Mai 2021

01/05/2021

L'impero delle ombre
Racconti Macabri Vol. III
dark progressif – 53:37 – Italie ‘20
Dix années après la sortie de «I Compagni di Baal», nous assistons à la renaissance d’un groupe important de la scène musicale ténébreuse et progressive italienne, soutenue par l’imputrescible label italien Black Widow. Un style musical inspiré de groupes mythiques comme Black Sabbath, Black Widow, Death SS et Antonius Rex qui sortait en 1972 le cultissime «Tardo Pede in Magiam Versus» sous le nom de Jacula. Une marque, celle des ténèbres, des désolations, des malédictions sinistres et de l’odeur des cimetières, qui imprégnera toute une tradition de groupes italiens des seventies jusqu’à nos jours.
L’Imperio Delle Ombre sortait son premier album éponyme en 2004 et réveille ici, une fois encore, les sons morbides des mausolées infectés des ténèbres maléfiques, à l’instar des films d’épouvante de la tradition cinématographique italienne des années 70 auxquels il rend hommage avec le titre «In Morte di Buono Legnani», en référence au film «La Casa dalle Finestre che Ridono» du réalisateur Pupi Avati, mais évoque aussi l’incontournable écrivain H.P. Lovecraft sur «Incubo a Dunwich» reprenant le thème musical de Les Baxter du film «Dunwich Horror» de 1970.
Une musique ténébreuse qui tient autant du hard rock que du progressif des seventies. Chanté évidemment en italien – comment pourrait-il en être autrement? – sur des riffs lents et implacables baignés de claviers aussi spectraux que vintage, le terrible «Verso l'Abisso».
Musique envoûtante, inflexiblement tournée vers le passé et ses sonorités ancestrales où la magie tourbillonne tel un rituel désespéré.
J’adore!
Centurion

https://limperodelleombre.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=K5QgBGZfs7A

02/05/2021

Prog Censor Heavy Prog

Minutian

Magical Thinking
métal progressif/rock progressif – 46:34 – Finlande ‘21
Minutian est un groupe de rock métal alternatif qui a débuté en 2011. Des sons de Tool ou Oceansize peuvent vous titiller l’oreille. C’est leur 3e opus plus métal prog-rock moderne avec des breaks genre «montagnes russes»; un prog métal mélancolique et dépressif par instants avec des réminiscences de Rush et de psyché, et ce grâce au jeu de guitare lourd et des rythmiques racées. Pekka Loponen à la guitare est partie prenante aux côtés du chanteur Mikko Heino, offrant de belles harmonies et une complémentarité évidente.
«Alien Reflection» et une attaque lourde, groovy, rythme accrocheur et rocailleux après 17 secondes de douceur; du métal prog lourd tourmenté.
«Suspicious Smiles» avec un air frippien entêtant suivi d’un air AOR mid-tempo, la voix douce qui étonne, la batterie qui coule de source, air métal avec composante prog à la Soen, à la Tool.
«Doublespeak» plus dans l’Alice in Chains pour les voix, le Oceansize des débuts, un peu sur les derniers Katatonia, des Paradise Lost, la basse en avant emmène sur une dérive rythmée progressive, un des meilleurs morceaux pour un son moderne dynamique et une approche morose, dépressive à mi-parcours.
«Supersymmetry» pour du rock prog mélodique, long titre en crescendo, texture aérienne, un riff lancinant de la guitare, la voix qui remplit l’espace, ça se pose avant l’explosion pondérée acérée.
«Magical Thinking» et l’arrivée d’un son phrasé synthétique, électronique allez un peu des Devo pour une fusion de genre, un peu aussi des Simple Minds, air plus pop et déroutant.
«Vacant Eyes» au son lourd prenant, la basse qui renvoie au lancinant doom, évolutif avec encore Paradise Lost ou Katatonia voire Soen pour l’association subtile de sonorités progressistes dans un air métallique d’origine.
«Scarefire» déboule, titre rythmé, accrocheur, dansant (oui vous avez bien lu), voix en avant, son à la Tool, air électrisé, refrain un peu stressant mais le bon goût de le finir de façon synthétique.
«The Grand Scheme» pour le final bariolé avec un chœur plutôt qu’une voix, des guitares qui partent de partout.
Attention, ne vous fiez pas aux apparences avec Minutian: il n’y a pas que du bon et lourd métal prog dedans, vous risquez de retrouver des sonorités diverses, bariolées (j’aime bien ce mot-là!) sur chacun des différents titres atmosphériques et évolutifs taillés pour la scène qui nous manque.
Album singulier qui demande des écoutes.
Brutus
https://minutianmusic.bandcamp.com/album/magical-thinking

https://www.youtube.com/watch?v=DnU5eYBfSW8

Los Disidentes Del Sucio Motel

Polaris
post stoner atmo – 44:15 – France ‘21
Quand un groupe annonce des influences aussi rock que Mastodon, Alice in Chains, Deftones, Black Sabbath, mais heureusement aussi Pink Floyd, nos chastes oreilles de progsters peuvent craindre le pire et se dire qu’il faut passer à autre chose sans trop regretter. Ce serait une erreur car si bien sûr ça tape dur aux entournures, on peut nuancer certains a priori, bien entendu pour ceux qui ne dédaignent pas s’aventurer au-delà de leur pré carré. Fort de neuf morceaux oscillant entre quatre et six minutes, passons outre l’intro de 13 secondes, ce quatrième album des Strasbourgeois de LDDSM (plus pratique à écrire…) a bien intégré et digéré les attirances citées plus haut. Il reste ce matraquage de guitares lourdes et râpeuses qui tapissent chaque titre sans nous laisser respirer. Cette impression d’étouffement est cependant nuancée par quelques oasis atmosphériques, hélas trop rares, comme pour «Dark Matter» ou «Blue Giant». Le groupe est déjà passé au Hellfest et leurs prestations scéniques sont argumentées d’images projetées, ce qui accentue l’auréole et transcende le monde musical de ces «dissidents» bien de chez nous (enfin, jusqu’à nouvel ordre!). On flirte ici avec un post rock plus velu que la moyenne et une certaine lourdeur fait pencher la balance vers un brassage stoner/grunge réjouissant («The Plague»). Une mention spéciale pour le réjouissant «Alpha Ursae Minoris» qui alourdit encore plus l’ensemble avec une batterie claire enragée mais sait se montrer mélodique malgré la température qui a pris quelques degrés supplémentaires. L’intro d’«Earthrise» nous réconcilie avec la faible envergure prog’ qu’on cherche, assoiffé, dans ce désert sans pitié. Black Sabbath vient se rappeler à nos souvenirs avec ce presque instrumental de 5 minutes, allégorique et halluciné, où le chant déclamatoire intervient en fin de partie. Une mention particulière pour la lourdeur caniculaire de «Horizon» qui dérive parfois vers le Floyd halluciné des early seventies. À ce sujet, LDDSM a enregistré un «Welcome to the Machine» surprenant en 2017 pour un tribute stoner dédié au Pink Floyd! Nicolas Foucaud (chant et guitares), Daniel Scherding (chant et claviers), Katia Jacob (chant, basse et claviers), Gregory Hiltenbrand (batterie et percus), Romain Reichhart (guitares) et l’invité Rémi Gettliffe (chant et claviers) sont les artisans talentueux d’un album qui ravira les amateurs de heavy rock atmo aux emmanchures stoner. Le dernier titre «The Great Filter» étant certes le plus bel exemple d’une tournure mélodique plus accessible…
Commode

https://lddsm.bandcamp.com/album/polaris

https://www.youtube.com/watch?v=40NZHZbu0dQ

Blue Hour Ghosts

Due
rock/hard mélodique/AOR – 38:56 – Italie ‘20
Après avoir écrit une belle page du mouvement death metal italien avec le groupe Obivion999, les Transalpins Diego Angeli (guitare) et Francesco Poggi (guitare) ont décidé d’effectuer un virage à 180 degrés dans leurs carrières respectives et de proposer une musique rock bien éloignée du côté obscur de l’underground de la péninsule.
Avec ce second album, «Due», Blue Hour Ghosts nous propose le chaînon manquant entre le heavy prog de groupes comme DGM ou Labyrinth et les mélodies soft de combos tels que Toto, Night Ranger et Survivors...
Bref, de la grosse mélodie AOR, des vocaux soignés, une fraîcheur rock voire pop.
De prog, il n’est nullement question ici, juste 39 minutes de pur bonheur, une musique qui vous rend heureux sans prise de tête, morceaux courts (jamais plus de 5 minutes), directs. Vous vous surprendrez à sourire, siffler... et, lorsque la dernière note du dernier morceau se sera éteinte, vous aurez envie d’appuyer à nouveau sur la touche «play» pour repartir à nouveau pour 39 minutes de plaisir.
N’est-ce pas là que l’on reconnaît un bon album?
Tiro
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=YnXAgF43ZIk

Motion Device

IV
metal progressif – 74:13 – Canada ‘20
Et de 4 pour les Canadiens de Motion Device, et je dois vous dire que la fratrie Menoudakis, Andrea (basse et clavier), David (percussions), Sarah (chant) et Josh Marrocco (guitare), font ici très fort. Passé l’intro, «the Pill», ce qui impressionne, c’est la voix de la jeune chanteuse Sarah (16 ans) dont le timbre puissant et grave rappelle celui de Rihanna, servie par un band de metal progressif de haut vol, hallucinant. Une maîtrise totale du sujet qui, à défaut d’être toujours original, est d’une efficacité redoutable. Bon, le gros défaut de cet album est sa longueur… 1h15. Le réduire à 45 minutes aurait été judicieux et aurait fait de cet opus un album gigantesque et majeur; mais ici, dès le 10e morceau de l’album (il en comporte 16), on se lasse, non que ce soit mauvais, loin s’en faut, mais les titres deviennent répétitifs. C’est dommage car ce groupe mérite mieux qu’une distribution en autoproduction.
Si vous aimez les gros riffs, le premier Evanescence, et que vous êtes à la recherche des talents de demain et d’un des futurs possibles du métal progressif, alors foncez…
Tiro
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=3sqaCiqcbZg

Skinner Project

Sound Connections
heavy rock prog – 42:09 – Brésil ‘21
Premier album complet pour ce musicien multi-instrumentiste brésilien du nom de Leo Skinner qui travaille sur ce projet depuis 2017 et pour lequel il s’est entouré d’autres musiciens comme Fernando Coelho, Gui Beltrame, Alex Ferronato, Filipe Coelho et Lais Gonzalez. Musicalement hybride, cet album visite le rock mélodique, surfant parfois sur un style inspiré de l’univers du groupe Ghost; c’est notamment le cas sur la plage d’ouverture, «Phantom Pain».
Baignée de séquences électroniques plaquées sur des rythmiques bien balancées, cette musique se veut moderne; elle l’est, mais n’en est pas pour autant révolutionnaire. Fluide, elle coule gentiment aux sons de diverses guitares et me rappelle un peu les expériences heavy rock d’Aldo Nova sur «Broken Window» ou «Celebration», mais aussi, de par ce format chanson rock mélodique un peu facile («The Missing Song»), ce qu’on appelait l’AOR dans les années 80. Ce n’est donc pas à proprement parler du rock progressif mais les arrangements, les séquences, les intermèdes claviéristiques sont parfois travaillés et riches en structures complexes («Danger»).
Sans doute encore un peu court pour séduire le public du rock progressif souvent exigeant, mais nous rangerons soigneusement cette carte de visite dans le tiroir des formations à suivre.
Centurion
https://skinnerproject.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=WI46ok_TgzQ

