Décembre 2023

01/12/2023 : Mue - Rencontres

Mue 
Rencontres
jazz-rock mais pas seulement – 43:54 – France 2023
Exercice de haute voltige avec Mue et son premier album «Rencontres»; autant d’excellence musicale et poétique dans un seul opus, on ne le rencontre plus guère de nos jours dans le paysage du rock progressif. Les six intervenants sont tous des musiciens confirmés au bagage aussi lourd que celui d’un voyageur de l’Orient-Express. Mue est le projet de Sylvain Jamault, chef de cet orchestre assemblé pour ces «Rencontres» dignes parfois d’un Zappa et je pèse mes mots, moins lourds que leur bagage technique, bien entendu. 1er prix de guitare classique au Conservatoire de Rennes en 2001, il fonde Abkahn pour un unique album en 2002, «And people say». Guitariste et chanteur, c’est un admirateur des King Crimson, F. Zappa, Magma, Stravinsky et Debussy. Ses cinq compères ne sont pas des manches non plus, même si celui d’Étienne Callac, le bassiste, a accompagné quelques grands noms tels G. Moustaki, B. Fontaine et, plus près de nos affections musicales, Pip Pyle (Gong/Hatfield & the North), Rido Bayonne (Spheroe), Faton/Cahen… Le batteur Nicolas Hild a frappé derrière Alan Stivell entre autres. Tous ont déjà de belles aventures musicales derrière eux avec divers ensembles, tous styles confondus. Mue c’est avant tout une formation où le chanteur n’en est pas un au sens littéral du terme. Il parle oui, ou comme on dit de nos jours, il slamme. À ce sujet, l’opus commence par «Le Banquet» divisé en deux parties, la une a fait bondir mon petit cœur dans sa cage thoracique et vous allez dire que je n’ai qu'Ange à la bouche mais si cette intro slammée donc (!) ne vous fait pas penser au monologue halluciné de «Caricatures», je suis damné… Je songe aussi à Athanor, groupe français oublié qui m’avait procuré cette même impression. Diction claire et nette, description cinématique, tout y est pour cette illusion éphémère. Mais il y aussi ce piano omniprésent, joué par Louise Gravez, qui évolue autour de l’ensemble avec la grâce d’un papillon, tantôt soutenant l’effort général, tantôt devançant le tout avec une souplesse naturelle. Pour souligner ce piano, il y a le précieux vibraphone de Léo Laurent, instrument peu usité mais d’une allégeance précieuse à la tonalité globale de l’album. La guitare d’Alex Caillebot, si ce n’est celle de Sylvain Jamault, retourne l’échoppe de Fripp comme certaines tournures y font songer, rhabillant l’opus pour l’hiver… Parfois, cette musique néo-classique colorée d’un jazz incertain, cabote, guère éloignée des rivages de Zappa comme je l’ai dit plus haut mais avec cette mélancolie sous-jacente dont ne témoignent jamais ou si peu les œuvres zappaiennes. «Rencontres» signe la filature et la filiation de tous ces géniaux artistes français dévoués au jazz-rock des années 70 mais une modernité bien logique en prime, le morceau éponyme qui clôt le disque en est un bel exemple, ses 10:37 sont un vrai bonheur dans le genre où toutes les qualités et les idées développées jusque-là arrivent à un point d’épure absolument jouissif! Voici donc une belle calotte délivrée sur l’occiput des auditeurs enivrés par tant de virtuosité…
Commode
https://sylvainjamault.bandcamp.com/album/rencontres
https://www.youtube.com/watch?v=a8NsNOG3mVU

