chantés par la susmentionnée Kate Bush avec ses modulations vocales et le panache qui la caractérisent. Certes, à certains moments c’est vrai, Marjana a ces mêmes intonations de façon embryonnaire mais la ligne mélodique générale ne va pas plus loin dans ce registre. Cela dit, ce «Mermaid Song» est superbe avec sa montée progressive en force symphonique. Les plages comme celles-ci nous laissent donc sur notre faim. Elles auraient mérité un réel développement. Je me mets à espérer pour un prochain album. Le petit colibri prendra-t-il de la hauteur? Je pense qu’il pourrait se montrer fascinant!
Clavius Reticulus
03/06/2020
Golden Caves
Dysergy
pop-prog-rock – 53’14 – Pays-Bas ‘20
Golden Caves est un jeune groupe hollandais prometteur si l'on en croit les «Progressive Music Awards», qui se déroulent au Royaume-Uni, et pour lesquels il a été nommé dans la catégorie du «plus grand talent» pour son premier album «Collision» en 2017.
Voyons de quoi est fait leur deuxième album «Dysergy».
Autant le dire tout de suite, pour moi il s'agit plus de pop rock de haut vol que de rock progressif. Il y a, certes, des tendances progressives à certains moments, notamment grâce au guitariste Alex Ouwehand qui a, sur certains titres, un magnifique toucher, mais il sont trop rares! Alors oui, ils ont des parties plus rock, mais sur plusieurs titres nous avons affaire à des morceaux dont l’inspiration, les variations, la recherche sont peut-être loin des attentes de l’amateur de rock progressif le plus exigeant. La part belle est surtout faite à cette magnifique chanteuse Romy Ouwerkerk. Elle est tout dans ce groupe; on sent qu'elle est au centre de toutes les attentions, avec une voix magnifique et douce dont elle joue comme d'un véritable instrument et sait se révéler légèrement plus dure quand le rythme s'accélère, comme dans «Temperature». Sur «Happy Dream», particulièrement, elle procure des frissons grâce au feeling et la chaleur qu'elle renvoie. Un peu comme The Gathering avec en son temps Anneke van Giersbergen. Sur «Black Hound» on peut retrouver des convergences avec Delain, Stream of Passion ou After Forever, mais surtout dans le timbre de voix et non musicalement. Cet opus peut procurer du plaisir car il est très bien produit, le son est superbe, et puis il y a Romy…
Mais s'ils veulent poursuivre dans le progressif, pour leur 3e album, il leur faudra sans doute encore trouver plus d'originalité et se passer de banalités. À suivre…
Vespasien
Album non disponible sur Bandcamp
04/06/2020
Quel Che Disse Il Tuono
Il Velo Dei Riflessi
rock progressif symphonique – 48’40 – Italie ‘20
Pour ceux qui sont allergiques (j’en connais!) au chant en italien, je peux les rassurer immédiatement: il y en a effectivement dans Quel Che Disse Il Tuono, mais à très petite dose. Ici, c’est véritablement la musique qui prime. Et quelle musique! Le groupe se revendique comme étant l’héritier de quarante ans de rock progressif et l’on est pas volé car c’est de cela qu’il s’agit. Formé à la base par Francesca Zanetta (guitare), après la dissolution d’Unreal City, la belle est rejointe par Niccolo Gallani (claviers, flûte) du groupe Cellar Noise, Roberto Bernasconi (basse, chant) et Alessio Del Ben (batterie, claviers). De délicates notes de guitare, soulignées par les claviers, introduisent «Il Paradigma Dello Specchio», très vite rejointes par le duo basse/batterie pour neuf minutes de pur bonheur musical: tout ce qui fait notre musique préférée est ici agencé de main de maître et, tout en étant extrêmement inventive, elle nous replonge avec délice dans ces ambiances adorées (que l’on adore adorer). Et cela continue de plus belle en plus belle: après des aspects Pink Floyd, du Genesis dans certaines parties de clavier, du PFM, «Figlio Dell’Uomo» nous emmène plus loin encore et on y trouve du King Crimson, notamment… Si vraiment la langue italienne est, pour vous, rédhibitoire, passez votre chemin car le titre suivant «Chi Ti Cammina Accanto?», le plus court avec une intro de toute beauté, est celui qui, comparativement, comporte le plus de chant (écoutez tout de même les parties de flûte, splendides). «Il Bastone e Il Serpente» nous emmène dans les contrées plus aventureuses du rock progressif. Les parties de guitare se font plus techniques encore. Un côté plus sombre se dessine également sur ce titre: l’une des plages les plus intéressantes de cette galette. L’ombre de John Lord plane sur l’intro de «Loro Sono Me» où l’on trouve des déclamations dans d’autres langues, dont le français! La musique se fait plus expérimentale pour un résultat absolument bluffant, sans pour autant dire adieu à la mélodicité. On y trouve même des chœurs du plus bel effet. Vivement un second album pour ce groupe plus que prometteur!
Tibère
https://quelchedisseiltuono-ams.bandcamp.com/album/il-velo-dei-riflessi
05/06/2020
A Lifelong Journey
A Lifelong Journey
rock progressif / symphonique – 50’15 – Italie ‘19
L’Italie est décidément une terre de prog, pas une semaine sans qu’un nouveau combo apparaisse et ceci pas toujours pour le meilleur. Ce n’est pas du tout le cas pour la formation dont je vais vous parler aujourd’hui. A Lifelong Journey, qui nous offre son premier album éponyme, est un duo composé de Mauro Mugiati et Brian Belloni. Nos deux lascars ne sont pas des inconnus du monde du prog international de par leur appartenance au projet Beggar’s Farm, cover band de Tull, au sein duquel ils ont à partager la scène et le studio avec des pointures mondialement connues comme, entre autres, Barre et Bunker (Tull), Paice et Airey (Deep Purple), ou encore Agliapietra et Pagliuca (Le Orme), ou enfin Lanzetti et Piazza (PFM), rien que cela!
Le prog développé sur cet album est totalement orienté vers le progressif anglo-saxon, loin des stéréotypes des groupes issus de la botte de l’Europe.
Progressif, symphonique et aventureux sont les trois qualificatifs qui me viennent à l'esprit à l’écoute de ce premier effort de A Lifelong Journey. Avec, bien sûr, quelques hommages volontaires - ou pas - aux géants de la musique progressive des années 70. Ainsi donc vous serez troublés par le son et le chant sur le titre «Reality», très proche de ce que faisait le Genesis de Gabriel!
Bon, tout n’est pas parfait, premier album oblige; un ou deux titres sont assez dispensables et, pour d’autres, des développements plus longs auraient fait de cet album un incontournable.
Ceci dit c’est une très bonne découverte.