03/05/2021

High On Wheels
Fuzzmovies
stoner – 44:20 – France ‘21
On pourrait tout aussi bien catégoriser cet album comme desert rock, mais l’inclure dans la case (non, pas celle de l’Oncle Tom, on me taxerait de racisme) «stoner» garde tout son sens surtout pour les amateurs de fuzz: ils seront largement servis avec «Fuzzmovies», album dont le titre ne nous ment en aucune façon. High on Wheels est un trio parisien fondé en 2014 qui n’en est pas à son premier essai. Composé de Greg (aka The Naked Drum) au chant et, tiens comme c’est curieux, à la batterie, de Gilles (aka Black Cousteau – cela ne s’invente pas) au chant et à la basse et de Bruno (aka Mr. Grrra) au chant et à la guitare, le groupe n’a pas son pareil pour nous servir un rock bien couillu comme je les aime. Rien d’étonnant qu’ils aient ouvert par exemple pour les Nashville Pussy.
Les thématiques développées sur cet album tournent autour du voyage, principalement cosmique, mais aussi spirituel, ainsi qu’ils le révèlent dans l’interview présente ailleurs dans cette page.
Ne vous y trompez pas, si «Blind Your Mind» semble débuter comme une série américaine de seconde zone, la fuzz entre en action dès les premières vingt secondes passées. De nombreuses références au monde du cinéma de Russ Meyer, de Tarantino («Thrill Under my Wheels») ou même de nanars venus en droite ligne de Hong Kong («Hitman le Cobra») se font présentes tout au long de l’album. C’est au titre «In My Head» (8:40) de clôturer cette plaque particulièrement jouissive pour tout amateur de rock bien carré (les parties de guitares très délicates dans les derniers instants sont vraiment sublimes).
Leur musique est simple et directe, mais il n’en faut pas plus pour rafraîchir mes esgourdes!
Tibère
https://highonwheels.bandcamp.com/album/fuzzmovies

https://www.youtube.com/watch?v=HJWeNQXeQjk

04/05/2021

Saga
Symmetry
crossover prog-rock – 52:30 – Canada ‘21
Saga s’est formé en 1977 au Canada, a vendu dix millions d’albums et s’est produit dans 20 pays devant plus de 15 millions de personnes: bref l'un des plus célèbres hard-progressistes groupes canadiens d’innovations musicales, symphonique avec riffs à tuer. Saga ne joue pas comme Kansas, Asia, Rush, Styx ou Yes, Saga fait du Saga. Cet album dit acoustique offre une écoute différente abandonnant ici leur âme d’origine; Shane Cook, Stephany Seki et Beth Silver leur donnent un coup de main remarquable.
«Pitchman» lance les festivités avec solo accordéon, violon tzigane et flûte! Bon le piano est là ouf, la voix a capella de Michael toujours jeune, un autre solo de banjo; le titre électrique de 1983 au piano et batterie au pinceau, c’est sidérant pour tout amateur de Saga; ça me rappelle un peu le titre des ZZ Top dans «Retour vers le futur», bref on n’est pas sur un acoustique mais bien sur un remix dynamisé avec la part belle aux instruments, un must pour débuter.
«The Perfect Time to Feel Better» pour le 1er medley avec l’intro de «time to go» au piano-guitare-violon splendide, puis le «silent knight» idyllique symphonique; une variation progressiste amène ensuite sur «the perfectionnist» de leurs débuts, intermède un peu poussif jusqu’au final démentiel «we hope you’re feeling better» titre culte de leur album concept de 1995. L’accordéon et le violon sont jouissifs, emmenant sur des souvenirs de fait bluffants, plus qu’un moment de révision. «Images - Chapter One»: piano, clarinette et banjo pour accompagner la voix tendre de Michael, je pleure d’émotion; le côté mélancolique d’origine donne sur de l’intimiste langoureux, le final avec banjo m’interpelle ne pouvant me faire oublier le solo électrique mais la clarinette oui la clarinette éclairée est top.
«Always There» et du banjo comme fil musical pour ce titre en ballade, rappelant l’archange Gabriel sur un de ses tubes; le solo acoustique remodelé montre la dextérité de Ian et signe le petit plus de ce titre assez commun à la base.
«Prelude #1» et un intermède de Ian à la guitare acoustique, notes qui s’égrènent entre ses doigts, douceur simple.
«Say Goodbye to Hollywood» de «Steel Umbrellas» revisite un titre moins hit, plus prog-pop avec Jim à la voix et donne la digression violoncelle et accordéon floydien; titre provoquant le change car on en retrouverait presque le Saga d’origine.
«Prelude #2»: court solo de guitare comme donné pour un cours de solfège, simple et frais qui provient de…! «The Right Side of the Other Hall» et le 2e medley avec «Trust» en vitrine; «Footsteps in the Hall» presque comme l’original avec la basse-batterie et piano-violon, le tout soutenu par la voix angélique; ensuite des sections de «You Were Right» et «On the Other Side» enchaînent sur un violon celtique partant sur une bourrée folklorique avec accordéon baroque; à écouter dans un port reculé.
«La Foret Harmonieuse» pour le dernier entremet musical au piano de Jim, étude sur «Book of Lies» avec un phrasé léger de Michael.
«Wind Him Up» avec une guitare à 12 cordes et un violoncelle, titre qui fonctionne surtout en souvenir de l’original, manquant de peps pour décoller et il faut le final led zeppelinien pour bouger des fesses, le violon y étant pour quelque chose. Un morceau presque trop plat pour tout amateur du groupe à mon avis.
«No Regrets - Chapter 5» et Gilmour au chant presque comme le vrai, piano et guitare sèche à leur place, la clarinette excellente transcende ce titre et donne plus d’entrain, incroyable mais vrai, titre qui prépare de la meilleure façon le «Tired World - Chapter 6» immense titre progressif à souhait: les synthés remplacés par les guitare-banjo-piano-accordéon boostent ce monument; les notes rapides en font oublier le côté électrique, la section centrale staccato donne une autre vie et le revisitent, le régénèrent 42 ans après, offrant souvenir entrelacé avec un son actualisé; on n’en attendait pas autant de mon groupe favori que je chronique objectivement.
«Symmetry» offre une lecture singulière de classiques au travers de sonorités différentes, complexes et des arrangements travaillés avec délicatesse; la pandémie cruelle leur a permis de se transcender et d’oublier leur son vintage. J’ai pesté en écoutant leur vidéo au départ, je dois m’excuser de cette pensée à l’écoute de cet album par trop bluffant et anachronique, véritable petit bijou intemporel. CD, LP et téléchargement en coffret vous attendent de fait pour une belle surprise.
Brutus
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=VaT4rm2Y1FQ

05/05/2021

The Rome Pro(G)ject
IV Beaten paths different ways
rock progressif vintage – 63:05 – Italie ‘21
A priori, notre groupe latiniste se doit de rapporter le 4e volet du The Rome Pro(G)ject de Vincenzo Ricca. Non pas parce qu'on y chante, parfois en latin, un peu plus à cause des nombreux dieux prog qui se sont penchés sur son berceau: parmi lesquels Steve et John Hackett, David Jackson, David Cross, Richard Sinclair, Billy Sherwood, Bernardo Lanzetti (entre autres). Mais surtout car c'est la célébration, ad hoc, des 10 ans du projet.
Ricca voulait faire une tournée en 2020. Alors, plutôt que se lamenter, il sort cet album, avec 3 nouveaux titres. L'un d'entre eux coécrit par Lanzetti offre à TRP le 1er titre chanté de son histoire. Jusque là, on n'avait entendu que la seule voix du regretté Di Giacomo (BMS) qui narrait le Pro(G)ject. Les 2 autres nouveaux morceaux sont cosignés Steve Hackett. Ils ouvrent de très belle manière ce projet IV. Puissants, dynamiques et terriblement efficaces.
Et que dire des 10 reprises? Retravaillées, parfois agrémentées de chants. Cela nous rappelle la verve des 3 premiers opus dont elles sont issues. Signalons, bien sûr, le socle du TRP1 (et de Rome!), «763 B.C.», où l'on retrouve la patte de Ricca (et de Steve Hackett) et sa volonté de proposer du vintage moderne servi par un florilège de claviers analogiques, avec parfois de très courts emprunts totalement assumés. Du prog vintage flamboyant, tel «A Mankind heritage» de Ricca et Jackson, un hymne joyeux. Extrait du TRP2 l'aérien «S.P.Q.R.» (Hackett/Ricca), du TRP3 le poignant «476 A.C. (song for Wetton)» où David Cross rend encore plus beau l'hommage à son compère en dialoguant avec la mélodie de basse que John Wetton avait créée pour «Starless» (King Crimson).
In fine, un album impérial, espérons qu'a fortiori le 'progject' de tournée se concrétisera rapidement! D'ici là, carpe diem... en l'écoutant!
Ciceron 3.14
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=O2akbnJg_xo

06/05/2021

Epica
ΩMEGA
opera metal symphonique – 70:38 – Pays-Bas ‘21
On ne présente plus les Bataves d’Epica dont voici le huitième album depuis la création du groupe en 2003. Voyons quelle est la composition actuelle du groupe, Mark Jansen (guitare, chant guttural), Simone Simons (chant), Isaac Delahaye (guitare solo, chœur), Coen Janssen (claviers), Rob Van der Loo (basse) et Ariën Van Weesenbeek (batterie).
Évidemment, avec Epica, on connaît d’avance les ingrédients qui attendent, à savoir de grosses orchestrations, des titres épiques et progressifs, des chœurs en veux-tu en voilà.
C’est «Alpha – Anteludium», ce court instrumental aussi varié qu’épique qui est chargé d’ouvrir l’album (et, à n’en pas douter, les futurs concerts). Ils seront à l’Alcatraz à Kortrijk en août prochain (si le virus le permet – saleté de bestiole). Dès le second titre, «Abyss of Time – Countdown to Singularity», la machine est lancée et, en tant qu’auditeur, on retrouve immédiatement l’univers du groupe, la voix merveilleuse de Simone à qui répondent les growls de Mark. Leur univers symphonique est bien présent pour notre plus grand plaisir, laissant toute la place à des envolées lyriques riches. «The Skeleton Key» nous permet de jouir de l’harmonie évidente entre les chœurs, les growls de Mark et le chant délicat et enchanteur de Simone. Avec «Seal of Salomon», une incartade en Orient nous est offerte gracieusement. Une mélodie hautement mémorable, voici ce qui nous attend avec «Gaia». L’utilisation de musique ethnique mêlée à leur propre savoir-faire en matière de métal symphonique ne peut que ravir nos sens avec «Code of Life», où l’on retrouve comme invité rien d’autre que Zaher Zorgati (Myrath). Nul doute que «Freedom – The Wolves Within» fera chanter en chœur tous les fans massés autour de la scène quand les concerts seront à nouveau possibles (on peut rêver, non?). La pièce maîtresse de l’album (13:24), «Kingdom of Heaven, Part 3 – The Antediluvian Universe» nous arrive ensuite avec son instrumentarium varié puisque l’on peut y entendre de la flûte de Pan, divers instruments à cuivre et où Coen s’en donne à cœur joie derrière ses claviers. «Rivers», belle et délicate ballade, nous permet de nous reposer quelque peu après ce déluge sonore. Retour au style typique de nos amis avec «Synergize – Manic Manifest» qui s’enchaîne sans faiblir avec «Twilight Rêverie – The Hypnagogic State» pour nous mener à la pénultième pièce de l’album, à savoir «Omega – Sovereign of the Sun Sphères», titre parfait pour clôturer cette bien belle galette.
Une version double de ceci existe (Omegacoustic) où la version de «Rivers – A Capella» est tout simplement renversante.
Foncez immédiatement pour vous procurer «Omega»; à mon sens, c’est leur meilleur album depuis «The Phantom Agony» en 2003 et quel bonheur de constater que la date qu’ils ont accordée à TPE (Tournai Prog Event) le 6 novembre 2005 au Foyer socioculturel d’Antoing est toujours référencée sur leur site internet!
Tibère
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=KhhjH9E--5Y