02/12/2023 : Trevor Rabin - Rio

Trevor Rabin
Rio
pop progressive – 55:05 – Afrique du Sud 2023
Faut-il encore présenter Trevor Rabin? Allez, rapidement alors… Né en 1954 à Johannesbourg, Trevor Rabin apprend la musique à un jeune âge et fonde en 1974 le groupe Rabbitt qui va connaître un certain succès dans son pays d’origine. Fin des années 70, il déménage à Londres et se fait assez rapidement connaître en produisant notamment l’album «Chance» du Manfred Mann’s Earth Band. Par le biais du label Atlantic, il est présenté à Chris Squire et Alan White alors en rupture de Yes; le projet s’appelle Cinema. Dans ses bagages, Rabin apporte une démo qui n’est pas du tout prévue pour le projet mais Trevor Horn a l’oreille attirée. Une fois rejoint par Tony Kaye et Jon Anderson, le nouveau Yes prend forme et Horn use de toute sa force de conviction pour convaincre le groupe de travailler sur cette démo. Le reste appartient à l’histoire et «Owner of a lonely heart» devient le plus gros succès populaire du groupe. À ce sujet, je ne peux que vous inviter à regarder l’interview de Trevor Horn expliquant la genèse de ce morceau et la manière dont il a supplié le groupe de l’essayer pour avoir un single: un délice d’humour anglais bourré de second degré.
Trevor Rabin a sauvé Yes en en modernisant le son tout en conservant ce qui faisait son ADN. Les concerts du «faux Yes» ARW [Anderson, Rabin, Wakeman, ndlr] montrent aussi à quel point le gaillard a conservé toute son énergie et son savoir-faire. Par ailleurs, Trevor Rabin s’est également fait connaître comme compositeur de musiques de films avec plus de 40 films à son actif ainsi que quelques séries télévisées.
Mais à part cela (c’est déjà pas mal direz-vous), le bonhomme n’est plus beaucoup revenu à des compositions rock puisque ce «Rio» est son premier album de chansons originales depuis… 34 ans. Il avait notamment sorti un album instrumental en 2012 mais c’est à peu près tout. Autant être clair de suite, cet album est vraiment plaisant mais attention, si vous cherchez le grand frisson prog, passez votre chemin. Toutefois, à l’écoute de cet album, on comprend l’influence majeure de Rabin sur des morceaux tels que «Changes» (90125), «Shoot high aim low» («Big Generator»), «Lift me up» («Union») ou encore «The Calling» («Talk»). C’est surtout notable par la présence de lignes de guitare simplement ahurissantes (écoutez le début de «Thandi») et d’harmonies vocales extraterrestres.
L’album commence par un bon rock FM assez classique. Dès le deuxième morceau, on plonge vers le titre le plus prog de l’album («Push») sur lequel on retrouve rien moins que Vinnie Colaiuta à la batterie; le tout se concluant par un solo de violon. «Oklahoma» est une ballade de toute beauté. Il se permet une incursion presque country sur «Goodbye» et ce sans une once de mièvrerie. Les harmonies sur le début de «Tumbleweed» semblent quant à elle sorties de nulle part. «Egoli» sonne presque créole et «Toxic» conclut l’album en beauté en rappelant «Big Generator».
Vous l’aurez compris, Trevor Rabin n’a rien perdu de sa verve et livre un album varié et sincère qui respire la joie de vivre… C’est dur à dire mais quelle différence par rapport aux dernières productions de Yes…
Amelius
https://open.spotify.com/intl-fr/album/6khHinRjZTyPU1uwwTDEzB
https://www.youtube.com/watch?v=KPzga7UJwy4

03/12/2023 : Zhorhann - Ainsi parlait Hominina

Zhorhann
Ainsi parlait Hominina
rock progresif / metal bigarré / expérimental – 45:43 – France 2023
Zhorhann c’est Mathieu qui propose du rock progressif cartoonesque, j’aime bien cette dénomination; des touches de math rock, jazz, RIO; un brutal instrumental déjanté et chaleureux et des effluves de Zappa, Mr. Bungle, Zorn, Nirvana, les dessins abimés de Tex Avery et la lourdeur d’un Pantera; un message-cri de révolte contre ce monde anesthésié où l’Homme continue de se détruire plutôt que de se poser; un son violent, clin d’œil à Nietzsche à l’image de la révolte nécessaire contre cette indifférence induite par nombre de gouvernements
«L'homme à la tête de gélule» donne le ton avec un riff heavy sur une base jazzy; un air de la «Panthère Rose» au fond, du son gras et lourd comme le faisaient si bien les Suicidal Tendencies. «Les filleuls ancestraux - partie 1» air boogie western charleston tout simplement ou comment ne pas se prendre au sérieux; le son revient au 1er titre heavy, réminiscences de Mr Bungle pour le côté déjanté et grandiloquent; ah ce banjo qui se demande ce qu’il fait ici. «Intro - (si si...)» sur un riff que n’aurait pas renié Schenker des Scorpions ou Eddie; son spatial, hard symphonique avant le 2nd riff sur du Led Zeppelin, ça fait pas mal d’idées musicales; break à la Zappa avant un enchevêtrement de notes heavy. «Le flamant rose» arrive, espace de création sonore farfelu d’où sortent des notes ciselées de Mathieu soutenu par la basse lourde de Vincent; le final se veut heavy, mitrailleuse mal graissée et cri à la Woody Woodpecker très enroué.
«Les filleuls ancestraux - partie 2» sur une dérive, une déclinaison des genres proposés jusqu’à présent; à noter un solo guitare surfant avec le son d’une voix qui dérive sur une explosion guitare tonitruante limite zeuhl par l’intensité; fin cartoonesque, cocotte de bruit travaillé! «Egoduc» arrive, plus lourd quoique un clavier adoucit temporairement le climat musical sur un hip-hop teigneux; la guitare a droit de cité ici plus qu’ailleurs, impression de guerre de tranchée où un tir peut survenir de chaque recoin; le second temps explore les digressions guitares avec des relents du célèbre pic vert, du manche de feu Eddie des Van Halen, John Zorn, bref du lourd de l’intense. «Sweet acid (M'Z cover)» titre court mais bluffant, sorte de marmite de lave encore en fusion, avec son petit écoulement d’or fin fondu pour calmer la chaleur musicale; un solo final extraordinaire qui va déflorer agréablement vos enceintes. «Dieu sirote le sang» fort, on est vacciné maintenant; un solo basse-guitare western spaghetti, un riff tonitruant, un torres-ent de notes dégoulinant de-ci de-là, un peu d’andalou, tout y passe et évite de vous raccrocher à un style bien défini, ce qui est intéressant conceptuellement parlant; le final outro.
Zhorhann de l’équation de Barjavel suit cet opus après une théorie des cordes plutôt brumeuse, haletante jusqu’au crash; ici c’est guérilla à tous les étages, des morceaux survitaminés comme remède à la bêtise humaine sciant la branche sur laquelle elle s’est installée, un album électrochoc violent, hard fait pour sortir de l’hypnose ambiante.
Brutus
https://matzizrecords.bandcamp.com/album/ainsi-parlait-hominina.
https://youtu.be/WCGXF_SPP94