Tiro
Album non disponible sur Bandcamp
06/06/2020
Cocanha
Puput
chants polyphoniques à danser – 42’32 – France ‘20
Deuxième album sur le label Pagans pour Caroline Dufau, Maud Herrera et Lila Fraysse, les 3 chanteuses/tambourineuses de Cocanha qui se sont rencontrées à Toulouse. «Puput», qui signifie en français huppe fasciée (voir pochette), fait référence à cet oiseau venu rendre visite au trio féminin lorsqu’elles étaient en résidence dans l’Aveyron mais aussi à la représentation de la femme, à s’exprimer, à être libre alors qu’il y a encore des insultes misogynes comme celles qu’on entend dans le mot de cet oiseau. Cocanha puise dans le répertoire traditionnel occitan, remet en mouvement des archives et les replace dans le fil de l'oralité. Certaines paroles sont réécrites, d'autres inventées, émanant d'un imaginaire commun à ciel ouvert. Les personnages des chansons se réapproprient leur puissance désirante et l'affirment. Le groupe a choisi de chanter en occitan, et même si on peut comprendre un peu le sens des paroles (surtout sur «La femma d’un tambor») grâce à la façon de chanter, j’aurais aimé avoir les textes traduits sur le livret pour connaître un peu plus les histoires qui y sont racontées, comme pour la chanson de «Janeta». Les principaux instruments employés sont les tambourins à cordes (instruments à cordes frappées très liés notamment à la culture béarnaise et gasconne) mais surtout le tapage des pieds (podorythmie), voyez avec «Cotelon» (la vidéo ci-dessous), et des (ou avec les) mains sur, par exemple, «Au son deu vriolon» ou «La Sovença». Et puis l’élément essentiel: les mélodieuses voix! 3 voix différentes en harmonieuse polyphonie, appréciez justement la version polyphonique de «Quauque còp», mais tout cet album est très agréable et plein de fraîcheur. Cocanha est une belle réussite entre musique traditionnelle et modernité.
La Louve
07/06/2020
Alain Blesing / Bruno Tocanne
L'impermanence du doute
Jazz / Musique Improvisée – 41’57 – France ’20
Ce sont des retrouvailles que Bruno Tocanne et Alain Blesing mettent en musique, après deux albums et une tournée sibérienne de 40 dates en 2016. Le batteur (Sea Song(e)s, Over The Hills) et le guitariste (La Théorie des Cordes, Songs From the Beginning) procèdent par touches légères, subtiles, et ripolinent chacune des dix ambiances qu’ils créent dans ce doute soi-disant impermanent. Soi-disant, car il faut le cultiver, ce doute, pour se laisser aller, remettre en cause, déconnecter, lier et défaire deux instruments sans voix, qui se parlent toutefois comme s’ils évoluaient de leur volonté propre. Et ce doute est tout autant utile à l’auditeur, qui se laisse gorger de sucs sonores, petit à petit, des cordes frottées de «Night Train» aux réverbérations de «Bugs conversation» (un de mes préférés), en passant par les cordes pincées de «Les sauts de l’ange», le tout teinté dans la matière par cymbales et caisses d’une batterie instrument plénier plus que rythme dédié – sauf peut-être quand la bête jaillit de son hibernation comme dans «L’impermanence du doute». Toi aussi, laisse-toi aller…
Auguste
https://brunotocanne.bandcamp.com/album/limpermanence-du-doute
08/06/2020
Dai Kaht
II
Zeuhl – 59’09 – Finlande ‘20
On ne sait pas trop s’il «chante» (récite? crie?) en kobaïen ou en finnois. Pour qui ne connaît pas la langue nordique c’est du pareil au même et vous m’excuserez si je n’ai pas trouvé les bons hiéroglyphes pour transcrire ici les titres des plages. Qu’à cela ne tienne, Atte Kemppainen, bassiste et vocaliste fondateur du band Dai Kaht aux alentours de 2013, nous remet le couvert pour ce deuxième album qui ne s’embarrasse pas d’un titre alambiqué. Le premier, sorti en 2017, ne comportait d’ailleurs que le nom du groupe. Le thème traite d’un avenir obscur de l’humanité à l’âge de la conquête et de la colonisation spatiale. Le plus souvent Dai Kaht nage dans les eaux de Magma et de Christian Vander. Le band continue d’exploiter la veine dans la lignée du premier opus. La batterie vitaminée et la guitare boostée aux amphétamines tiennent le haut du pavé. La sonorité de celle-ci est souvent proche de celle du groupe GUN (celui de «Race With the Devil» en 1968). La violence et l’agressivité s’invitent alors dans la foulée - c’est le cas pour la troisième plage - avant d’enchaîner sur un phrasé plus «rituel» en intro aboutissant à une déferlante guitaresque circonvolutive ponctuée de voix hystériques qui n’ont pas grand-chose à voir avec ce que l’on appelle traditionnellement un chant. Curieusement s’ajoutent des moments «caméliens» perdus au cœur de cette planète déjantée où coule un magma en ébullition. Au final un album qui plaira aux amateurs de zeuhl mais qui risque de faire fuir les autres. Quant à moi, je l’ai trouvé d’excellente facture!
Clavius Reticulus
09/06/2020
Karfagen
Birds of Passage
rock progressif symphonique – 57’05 – Ukraine ‘20
Karfagen est l’un des nombreux projets d’Antony Kalugin. On lui doit également, outre l’une ou l’autre sortie solo, des albums de Sunchild, Hoggwash, Akko et AKP. Sous la dénomination Karfagen, «Birds of Passage» constitue, si je ne me trompe pas, la 11e parution depuis 2006. Bien qu’il soit le maître d’œuvre de «Birds of Passage» (composition, production, claviers, percussion, chant), Antony a reçu l’aide de neuf musiciens (et musiciennes), aussi bien au chant, aux guitares, basson, violon, basse, flûte et percussions diverses, pour arriver à ses fins. Les paroles sont tirées de poèmes d’Henry Wadsworth Longfellow d’une part et de William Blake d’autre part, complétées de ses propres ajouts. Avant d’attaquer les aspects purement musicaux, je souhaite attirer votre attention sur la splendide pochette, une peinture d’Igor Sokolskiy, habitué à illustrer les albums d’Antony. Quatre titres constituent la version physique, tandis qu’un cinquième titre est offert sur Bandcamp, «Birds (Short Introduction)». Deux suites sont le cœur de cette œuvre: «Birds of Passage (Part 1)» pour 22’40, elle-même divisée en cinq parties, et «Birds of Passage (Part 2)» pour 21’11, composée de quatre sous-parties. Ces compositions à tiroir nous montrent à voir un vrai talent puisque de nombreuses références peuvent y être citées, allant de Genesis à Camel, en passant par Yes, Transatlantic ou Flower Kings. Les amateurs de symphonisme ne seront pas déçus, d’autant que les mélodies se font enchanteresses. Des influences médiévales se font également sentir de loin en loin, tout comme des guitares venues tout droit des plages les plus délicates de Genesis, mais le rythme se fait, par moments, nettement plus soutenu! «Spring (Birds Delight)», nettement plus court (4’34), dispose en son sein de parties jazzy, d’autres tribales et d'interventions au clavier dignes du meilleur Manfred Mann‘s Earth Band. C’est la sérénité qui nous accueille pour le titre instrumental «Sunrise». Ne passez surtout pas à côté de cette splendide plaque qui ne manquera pas de vous emmener bien loin de notre triste quotidien (surtout durant cette période).