07/05/2021

Johnny Bob
Egbert`s Barber Shop
rock progressif – 44:22 – Allemagne ‘20
Nous vous avions fait découvrir ce groupe en 2019 à l’occasion de la sortie de l’album «Fjodor & the Watergiant». Depuis, dans un genre progressif mais avec quelques réminiscences de psyché/space-rock très intéressantes, l'EP «Hunted by a Caproid» a vu le jour début 2020. Plus récemment, ce nouvel album «Egbert`s Barber Shop» apparaît et replonge dans un rock progressif traditionnel aux arômes néo-progressifs assez marqués. Ce groupe allemand, dont on apprend sur bandcamp que sa genèse balbutiante remonte à la fin des années 80, poursuit donc aujourd’hui une carrière qui prit corps avec un premier album, «Carnival of the Brahma-Sox», en 2017. Un groupe en constante évolution qui, effectivement ici, avec ce nouvel album «Egbert`s Barber Shop», passe à un étage supérieur alors que le «Fjodor & the Watergiant» de 2019 était déjà intéressant. Le nouvel album est abouti et maîtrisé, il jouit d’une balance bien dosée entre un néo-progressif calqué sur les 90’s et un rock progressif traditionnel gaufré de sonorités claviéristiques vintages comme, par exemple, la merveilleuse fin de «Faun» qui rappelle celle d’«Entangled» de Genesis.
En effet les claviers souvent vintages aux sonorités surannées donnent ses titres de noblesse à cet opus, ils sont omniprésents sans être envahissants, et sont responsables de la jolie couleur qui transparaît des notes et des ambiances.
Une pochette et un titre énigmatique pour un bon album de rock progressif qui n’est très certainement pas révolutionnaire mais qui s’écoute avec beaucoup de plaisir. Et si de nombreux tics du rock progressif sont présents, le groupe ne sombre pas dans les clichés rabâchés. Constat positif accentué par le timbre particulier de la voix du chanteur/guitariste Carsten Díaz qui concourt à marquer encore un peu plus l’identité du combo.
À conseiller!
Centurion

https://johnnybob.bandcamp.com/album/egberts-barber-shop

https://www.youtube.com/watch?v=Db3ywIeNjuM

07/05/2021 - EP

Manic Maya
Helmet
folk psychédélique – 24:32 – France ’21
Helmet est une bulle de fraîcheur, électrique puis acoustique, instillée par Myriam Bovis, Niçoise montée à Lille, nulle en flûte mais curieuse et sans complexe, ici joliment emballée (la bulle, pas Myriam) sous forme d’un EP quatre titres par Stefania Arcieri. Les ballades psychédéliques sont livrées en paquets de deux, le premier version groupe (avec guitare et batterie en plus), le second version solo (voix et basse électro-acoustique), comme deux faces d’un disque ou d’une interprétation. On pense à l’expérience allemande originelle pour les tonalités confusément orientales, tendance Emma Myldenberger ou aux Norvégiens de Smell Of Incense pour l’inspiration bucolique.
Auguste
https://manicmaya.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=TrJy71XErUc

08/05/2021

Cheap Wine
Schrödinger’s Pipe
heavy psyché blues – 40:47 – France ‘20
Venu du fin fond de la Picardie qu’on peut difficilement comparer à la Californie de la fin des sixties, Cheap Wine se révèle comme le King Gizzard and the Lizard Wizard français! On détient là un délicieux et goûtu heavy psyché blues comme au bon vieux temps des premières échappées hallucinatoires parvenues au fond de nos chambrées, d’Angleterre ou des États-Unis au tout début des belles années 70. Depuis 2013 et «Mystic Crow» suivi de «Sad Queen» en 2016, voici le premier «gros» album des Picards en 2020. Le son des années de découverte (qui a dit de braise?) est respecté à la note près avec quelques incursions diverses vers un proto prog à la «Caricatures» de Ange. Les sons aigrelets des claviers sûrement ça… («Careful with that spoon»)! Mais quelle joie, quel bonheur de se vautrer dans les notes grasses de ce blues dénaturé, de s’envoler sur les acidités d’un Rhodes ou d’un Theremin bien daté! Cheap Wine a sucé toute la richesse de cette école si riche et disparate à la fois pour nous recracher un album qu’on croirait tout droit sorti de l’époque où on allait refaire le monde. Bon, ça ne s’est pas fait mais la musique, elle, reste la B.O. de ces temps d’utopie libertaire et symbolise des années de rêve éveillé. On a des paroles en anglais mais aussi parfois en français («Réponse des Cosaques Zaporogues») et dix façons d’échapper à notre époque morose par la grâce d’une inspiration – j’allais dire d’un copyright ou d’une A.O.C. (pour rester Français) – complètement imbibée de Cream, Santana («Sheep»), voire Zappa! Jusqu’aux pochettes de Cheap Wine qui sont, là aussi, un véritable hommage aux illustrations des temps bénis et la façon d’enregistrer, ce souffle, cette atmosphère, cette façon de chanter ou de hurler; bref tout est là pour un retour en arrière de quelque cinquante ans. Pilier du label Celebration Days Record qui régénère le genre grâce à de tels groupes, Cheap Wine nous conseille sur sa page Bandcamp de «prendre une bouteille de vin, de bourrer la pipe (de Schrödinger!) et de profiter de la balade musicale»! Ah oui, savourez aussi l’infernal et divin à la fois «I don’t anything left» qui tape dans la caisse avec une jouissance jubilatoire sans réserve. La course folle du Theremin et du Rhodes en fin de titre, couverts par les hurlements de Matthieu Devillers, casse la baraque (expression aussi datée que le rock de «Schrödinger’s Pipe»). Je ne saurais trop conseiller ce disque fabuleux à ceux que les moins de cinquante ans ne peuvent autant apprécier que les plus anciens, mais laissons la chance aux autres de découvrir ce qu’est le heavy psychédélique blues, une des branches les plus «bandantes» du rock, voilà, c’est dit. Merci Cheap Wine… Picardie, ben mon coco, y a pas que des betteraves là-bas!
Commode

https://cheapwinetheband.bandcamp.com/album/schr-dingers-pipe

https://www.youtube.com/watch?v=3z4I8o97ONY

09/05/2021

Nick Prol & The Proletarians
An Erstwisle Alphabestiary: Book One
pop in opposition – 43:38 – USA ‘21
Nick Prol & the Proletarians nous viennent de Tucson en Arizona et cet album est leur seconde production après «Loon Attic» en 2017. Le groupe est mené par le chanteur et compositeur Nick Prol, leader incontesté de cette formation. Il dégage une volonté affichée de produire un mélange entre accessibilité et avant-garde. Il s’est entouré pour ce faire de Dave Newhouse, saxophoniste d’avant-jazz du groupe The Muffins et ayant collaboré avec notamment Fred Frith, de Ben Spees, bassiste et multi-instrumentiste, et du batteur Connor Reilly, également membre de The Mercury Tree.
L’étiquette dont nos joyeux compères s’affublent, Pop In Opposition, définit parfaitement leurs ambitions, tant il est vrai que l’on pourrait (devrait) créer pour eux le terme PIO!
Il existe également des influences psychédéliques très claires; on s’en aperçoit directement à l’écoute de «New Life» ou «Foreword By the Author». Sur la mélodie de «Apropods», le versant poppy de leur musique est nettement présent, pour notre plus grand plaisir. Plus loin, «Cludges», par son penchant décousu, me fait penser à Gentle Giant. Par contre, dans «Duggers», c’est, à mon sens, vers Faith No More qu’il faut se tourner. Je pourrais citer XTC pour le titre «Emitones». Revenons sur des terres plus expérimentales avec «Golooms». La pop, néanmoins saccadée, fait son retour avec «Hildges». Plus loin, le ton se durcit avec «Jelonomi».
Avec des titres oscillants entre 1:06 et 4:56, le gang nous gratifie d’un album que je qualifierai de haut de gamme. Après tout, ils sont les seuls à évoluer dans la catégorie qu’ils ont eux-mêmes créée et la terminologie Pop In Opposition n’est pas usurpée, au contraire. Je ne peux que vous conseiller de glisser une oreille attentive à cette production.
Tibère
https://proletarians.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=89e1X3klGq8

10/05/2021

Relayer
Broken Branches
rock progressif et symphonique – 56:26 – USA ‘21
Relayer est une formation américaine débutant dans les 90’s avec trois amis d’enfance, Tom Burke, Tim LaRoi et John Sahagian, accompagnés de Bill Kiser à la batterie; musique mélodique moderne teintée de pop-rock avec des digressions progressives; un 6e album qui plonge dans l’atmosphère universelle du rock, de l’AOR, des Toto, Rush, un peu de Marillion et des Barclay James Harvest.
«Paradigm»: entame rock où l’empreinte de Peter Gabriel et des Who peut apparaître, un riff acoustique et un break planant, le seul titre où l’on pourrait retrouver du Yes dedans.
«Hear Me Out»: basse en avant, les Alan Parsons Project me viennent en tête un instant; c’est mélodique, refrain entêtant, le solo vaut la peine et la voix peut vous ramener au «Love Is All».
«Turnaround» avec un peu des XTC, des Beatles avant-gardistes et un croisement d’avec les Electric Light Orchestra qui flirtait avec le son prog, titre énergique pop dans l’insouciance qui s’éternise un peu.
«Protectors» et une ballade AOR mid-tempo qui déploie un tiroir jouissif à mi-parcours, spleen et mélancolie réverbérante, air à la Barclay James Harvest pour le refrain.
«Something's Changed» avec des relents de Rush, Kansas, la voix dénote des autres titres sur une piste AOR, un peu des vieux Queen, un peu de Lou Reed aussi.
«Mouse in the Mill» et la basse de Roger Waters au loin, l’air de Chris Rea, air bluesy, il y a de la latence avec une déclinaison à la guitare bien amenée, l’un des titres les plus travaillés selon moi.
«Ghost» et une ballade douce romantique comme une onde qui se finit avec le temps, le temps d’amener «Halfway Home» et le titre attendu depuis longtemps; un titre évolutif, un long crescendo onirique qui part sur une dérive planante, le titre qui me fait changer d’avis favorablement.
«Solstice Suite» avec un orchestral complétant la sensation progressive, je pense à une intro dantesque des Supertramp puis ça vibre, ça groove, tiens un peu des Genesis, titre qui te met aux aguets.
«Way Too Long» prolonge cette sensation d’un «Breakfast in America» avec piano et clavier vintage dans la même veine; la mélodie me rappelle les Styx, le tout magnifié par une basse en avant agressive faisant oublier le son 70's; plus de sensibilité, de souvenir.
«Twilight» pour la ballade finale et un solo à décrocher la lune.
Relayer n’est pas un ersatz de Yes, on l’aura compris; ces compères distillent des sonorités fraîches mélangeant du vintage 70 avec du son plus actuel mélodique; son péché viendra de titres un peu passe-partout au début, plus près d’un AOR que d’un prog-album; ce sont les derniers titres plus typés qui donnent envie de se replonger dans ce couloir musical hors du temps.
Brutus
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=V96vK86-mec

11/05/2021

Alina de Brocéliande
Sortilèges
folk rock – 33:05 – France ‘20
Alina de Brocéliande est une artiste rêveuse qui crée sa musique et ses chansons à l’aune du rêve, de la magie et de la sorcellerie. Elle aborde dans ce quatrième opus la vraie sorcellerie en établissant ni plus ni moins aux oreilles de ses auditeurs des sortilèges de protection pour votre demeure, comment chasser ce qui peut être négatif autour de vous, comment invoquer par la flamme des bougies la force ou le courage qui pourrait vous manquer pour avancer ou positiver dans la vie. Alina défend et rend hommage aux sorcières du temps passé, ses «sœurs» brûlées sur le bûcher au temps de l’Inquisition. Voici donc un album complètement basé sur la magie blanche et la sorcellerie, ce qui, avouons-le, ne court pas les sillons de nos jours! Entièrement composé, arrangé et joué par Rémi Orts, Alina pose sa voix enfantine sur de drôles de comptines aux arrangements moyenâgeux. Sans être condescendant, on a parfois l’impression d’écouter un livre-disque pour enfants. Cela n’est pas désagréable certes mais on reste assez éloigné d’un progressif convenu. Ce disque peut décontenancer bien du monde car on a l’indicible impression d’écouter une petite fée devenue humaine par la grâce de quelque sort. Dans son drôle de chaudron magique, Alina concocte neuf chansons comme autant de potions où légendes des anciens temps; prière à la Lune, imaginaire débridé se succèdent dans une ribambelle de descriptions très précises, ce qui peut déstabiliser l’auditeur, habitué à plus de métaphores diffuses. Après «The Shadows» en 2019, «De l’Ombre à la Lumière» en 2017 et «La Magie d’un Rêve» en 2016, la chanteuse persévère dans son domaine de prédilection où je dois bien dire que les textes ont bien plus d’importance que la musique, tissée en arrière-plan pour servir de soutien à ce qui pourrait être écrit dans un recueil ou déclamé sous forme de conte.
Commode
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=8sZHs4Kx3U8