04/12/2023 : Gert Emmens - Mysteries of Dawn

Gert Emmens
Mysteries of Dawn
Berlin school – 132:39 – Pays-Bas 2023
Un double album aux variantes multiples. En effet, les morceaux d’une durée moyenne de plus ou moins un quart d’heure alternent les ambiances en cours de vol. Décollage avec «So Close, but yet so far away»: les séquences sont proches de celles de Schulze mais la mélodie s’en éloigne par un phrasé plus tourbillonnant et une rythmique bien marquée, collant un tempo rocky tout en gardant une voilure atmosphérique. Cette entrée en matière a déjà de quoi nous allécher! «What comes out of the night» démarre dans les teintes Steve Roach des plus cosmiques mais très vite les séquenceurs prennent la relève, accompagnés d’une superbe mélodie structurée en arabesques spiralées. Là nous traversons encore la nébuleuse schulzienne à plus d’un moment. «Setting off at daybreak» se veut mélancolique en entrée, une douceur sertie de trois notes répétitives qui s’égrainent çà et là comme des perles de rosées ou peut-être même serait-ce des larmes. Superbe mélodie qui étreint l’âme. Des séquenceurs rapides viennent alors dissiper ces brumes de tristesse et le tempo coule vers des textures Tangerine Dream vintage. «Mysteries of dawn» démarre dans une égale ambiance rêveuse vêtue de tonalités Floyd époque psyché. Séquenceurs TD à nouveau pour la suite, en «Ricochet». «Until we meet again» dégage toute la mélancolie du thème mais avec une touche d’espoir. Un parfum Gustav Mahler, du moins en intro; ce morceau est dédié à la mémoire de l’ex-beau-père de Gert. Les séquenceurs viennent à nouveau crever les nuages lourds de tristesse. Deuxième plage du deuxième volet, «Moments before the sun starts it’s daily journey»: même schéma, intro spatiale suivie de séquences toujours cousines de celles de TD. Nappes de synthés atmosphériques doublées d’une mélodie douce et éolienne: une combinaison enchanteresse! «What’s hidden in the early morning» ajoute une pincée d’ondes Martenot. D’une infaillible créativité, cet album offre des paysages mélodiques de référence comme chaque fois que Gert crée un nouvel opus et cette fois le plaisir est double. Je vous invite vivement à découvrir ces mondes enchanteurs.
Clavius Reticulus
https://gertemmens.bandcamp.com/album/mysteries-of-dawn-a-double-album
https://www.youtube.com/watch?v=bYn1MvSksfY

05/12/2023 : Hanlon's Razor - Stockholm

Hanlon's Razor
Stockholm
crossover / metal progressif – 44:41 – Pays-Bas 2023
Hanlon's Razor avec Louis et Frank forment Terranian; fin actée en 2018 et un retour influencé par le confinement pour 2 albums partant sur des sonorités rock sympho, metal prog et art rock, utilisation des sons progressifs des dernières décennies; un son intemporel pour voyager à moindres frais sur des paysages automnaux, ça tombe bien.
«Soul Turns to Sand» avec un son singulier, une voix chaude typée, j’ai lu à la Sylvian des Japan, moi je trouve à celui de Soen; bref un son grave qui lorgne metal prog un tantinet envahissant et mal équilibré; un riff final avec des nappes de claviers. «Mantissa» guitare acoustique en intro; le riff pesant vient lui emboîter le pas, deux voix, intéressant dans la conception et un air porcupinien des plus métalliques. «Stockholm Syndrome» à l’intro symphonique violon et guitare spleen; air singulier positif; le riff heavy gras qui cohabite avec les violons et une déclinaison symphonique me rappelant les Eternity X, une élaboration claviers pour une ambiance latente et prenante; le second break floydien psychédélique version «Animals» et «Meddle», innovant. «Wide Awake Sleeping» poursuit, titre plus lourd, enivrant; sans la voix on dirait du Rush surboosté, avec on est sur un metal prog latent, sur des connotations spatiales assez sidérantes; 6 min et le break floydien très intéressant avec des synthés éthérés pour un final planant intimiste. «Contrasts» et l’intro rotheryenne avec sa déclinaison acoustique amenant l’air dompté prog metal; la base rythmique ça passe ou ça casse, forte quand même vis-à-vis du phasé langoureux; 5 minutes et une note piano vient réveiller; ça enfle, ça monte progressivement avec un beau solo guitare heavy.
Hanlon's Razor continue d’explorer le son néo des 80 en lui injectant des claviers des 70; le côté Pink Floyd dans l’instrumentation est présent tandis que les riffs et soli lorgnent vers les groupes de metal prog mélodique auxquels Rush me fait penser; c’est dynamique, ça coule tout seul et ça donne dans les souvenirs.
Brutus
https://hanlonsrazor.nl/album/stockholm-2
www.youtube.com/watch?v=CqMNfZlyqew