Tibère
https://antonykalugin.bandcamp.com/album/birds-of-passage-high-res-24bit-48
10/06/2020
Thomas Jamet
Dark Matter, Pt.2
rock métal aérien – 19’07 – France ‘20
Alors membre du groupe Hundred Miles dont l’album «Just a Matter of Time» de 2013 est qualifié de heavy modern rock, le guitariste Thomas Jamet (Thomas Jamet - Musicien) s’essaye à une aventure solo qui prit officiellement vie fin 2016 avec la sortie d’un premier EP d’une quinzaine de minutes intitulé «Interstellar, Pt.1». Les influences guitaristiques de Thomas sont à chercher du côté de Brian Patrick Carroll (alias Buckethead) - vous savez le virtuose qui porte sur scène un seau blanc sur la tête -, Wes Borland, guitariste de Limp Bizkit et Devin Townsend que l’on ne présente plus. Autant dire qu’avec de telles influences, de tels penchants pour des guitaristes aussi étonnants qu’innovants, on est en droit d’attendre du musicien français de l’inventivité.
En mai de cette année, Thomas donne une suite à son premier travail solo sous la forme d’un nouvel EP intitulé «Dark Matter, Pt.2». Structurellement dans l’idée du one-man-band, à l’image du guitariste polonais Widek ou de Ben Sharp avec Cloudkicker, le travail du guitariste français est à la fois technique et atmosphérique. Un troc perpétuel entre ambiance et méthode dans lequel l’auditeur s’immerge pour un voyage mélodique. Musique instrumentale et mentale qui nous berce de sonorités et d’arpèges délicats mais qui, par des riffs bien appuyés, nous propulse ensuite vers des contrées que l'EP précédent avait à peine explorées, «Je me révèle davantage, entre riffs rock et parties plus ambiantes, entre force et émotion».
Grâce aux mains expertes de Jean-Jacques Blondeau du «Schizoid Sound studio», cet EP jouit d’une production et d’une mise en son irréprochables, ce qui lui permet de sonner comme un vrai groupe (malgré des drums parfois trop robotiques sur «Universe In Motion»). Un album réussi, maîtrisé, qui évite de tomber dans la fosse putride des albums inconséquents des guitar heroes nombrilistes et abscons. Néanmoins il s’agit d’un rock métal aérien auquel il faudra sans doute encore apporter un peu de folie et d’inventivité que le musicien, insatiable, nous proposera peut-être sur le troisième volet de son épopée sur lequel il est déjà en train de bosser.
Tout ceci est disponible sur diverses plateformes comme Spotify, Deezer, Apple Music et Bandcamp, et le musicien s’est même offert le luxe de proposer une série très limitée de 20 exemplaires vinyles de son dernier EP.
Centurion
11/06/2020
Different Light
Binary Suns (part 1 – Operant conditions)
néo-progressif – 56’37 – République tchèque ‘19
J’ignorais que la République tchèque abritait des groupes de progressif. Mais après tout pourquoi pas? Nous avons eu d’excellents groupes venant de Pologne ou de Hongrie; rien d’illogique là-dedans. Different Light est loin d’être un nouveau groupe puisque cette production est déjà leur quatrième album, le premier ayant vu le jour déjà en 1996. Nous n’avons donc pas affaire à des débutants. Ce qui frappe d’emblée dans cet album, c’est l’omniprésence du piano. Le leader et principal compositeur du groupe est effectivement le claviériste Trevor Tabone qui, en plus, assure le chant lead. La musique est difficile à ranger dans une catégorie précise; si on veut faire simple, on peut dire que c’est du néo-prog mais l’étiquette serait vraiment trop réductrice. Les pièces sont jouées avec allant et enthousiasme; la tonalité générale de l’album est plutôt fraîche de par l’utilisation massive d’accords majeurs. Les amateurs de dark ou de doom passeront donc leur chemin. La voix du chanteur est agréable et douce à l’oreille mais, à mon sens, manque un peu de caractère et il y a peu de variété dans la manière dont les morceaux sont chantés; cela est heureusement et opportunément enrichi par des harmonies vocales assez réussies. Certaines lignes mélodiques sont également vraiment emballantes, telles que celles sur le final du morceau «Two Faces» qui vous emmènent un peu comme un Spock’s Beard est capable de le faire. Tout va donc bien, me direz-vous? En fait, oui… et non. L’album n’a fondamentalement aucune faiblesse; les compositions sont bien torchées, la production est claire et chatoyante bien qu’elle aurait pu davantage pousser le côté symphonique; la partie du milieu du morceau «On the borderline» y aurait notamment nettement gagné en intensité dramatique. Mais l’ensemble reste dans une très bonne moyenne mais dans une moyenne tout de même; cet album ne crée pas une envie irrépressible d’y retourner une fois qu’il se termine. Mais restons tout à fait honnêtes et il faut dire que cet album tiendra fièrement son rang dans n’importe quelle discothèque du fan de prog. À présent, l’album est sous-titré «Part 1»; cela signifie donc qu’une «Part 2» est certainement en préparation. Attendons de voir en espérant qu’ils fassent au moins aussi bien.
Amelius
https://progressivegears.bandcamp.com/album/binary-suns-part-1
12/06/2020
Bells and Ravens
In our Blood
power-mélodique-symphonique-néoclassique metal – 40’52 – Allemagne ‘20
C’est avec beaucoup de plaisir que je vous présente le premier album de la formation allemande BELLS AND RAVENS, projet du guitariste du groupe Contracrash, Matt Carviero, et du chanteur de We Are The Legends, Selim Schonbeck.
Si vos goûts musicaux lorgnent vers Kamelot, Mystic Prophecy, Riot, Savatage ou encore Crimson Glory, cet opus est pour vous! Si les envolées guitaristiques néoclassiques de Yngwuie Malmsteen vous donnent le grand frisson, alors vous allez prendre votre pied!
Cet album se décline en deux parties. La première, chantée, nous propose un power metal typique aux contrées germaniques et au heavy des années 80; tout y est: double grosse caisse, solos virevoltants, chant aigu et même la power ballade, «Until I Leave».
La seconde est totalement symphonique et classique. Sur les traces de Malmsteen, Carviero, virtuose de la six cordes, nous propose de revisiter à sa manière quelques grands classiques du classique. Beethoven (la 5e), Tchaïkovski (le Lac des Cygnes) et, plus rare, un medley des principales symphonies d'Anton Brukner, qui sont ici réinterprétées en concertos pour guitare et orchestre. Sans être novatrice ni originale, la prestation de Matt Carviero mérite d’être remarquée.
Un album qui plaira cependant plus aux fans de metal qu’à ceux du prog.