12/05/2021

Balletto di Bronzo
The Official Bootleg
rock progressif – 70:56 – Italie ‘20
Balletto di Bronzo est né en 1969. En à peine 4 ans il avait réussi à sortir 2 albums avant de splitter. Le premier était psyché, mais leur second, «Ys», avec l'arrivée aux claviers et au chant de Giani Leone, appartient à l'histoire du RPI, sans en avoir toutes les caractéristiques, car il est plus proche d'un ELP teinté de zeuhl.
Près d'un demi-siècle plus tard, «Ys» fournit 5 des 9 pistes de ce live officiellement non officiel. Leone, seul rescapé des années 70, explique que l'album aurait été conçu et réalisé autrement si cela avait été prévu par lui-même, mais qu'il est réalisé avec la meilleure formation qu'il n'ait jamais eu autour de lui (Riccardo Spilli, batterie et Ivano Salvatori, basse).
Les 35 premières minutes de ce live sont issues de «Ys». C'est pêchu, inventif et déjanté parfois (les incantions style amérindien) mais c'est toujours superbe et la prise de son n'a rien d'un bootleg!
Viennent ensuite des compositions de Leone, la chaloupée «Donna Victoria». Puis «La disceza nel cervello» avec ses rugissements de lion est bien plus inquiétant. «Diaframa» avec de la batterie électronique fait dans un registre plus léger. L'album se termine par une seconde version du «Primo incontro» avec un invité issu du X factor italien: Nevruz. Cette seconde version est encore plus folle que celle entendue une heure auparavant, et enfin, pour nous laisser sur notre faim, «Marcia in Sol Maggiore» vient introduire en quelques secondes un long discours du Leone.
Je les avais vus sur scène en septembre 2019 et en juillet 2020 en Italie (si, si!) et j'avais beaucoup moins apprécié les concerts que cet album. Sans doute le Leone scénique m'avait-il détourné de la qualité de la musique proposée (n'avait-il pas composé un morceau intitulé «claviers hystériques»!?).
Ciceron 3.14
Album non disponible sur bandcamp.
Lien vers le label Black Widow: https://blackwidow.it/index.php?keywords=balletto+di+bronzo#shop

https://www.youtube.com/watch?v=67WxGKqtS0Q

13/05/2021

Jane Getter Premonition
Anomalia
jazz rock/rock progressif – 45:11 – USA ‘21
Sixième album pour la virtuose Jane Getter, et troisième (y compris le live «On Tour») avec son combo Premonition. Et elle a encore mis les petits plats dans les grands. Elle s’est entourée par une flopée de grosses pointures qui font un tabac à ses côtés. Voyez donc ici: le pianiste/claviériste Adam Holzman (Miles Davis, Steve Wilson), Alex Skolnick (Testament), le batteur Chad Wakerman (Zappa), le bassiste Stu Hamm (Satriani) et en sus Vernon Reid (Living Colour), en guest... Que vous faut-il de plus?
Côté compos, on fait dans la synthèse de ce qu’il y a de mieux. Je dirais qu’une influence majeure est Porcupine Tree, avec un relent très net de psyché, mais un psyché nourri au jazz-rock. Les mélodies cependant évoquent le groupe de Steve Wilson, avec ce caractère un peu en suspension, méditatif, onirique (avec un petit zeste crimsonien).
Il y a aussi ces petits arpèges présents dans de nombreux morceaux, qui, eux, tirent un peu dans la direction de Mahavishnu Orchestra. De manière générale, les compositions sont très bien balancées et – bien sûr – on a droit à quelques magnifiques moments de guitare, parfois en duo avec dialogues inspirés. On détecte également une fibre metal bien présente au long de l’album; la présence d'Alex Skolnick n’y est bien sûr pas pour rien.
C’est un peu comme si Porcupine Tree avait fait un stage chez Miles Davis...! Imaginez donc le résultat! Les touches d’orgue de Holzman sont particulièrement réussies, ajoutant un côté un peu étrange entre les arpèges «mahavishniens» de Jane!
C’est un album qui donne une envie lancinante: les voir en public. Parce que, avec cette matière sonore, cela doit décoiffer solidement en concert… Mais c’est une autre histoire… En attendant, précipitez-vous pour écouter ce qui est sans doute le meilleur album de Jane à ce jour. Le seul petit point noir, c’est le chanteur (probablement un des deux, en fait ils sont deux) qui a tendance à aller parfois dans la direction des groupes classiques américains, genre Kansas, Foreigner, ou Boston, ce qui a un effet un peu anesthésiant. À d’autres moments, ce n’est pas le cas, et la fragilité des mélodies est bien rendue. J’ai un faible pour le morceau «Disappear» où toutes ces influences se trouvent magnifiées.
Lucius Venturini
https://janegetter.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=ALeYj0WUfo4

14/05/2021

Psychic Equalizer
Revealed II
rock progressif symphonique – 34:03 – Espagne ‘21
Les musiciens de Psychic Equalizer nous viennent ici avec un nouvel EP, mais, rassurez-vous, ce n’est pas leur première réalisation. Le projet initial, créé en 2011 par Hugo Selles, se concentrait sur une musique ambient à base d’electronic music, de jazz et de piano. La seconde période a permis d’évoluer vers une musique progressive avec l’inclusion de musiciens d’origines très différentes: le guitariste Carlos Barragán (Colombie), le claviériste Adrian Ubiaga (Espagne) et la chanteuse et multi-instrumentiste India Hooi (Australie).
«The Astronomers» nous entraîne dans un voyage cosmique avec cette musique d’un onirisme poignant et la superbe voix d’India. Avec «Destination Zero», notre balade se poursuit sur des rythmiques plus musclées. À partir de maintenant, les morceaux se raccourcissent. «Something Hurts» débute comme un superbe piano/voix pour se poursuivre de manière majestueuse. Une flûte de Pan (d’accord, ce sont des effets au clavier) nous accueille sur «The Last of Humankind» pour une réalisation très nuancée. Le titre le plus marquant de cet EP reste, pour moi, «Lament», mélopée annonciatrice d’un envol imminent.
Notons que «Revealed» et «Revealed II» sont disponibles en ‘bundle’, comme on dit maintenant, sur leur site internet https://www.psychicequalizer.com/.
Pour conclure, je n’aurais qu’un cri: vivement un album complet!
Tibère

https://psychicequalizer.bandcamp.com/album/revealed-ii

https://www.youtube.com/watch?v=SxcmFd51s2E

15/05/2021 : Les samedis étranges

Prog Censor - les samedis étranges

Murmur Metal

Maelström
expérimental/noise – 43:33 – France ’21
Il y a cette musique, le metal, évolution du hard ou du heavy rock, qui met en avant les guitares et puise sa puissance dans l’amplification, et puis il y a celui qui prend le mot (métal) au pied de la lettre, lorsque, vers 2010, il ramasse quelques objets supplémentaires dans la benne d’une fabrique métallurgique de la Vallée des Usines de Thiers, dans le Puy-de-Dôme, au lieu-dit le Bout du Monde, pour compléter ses feuilles, lamelles, brosses mécaniques, éléments de lampes, toutes ces pièces qui résonnent d’une musique qu’il veut donner à entendre. En dix ans, David Bausseron tente installations, performances, cascades sonores et autres expérimentations électro-acoustiques, aujourd’hui rassemblées sur ce «Maelström» réservé aux plus curieux – faire cette musique est un acte profondément visuel et me rappelle un concert de l’Allemand Reinhold Friedl, qui ne jouait du piano que sous le couvercle: regardez la vidéo en lien, elle est étonnante.
CIRCUM-DISC
Auguste
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=PuTy8wToULQ

François Thollot

François Thollot - Happy Lockdown

Happy Lockdown
canterbury / jazz fusion – 44:10 – France ’21
Dans un élan d’optimisme paradoxal à la Droopy, François Thollot, compositeur, multi-instrumentiste, confiné à Lyon comme nous ailleurs à un moment ou à un autre de cette période bizarre où de toutes petites bestioles à la capacité reproductive aiguë ont réussi à freiner celles qui depuis des siècles asservissent une planète entière, s’est mis à ses claviers (et à sa console) pour faire ce qu’il sait faire: créer de la musique, la jouer, l’enregistrer. Neuf morceaux instrumentaux, où piano (électrique), orgue et synthé prédominent, qui secouent avec douceur («Variable geometry travel», avec sa construction… à géométrie variable, surprenante), pulsent d’une rythmique peu – et tant mieux – binaire (le bien inspiré «The flying postman»), évoquent le bourgeonnement de la vie (le primesautier «Picnic with an alien» ou le scintillant – le vibraphone? – «21st Century») ou accompagnent, simplement et sans ostentation («The useless little ventriloquist» – on pense à Placebo, puis à Rhoda Scott), la langueur du temps confiné – ce qui n’est déjà pas si mal.
Auguste
https://scherzoo.bandcamp.com/album/happy-lockdown

Avian 2

Extinction of the Event Stars
musique électronique planante – 63:54 – Belgique ‘21
D’où vient l’univers, qu’y avait-il avant le Big Bang, et que restera-t-il lorsque tout sera consumé? «Extinction of the Event Stars» nous parle de cette hypothèse du néant, de ce qui restera quand l’éternité disparaîtra, quand, dans des milliards d’années, l’univers abandonnera les étoiles à leur triste sort, vouées à l’extinction définitive dans un silence éternel pour ne laisser qu’une incroyable absence de tout.
Ces questions existentielles, métaphysiques, philosophiques nous sont contées au travers des sons planants émis depuis le vaisseau Avian2 voyageant aux confins des circonvolutions de l’infini en y laissant quelques bribes de sillons lumineux à peine visibles, juste en filigrane sur le tableau du grand tout universel. Comme des traces sonores de ce qui a été, sera encore, puis ne sera plus. Des notes qui, sur le premier long titre «Ultima Apoptosis» (composé des parties «Deconstruction» et «Apoptosis»), nous enveloppent dans un écrin mellotronien schulzien pour nous entraîner doucement vers un voyage semblant éternel. Une musique parfois répétitive, évoluant doucement, longtemps, comme en apesanteur et en dehors des temps dans un état de prescience éclairée.
«Twilight of the Event Horizon», le titre suivant, est certes moins profond mais évoque comme la visite d’un jardin imaginaire éclairé de petits sons mimant de subreptices apparitions luminiques. Et puis, pour fermer le grand livre, «Absence», en guise de requiem définitif où des voix mystiques précèdent des orgues solennels pour guider la dépouille du désormais défunt vers l’oubli.
Tout est à présent consommé, comme une quête de l’absolu. Cette musique décrit la lente agonie de l’univers, mais peut-être que de ce rien définitif renaîtra le tout, comme dans un chakra éternel. Le troisième volet d’Avian décrira-t-il cette résurrection?
Centurion
lien : El Jice
https://eljiceavian.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=1FI5Ad3eAEE

Wardruna

Kvitravn
néo folk – 65:41 – Norvège ‘21
Je me souviens de la fin d’année 2018 où j’attendais impatiemment la sortie de l’album «Skald» (avant-dernier album de Wardruna), persuadée qu’il aurait une place dans mon top 10, mais, une fois cet album enfin là, je n’ai pas été récompensée de mon attente tant j’ai peiné à l’écouter, notamment les 16 minutes (!!!) éprouvantes de «Sonatorrek». Mais tout ça est maintenant oublié, le corbeau blanc (traduction de Kvitravn) m’a réconciliée avec le groupe norvégien fondé par Einar Selvik (ex-batteur de Gorgoroth), qui manie de nombreux instruments anciens (taglharpa, kravik-lyre…), accompagné par la chanteuse Lindy-Fay Hella ainsi que de quelques invités et d’une chorale. Pour ce 5e album, les thèmes abordés sont la sorcellerie et les esprits du Nord, la mythologie, l’animisme, la nature… Et c’est Einar qui tient le rôle du chamane avec son chant tantôt litanique («Synkverv»), tantôt éplorant («Andvevarljod»), tantôt funeste («Skugge»), auquel s’ajoutent sur quasi tous les titres des chœurs féminins ou masculins. Le côté rituel est rendu par différents rythmes de percussions mais les atmosphères peuvent se faire ressentir aussi par d’autres instruments, notamment cet instrument à vent (lequel? peut-être le bronselur puisque le son est connexe à la trompette) sur le mystérieux et très beau «Kvit Hjort» que j’aurais pu choisir comme lien YouTube, mais il n’y avait pas de vidéo alors j’ai préféré opter pour «Grá»; regardez et vous allez comprendre…
La Louve
https://wardruna.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=kFU7nRe7C0A