06/12/2023 : The Flower Kings - Look At You Now

The Flower Kings
Look At You Now
rock progressif – 68:49 – Royaume-Uni 2023
Déjà le seizième album pour ce monstre sacré qu’est The Flower Kings! Après les conséquents doubles albums «Islands» et «By Royal Decree», les Flower Kings jouent un peu la retenue cette fois. Treize titres dont un seul dépasse les 10 minutes… ce n‘est pas dans les habitudes de la maison. On reconnaît bien le son typique des Kings avec les morceaux une nouvelle fois très bien construits. J’aime beaucoup «Dr. Ribedeaux». Quel jeu de guitare encore une fois du maître Roine Stolt. «Scars» est un petit bijou, on apprécie le chant de Hasse Fröberg, la guitare et la basse y coulent naturellement. C’est vraiment un titre typique des Flower Kings… une grande leçon de création et de feeling. Pour la première fois de son existence, The Flower Kings n’a pas de claviériste attitré! Roine Stolt, occasionnellement secondé par Michael Stolt et Marko Demaio, se charge des claviers avec brio, feeling et talent. J‘aime cet album mais je trouve qu’il n'y a pas suffisamment de partie jazzy ou des coups de folies qu’ils étaient les seuls à pouvoir créer. Pour moi, ils n‘ont pas pris de risque avec cet album, même si le niveau est naturellement de grande qualité. Et quelle pochette magnifique! Les illustrations ont été réalisées par Joey Tessier, un monde de magie et de créatures fleuries. Encore une belle création des frères Stolt à écouter avec délectation.
Vespasien
https://open.spotify.com/intl-fr/album/1tS0lzdt0yGUaYEkVFIYQD
https://music.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_msettsMOHWJTxnLsQ_tKrtZLVQwbS--Y0

07/12/2023 : Splink - Magnifique Eccentrique

Splink
Magnifique Eccentrique
rock progressif – 30:52 – Angleterre 2023
Splink nous revient avec un mini LP. Toujours adeptes du «no rules music», ils s'expriment très librement à travers ces cinq morceaux. Alors certes la présence de Vikki Ings et de son nouveau violon magique donne facilement une note celtique à la piste introductive, mais lorsqu'à mi-chemin de cette lande verte, la guitare wah de Matt James (guitare, clavier, voix) vient lui disputer l'avant-plan pour finalement vriller en reggae on ne sait plus bien où l'on est. Réjouissant!
Ensuite «Simming in hot water» aguiche avec une très belle pulsation créative de Tim Chapman (batterie), pour un instrumental plus rock qui fait la part belle à la guitare, il s'enchaîne avec «Jupiter's child», toujours instrumental, où le violon reprend son envol pour de longues mélopées bien mises en opposition d'un riff nerveux de guitare.
«Euphoric wings» reprend un peu le même canevas, au moins au début, puis surprise (une de plus), voici que Matt se met à chanter (ainsi que Vikki en soutien?). Et c'est un manifeste Splink: jouer dur et rester vrais,
Le style de l'ultime piste, «Canterbury», est franchement... psyché. C'est une reprise plus concise d'un morceau de leur album «Free», ce nouveau format permettant de mieux apprécier la qualité du thème qui apparaît plus distinctement ainsi que la basse d'Andy Cricket qui cisèle à toute vitesse un motif démoniaque. Apothéose!
J'ajouterai que le CD, dont la pochette est de Vikki, vient avec un chouette livret de 16 pages où chacun des musiciens présente, non sans humour, son parcours (NDLR en fait le livret n'est pas livré avec, mais Splink l'enverra si besoin à ceux que le demandent, voir le commentaire de Spink ci-dessous). Si vous avez la possibilité de les croiser en concert, n'hésitez surtout pas, la pochette pieuvre s'est matérialisée en un bonnet tricoté! Cela vaut bien une cape wakemanienne, non?
Aérez-vous avec ce nouvel opus dont le défaut majeur est de ne durer qu'une demi-heure!
Cicero 3.14
https://splinkband.bandcamp.com/album/magnifique-eccentrique
https://www.youtube.com/watch?v=FUB3YwQ6zwg

08/12/2023 : Castro Camera - Auprès de moi toujours

Castro Camera
Auprès de moi toujours
post-rock contemplatif – 38:43 – France 2023
Si je me réfère au catalogue conséquent que présente Castro Camera, j’ai loupé quelque chose depuis 2010, année de sortie du premier travail de l’artiste bordelais. Ce ne sont pas moins de neuf enregistrements effectués depuis treize ans par cet auteur-compositeur solitaire, un musicien comme on en rencontre maintenant par dizaines depuis l’élaboration salvatrice du site Bandcamp, permettant à de nombreux groupes et autres troubadours méconnus d’exposer leur musique au monde entier. Avec des titres aussi évocateurs et frétillants d’une passion pour l’extra muros, je ne peux résister à vous citer les cinq: «Ce pays que je n’ai jamais connu», «Triste montagne», «Crève-cœur», «Le village de mon enfance» et «Mon amour». Voilà qui me parle avant d’évoquer le contenu. Purement instrumental, «Auprès de moi toujours» évolue dans un univers mélancolique lié au style musical employé, un post rock qualifié par l’artiste lui-même de «post folk», quoique je cherche encore le folk! Purement contemplative, la musique de Castro Camera évoque des paysages se déroulant à l’infini sous le rouleau cotonneux de nos divagations spleenétiques. Voici une musique qui développe des boucles de nostalgie à n’en plus finir; si on ferme les yeux, on part très loin, même si chaque morceau évoque quelque chose de bien précis, votre contemplation encéphalique découvrira bien d’autres perspectives ou horizons nébuleux et diffus. C’est tout le sortilège de ces œuvres intimistes qui sont de véritables petits tableaux sans cadre précis, au gré de votre imagination que je sais fertile puisque vous aimez le rock progressif! Un seul morceau échappe à la tutelle de cette mélancolie sus-jacent: «Triste montagne» qui s’échappe vers une sorte de cold wave rythmée et jure, à la fois par son titre et par son genre musical quelque peu divergent de l’ambiance générale. Mais c’est judicieux dans le contexte. La gravité de «Crève-cœur» avec sa guitare frippienne qui raisonne comme à l’envers du fond, aussi ténébreux que celui d’un puits perdu dans un champ. Il ne faut pas être neurasthénique pour apprécier Castro Camera car il se pourrait que vous le touchiez… le fond!!
Commode
https://castrocamera.bandcamp.com/album/aupr-s-de-moi-toujours
https://www.youtube.com/watch?v=Lfw6OSHzUZs