Tiro
Album non disponible sur Bandcamp
13/06/2020
Six. By Seven
EX II
électro/psyché/kraft – 85’18 – UK ‘19
«Anglo German Post Brexit Kosmik Soundtraks in a Post Everything World». Le sous-titre autoproclamé des gentils louftingues ci-dessus nommés Six By Seven vous en dit long sur leurs délires. Le côté répétitif nous plonge évidemment dans une ambiance électro qui rappelle Heldon (en moins acide) et Kraftwerk (dans une large mesure). Martèlement insidieux, ininterrompu, hypnotique, envoûtant, voix ponctuelle à l’arrière-plan dont on ignore ce qu’elle raconte, batterie locomotive, basse qui tient en trois notes, tout ça finit par vous plonger dans une sorte de transe dont, à mon avis, on ne ressort pas indemne. «Glück Auf» évoque plus que certainement Kraftwerk, et fait même plus que l’évoquer… en fait c’est du Kraftwerk pur et dur. Froid, mécanique, répétitif, machine muzik purement synthétique. Soit vous vous laissez entraîner dans la spirale qui ne manquera pas de vous absorber définitivement, tel un trou noir, soit vous flotterez en surface événementielle, cherchant désespérément une berge pour accoster. Ce souffle mékaniquantik ouvre la porte d’un monde métalloïde glacial et enivrant. «Stranger Outside» nous replonge dans les sonorités Heldon-Pinhas, la guitare se fait plus décapante, la batterie roule comme le ressac d’un océan de méthane. Ces dix plages oscillent entre électronique pure, répétitive et ambiances psyché aux fragrances kraut. «Norbert Nigbur», de loin le plus hypnotique, achève de nous assimiler dans son maelstrom quantique. Étonnante similitude avec l’opus heldonien «Agneta Nilsson». Hallucinogène!
Clavius Reticulus
14/06/2020
Kungens Män
Hårt som ben / Trappmusik
krautrock – 37’56 / 78’49 – Suède ’19 / ’20
Il y a une petite année, Kungens Män s’est payé une excursion dans les bois du Värmland, au centre-ouest de la Suède, dans le petit village de Näved, collé à la frontière norvégienne: trois jours au Silence Studio, qui a vu passer dans ses murs Samla Mammas Manna comme Motorpsycho, trois jours à jouer, jammer, improviser, enregistrer - 13 heures de musique. Les 6 développements de «Hårt som ben» en sont le premier résultat: poussée de guitares (ils sont trois à tenir un manche, sans compter le bassiste) comme l’est le morceau titulaire, amarre puissante tressée à la basse («Måttanpassad minneslucka»), senteur orientale («Evigetern»), pure atmosphère («Rose-Maries bebis») ou climat planantophile («Patriarkivet»). «Trappmusik» est la deuxième conséquence de ce voyage hors de la ville du groupe: il y présente la facette détente de cette session, intense en même temps que propice au relâchement - le lac, la campagne, ça vous change du métro de Stockholm après le travail. Le saxophone de Gustav Nygren y tient une plus grande place («Fånge i universum»), de même que l’orgue de Peter Erikson, en particulier dans «Främmande i tillvaron», qui est un hommage à Bo Hansson et à son Hammond - c’est pour lui qu’a été créé le Silence Studio.
Auguste
https://kungensman.bandcamp.com/album/h-rt-som-ben
15/06/2020
Marco Grieco
Nothing Personal
rock progressif – 54’50 – Italie ‘20
Marco Grieco n’est pas tout à fait un inconnu pour celles et ceux qui sont à la pointe du RPI (rock progressif italien). En effet, sous le nom de MacroMarco, il a sorti un disque en 2009 où, déjà tout seul, il jouait et chantait sans aucune aide extérieure («Il pianeta degli uomini liberi»). Né en 1967 à Salerne en Campanie, cet homme n’est pas seulement un musicien accompli, il possède un CV couteau suisse puisqu’il est donc auteur-compositeur, chanteur, écrivain, multi-instrumentiste (ça, on l’a compris), réalisateur et aussi designer! Un homme protée, un artiste accompli comme on en découvre souvent dans le milieu du rock progressif qui reste une sorte d’exutoire pour ce type d’artiste au trop plein d’inventivité.
Grieco dit faire du neo prog, je veux bien mais on est tout de suite agréablement surpris que ce soit Yes qui vienne à l’esprit, le Yes des «Big Generator» et «Talk», certes pas les plus courus des fans mais le choc auditif d’emblée n’en reste pas moins jouissif. Il y aussi du Asia dans ces tournures et la durée des morceaux. Hormis le dernier titre «Winter» qui fait son petit quart d’heure, les huit autres titres tournent entre cinq et sept minutes. On a donc là un opus qui tient du prog’ symphonique et fort synthétique de la fin eighties/début nineties comme ont su si bien le faire les deux groupes précités. La surprise est totale car là ou on attendait un prog’ à l’italienne, torturé de fioritures, on tient le disque parfait et efficace pour l’autoroute. Cet avis n’est pas réducteur de ma part. Bien monté dans le son, il sera le compagnon parfait d’une échappée sur le long ruban d’asphalte. Mais le réduire à ça serait injuste car la recherche musicale effectuée met une partie du cerveau en ébullition. On aurait tendance à rendre ce type de rock progressif facile d’accès mais c’est ce qui en fait le plaisir justement. Des chansons tarabiscotées avec des chœurs lancinants hyper ‘yessiens’, une part d’Anderson dans la voix et certaines constructions mélodiques dignes de «90125» ou de celui qui se rapproche le plus de ce «Nothing Personal»… «Drama» car oui, des perles comme «Last Chance», «Falling dreams» ou «The Eden» auraient pu se retrouver aux côtés des «Machine Messiah» ou «Into the Lens» de l’album de Yes en 1980. Je loue l’intro pianistique de «Waiting for», la ballade californienne «Am I sleeping?», le très court «Waves», respiration salutaire sur grand piano, mais la grande affaire de ce second album de Marco Grieco reste l’orgasmique «Winter», pièce montée où l’on a vraiment beaucoup de mal à s’imaginer l’homme seul face à tant d’instruments, de virtuosité et de savoir-faire… Un musicien qui fait son œuvre solitaire, on connaissait déjà mais là, c’est un vrai groupe qu’on entend! L’homme se «déquintuple» (ça se dit, ça?) pour livrer un pavé, une synthèse absolue de progressif symphonique qui n’a rien à envier au meilleur de Transatlantic ou Samurai of Prog!
Je recommande avec jubilation ce trésor inattendu et excitant aux fans de Yes et de prog’ chamarré et emphatique et surtout «see something personal»…
Commode
Album non disponible sur Bandcamp
16/06/2020
Howard
Obstacle
stoner progressif – 36’21 – France ‘20
Après un premier EP sorti en 2018, les Parisiens de Howard (Howard - The Band) nous reviennent avec leur (court) album, «Obstacle». Ce trio (JM Canoville - guitares, vocaux, Tom Karrent - batterie et Raphaël Jeandenand - orgue, Moog et Theremin) nous gratifie d’un opus qui fleure bon le rock typé seventies. Ils se disent influencés par The Doors, Neil Young, Birth of Joy, Queens of the Stone Age et Wolfmother. Dès l’entame de «Quicklime», on comprend que le groupe ne nous laissera que peu de répit et ça fuzz immédiatement: grosses guitares, son d’orgue rappelant Deep Purple, chant puissant, tout est là pour nous emmener, malgré des notes plus légères distillées au milieu du titre. «God is Dead» nous balance la purée malgré un chant d’une mélodicité étonnante et des interventions guitaristiques planantes et des plans à l’orgue que n’aurait pas reniés Jon Lord. Le mélange orgue/guitares se montre vraiment enthousiasmant sur «Void». Les glorieuses seventies s’invitent encore sur «The Path», avec des réminiscences Rival Sons sur certaines parties de chant. Toujours beaucoup de mélodicité sur «Gone», la plage la plus longue. Belle cavalcade pour le duo orgue/guitares sur «Make Up Your Mind». Mais il est déjà temps de prendre congé du groupe avec la septième plage «Features» où le break central se fait bucolique avant de repartir de plus belle. Si, parfois, l’envie vous prend de bouger énergiquement sur une musique loin d’être robotique, alors «Obstacle» est fait pour vous et je vous recommande chaudement Howard qui doit prendre toute sa dimension sur scène!