Dilmoon

What Lies Beyond
soul jazz prog – 41:20 – France ‘21
Pour une fois, ce n’est pas un astronaute mais un scaphandrier qui orne la pochette du disque, alors allons-nous quitter les hauteurs stratosphériques pour quelques profondeurs plus sombres? Foin de toute considération logistique, Dilmoon emmené par une chanteuse, Laetitia Metgy, navigue à vue sur des étangs de soul attitude avant tout, rarement prog’, souvent jazzy, mais toujours diablement envoûtants. Les plus anciens se souviendront de B.S.T. (Blood, Sweat & Tears) ou C.T.A (Chicago Transit Authority) mais imaginez-les avec une voix féminine hyper soul et chaleureuse. Vous l’avez? Eh bien, ce n’est pas que ça, le foisonnement de l’inspiration et des styles évoqués au travers des huit titres de l’album provoque une réelle admiration quand on sait que ces gens-là sont Français et originaires de Sète, pas vraiment un berceau du rock, si l’on excepte sa plage, lieu célèbre par la grâce de Georges Brassens, mais je m’égare… On ne sait par quel bout prendre ce «What lies beyond», surtout si on se concentre sur les deux premiers morceaux, subtil mélange de soul alangui mâtiné d’un poil à gratter rock, rien à voir avec le prog’ célébré habituellement en ces colonnes, il faut le reconnaître. Mais quand on a les écoutilles ouvertes sur tous les bords, on ne s’en émouvra guère car, comme disait l’autre, «quand la musique est bonne», n’est-ce pas? Il faut attendre ou arriver au quatrième titre, «Underwater Lost», pour dériver vers une terre plus rude, plus déviante, prog’? non, d’ailleurs, vous qui lisez ici, perdez tout espoir de «progresser». On a là une «californian song» dénaturée sur un rythme funky hyper cool qui va s’égarer vers un marigot RIO! Ou aussi «Scary Billy», rugueux et presque sale, rock à la guitare aventureuse qui nous éloigne de l’ambiance générale. Donc, c’est clair, Dilmoon est un nouvel ovni du «rock» d’ici qui fait ce qu’il veut de sa musique, l’entraînant par tous les vents possibles vers des directions contraires, «le sextant en haleine»… Une mention particulière pour «Ascent» avec toujours et encore Laetitia Metgy dont la voix est la cerise sur le gâteau, car cette dame possède un organe qu’on peut comparer, avec les réserves de rigueur, à des Norah Jones, Nina Simone ou Etta James. Dilmoon dont c’est le premier disque ne doit pas rester dans l’ombre car la découverte est de taille, la surprise est belle. Mais si l’on peut légitimement penser que le chant de L. Metgy est la clef de voûte de l’édifice, rendons aussi hommage aux Gilles Combalat (batterie et basse), Damien Bianciotto (guitares), Mathieu Gallart (guitares) et François Fava (saxos et flûte) pour la musique et à Romain Vandestichèle pour les textes. Ah oui, Laetitia écrit aussi la musique, quel talent!
Commode
https://dilmoon.bandcamp.com/album/what-lies-beyond

https://www.youtube.com/watch?v=uL3A1yiumgI

16/05/2021

Cody Carpenter
The Legend of Ludrium
rock progressif – 41:25 – USA ‘20
Dans ses travaux solo, le fils du réalisateur John, portant en fait le même prénom que son père (son deuxième prénom, Cody, est ajouté pour les différencier) trouve une orientation musicale plus progressive que dans ses collaborations avec le paternel à qui l’on doit (film et musique) «Vampires» (1998) et «Ghosts of Mars» (2001), entre autres. Cody y manœuvre déjà les claviers avec maestria. En 2015, il sort «Lost Themes» pour lequel son père le rejoint ainsi que Daniel Davies (ex-Year Long Disaster et Karma to Burn e.a.). Ce trio renouvelle l’essai dans «Lost Themes II» et «Halloween» en 2018. On y trouve du chillout, du downtempo et du Tangerine Dream. Un «Lost Themes III» était annoncé pour cette année. Le présent «The Legend of Ludrium» (nom du héros de cette fausse BOF mais aussi le pseudo que Cody utilise pour ses compositions synthwave et synth-pop) recèle de fortes colorations ELP par son jeu de claviers énergique et ses envolées d’une rare puissance mélodique. On découvre aussi des sonorités Novalis («Onwards together») et génésiennes mais dans une moindre mesure. Si les références qui viennent à l’esprit sont très variées, c’est surtout l’âme de Keith Emerson qui plane donc le plus souvent dans ces compositions très courtes mais bourrées d’émotions vitaminées («Until we meet again»). Synthés et Hammond se taillent la part du gâteau où viennent se glisser de ponctuelles interventions de guitare épique ou un ensemble à cordes (synthétique) nappé d’arpèges de piano qui prennent aux tripes («Resolution»). Ce parfait mariage mélodique est sublimé dans l’excellent «Darkness». Un album très court, certes, mais une belle preuve que la virtuosité n’a nul besoin de développement démonstratif.
Clavius Reticulus
https://ludrium.bandcamp.com/album/the-legend-of-ludrium

17/05/2021

La Stanza delle Maschere
La Stanza delle Maschere
rock progressif horrifique – 47:10 – Italie ‘20
La Stanza delle Maschere (la salle des masques – en cette période, c’est approprié!) est une salle de sensations, de fascinations, de tensions venues des profondeurs de la peur. C’est ainsi que le label Black Widow nous présente le groupe et cette affirmation n’est pas usurpée. Ne vous attendez donc pas à écouter du RPI, c’est plutôt du côté de groupes comme Antonius Rex, Malombra ou même, en ce qui me concerne, Jacula qu’il faut chercher une filiation.
Le groupe milanais, formé en 2015, mais dont voici la première réalisation, est composé de Domenico «The Psychic» Lotito (guitares électriques et acoustiques, basse et synthé), Angelo «Blood» Sposito (narration et chœurs), Tiziana Radis (voix et chœurs), Roby Tav (claviers) et Davide Caragnano (batterie).
Je vous invite à lire ailleurs sur cette page l’interview que Domenico et Angelo nous ont accordée pour en découvrir plus sur leur univers…
Alors, entrons, si vous le voulez bien, dans leur univers particulièrement anxiogène et doomesque.
C’est avec beaucoup d’à-propos que l’album débute par l’instrumental «Introduzione (Ritorno dal Passato)» aux claviers en nappe bien sombre et une guitare semblant aérienne quoique sombre. Un tambour martial emmène les guitares sur «L’Alchimista Scultore» et arrive enfin la narration parlée qui ne nous quittera pas de sitôt. Ambiance toujours sombre (et même sardonique) pour «La Casa dalle Finestre che Ridono» où apparaissent pour la première fois les chœurs de Tiziana et un instrument me faisant terriblement penser à un clavinet. «Il Vecchio Teatro» semble parler de terrorisme. Le chant de Tiziana se fait clair et angélique sur «Sette Note in Nero» tandis que «Presenza» nous donne à entendre des murmures lugubres avant de céder la place à un chant moins écorché. Une cloche nous parvient sur l’ouverture de «Veneficio Lunare» pour toujours se prolonger sur des atmosphères mortelles. Accalmie avec «Calibro 9 Meddley» où nous sommes surpris d’être accueillis par une guitare acoustique du plus bel effet. Plus loin dans ce titre, les guitares tricotent à n’en plus finir, avant de revenir au calme. «Zeder» semble débuter de manière pastorale avant d’être rattrapé, comme il se doit, par des effets on ne peut plus anxiogènes. Des bruits de pas, et des cris horrifiques d’une damoiselle que l’on assassine, et voici déjà la plage titulaire qui termine cette plaque.
J’ai beaucoup de chance car, ces derniers temps, notre Centurion adoré me fait parvenir de vraies pépites à découvrir et à partager avec vous, chers lecteurs.
Tibère
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=VgwbLAFM5A4

18/05/2021

Suburban Savages
Demagogue Days
rock progressif/crossover prog – 44:26 – Norvège ‘21
Attention bombe:
Suburban Savages se lance dans le bain en 2007 avec «Tr-Ond And The Suburban Savages» après avoir œuvré sur Panzerpappa dès le nouveau millénaire et joué sur White Willow. Du rock avant-gardiste; ici du pop-rock-synth-musical dans la lignée d’Henry Cow, de Lars Hollmer, d’Happy The Man, des Magyar Posse, du Brian Eno, des plus récents Pure Reason Revolution, voire du très controversé Meer; loin du RIO, zeuhl, jazz, Canterbury ou crimsonien du départ. Un album OMNI.
«Aroused And Confused»: sur un air synth-pop, un peu des Keane du temps d’avant, des Camel pour la mélodie dansante, instrumentation quadriphonique, brit-pop; changement d’ambiance à mi-parcours avec Japan, Bowie pour la BOF de «Furyo», un peu d’Oldfield pour mettre en transe; le piano perlé à la base puis montée orgasmique jouissive, ça cause dès le départ.
«Taciturnity»: sur une batterie syncopée, air quasi militaire et introduction mélancolique vite effacée par une rythmique fraîche, gaie et évolutive; les voix polyphoniques apportent ce plus innovant à un titre singulier hors norme; un solo gilmourien raccroche au mouvement prog à la fin pour un rétro prog futuriste wavien.
«Demagogue Days» et un radio-edit évident; voix, air, refrain accrocheur, celui du premier titre en plus posé?; innocence des instruments et grâce de la mélodie qui n’hésite pas à partir en si peu de temps dans une contrée mystérieuse symphonique comme on les aime.
«Krystle Fox»: un instrumental sur quelques notes basiques de synthétiseurs aidées par une guitare chaleureuse; air minimaliste à la Eno qui part en crescendo, montée onirique digne d’un Mono sur du post-rock mélancolique et éblouissant, oxymore que je t’aime en cette année perturbée.
«Iconoclast» déboule sur la 2e face. Intro tonitruante vite rattrapée par des voix en chœurs énergiques, certains diront Gentle Giant, en indélicatesse avec eux je ne trouve pas; mélodie à la Camel qui fait fondre; titre expressif, rythmé dans l’ambiance anglicane, hors du temps; attention vous risquez de voir un lapin à chapeau sortir des enceintes; oui le synthé est bien l’instrument art-musical des années 2020.
«Let’s Talk» et l’intermède new-age, aéré, éthéré; ambiance bucolique, atmosphérique, voix de déesses dans un pré au bord d’un ruisseau introduisant «Under Mirrored Skies» qui dénote par l’attaque vocale hachée des chanteurs et l’instrumentation synthétique; un titre basique conventionnel, psychédélique, voire jazzy, monolithique, un peu brit-pop, un peu sur les B-52’s; paf break rythmique sur les claviers venant du ciel ou de l’enfer, ça tournoie délicieusement avec la guitare soudain plus présente; final vocal comme certains groupes scandinaves savent le faire en amenant atmosphère glaciale et chaleureuse.
«The Silence Afterwards» et le 2e instrumental avec synthés aériens et batterie à la Collins électronique, un tantinet latino; évolution distincte avec fioriture bien en place des instruments, synthés, guitare et batterie; montée symphonique puis retour au rythme de départ et final comme sur certains airs de «Duke», lentement mais sûrement; attention la touche repeat se remet en route sans que j’aie à vous le dire.
Un son innovant, accrocheur, dansant, progressif, éclectique, à base de synthés et d’instruments classiques amène un air frais, post rock innovant avec des mélodies minimalistes accrocheuses et décontractées, de l’art-rock comme je le dis. La simplicité accrocheuse et gambadante mélangée à la complexité hallucinante du rock progressif pour un album parlant de communication altérée dans ce monde pandémique déjanté. Un album étrange pas prog où les notes plongent dans un rendu progressif magnifique avant-gardiste, Trond, Anders, Mari et Thomas façonnant un bijou; juste écoutez, écoutez et vous serez conquis car quand c’est bon il faut le dire. Format CD, digital et vinyle.
Brutus
suburbansavages.bandcamp.com/album/demagogue-days