09/12/2023 : Synth replicants - Time of Legends

Synth replicants
Time of Legends
Berlin school – 66:30 – International 2023
Synth Replicants est le nom du projet créé par Per Thomhav. Ce stakhanoviste des claviers a sorti, en moyenne, un album tous les quatre mois, soit 14 albums depuis 2019… Et l’année 2023 n’est pas terminée!
Il a été rejoint, cette année, par Steve Labrecque et sa guitare. C’est leur amour de la musique de Tangerine Dream, de Vangelis et de Klaus Schulze qui les a réunis, sachant que Per Thomhav réside au Danemark et Steve Labrecque aux États-Unis. Mais 5.817 km ne sont plus un problème de nos jours quand on utilise les ressources d'Internet.
Neuf des dix titres de «Time of Legends» sont inspirés de Tangerine Dream, plus précisément ils sont un hommage à quelques légendes qui ont façonné le groupe, Edgar (†) et Jerome Froese, Klaus Schulze (†), Thorsten Quaeschning, certains membres comme la danseuse/chanteuse et surtout percussionniste Iris Claudia Alexandra Martina Antoni a Kulterer (alias Camaa) et bien d'autres encore... Le dernier titre est dédicacé à Vangelis… Ce qui signifie que si vous ne supportez pas «l’École de Berlin» vous feriez mieux de passer votre chemin.
Nos musiciens font assez souvent appel à des bruitages (vagues, pluie, trains, lasers, etc.) pour mieux nous plonger dans le thème et instaurer l’ambiance. L’ajout du guitariste Steve Labrecque, combinant les riffs de guitare du rock progressif des années 70 avec les sensibilités de la musique électronique d’aujourd’hui, permet d’enrichir le sentiment de mélancolie répétitive (ou de répétition mélancolique) inhérent à cette musique. Ce qui rend les solos de guitare si appréciables ici, c'est qu'en dehors de sembler être de simples remplissages improvisés, ils sont utilisés pour créer de véritables mélodies.
Publius Gallia
https://synthreplicants.bandcamp.com/album/time-of-legends
https://www.youtube.com/watch?v=q_U7mC3VtFc

10/12/2023 : Jordsjø - Salighet

Jordsjø
Salighet
rock progressif – 42:33 – Norvège 2023
Je ne vous ferai pas l’injure de vous présenter le groupe Jordsjø qui a déjà été chroniqué par trois fois dans nos pages (http://www.progcensor.eu/juillet-2019.html#DrzXTc40), (http://www.progcensor.eu/2021-juin.html#3rXaED9u) ou encore, dans une moindre mesure (http://www.progcensor.eu/avril-2023.html#nQChCfWL). Venons-en donc directement au fait: notre duo a encore composé des titres d’une pureté et d’une beauté à nulle autre pareille. On ne peut qu’être ébloui par des titres comme «Sankeren» ou les deux parties de «Salighet». Mais le plus long, «Stjernestigen», n’est pas en reste. La flûte s’y montre particulièrement enchanteresse. Mais c’est avec ce titre presque évanescent qu’il nous faut prendre congé de cette plaque attachante que je vous recommande chaudement…
Tibère
https://jordsjo.bandcamp.com/album/salighet
https://www.youtube.com/watch?v=OQ5t8U8kwN8