Tibère
17/06/2020
Orange Clocks
Metamorphic
psyché/space rock/kraut – 58’08 – UK ‘20
On trouve un peu toutes les influences dans cet album qui reste malgré et avant tout psyché. Ça démarre par des vagues space rock avec un riff qui m’a rappelé, mais de façon anecdotique, le groupe de Todd Rundgren, «Nazz», et son hit «Open Your Eyes». Ensuite, on se laisse couler dans une ambiance un peu floydienne. La façon de chanter et le tempo de «Eye of Psybin» naviguent le long du même rivage. Mais la construction des plages est telle que ça se termine par des rythmes toujours plus énergiques. On s’attendait donc à une ballade avec «Miles Away», l’une de mes plages favorites, mais en milieu de parcours on pousse sur le champignon et on met la gomme pour nous envoyer des riffs tueurs dans les écoutilles! On ne s’en plaindra pas, notez bien! «Let me Breathe» et «Floating Temple» rejoignent le style space rock façon Hawkwind. Notes de guitares étirées, saturées, et chant incantatoire répétitif, toujours ponctués de riffs cinglants parfois proches du heavy metal. «Ammonite» offre en sus un solo de six cordes pas piqué des hannetons. Le plus bizarroïde reste ici ce «Noggy Pop» de plus de 28 minutes qui débute en rock spatial et s’arrête à 9 minutes 17 pour un long silence avant de reprendre en changeant complètement de cap! On a alors l’impression d’écouter un bonus de Amon Düül II qui aurait pu figurer sur leur album «Yeti». Guitares saturées, effets d’écho à profusion qui glissent doucement mais sûrement sur les eaux dark ambient en distillant une ambiance glauque et oppressante. Une façon flippante de terminer ce très bon album.
Clavius Reticulus
18/06/2020
A Flying Fish
Tears of God
musique cinématique – 15’34 – Mexique ‘20
Après un premier album très inspiré par Devil Doll, dont nous étions les premiers à vous parler en mai de l'année dernière, voici une nouvelle offrande de A Flying Fish, projet mené par le mexicain Râhoola.
Il ne s'agit pas ici d'un nouvel album, ni encore d'un EP, juste d'un seul et long morceau inspiré d'un événement tragique.
Un glas lointain comme prémices d'un voyage au travers de plaines arides du grand Sud. L'ombre d’Ennio Morricone et du western plane comme l’afflux rampant d'une chaleur étouffante. Guitare sèche et arpèges tristes, synthé qui mime le sifflet d'«Il était une fois dans l'Ouest». Alors, d'un pas hésitant, on pénètre dans ce nouvel univers, guidé par une voix féminine susurrant l’itinéraire d’un chemin qui traverse des lieux étranges... Avec appréhension, on avance, lentement, et puis on lève les yeux, on découvre des cieux inconnus, parfois énigmatiques, parfois tribaux, comme dans une forêt encore vierge. C'est un kaléidoscope d'images transformées, qui nous transporte d'un écran à l'autre, d'impressions fugaces en expériences hallucinées. Voyage solennel et cinématique, celui imaginé par un fils pour son père disparu; un peu comme l'incarnation de cet instant fugace qui, lorsque l'on passe de vie à trépas, nous voit, dit-on, revivre toute notre vie en une fraction de seconde.
Expérience étrange qui ne dure qu'un quart d'heure, serait-ce aussi le temps qu'il faut à l'âme pour monter là-haut?
Centurion
19/06/2020
Pure Reason Revolution
Eupnea
rock progressif – 47'49 – Angleterre '20
Les revoilà!!! 10 années après leur troisième album «Hammer and Anvil», Jon Courtney et Chloë Alper reprennent du service pour un retour gagnant ou...
Alors cet album? 6 morceaux assez ramassés, ce qui est plutôt bien.
La tambouille Pure Reason Revolution est toujours aussi présente avec ses influences Steven Wilson (PPT), Pink Floyd et aussi Archive, Anathema par moments, et tout cela fonctionne bien grâce à un son, une énergie, une maturité et des compositions qui tiennent la route. Dans ce style moderne de progressif, c’est à n'en point douter un très bel album mais après, pour les purs amateurs de révolution musicale, j’avoue que cela ne m’a pas réellement emmené dans mon Sidh, ni mon Walhalla...
Je m’explique. Pas de réelles surprises, de prises de risques. Non, j’ai eu l’impression d’écouter un de ces multiples groupes actuels, bien souvent tristes, mélancoliques. Je pense trop à Steven Wilson sur «New obsession» qui ouvre l’album. «Silent Genesis» m’a davantage convaincu, plus emporté mais aussi tellement SW...
«Maelstrom» est un morceau bien plus pop, loin d’être désagréable, une jolie pause avec ce petit côté Cocteau Twins. Puis c’est à nouveau reparti avec «Ghosts & Typhoons» (certainement mon morceau préféré de l’album) dans cette mélancolie wilsonnienne, si j’ose dire, de très belle facture. Refrain accrocheur, douce mélodie qui nous entraîne vers un break rageur avec des guitares puissantes qui rappellent la teneur de leur premier album, «The Dark Third», puis nouveau break en douceur pour finir en fureur! Sur «Beyond our Bodies» le duo de voix fonctionne encore à merveille dans un titre plus pop mais dans le bon sens du terme!
«Eupnea», titre qui donne le nom à l’album, conclut avec ses 13 minutes ce retour gagnant en jouant toujours cette carte contrastée entre douceur et puissance.
En conclusion et en toute honnêteté, ce come-back de Pure Reason Revolution est très réussi, mais c’est certainement moi qui ai envie d’écouter autre chose en ce moment, désolé! Après deux mois confiné dans mon atelier à cogiter sur l'avenir de l'humanité ou sur mes projets personnels, l’envie de replonger dans un progressif plus joyeux, plus aventureux aussi, plus complexe également et peut-être même régressif est bien plus forte que jamais!!!