https://www.youtube.com/watch?v=cDOcccB7DY4

19/05/2021

Pixels & Sound
Sentimentalism
crossover pop/prog – 81:51 – Australie ‘21
Pixels & Sound, c'est un duo formé par Reece Denton, qui est le principal compositeur, et Daniel McKittrick, entouré d'un collectif de musiciens dont les 6 membres d'Anubis (déjà chroniqué ici en 2020). Ce 5e album est un fruit qui a mis 5 à 10 ans à mûrir, il aurait donc pu être le premier!
Ce qui vient d'abord à l'écoute de cet album, c'est sa liberté. Il n'est tenu par aucune limite, pas seulement à cause de sa durée, mais surtout pour l'éclectisme de ses titres, voire des ambiances changeantes dans un même morceau, c'est bien sûr le cas du foisonnant epic de près de 22 min, «Growing Symtoms», mais aussi de pistes plus courtes, tel «Kinshipwreck».
Un autre point mérite d'être signalé, la qualité de la production qui permet d'apprécier les nombreuses composantes de chaque morceau, chacun étant agrémenté de détails qui enrichissent l'écoute. Ainsi le traitement des voix des nombreux chanteurs et chanteuses participants mélange souvent plusieurs niveaux avec clarté et pertinence, augmentant les sensations.
Pour trouver une parenté à cette musique libre si bien léchée, c'est vers Steven Wilson qu'il faut aller chercher. Et plutôt le SW du génial «Hand Cannot Erase». Outre les voix, les compos font la part belle aux guitares sèches pour leur noyau, l'utilisation d'un Hammond / Leslie soutient souvent la mélodie. L'éventail du chant lead va de Polnareff sur le folkeux «Good Morning Melody» à du Gino Vanelli sur «Cancer».
«Five month later» est magnifique avec son solo de basse et ses soli de guitares ashiennes, mais pour vous convaincre de prendre plusieurs fois 80 minutes pour écouter et réécouter les subtilités de cet album, l'euphorisant «Break» suffira, j'en suis sûr... et il est en lien ci-dessous!
Ciceron 3.14
https://pixelsnsound.bandcamp.com/album/sentimentalism

https://www.youtube.com/watch?v=dVljBj0zSl4

20/05/2021

Lifesigns
Altitude
rock progressif – 54:18 – UK ‘21
Plantons le décor d’emblée: le premier album de Lifesigns est mon coup de cœur de l’année 2013. Rappelons d’abord de qui on parle; Lifesigns est un groupe composé à la base de John Young (claviériste et chanteur ayant collaboré avec nombre d’artistes prog), de Marty «Frosty» Beddle, rescapé de Cutting Crew (souvenez-vous «I just died in your arms tonight») à la batterie, et du phénoménal Nick Beggs à la basse. N’oublions pas ici la présence de Steve Rispin, ingénieur du son et considéré comme membre à part entière du groupe; j’y reviendrai. Rapidement, Beggs quitte le navire (certainement trop accaparé par son travail avec Steven Wilson) et est remplacé par Jon Poole au CV certes moins ronflant mais au jeu pas moins intéressant (j’y reviendrai également). En 2017, le second album «Cardington» confirme tout le bien que l’on pouvait penser du groupe et en 2021 se présente donc «Altitude», entièrement préfinancé par les fans du groupe. Signalons le départ de Frosty Beddle, remplacé par Zoltán Csörsz (ayant officié dans les Flower Kings), et l’intégration d’un guitariste à part entière avec l’arrivée de Dave Bainbridge (du groupe IONA).
Je n’irai pas par quatre chemins: cet album est une merveille absolue du début à la fin! Les qualités de ce groupe sont inouïes. Les compositions sont ciselées comme des diamants; tout y sonne juste et pertinent avec des mélodies à tomber par terre. Les arrangements sont soignés et complexes sans jamais être envahissants. C’est ici qu’il faut souligner notamment la qualité exceptionnelle de la production de Steve Rispin qui fournit un travail d’une délicatesse infinie; cela sonne bien avec une puissance contenue juste ce qu’il faut et des choix audacieux, comme une présence très affirmée de la basse. Le jeu des musiciens justement est aussi précis; Jon Poole fait vrombir sa basse mais toujours à propos et le jeu de Zoltán Csörsz élève le tout juste ce qu’il faut. Les claviers sont aériens et la voix de John Young sonne comme une caresse; ajoutons une pincée de violon et des chœurs féminins du plus bel effet.
Le style est même difficile à définir; c’est bien évidemment du prog avec une touche pop jamais vulgaire, mais il m’est quasiment impossible de le rapprocher d’un autre groupe. Ils s’aventurent même sur des sentiers touchant au jazz: écoutez l’intro de «Shoreline»; on croirait entendre le groupe japonais Casiopea.
Je pourrais détailler les morceaux un par un tant il y aurait à dire sur chacun, mais, si vous ne deviez n’en écouter qu’un, prenez «Last One Home»; une magnifique ballade avec un solo de guitare à tomber par terre.
Bref, n’en jetez plus: ruez-vous sur cet album qui s’est déjà assuré une place dans mon top 5 de 2021!
Amelius
https://lifesigns1.bandcamp.com/music

https://www.youtube.com/watch?v=la8RDL0dq0o

21/05/2021

Clive Nolan
Song of the Wildlands
rock symphonique/oratorio séculier – 57:08 – UK ‘21
Dans la lignée d'Ayreon, qui n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine. L’objet comprendra également une version instrumentale où les récitatifs pompeux, irritants et envahissants de Ross Andrews seront malheureusement tout aussi présents en «bonus» (on n’y coupe pas!). Ajoutez-y un DVD/Blu-ray avec documentaire et «making of» le plus souvent dispensable. Par bonheur, les chœurs mixtes et le chant, particulièrement celui des rôles féminins de l’épopée, apportent toute la magnificence à une superbe partition symphonique où évoluent en parfaite harmonie orchestre rock, ensemble à cordes et trames mélodiques hautes en couleur complétées de quelques interventions magistrales inspirées de Carl Orff («Journey» et son ajout de plain-chant). La construction de l’album ne peut qu’évoquer «Into the Electric Castle» de Ayreon. Plages énergiques, épiques et textures médiévales s’enchaînent à un rythme d’enfer mais ne permettent pas vraiment d’en goûter toute la quintessence du fait de leur brièveté et, surtout, entachées qu’elles sont du blabla parasite. Et c’est plus que dommage. Deux plages méritent, cela dit, une mention particulière: «Crossing the Ocean» où le chant secondé par des chœurs puissants font éclore une majestueuse ampleur mélodique en quelques minutes et «Funeral Pyre» où les chanteuses (deux alto et une soprano), accompagnées des chœurs mixtes (pas moins de 200 voix!), atteignent au sublime! Les opéras classiques ont un livret, Clive aurait dû s’en inspirer en nous épargnant ces agaçants et trop nombreux récitatifs et l’œuvre en serait sortie grandie.
Clavius Reticulus
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=ED-b3oDZpxI

21/05/2021 - EP

A.C.T.
Heatwave
crossover prog – 33:09 – Suède ‘21
Existe-t-il une manière suédoise de faire du prog? Je ne me suis jamais posé la question mais il faut avouer que A.C.T. (qui nous propose ici un EP 6 titres) présente pas mal de similarités avec un autre groupe suédois que j’aime énormément, à savoir Moon Safari. Ces deux-là partagent une fraîcheur, une fougue et un sens de la mélodie totalement ravageur.
J’avoue m’être peu intéressé à A.C.T. jusqu’à présent (malgré leurs déjà six albums studio) mais cet EP est vraiment emballant. Tout y est: les compos sont soignées, les musiciens sont brillants et la production est puissante sans être envahissante. Le groove en trois temps de «Brother» vous emporte, la délicatesse de «Dark Clouds» vous emballe et, en point d’orgue, «The breakup» vous soulève d’émotion en racontant une histoire de rupture débordante de feeling (écoutez ce solo de clavier à partir de 4:11 et tout le crescendo final); une pure merveille.
Seul bémol: c’est trop court (d’où ma cote) mais on en redemande!
Amelius
EP non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=3Br0VsmAvkM

22/05/2021

Sunburned Hand of the Man
Pick A Day To Die
rock/psyché/ folk /post-punk – 36:00 – USA ‘21
Sunburned Hand of the Man provient de Boston. C’est sans doute ce côté ouvert de la ville qui donne de l’éclectisme à cet album.
Ce collectif n’avait pas publié d’album depuis 2007, ce qui m’a donné l’occasion d’aller traîner du côté de leurs productions précédentes. Et ce fut une bonne surprise…
«Pick A Day To Die» est une revisite de morceaux écrits entre 2007 et 2017 et il semble un peu la synthèse de tout ce à quoi ce groupe a touché.
Côté pile: doux sur «Pick A Day To Die»; un morceau lancinant, avec un petit côté «groovy» et des sons comme des cris assourdis en arrière-plan, mais l’ensemble est vraiment séduisant.
Côté face: «Prix fixe» démarre en force avec un grand cri. Ce n’est pas chanté, c’est hurlé… souvenir de l’époque punk. C’est clairement autre chose, plus dur, plus collant, plus sombre, avec des riffs secs. Comme brûlés au soleil!… Et puis, à la deuxième minute, on tire le frein à main et on glisse en retour vers la civilisation. La guitare électrique apparaît en nuances. Je n’ai pas pu m’empêcher de comparer à David Gilmour, tant pour la composition que pour le toucher.
La production est soignée, les instruments se posent sur la voix tour à tour paisible, murmurée, soufflée et puis hurlée, torturée, un peu granuleuse façon Tom Waits ou Nick Cave.
Tout cela donne en fin de compte un côté assez sombre, grondant, comme une lame de fond mais également hypnotique, avec une touche électronique clairement affirmée sur certains morceaux (tel que l’instrumental «Flex») avec une pincée de sel chamanique.
C’est ce côté zen que l’on retrouve sur «Dropped A Rock» ou encore «Initials» qui démarre d’une façon très bizarroïde, un peu «galactique», accentuée par des textes parlés, déformés de-ci de-là, comme dits sous l’influence du sorcier…
Mes morceaux préférés: «Pick A Day To Die» et «Flex».
Cet album, c’est une sorte de voyage, d’assemblage, un puzzle qu’on a lancé en l’air en voyant ce qui allait retomber. C’est très court (7 titres), c’est déstructuré, tout à la fois abrasif et doux, chaud et froid comme le métal, hypnotique et entraînant, mais la production soignée rend le tout finalement très accessible.
Isidøre
https://threelobed.bandcamp.com/album/pick-a-day-to-die

https://www.youtube.com/watch?v=Kxsl5JFaW18

23/05/2021 : Heavy Prog

Prog Censor 0901//2022 : Heavy Prog

Immortal Guardian

Psychosomatic
power heavy métal progressif – 52:00 – USA ‘21
C’est en plein confinement et par PC, chacun dans son coin, que les Américains d'Immortal Guardian ont donné naissance à leur deuxième album, «Psychomatic».
Diversité est le maître mot de cet album dont le fil rouge est certes le métal progressif sur lequel viennent se greffer une multitude d’influences, trash, gothique, heavy, hard rock, qui donnent à cet opus une couleur particulière.
Les fans de Stratovarius et de Symphony X seront autant comblés que ceux de Dream Theater, ou même d'Helloween pour un côté speed métal.
Une œuvre riche qui se découvre au fil des écoutes. Immortal Guardian n’hésite pas à nous surprendre par des breaks improbables, des duels guitares/claviers.
Écoutez un titre comme «Clock», ou encore «Goodbye to Farewells», et vous serez conquis.
Et puis il y a la voix de Carlos Zena, capable de passer en quelques secondes du grave au très haut.
En deux albums, le groupe de Santa Monica réussit l’exploit de se placer, déjà, aux côtés des grands.
Un avenir radieux donc pour cette formation. Elle mérite toute votre attention.
Tiro
https://immortalguardian.bandcamp.com/album/psychosomatic-2