11/12/2023 : Karmamoi - Strings From The Edge of Sound

Karmamoi
Strings From The Edge of Sound
rock progressif symphonique – 67:52 – Italie 2023
Ce 6e album voit l'arrivée officielle du ténor Valerio Sgargi au chant et au clavier. Il était déjà présent, invité par Daniele Giovannoni (batterie, claviers) sur le précédent opus «Room 101»,
(https://www.facebook.com/profile/100034975431437/search/?q=ROOM%20101); Alex Massari à la guitare et Alessandro Cefalì à la basse complètent le quatuor.
J'ai eu l'occasion, lors du 2Days Prog + 1 Festival, où l'album était présenté le jour même de sa sortie, de rencontrer rapidement Daniele et Valerio avant qu'il ne montent sur scène. En quelques mots, l'introduction des 2 compères: «dans ce nouvel album, Valerio apporte, outre sa voix, son talent de compositeur; ainsi les 4 nouvelles compositions sont le fruit d'un travail commun... les 5 reprises d'albums précédents ont été réarrangées sans instruments électroniques, seulement des versions synthétisées d'instruments réels...»
Pour avoir chroniqué «Room 101», je dois bien reconnaître que ces versions orchestrales, à peine plus longues, sont une nouvelle façon d'apprécier les compositions de Daniele, et pas seulement à cause du chant de Valerio qui est plus incarné. «Room 101» et «Zealous Man» sont plus dramatiques.
Les 4 nouvelles compositions sont le reflet de l'actuel quatuor et ouvrent donc une perspective sur son futur. «Black Hole Era» est plus direct, conclu par un superbe solo de guitare. «Tell Me» est une ballade déchirante sur l'absence, pleine d'emphase et d'un beau lyrisme. «I will come» un peu dans le même thème est abordé, avec une langueur romantique, en piano voix.. Pour conclure l'album, le court titre éponyme boucle avec le morceau initial dans l'espace, nous proposant de faire comme les gars de Hawkwind: voyager dans le vide!
Karmamoi a son empreinte: une nostalgie certaine. Le tout servi par des mélodies et orchestrations qui, même lorsque le tempo s'accélère, continuent de véhiculer une langueur esthétique. Mais cette mélancolie fondamentale est ici le moteur d'une musique d'une grande profondeur et d'une beauté captivante.
Cicero 3.14
https://karmamoi.bandcamp.com/album/strings-from-the-edge-of-sound
https://www.youtube.com/watch?v=F7QzZYURxqs

12/12/2023 : Alan Charles - Lust & Passion / Lost in Passion

Alan Charles
Lust & Passion / Lost in Passion
rock progressif mélodique cinématique – 49:56 – Québec 2023
Alan Charles, après avoir essayé d’exister avec… Existence, se lance sur un sujet sensible, la bisexualité et l’album solo; pour le premier, la pochette censurée par les réseaux sociaux donne le ton, bonne idée pour un peu de pub; pour le second, sachant qu’il se considère compositeur plus que virtuose, qu’il a pu emprunter des bandes-son à la BBC Symphony Orchestra et que Kim d’Existence l’accompagne, c’est donc lui presque tout seul qui se met à nu.
«Path to Oblivion» intro mélodico-sympathique, un piano solennel en crescendo onirique pour un bon début sans émoi. «Memories of an Illusion» et le sang prog qui se perd sur une mélodie wallienne, la guitare spleen vient égayer l'air avec Kim aux voix, le solo guitare rappelle les titres sombres d'Anathema; l’instrumental classique sur un vocal phrasé et le final dithyrambique symphonique amènent une débauche musicale, orgasme monolithique. «An Instant Beautiful Dream» reprise de l'air symphonique, pompeux, Vangelis ou Epica au loin; une batterie militaire avant le piano solennel, la voix consensuelle déprimante; le solo guitare vient hausser la trame musicale avec l'ajout de violons aériens pour une belle fin. «Silence - The Theme, part V» change d'atmosphère sur la bande son d'«Amicalement vôtre»; la flûte puis la guitare, très plaisante cette guitare, limite rotheryenne, tout ça pour l’instrumental solennel amplifié par des instruments à vents, meilleur titre.
«The Palace of Blissful Tears» pour un redit mélancolique avec la voix dépressive de Waters, grandiloquent où le côté symphonique tire sur les 80; 40 ans nous en séparent; le final vaut encore par sa digression orchestrale pompeuse, amoureuse. «Love Lost in Abyss» plus nerveux, grandiloquent avec des chœurs amenant Kim au titre consensuel, beau mais prévisible au niveau du cerveau; un bel effort d'essayer de dégager de l'énergie progressiste. «Escape to Oblivion» final piano solennel et synthé grandiloquent... pour l'instrumental qui clôt cet album sur une nouvelle excursion intimiste comme leurs émois mis à jour.
À noter la beauté de l'intro et du final sur cet album qui surfe sur l'orchestration grandiloquente à versant mélodique; la batterie en retrait, la guitare à l'inverse amenant soif créatrice et spleen; du symphonisme vintage pour plonger dans les affres de la musique prog émotive d'hier; important d’avoir cette base en tête; un tourment mélodique dont une étincelle aurait pu en faire un album plus fort sur un art-rock mélodique; retour mitigé d’un coït à plusieurs qui peut retomber froid.
Brutus
https://alancharles.bandcamp.com/album/lust-passion-lost-in-passion
https://youtu.be/YriY6NTGAGc