Trajan
Album non disponible sur bandcamp
20/06/2020
Slap Guru
Umashi's Odissey
stoner rock 60’s – 58’16 – Espagne ‘20
Slap Guru est un jeune groupe madrilène qui sort cette année son troisième album, «Umashi's Odissey». Il s'agit d'un album concept basé sur un roman écrit par Alberto Martin Valmorisco. Chaque chanson est un chapitre de l'histoire et, pour cette raison, le son a beaucoup d'influences différentes de divers genres musicaux à travers le monde. On retrouve beaucoup de stoner rock, mais aussi des influences indiennes et espagnoles. Ils nous offrent un album de rock années 60-70 avec un méli-mélo de sonorités à l’ancienne et un soupçon de psychédélisme. Je reconnais un peu du groupe Blues Pills sans malheureusement le côté gentiment fou de la chanteuse Elin Larsson, même si Valerio Willy Goattin s’en sort avec les honneurs. Sur le titre «Erkil» on est en plein dans les influences de The Vintage Caravan avec un rock qui bouge bien et un son de guitare typique rock années 60 avec un bonne Gibson et ampli Orange. «Who Can Say It’s Night» est un titre avec un groove incroyable; on se laisse emporter par les doux arpèges de guitare blues. «My Shadow Kills» est plus une chanson folk-rock où l’on retrouve des influences indoues et un côté Led Zeppelin bien prononcé (et encore une fois sans le talent de Robert Plant). Sans révolutionner quoi que ce soit, ni provoquer une émotion particulière, «Umashi's Odissey» est un bon album à la production soignée, au son impeccable. Il se laisse très (voire trop) facilement écouter. J’avoue qu’on a du mal à trouver où ils veulent en arriver avec leur mélange de styles. Pas suffisamment folk pour les amateurs et trop d’influences diverses pour les fans de pure stoner. Un album pas indispensable mais qui ne vous laissera pas un goût amer pour autant.
Vespasien
21/06/2020
Electrond
EP!
électro prog – 25’57 – Norvège ’20
Dès «Speedy Gonzales Rides Again», premier morceau de cet «EP!», on pense à l’album de Karl Bartos («Communication», 2003) - et ce n’est pas un hasard. Car Trond Gjellum a puisé, pour ce projet qu’il mûrit depuis un moment (cet instrumental est paru en single il y a un an), dans un vivier qu’il connaît jusqu’au bout des baguettes - il est batteur de Panzerpappa, qui œuvre dans la mouvance Rock In Opposition depuis plus de 20 ans -, ainsi que dans une inspiration plus Electro Pop qui, à l’évidence, lui titillait le bout de ses doigts - et convoque autant le sérieux de Kraftwerk que le délire (scénique entre autres) de Devo. Ça donne un joyeux mélange, où «Stomp» procède d’une cavalcade épique qui se débride sur un rythme décalé (en plus de composer, de chanter et de mixer, Gjellum joue de tout mais, quand un batteur manipule des beat boxes, eh bien, on entend que c’est un batteur…), où «Hover a Foot Above the Ground» prend le temps du développement, où «Seven and Five, the Eternal Friends» étend ses ailes vers les astres… Le mot d’ordre? Kick your ass and move your feet!
Auguste
22/06/2020
Final Conflict
The Rise Of The Artisan
neo progressif – 61’50 – UK ‘19
Il aura fallu 8 ans à la formation britannique, Final Conflict, pour venir à bout du deuxième volet de sa trilogie «The Artisan» et déjà 8e album du groupe. Ce nouveau chapitre s’intitule «The Rise of The Artisan». Autant vous le dire tout suite, ce nouvel opus est une agréable surprise, pas parfaite certes, mais qui nous réserve cependant d’excellents moments.
Si vous êtes fan de Pendragon, Arena et Floyd, cet album devrait vous enchanter. Dès la plage titulaire, qui ouvre par ailleurs cet enregistrement, c’est à Floyd et à son guitariste que l'on pense. Ce titre, le plus long de ce nouveau voyage, vous ravira par son long solo de six cordes que David n’aurait pas renié. Après, on navigue entre moments de pur bonheur («Step & Stare», «A River of Dreams», «4 Domains») et des titres moins inspirés comme «Life #1» ou encore «Breaking the Cycle».
Dans l’ensemble un bon album, pas parfait, mais qui se laisse écouter avec plaisir. À découvrir si votre budget vous permet un extra parmi les sorties des leaders du style qui se profilent à l’horizon.
Tiro
Album non disponible sur Bandcamp
23/06/2020
M o o d
L’Appel
art-rock féerique – 55’21 – France ‘20
Qui se souvient de L’Effet Défée qui, en 2010, en avait enchanté plus d’un avec l’album Al Trop et que certains d’entre vous avaient peut-être eu la chance de voir en concert, notamment le 23 avril 2011 au festival Trolls et Légendes à Mons (un moment réellement magique)? Réjouissez-vous, la voix miraculeuse de ce splendide projet, Maude Trutet, nous revient avec Mood dont L’Appel est le second essai (sortie retardée pour cause de Covid19). Honte sur moi! Son précédent essai, Do Om, paru en 2014, a échappé à mes radars. Alors attaquons sans tarder l’écoute de cette galette. En 2013, elle fait la rencontre avec Meredith Monk qui la reconnaît comme sa petite-fille spirituelle (c’est Björk qu’elle adoube comme sa fille spirituelle, chanteuse à qui on compare régulièrement Maude). N’ayant trouvé aucune information sur les musiciens qui l’accompagnent sur ce projet, il ne nous reste plus qu’à parcourir ensemble les différentes ambiances qui parsèment cette œuvre (car c’est bien de cela dont il est question ici). La voix envoûtante de Maude nous emmène dès la plage titulaire qui ouvre également cette magnifique plaque sur un fond légèrement électro. «Out of Body» mélange allègrement (au moins) le français et l’anglais dans ce titre de moins de trois minutes. Une comptine suit («Minuit»), mais n’oublions pas que les chansonnettes pour enfants sont souvent cruelles («À minuit, le ciel s’endort, mourir encore, mourir encore…»). Maude feule parfois sur des ambiances indiennes («De l’Avant») bercées par un accordéon lancinant. William Z. Villain la rejoint sur «Forêt de Croix». Ne vous excitez pas sur «Ommadawn», cette plage n’a absolument aucun rapport avec Mike Oldfield, mais c’est une superbe complainte comme peut la chanter notre fée. Un cor de chasse (en tout cas, cela y ressemble) nous accueille pour «Sri Rejeki II», mélopée indienne sur fond de claviers tout ce qu’il y a de plus moderne. «Rivières» continue dans des atmosphères métissées. «Kaléidoscopes» et l’on flirte avec les Berbères… On quitte L’Appel sur une véritable déclaration d’amour: «Autre toi». En résumé, L’Appel est indispensable à tous ceux qui sont friands de véritables découvertes, sans œillères.