https://www.youtube.com/watch?v=UH6eoMtNbBo

Manuel Barbará

Moonrise
metal progressif – 35:45 – USA '21
Premier album pour ce maître de la guitare qu'est Manuel Barbará. Commençons par une courte présentation. Manuel Barbará est un musicien et compositeur basé au New Jersey avec une passion pour le métal progressif et la musique classique contemporaine. Il est issu du célèbre Berklee College of Music où il a obtenu un diplôme en «Performance et composition de guitare». École d'où proviennent notamment Steve Vai, Quincy Jones, Phil Collins, Joey Kramer, Tim "Ripper" Owens, ainsi que les membres de Dream Theater, entre autres... Inspiré par des groupes tels que Iron Maiden et Pink Floyd, il a appris la guitare à l'âge de seize ans. Sous la direction du célèbre professeur de guitare Matt Mills, il a auditionné avec succès pour Berklee moins de trois ans plus tard. Manuel Barbará en est très fier, y compris de son premier opus. Et il y a de quoi. Il a déjà acquis une grande maturité, que ce soit au niveau technique, naturellement, mais aussi au niveau des compositions qui sont recherchées et tiennent la route. On ressent nettement les influences de Dream Theater, Periphery, Tesseract, Meshuggah dans ce metal prog moderne, mais cela sans être un copier/coller. On sent qu'avec le temps il est suffisamment doué pour rechercher sa propre identité. Étant instrumental, l'album a l'avantage d'être court pour ne pas lasser et c'est un très bon point. Dans l'ensemble, c'est un album metal prog très technique, créatif et inventif, à la production parfaite. Ce «Moonrise» de Manuel Barbará mérite toute votre attention. Moi je continuerai à suivre sa carrière en tout cas.
Vespasien
https://8stringalchemy.bandcamp.com/album/moonrise

https://www.youtube.com/watch?v=HIpLs6TXQU0

Illusory

Crimson Wreath
heavy progressif – 77:52 – Grèce ‘21
Illusory est une formation hellénique fondée en 1992 à Moscháto. C’est leur troisième offrande qu’il nous plaît d’écouter ici, après «The Ivory Tower» en 2013 et «Polysyllabic» en 2016. Le groupe se compose de Dee Theodorou au chant, George Papantonis aux guitares, Greg Bakos aux guitares également, Niki Danos à la basse, Makis Vandoros aux claviers et Costas Koulis à la batterie.
Leur musique est tout à la fois mélodique, heavy, complexe et émotionnelle. Leurs paroles se montrent ouvertement contre la guerre et abordent également le problème de la perte d’humanité.
D'une durée de 1:28 à 10:04, les quatorze titres composant cette plaque s’enchaînent sans répit, alternant les passages vraiment heavy aux ballades taillées pour la scène. Et cela débute en force avec le tonitruant «Besetting Sins», archétype du heavy traditionnel avec son lot de voix haut perchées. Heureusement, tout l’album n’est pas de cet acabit: la délicate guitare acoustique sur «Acedia» vient immédiatement me contredire pour un (court) titre parlé sympathique. La plage titulaire, quant à elle, nous présente un chant joliment troussé avec de fins arpèges guitaristiques. La dernière plage, «Fortress of Sadness», se révèle la plus originale de cette plaque.
Mais ne vous y trompez pas, Crimson Wreath est un CD qui plaira, j’en suis sûr, à nombre d’entre vous; certaines plages sont particulièrement bien ficelées, comme «Past Forever Last».
Je ne vous donnerais qu’un seul conseil, c’est de vous en faire votre idée par vous-mêmes!
Tibère
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=9L179x_ygPE

The Black

Ars Metal Mentis
doom metal – 55:28 – Italie ‘20
Bien que The Black The Black (Official) soit l’un des piliers de la scène doom italienne depuis plus de trente ans, je n’avais, jusqu’à présent, jamais croisé leur route, avant la parution de leur neuvième offrande.
L’âme du groupe n’est autre que Mario Di Donato (guitares, chant), pionnier du metal italien et peintre reconnu. Il est aidé par Gianluca Bracciale (batterie) et Cristiano Lo Medico (basse). Notons également la participation de Tony Pagliuca, claviériste historique de Le Orme. Les amateurs des premiers Black Sabbath, de Witchfinder General ou Reverend Bizarre seront ici comblés d’aise. Les aspects visuels sont également de la partie pour un ressenti plus sombre et presque gothique.
Mais accompagnez-moi dans la grand-messe du doom avec les grandes orgues de «Praesagium», très vite remplacées par des guitares mordantes et lourdes pour «Marius Donati». La plage titulaire ralentit quelque peu le tempo pour repartir de plus belle. «Lupi Fortes» ne pourra que ravir les hommes en noir qui traînent parmi vous. «Decameron» passerait presque pour de la pop, mais bien sombre, rassurez-vous! «Immota Manet» sera l’occasion de profiter de beaux accords de guitares presque apaisés. Mais «Cerbero», titre le plus long de l’opus (6:33), déboule ensuite pour relancer une dernière la fois la machine avant le retour des grandes orgues.
Si vous aimez votre musique comme votre café, bien noir, voici l’album qu’il vous faut!
Tibère
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=dNWCrkco1bs

Jupiter Hollow

Bereavement
métal-alternatif – 55:22 – Canada ‘20
Alors que le Covid ruine encore et toujours les espoirs de revoir rapidement en live nos groupes préférés, le duo Jupiter Hollow annonce 20 dates de concerts durant une tournée qu’ils ont intitulée «The Bereavement Live Stream Tour: Phase III». Une tournée programmée en avril et mai de cette année et visible gratuitement sur les pages facebook et instagram du groupe. «Avec le monde de la musique live toujours en désarroi, Jupiter Hollow veut continuer à être l'un des groupes live les plus actifs au monde. Nous voulons continuer à vous montrer que la musique et l'art ne connaissent pas d'obstacles.» écrivent les musiciens pour annoncer cette tournée virtuelle.
Musicalement, le duo canadien, Grant MacKenzie (guitare, basse, claviers) et Kenny Parry (voix, batterie, claviers, piano), exécute un métal complexe, davantage alternatif que progressif. Après quelques délicatesses, il devient dur et bruyant avec des structures compliquées. Ce métal-là est exempt de symphonisme mais n’en est pas moins intéressant. Il y a là du Mars Volta survitaminé et croisé à du Tool mouliné à la façon Coheed and Cambria. Pas loin d’un Devin Townsend en mode exubérance au volant d’un bolide lâché à toute allure. Et jamais complètement certain de survivre au prochain virage le groupe change fréquemment de cap en apportant des éléments plus progressifs, comme sur l’étonnant «Sawbreaker».
Groupe monté sur des bâtons de dynamite épileptique, il ne s’octroie que peu de moments d’accalmies pourtant salutaires, «Extensive Knowledge» ou «Solar Gift». Un album qui pétarade, alors accrochez bien votre ceinture.
Centurion
https://jupiterhollow.bandcamp.com/album/bereavement

https://www.youtube.com/watch?v=iL5QPPAPvOs

24/05/2021

Cosmograf
Rattrapante
rock progressif/néo progressif – 53:24 – UK ‘21
Cosmograf, connu depuis 2011, qui distille un bon rock prog à la Barclay James Harvest, Pink Floyd dans une déclinaison planante, sort ici son 8e album, pour rattraper le temps perdu? Cet album que Robin Armstrong a presque fait tout seul dans son studio sent le néo, le prog métal, le progressive rock, le son vintage des 80’s voire des 70’s avec l’Hammond et Rainbow en ligne de mire; il dit lui-même adorer cette époque du légendaire Deep Purple; j’y retrouve un peu des sonorités du grand Genesis et des bribes sonores de la voix martienne de David Bowie, pour un méli-mélo musical et dramatique du temps pandémique unique en notre histoire.
«In 1985»: ouverture à la Gilmour dans un premier temps, 2:30 de rêve puis explosion et riff à la «Kashmir», percussion sourde, claviers langoureux et la voix typée aiguë de Robin; un titre qui déroule, qui reste prévisible, comme taillé pour la scène cruellement absente en ces temps incertains, clin d’œil avec des bruits de foule du Live Aid de 85; break instrumental spatial, des synthés digne d’un Europe, ça fleure bon les 80’s; le solo de guitare à la Blackmore torturé, sublime pour un final à la «The Trial» enfonçant les notes comme cette batterie. «Rattrapante»: pour un rock pêchu avec orgue ondulant à la Genesis, un rythme daté de par la basse et la guitare esseulées, chœurs usuels; texte sur les records de vitesse, mis en scène sur le break avec des bruitages du président Kennedy puis de voix de la NASA; retour du rythme d’origine comme sur «The Return of the Giant Hogweed» qui semble ne plus s’arrêter.
«I Stick To You» avec Chrissy du Blackheart Orchestra pour une ballade song sombre sur un versant spleen avec guitare acoustique; un peu des Porcupine Tree planants du début ici. Tout est beau, romantique, obsédant, d’un autre âge; titre qui s’étire comme cette sensation de l’homme coincé hors le temps voyant tragiquement et inévitablement ses êtres chers disparaître.
«Memories Lie»: piano à l’entrée puis texte émouvant sur notre dégradation programmée; un son qui me rappelle par instant les King Crimson voire les Barclay James Harvest, l’orgue Hammond est beau et aérien, un peu de guitare acoustique comme sur «Animals» pour poser la voix de Robin; un solo de guitare majestueux, onirique et rempli de spleen chaleureux vient ici augmenter l’émotion et déformer notre réalité avec l’impression d’un air qui n’en finit pas. «Time Will Flow» et déjà la fin sur une magnifique intro piano-synthé émouvante, ça monte sur un chœur à faire fondre, ça tire sur les Porcupine Tree, le narrateur Tommy rajoute un peu de mystère, de vibration orale, de sensibilité progressive; c’est latent, le synthé reste seul dans l’espace jusqu’à l’arrivée de Robin dont la voix semble logique; air qui renvoie à «In 1985» indubitablement avec un crescendo trop prévisible, mais peut être est-ce le but de ce titre mélodique et symphonique gardant les poncifs du genre?
À noter 3 bonus courts de «I stick to you», «Time will flow» et «Rattrapante» qui permettent de rendre compte des mélodies plus travaillées qu’il n’y paraît. Un son vintage qui dégage une meilleure sensibilité au fil des écoutes de par l’approche contemporaine des airs et instruments qui risque de vous faire plonger dedans; ce Cosmograf-là sortant en CD, vinyle et digital, vaut plus que ma première écoute, devenant envoûtant et nostalgique.
Brutus
cosmograf.bandcamp.com/album/rattrapante

https://www.youtube.com/watch?v=OGPnMFtE0ms

25/05/2021

Unalei
Galatea
musique progressif/folk – 34:03 – Italie ‘20
L’épure d’une introduction, «La Bussola», pour s’orienter dans l’univers de Karim Federico Sanna, musicien étonnant incarnant son entité Unalei aux multiples facettes. Si «Anarada» nous plonge dans une épopée western-spaghetti à la façon d'Ennio Morricone, chantée en quatre langues (italien, espagnol, russe et anglais), la suite nous envoie dans une aventure à la découverte de racines diverses. Au fil de l’eau, qui est la connexion des peuples, cette musique est véhiculée par un vaisseau dépouillé d’artifices technologiques pour garder l’esprit qui permet de rester en adéquation avec les terres découvertes. Une musique qui revendique l’authenticité et qui s’insurge contre notre société que le musicien juge suffocante. Mélancolie de chansons folk orchestrées subtilement dont les parfums évoquent, par exemple sur «The Little Matchgirl», un passé musical plus métalloïde (voir album précédent, «Taedium Vitae»). La visite d’un folklore traditionnel ou médiéval («Gloria», «Azalea»), avec parfois même l’ampleur de chœurs («Lola»), mais toujours avec retenue, presque dans une démarche introspective. Une musique qui interpelle, qui suggère, qui invite les sens à l’abandon. Un petit voyage en toute discrétion, sans déranger, qui passe juste comme une petite feuille voguant subrepticement au fil de l’eau…
Centurion
https://unalei.bandcamp.com/album/galatea