13/12/2023 : Moozoonsii - Outward

Moozoonsii
Outward
stoner progressif – 45:04 – France 2023
Nous voici en territoire méconnu, aux franges du prog metal et du psychédélisme. On vit une époque formidable (juste pour la musique, hein!) car des groupes mélangent avec ardeur et ingéniosité des styles qui se sont échappés du creuset initial, la pop, pour éclore en un millier de sous-genres que certains s’évertuent à réunir de nos jours, en prenant de-ci de-là des tissus musicaux pour en faire un nouvel oripeau parfois mal taillé, ce qui en fait tout le charme, ceci dit en passant. Le métissage des courants musicaux est une vaste affaire et l’écoute de tout ce qui se crée nécessiterait plusieurs vies. Le rock progresse et pas que le progressif, ce qui est un comble, vous l’avouerez! Sous des pochettes on ne peut plus imaginatives et fascinantes, Moozoonsii délivre un panachage aussi délirant que ses couv’ d’albums. Après un premier EP en 2019, les Nantais sortent «Inward» en 2022 et sa pochette, aussi intrigante qu’effrayante, dont celle de «Outward» est la digne successeure (comme on dit au Québec), on prend presque la même et on recommence, orange au lieu de bleue mais aussi malaisante que l’autre. Le contenu est à la hauteur des images et ça c’est la bonne nouvelle. Je parlais de prog metal, c’est passablement plus à du stoner qu’on a affaire, un stoner psychédélique, bourré de visions surnaturelles, d’oniriques rythmes tribaux, de guitares râpeuses; on appelle ça des jams, longues divagations peuplées de créatures énigmatiques et exaltées. Moozoonsii a pourtant le sens de la mélodie et cette appétence enrobe la complexité de certains morceaux louches aux ambiances biscornues d’un glacis d’accessibilité bienvenue. Ce desert rock (on l’appelle aussi comme ça) quitte les sables arides plus d’une fois pour s’échapper vers des planètes plus habitables, où la température permet la vie, celle de titres extatiques et illuminés malgré la lourdeur d’un équateur étouffant au centre de l’album avec «Far waste», suffocant plat de résistance de plus de treize minutes! Messieurs, votre trip est très excitant, le voyage est sympa, merci d’avoir mis la clim’ de temps en temps car il fait chaud ici, enfin là-bas, je sais plus moi!!
Commode
https://moozoonsii.bandcamp.com/album/outward
https://www.youtube.com/watch?v=jS8rBhx0FKI

13/12/2023 : Oblomov - Standard Monstre (EP)

Oblomov
Standard Monstre
post-rock progressif – 28:39 – Italie 2023
Oblomov est un duo italo-russe, actuellement basé à Bologne en Italie.
Se pencher sur un album d'Oblomov est une expérience qui ne peut être que réduite si elle n’est accompagnée par la vision ou le visionnage des images (peintures, photographies, mais surtout vidéo) qui lui sont associées.
Néanmoins, cette expérience d’écoute, toute limitée qu’elle soit, sera riche tant la créativité, la qualité, l’interprétation et la production de cette œuvre sont excellents. Il y a du Cure, du Dead Can Dance et du Bowie dans cet album. Vous aurez successivement l’impression de naviguer entre dark wave electro, art-rock et post-prog. L’utilisation de bruitages tant introductifs que constitutifs des 5 (trop courts) titres est continuelle.
Le projet est né avec l'idée de mettre en musique les peintures d'Adriano Fida et il n'est pas rare de trouver un casque dans les expositions de cet artiste, où on peut écouter la musique d'Oblonov, debout devant le tableau qui a inspiré la mélodie. Sachez que l’album est dédié à ce peintre calabrais qui vient de décéder.
Mais il n’y a pas que la peinture! Le présent album est lié à un travail vidéo et l'union entre images et musique est telle qu'il est difficile de comprendre s'il faut privilégier l'idée qu'il s'agisse d'un long clip ou plutôt de la bande originale d'un court métrage. Le groupe précise que «c'est l'expression libératrice de [ses] angoisses quotidiennes transformées en imagerie sonore». Vous pouvez en visionner les 28:39 sur YouTube (voir le lien ci-après), ce qui vous donnera sans doute l’envie de les voir sur scène. Les performances live sont à leur image. Oblomov se produit sur une scène qui ressemble à un salon: ils se tiennent sur un canapé (d’où le nom du groupe), entre des radios et une vieille télévision diffusant des vidéos du vidéaste éclectique Flavio Sciolè et d'autres bizarreries. Tout en jouant, ils préparent leur dîner et le mangent ensuite.
Publius Gallia
YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=ZeIZfRRRjUE

14/12/2023 : Hats Off Gentlemen It's Adequate - The Light Of Ancient Mistakes

Hats Off Gentlemen It's Adequate
The Light Of Ancient Mistakes
rock progressif – 67:09 – Angleterre 2023
HOGIA est un groupe londonien formé par Malcolm Galloway avec Mark Gatland. Ils sont parfois accompagnés de Kathryn Thomas (flûte). Les liens sont forts entre ces trois-là!
Malcolm et Mark jouent ensemble depuis qu'ils sont à l'école.
Malcolm et Kathryn sont mariés (l'un à l'autre).
Le 9 septembre est sorti leur septième et splendide album «The Light Of Ancient Mistakes».
Celui-ci explore, en 15 titres (19 avec les bonus), le point de vue de quelqu'un dans le futur qui regarde en arrière ce que nous faisons à la planète et aux hommes après qu'il est devenu trop tard pour changer.
Malcolm est un homme engagé qui propose des titres aux textes (très) forts que le manque de maîtrise de la langue ne permet pas toujours d’apprécier pleinement mais qui n’empêchera pas la propre magie de la musique d'opérer sur vous. Les titres chantés sont reliés par des transitions instrumentales qui agissent comme des respirations.
Les claviers côtoient certaines des meilleures guitares de type «Gilmour» apparaissant partout dans le paysage sonore. Le temps semble parfois suspendu, comme lors des magnifiques interactions piano et flûte de Kathryn Thomas... Une féérie continuelle de batterie, de percussions, de claviers et de guitares. Il y a du Bowie, du Weill, du Wilson dans ce disque.
Pour porter son message, HOGIA fusionne des éléments de rock progressif, de rock alternatif, de metal, de musique classique contemporaine, de minimalisme, de musique électronique, de jazz et même de funk. Ce mélange des genres peut paraître déconcertant, à première vue, mais paradoxalement il est l’expression de la cohérence de l’album.
Indéniablement au tout début de mon top 5 de 2023, c’est un achat incontournable!
Publius Gallia
https://hatsoffgentlemen.bandcamp.com/album/the-light-of-ancient-mistakes
https://www.youtube.com/watch?v=BWqH2cZb-QQ