Tibère
Album non disponible sur Bandcamp
24/06/2020
Omie Wise
To Know Thyself
rock progressif – 50’04 – Portugal ‘19
Tout d’abord ne confondez pas avec «Omie Wise Band», qui joue dans un autre registre. Celui du folk. Et si vous faites des recherches sur le web pour le présent groupe, bon courage! Bref, venons-en à nos moutons. La rondelle débute par un exercice de style vocal qui pourrait laisser penser que nos Portugais ont écouté David Crosby («If I could only remember my name»). Court exercice de style avant de monter en puissance sur le premier bout de plage «Dead wings fly higher» (et non «Dead birds flies forever», décidément ces similitudes!). Excellente section rythmique ici, mais la voix de Miguel Santos par contre, il faudra vous y habituer. Un tantinet agressive, elle donne souvent l’impression de crier. «Umbra» est probablement la plage la plus intéressante. Sons expérimentaux fort proches du psyché, belle partition de piano sur un tempo d’abord lent avant de fréquents changements de rythme et d’ambiance pour terminer sur une note sympho. «Make a Knot» un écho comparatif de plus avec cette sonorité instrumentale Led Zep «The Battle of Evermore». La seconde partie des ailes mortes (pas les oiseaux) se fait puissante et énergique dans une ambiance un peu Jefferson Airplane avant de se reposer sur des phrasés atmosphériques et spatiaux. Le dernier sursaut éponyme dévoile de beaux arpèges de guitare sur des nappes de claviers enchanteresses. Le chant, toujours un peu criard, colle fort heureusement bien au morceau accrocheur et convaincant. Un parcours mélodique d’inspiration un peu chaotique mais prometteur pour ce deuxième album.
Clavius Reticulus
25/06/2020
Rantama
Rantama
rock progressif/jazz-rock – 50’39 – Finlande ‘20
Un ancien trio sévissant dans le jazz-rock, qui, aujourd'hui, intègre le chanteur Taavi Kiiskenen pour donner un nouvel essor à la formation afin d'élaborer cette fois une musique autant hybride que technique jouée avec la maestria qui caractérise les musiciens de jazz. Voilà le tableau, mais cette musique n'en demeure pas moins mélodique et énergique.
Instrumentation très recherchée des œuvres d'un guitariste, Timo Rantama, (un tricoteur omniprésent qui partage les canaux, celui de gauche pour la rythmique et les arpèges, et celui de droite pour quelques interventions solistes et autres sonorités subtiles); ensuite un bassiste, Tatu Back, au groove bombastique; puis un batteur, Liro Laitinen, autant à l'aise en version rock que jazzy; et pour clôturer le quartet, un chanteur donc, dont la ligne du chant évoque parfois (j'ai dit parfois) Adrian Belew dans King Crimson.
Quatre musiciens talentueux au service d'une musique assise entre deux chaises, celle du rock prog mélodique et celle de jazz-rock parfois légèrement funky, dont la stabilité en devient parfois inconfortable, je n'ai pas dit bancale. Un mix de genres pas toujours évident, mais qui fonctionne malgré tout, même si j'aurais personnellement préféré que le combo nous trace une voie mieux balisée. Carrément plus jazz (qui est semble-t-il la matrice du groupe), ET carrément plus rock; mais pas ce mix trop timide où l'on n'est jamais totalement dans un choix assumé.
À force de canaliser sa fougue, Rantama nous fait même parfois flirter avec un rock FM, (c'est du reste une excellente idée), mais auquel il manque le soleil californien. Celui qui permit à un Toto par exemple de briller en conjuguant plusieurs genres, ou à un Todd Rundgren, (sur l’autre côte), de s'accaparer diverses influences pour créer son propre style.
Album intéressant en quête d’originalité mais qui doit encore chercher à fondre ses influences afin de faire oublier cette fâcheuse impression qu’elles ne font que coexister. Il ne manque pas grand-chose… alors à suivre de près.
Centurion
26/06/2020
Drifting Sun
Singled Out
neo prog – 51’35 – France/Angleterre ‘19
Sortie en fin d’année dernière, il est encore temps de revenir sur la compilation de Drifting Sun, «Singled Out». Car celle-ci possède un caractère original, une douzaine de titres choisis par son leader, Pat Sanders, qui n’étaient pas disponibles au format disque (CD ou vinyle). Ce CD comprend donc des faces B de singles, des chansons bonus qu’on ne trouvait que sur format numérique. Un album d’inédits qui n’en sont pas vraiment pour l’amateur de cette formation franco-britannique emmenée par son sémillant claviériste et néanmoins compositeur, Pat Sanders, qui a quitté son sol natal en compagnie de son compère, le bassiste Manu Michael, pour s’établir en Grande-Bretagne, de l’autre côté du Channel, au bout du tunnel. Sur un style qualifié de prog metal qui évoque les Dream Theater et Queensrÿche, Drifting Sun a su incorporer des amours de jeunesse, Jethro Tull et Genesis, pour ne citer que des grands noms, DS a élaboré un neo prog peu commun, qui a peu d’équivalents, que ce soit en France ou en Angleterre.
La plupart des titres datent de 2015 à 2018, à mon humble connaissance, deux titres m’étaient inconnus: «Atlantis» et «The blond ghost». Une particularité, «Last super» était déjà sur le troisième opus, «Trip the life fantastic» de 2014. Après un long silence radio de 1999 à 2014 et deux albums, «Drifting Sun» en 1997 et «On the rebound» en 1999, Pat recrée un nouveau DS dont il est le seul survivant. Le groupe entame alors un rythme stakhanoviste discographique effréné, alignant les rondelles comme au ball trap: pas moins de 5 opus si on compte «Singled Out» en six ans! Sans oublier le «From the Vault - demos & drafts» de 2015 et donc les «treize à table», tous disponibles chez Bandcamp, singles et demos divers et variés. Ouf, mazette… Sanders et son gang ne traînent plus en route. Sur «Singled out», tous les détails où chaque piste est apparue à l'origine sont inclus dans un Digipak à 6 panneaux avec un livret de 12 pages en couleur. L’occasion aussi de parler de Peter Falconer, excellent chanteur au timbre mélodique bourré d’émotion. Cependant, pas mal de pièces sont l’œuvre de Pat Sanders en solo qui se révèle un pianiste à l’élégant toucher. L’idée d’avoir réuni ces pièces éparpillées dans les méandres du net sur un seul contact physique est un bon plan et aussi un bel objet avec ce digipack bien fourni. Drifting Sun oscille constamment entre neo prog de belle facture et hard prog, sans tomber dans les clichés; l’entente cordiale fonctionne à merveille entre Pat et ses british boys. Mais cela, certains et moi le savions déjà depuis longtemps.
Commode
27/06/2020
Sky Cries Mary
Secret of a Red Planet
rock psychédélic – 54'18 – USA '20
«Secret of a Red Planet» est déjà le 13e album de ce groupe de Seattle, fondé en 1989, qui a connu de nombreux changements de personnel au fil des années, si l’on excepte ses deux membres fondateurs, Roderick Wolgamott (chant et paroles) et Ben Ireland (instruments divers et compositions).
Sur le premier titre, «Waves of Mourning», le sextet se la joue vintage, pas d’auto-tune, pas de click, tout est joué live, avec certains défauts qui contribuent au charme.
C’est le morceau le plus construit de l’album, les autres sont principalement basés sur un seul accord.
Dans les mélodies, on entend l’influence de Jim Morrison ou de Patti Smith, mais elles viennent se greffer sur une palette sonore plutôt étendue.
Leur musique est touffue, les morceaux sont la plupart du temps très longs, de manière à développer la facette hypnotique des compositions.