https://www.youtube.com/watch?v=WUcJAC-O5gw

26/05/2021

Rabbit Rabbit Radio
Volume 4 - The Animal I Am
rock/rock experimental/rock de chambre/experimental indie pop – 41:34 – États-Unis ‘21
La violoniste-chanteuse Carla Kihlstedt et son mari Matthias Bossi (ex-batteur de Sleepytime Gorilla Museum) ont rassemblé dans ce «Volume 4» onze titres difficiles à classer et/ou à rattacher à un style en particulier, d’où cette impression de découvrir quelque chose d’atypique, de vraiment nouveau et original, mais aucunement rébarbatif.
C’est un album de bric et de broc, réalisé avec la collaboration du multi-instrumentiste Jeremy Flower et du bassiste Jon Evans, un collage (à l’image de la pochette) de titres divers, accessibles au rythme des compositions de Rabbit Rabbit Radio par abonnement sur un site web (auquel je ne suis malheureusement pas parvenu à me connecter…).
Ne vous laissez pas abuser (ni dérouter surtout! – ce serait dommage de manquer ce véritable travail de pros) par l’appellation «experimental». Pas d’indigestes divagations instrumentales ou vocales ici. Bien au contraire! Malgré un travail plutôt poussé et très bien mené sur le son, guitares, basse, violon, batterie restent toujours très lisibles et les parties vocales, magistralement assurées presque exclusivement par Carla, ne sont pas en reste.
L’ensemble est vraiment plaisant et somme toute assez homogène (du moins par le thème) dans sa diversité. Oublions le côté parfois désuet (la la la), pour ne pas dire agaçant, des chœurs («The Animal I Am»). Dommage car la basse est superbe sur ce titre.
C’est une musique intime, chaude, surprenante parfois, bien rythmée, aux mélodies séduisantes et même accrocheuses, s’autorisant à l’occasion quelques envolées plus amples («Carapace») et – pourquoi pas? – un peu de rock and roll («Kill the King»).
«This album is about love. It is more thorn than rose.» (Source: Bandcamp)
À découvrir de toute urgence!
Vivestido

https://rabbitrabbitradio.bandcamp.com/album/rabbit-rabbit-radio-volume-4-the-animal-i-am

https://www.youtube.com/watch?v=JrP35l8XSTE

https://www.youtube.com/watch?v=bda6cCvAtsQ

27/05/2021

Greta Van Fleet
The Battle at Garden’s Gate
blues rock/Led Zep – 60:09 – USA ‘21
Si leur parcours initial témoigne d’une nette influence (le mot est faible) de Led Zeppelin (Robert Plant a dit lui-même qu’ils «étaient» Led Zeppelin, c’est dire!) il faudra nuancer pour ce deuxième album à la présentation hyper soignée: digipack illustré dedans comme dehors. Le dehors en noir et or, très sobre, est tel un écrin de joaillerie. En l’ouvrant, vous trouverez des illustrations même là où ça ne se voit qu’en écartant l’ouverture où se glisse la rondelle. Parcours fulgurant pour les frères Kiszka du Michigan. Deux EP en 2017 dont «From the Fires» qui reprend les titres du premier, un titre de Sam Cook et un autre de Fairport Convention. Il reçoit le Grammy Award du meilleur album rock en 2019. Avant cela, le groupe aura fait la première partie de Gun’s & Roses pour la tournée «Not in a Lifetime» en 2018. Cette même année ils sortent leur premier album «Anthem of the Peaceful Army» qui est lui aussi du pur Led Zep. Pour le présent album, on reste dans cette coloration qui privilégie les ballades orchestrées de main de maître tout en louchant du côté de Rush lors d’interventions plus vitaminées. Le guitariste cisèle aussi des solos pas piqués des hannetons («Broken Bells» et sa flanger qui tue). La voix haut perchée de Josh fait plus souvent penser à celle de Geddy Lee qu’à celle de Plant dans son agressivité et le travail orchestral nous éloigne également tant soit peu de Led Zep. D’une manière générale, cet album présente des paysages sonores d’une belle richesse mélodique. La plage qui clôture l’album, d’une longueur de près de neuf minutes, avec sa montée en puissance quasi symphonique, est la preuve que nos Américains méritent mieux que l’étiquette hard ou blues rock. À vous de voir. Für diese Zeit, Vergessen Sie das Etikett !
Clavius Reticulus
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=Qkc849LJWeU

28/05/2021

Karmamoi
Room 101
concept album progressif – 60:37 – Italie ‘21
Karmamoi publie aujourd'hui son 5e album et Daniele Giovannoni, son leader et compositeur, nous accorde une entrevue (voir autre post). Pour faire écho à l'ambiance mondiale actuelle, ce concept album est basé sur 1984 d'Orwell!
«Memory Holes» ouvre l'album sur un son «machine» grave. Le tempo lent ajoute à l'atmosphère pesante. La voix de Sara Rinaldi, doublée parfois comme souvent dans l'album, participe à ce bel exemple d'osmose entre musique et propos. Appétissant.
Et que dire de plus au sujet de «Drop by Drop»? L'osmose s'amplifie. Climat plus lourd encore. La novlangue s'insinue goutte après goutte. Le tout s'éclairant à mi-chemin dès 8:33, pour terminer en une apothéose magnifique et poignante. Cette piste est d'une richesse telle qu'après une demi-douzaine d'écoutes on peut encore découvrir, là une flûte, là une cymbale, en notes homéopathiques. ÉPOUSTOUFLANT.
«Dark City»: arpèges et harmonies vocales pour entamer ce morceau mais bientôt c'est l'alternance entre le règne d'une basse spongieuse, omniprésente Big Brother, et d'un chant résigné.
«Zealous Man»: le piano solo et la voix chaude de Sara nous invitent dans cet epic de 11:00 qui bientôt se transforme en un déchirement pathétique, avant de nous emporter vers les nues. Puis tout se brise, la musique machine revient pour un final nerveux.
«Newspeak»: clin d'œil malicieux du compositeur, ce morceau sur la novlangue est purement instrumental.
«Room 101»: oppressante, cette pièce des tortures dans le livre. Rythme bancal, voix dédoublées, écho pour mieux nous déséquilibrer. Et l'on espère pouvoir en sortir par le haut, comme sur la belle pochette (Joël Barios).
«The new World» révèle le parallèle avec notre monde au travers d'une musique lugubre et grandiose, qui comme l'album entier est une parfaite illustration de l'ambiance du livre.
Big Bro te regarde: tu dois entrer dans la pièce 101... Maintenant!
Ciceron 3.14

https://karmamoi.bandcamp.com/album/room-101

https://www.youtube.com/watch?v=zloWa4vwaN0

29/05/2021

OTEME
Un Saluto alle Nuvole
expérimental/art rock/rock de chambre – 57:20 – Italie ‘20
Oteme (Osservatorio delle Terre Emerse) est un projet musical à géométrie variable. Il s’articule autour du compositeur, interprète et vidéaste Stefano Giannotti. L’interview disponible par ailleurs sur cette page vous permettra de découvrir plus profondément la composition actuelle de la formation. Le titre de l’œuvre est significatif: «un hommage aux nuages», car il s’agit bien de la mort dont il est question. La mort telle qu’elle est «vécue» par ceux qui soignent quotidiennement les malades en phase terminale, soit la famille, les infirmières et médecins, et non pas une mort virtualisée, intellectualisée.
Dès «Chiudere quelle porta», le ton est donné, construction savante mêlée de sections parlées ainsi que de splendides chœurs. Paroles féminines et guitare acoustique pour «E c’é qualcuno», telle est la suite du plat. Parfois, des bruits de tous les jours, bien qu’indéfinissables viennent se greffer sur les parties non chantées, comme sur «Un ricordo bello». D’étranges instruments viennent se greffer («Dieci giorni»). Superbe travail vocal sur «Quando la sera» auquel vient s’ajouter une flûte enchanteresse. «Turni» s’avère être la composition la plus longue de cette œuvre (près de douze minutes), pleine de spleen, dans une ambiance très «chillout». «Una mamma disperata» nous berce par de chouettes accords de guitare. Et pour terminer l’écoute, voici qu’arrive la (très) courte plage titulaire.
Habituellement, ce genre de musique n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais ici, j’ai vraiment été conquis. N’oubliez pas de lire également l’interview, très riche en renseignements!
Tibère

https://maracashrecords.bandcamp.com/album/un-saluto-alle-nuvole

https://www.youtube.com/watch?v=9YT93GZNxfM

30/05/2021

Bend the Future
Without Notice
rock progressif – 40:19 – France ‘21
Bend the Future est un groupe récent, formé à Grenoble en 2019. Il s’agit d’un sextuor formé par la base classique du prog (basse, batterie, guitare, claviers, chant), plus un saxophoniste. Ceci est leur deuxième album; ils ont également produit sept singles, en somme une production importante en deux ans d’existence!
Leur deuxième album qui nous présente un rock progressif bien balancé, avec changements de rythmes, belles mélodies et compositions solides. De temps en temps, on entre dans des paysages d’inspiration orientale, avec le saxophone menant la danse, comme dans le morceau «As We Parry».
La rythmique peut également se montrer plus décidée, sous l’impulsion de l’excellent batteur Piel Pawlowski, qui peut rappeler un peu Vander dans ses meilleures envolées… Ces passages donnent l’impression que ce groupe devrait valoir le coup en concert… À vérifier…
Les compositions fonctionnent par paliers et le saxophone entre toujours judicieusement pour encourager le groove et développer une nouvelle ligne mélodique ou un solo, ce qui ne manque pas de donner une légère teinte jazzy dans ces moments-là, quoiqu’on ne puisse pas dire à proprement parler que leur musique est jazz-rock ou fusion.
Il s’agit d’un album de prog, intelligent, bien construit et remarquablement bien rendu avec d’excellentes qualités instrumentales et musicales.
L’excellente photo de la pochette ne manque pas non plus d’attirer l’attention. C’est une de ces pochettes qu’on n’oublie pas…
En résumé, un excellent travail qui vaut le détour d’une oreille…
Lucius Venturini
https://bendthefuture.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=Dwi96De5pnE

31/05/2021

Loot the Body
The Barrier Peaks Songbook
rock psychédélique/progressif – 43:04 – USA ‘20
Vu le nom qu’ils ont choisi pour le groupe, on peut déjà considérer que ces jeunes Californiens ont tout dit sur leur musique... Des pilleurs de corps donc, mais cette devise il faut bien entendu la comprendre comme l’idée de s’inspirer de la musique du passé. «Je pille les corps de tout ce qui est venu avant pour faire ce que je fais. J'espère qu'il y a une distinction entre cela et le plagiat…» exprimait l’un des musiciens sur un site consacré aux jeux de rôle. Oui, car cet album (comme son prédécesseur) se veut être la capture de la sensation éprouvée lorsqu’on joue à ce genre de jeux... «The Barrier Peaks Songbook» est un album concept qui traite du célèbre «The Classic Dungeons & Dragons» sur fond d’ambiances musicales puisées dans le passé.
Ça sent à plein nez le psychédélisme baigné de sensations diverses où les sonorités des claviers ancestraux imprègnent à satiété un concept semblant débarquer d’un autre âge.
Un album au son certes imparfait, mais qui regorge de climats captivants vous emprisonnant dans une sphère de laquelle il est bien difficile de s’extraire. Des sons envoûtants comme ce fascinant Mellotron; des ambiances passéistes au chant aux allures diaphanes et aux mélodies beatlesiennes; de l’âpreté cousue de guitares parfois rugueuses ou bluesy; des poussées alambiquées qui laisseraient penser que cette aventure est autant (voire davantage) progressive que psychédélique. Un album étrangement vintage qui pille le passé pour lui redonner éclat et vigueur. Une réussite, laissez-vous capturer.
Centurion

https://lootthebody.bandcamp.com/album/the-barrier-peaks-songbook

https://www.youtube.com/watch?v=H68wO-3HkDY