Il y a un côté bicéphale chez Sky Cries Mary, deux voix, l’une masculine, l’autre féminine - deux instruments principaux, les guitares et les synthés analogiques qui se partagent l’espace sonique.
On sent que la plupart des compos sont issues de longues jams allumées, que le groupe doit pratiquer avec délectation pour aboutir à un magma aussi organique que lancinant.
Le dernier titre, «Born from my Mouth», est à nouveau basé sur un seul accord, mais lorsqu’une forme de monotonie s’installe, le groupe change brutalement de tempo pour surprendre l’auditeur.
Les amateurs de pop concise n’y trouveront pas leur compte, mais pour un long voyage en voiture ou la lecture d’un polar, «Secret of a Red Planet» peut constituer un fond sonore agréable qui efface la durée et la distance.
Comme l’écrit un de leurs fans sur le site Web: "An explosion of sound, no hallucinogens required, but strongly encouraged!" - tout est dit.
Lyre
https://trailrecords.bandcamp.com/album/secrets-of-a-red-planet
28/06/2020
Alain Pire Experience
Live in Cardigan
rock psychédélique – 77’21 – Belgique ’20
Avec cette prestation enregistrée début août aux seizième et dix-septième «Dream Of Dr Sardonicus», éditions 2018 et 2019 du «Fruits De Mer / Sendelica Annual Festival Of Psychedelia» de Cardigan (Pays de Galles), Alain Pire Expérience confirme encore sa place, de plus en plus reconnue hors des frontières rétrécies de Belgique, dans le revival du rock psychédélique british de la fin des années 60: deux participations successives à Cardigan pour le trio Pire (guitare, chant) / Stock (basse) / Weymare (batterie) - Jeremy Coppens prend le relais en 2019, Marcus étant déjà engagé ailleurs -, après plusieurs concerts à Londres ou à Liverpool. Ce quatrième disque du groupe, en forme de témoignage de sa solidité scénique, puise dans les trois albums studio et leurs influences - Cream («Time Machine») ou The Who («Have Some Fun») -, voire leurs hommages/citations - au «Strawberry Fields Forever» des Beatles pour «Cambridge» ou au «10538 Overture» d’Electric Light Orchestra pour «Lazin’ in the Afternoon» - et il en émane ce parfum d’équilibre entre sensations et efficacité, à la base duquel on trouve, comme condition nécessaire mais pas suffisante, cette maturité qui ne se déploie pleinement qu’avec un zeste de ténacité féroce, l’envie d’y croire contre tous et le grain de folie du musicien acharné depuis quarante ans derrière son instrument. Ce n’est pas si courant, les guitare héros qui n’abusent pas de leurs doigts de tricoteuse et œuvrent dans la retenue («On the Moon»). Outre le CD et l’édition numérique, déjà disponibles, le double vinyle avec trois morceaux bonus sort mi-juin.
Auguste
https://alainpireexperience.bandcamp.com/album/live-in-cardigan
29/06/2020
Three Colours Dark
The Science of Goodbye
rock progressif/folk prog – 51’23 – UK ‘20
Le prog a cela de bon; finalement, on ne sait jamais à quoi s’attendre lorsque l’on reçoit un nouvel album et chaque nouvelle chronique peut nous faire voyager dans des univers diamétralement opposés. Nous serons tous d’accord pour dire que c’est sa diversité qui fait sa force; c’est comme dans beaucoup d’autres domaines d’ailleurs. L’actualité mondiale nous fait parfois perdre de vue à quel point la diversité est réellement une richesse. Mais, je m’égare…
Revenons donc à Three Colours Dark qui nous occupe aujourd’hui; un nouveau projet mais pas des débutants. En effet TCD est porté sur les fonds baptismaux par Rachel Cohen et Jonathan Edwards; ces noms ne vous sont peut-être pas connus (c’était mon cas) mais ce sont loin d’être des débutants puisqu’ils ont sévi ensemble, notamment dans le groupe Karnataka qui a aussi compté en ses rangs la violoniste Anne-Marie Helder que j’avais eu le plaisir de voir en support act de Fish.
Ce qui charme d’emblée dans cet album, c’est sa profondeur de champ et sa douceur. Le style est un croisement de prog, de pop et de folk mais même le nommer ainsi est réducteur. Au jeu des comparaisons, on pourrait penser à un Clannad en moins ésotérique ou même à The Corrs qui auraient décidé de se débarrasser de leurs vilains tics pops. Les compositions sont chatoyantes, la production limpide et la voix de Rachel Cohen d’une belle chaleur et d’une profondeur même si on pourrait lui reprocher un petit manque de variété dans les inflexions. Ajoutez-y une pincée de violon amené à bon escient et vous vous trouvez devant un résultat vraiment plaisant.
Il ne faut donc pas venir à cet album pour de grandes envolées épiques ou du prog symphonique mais pour une rencontre avec des artistes sincères, en pleine possession de leurs moyens et délivrant un très beau moment à savourer soit au coin du feu, soit avec un bon verre sur votre terrasse.
À découvrir donc.
Amelius
30/06/2020
Infringement
Alienism
néo progressif – 40’07 – Norvège ‘19
En exergue de leur page Facebook, on peut lire «qu’Infringement fait partie de la nouvelle génération de groupes progressifs norvégiens. Le groupe s’est constitué par une froide soirée de novembre 2015, lorsque Stig André Clason (guitare, voix), Kristoffer Utby (batterie, percussions, voix) et Hans Andreas Brandal (chant) se sont rencontrés la première fois pour boire du whiskey et discuter de la possibilité de former un nouveau groupe.» Pour les amateurs (et j’en connais), ils ne précisent pas quel whiskey ils ont dégusté à cette occasion. Au printemps 2016, Espen Larsen les a rejoints à la basse. Leur premier album, un concept, «Transition», sort en mai 2017. L’album qui nous occupe, «Alienism», est également conceptuel et traite, on s’en serait douté, de la folie, dans tous ses variantes et ses étapes. Quatre plages constituent l’épine dorsale d’Alienism. On entre dans «Disorder» comme dans une comptine. Les notes s’égrènent lentement avant que le climax ne s’envenime, tout en apportant une forte dose de symphonisme. Il faut deux minutes avant que le chant (et les chœurs) n’entrent en jeu. Nous nous retrouvons alors dans un neo-prog finalement assez classique mais absolument pas désagréable, que du contraire, Arena n’est pas loin. Belle intro guitaristique pour «Triad». Différentes ambiances traversent cette plage, l’une toujours dans la mouvance Pendragon et consorts, mais l’on s’approche également de Gentle Giant pour partir dans des contrées plus agressives, avant de revenir à des penchants plus enfantins. Belle pièce en vérité, je vous le dis. Le court «Therapy» permet de retrouver un semblant de normalité dans cet univers… mais, après tout, qu’est qui est normal? Arrive ensuite la phase terminale (heu, je voulais dire la plage terminale) qui, du haut de ses seize minutes, nous emmène au plus profond du «Delirium» pour clôturer cette galette en apothéose. Pour terminer, je vous dirai que cet album m’a été chaudement recommandé (gazou, gazou) heu, bon, je sors…
Tibère