15/12/2023 : Polymorph - Tangible Dreams

Polymorph
Tangible Dreams
pop progressive – 52:34 – États-Unis 2023
À la base, le groupe est californien, mais la pandémie a renvoyé les musiciens dans leur pays d’origine (France, Suisse et Brésil). Ils décident d’enfin se retrouver à Strasbourg pour plusieurs semaines d’écriture. En fonction des sensibilités musicales de chacun d’eux (riffs syncopés à la Hendrix, longs solos anxiogènes inspirés de Pink Floyd, atmosphères électriques), ils composent les titres présents sur ce premier album qu’ils sont fiers de nous présenter aujourd’hui. Dès les premières notes de la plage introductive, «Sail to the Sun», nous sommes emmenés dans un rock plutôt pêchu, mais capable de belles diversions guitaristiques. Le côté progressif est plus prégnant sur «Beneath the Dreams» qui conclut cette plaque.
Tibère
https://polymorphband.bandcamp.com/album/tangible-dreams
https://www.youtube.com/channel/UCinP93ZwuOJkO3vuRcpJNXg

16/12/2023 : Dopelord - Songs for Satan

Dopelord
Songs for Satan
stoner doom – 50:00 – Pologne 2023
Depuis leur fondation en 2010, voici déjà le cinquième album complet du quatuor polonais Dopelord, auxquels nous ajouterons deux EP de vingt-cinq minutes chacun environ (autant vous dire que je ne connais que des extraits des précédents disques mais pas un en totalité).
«Songs for Satan» est un hommage à Varsovie, la capitale; Dopelord y dénonce plusieurs décennies d’oppression du catholicisme polonais comme carburant lyrique, et leur apostasie y est réelle et glorieuse. Si l'on prend comme valeur de base le Sabbat Noir britannique dans la sphère progressive, il n'y a aucune raison de ne pas considérer Dopelord comme l'un de leurs fils spirituels, la lourdeur de la paire rythmique (qui sait rester mélodique) propulsant la musique dans le cachot du démon.
Domitien
https://dopelord.bandcamp.com/album/songs-for-satan
https://www.youtube.com/watch?v=oXY43T2nA_s

17/12/2023 : Poor Genetic Material - Elsewhere

Poor Genetic Material
Elsewhere
rock progressif – 47:06 – Allemagne 2023
Poor Genetic Material est un groupe allemand à la carrière déjà longue. Groupe ou plutôt projet; en effet, le groupe se résume parfois au trio de base composé de Philip Griffiths (chant), Stefan Glomb (guitares et basse) et Philipp Jaehne (claviers et programmations) mais a sorti aussi des albums avec un line up plus complet incluant un batteur et parfois aussi un flûtiste. Pour cet album (leur 14e en 24 ans), c’est la formule en trio qui officie.
Encore une fois, j’avoue être passé à côté de ce groupe mais c’est aussi le mérite de la démarche de Prog censor: offrir aux chroniqueurs la possibilité de découvrir de nouvelles choses avec une oreille vierge. C’est donc sans a priori et sans références que j’ai entamé l’écoute de cet album.
L’album commence par «The Colour of Happiness», un morceau très calme articulé autour des arpèges de guitare et la voix du chanteur qui ne manque pas de charme. Vient ensuite la plage titulaire «Elsewhere» et ses 15:20. À nouveau, le titre commence très calmement sur des accords de claviers sur lesquels une guitare acoustique vient se greffer. À 3:35, le morceau démarre vraiment mais un peu maladroitement à mon sens; on a l’impression que la mise en place se cherche un peu (la conséquence de la batterie programmée?). Ensuite, le morceau se calme à nouveau dans une ambiance qui lorgne sur Pink Floyd et se termine sans avoir vraiment décollé. «The Star» reste fort dans la même veine que le précédent. «Take-Off» commence sur de beaux arpèges de piano soutenant la voix de Philip Griffiths pour ensuite aller dans une ambiance plus sombre. Le reste de l’album reste dans la même veine en se basant sur des mid-tempi. La dernière plage, «Stargazing», relève un peu l’ensemble grâce à des mélodies soignées.
Comme vous l’aurez compris, je n’ai pas été transporté par cet album. Nos gaillards ne manquent pas de métier mais l’inspiration générale de l’ensemble n’est pas suffisamment originale pour se démarquer d’une production abondante.
Comme souvent, à chacun de se faire son opinion…
Amelius
https://poorgeneticmaterial.bandcamp.com/album/elsewhere-2
https://www.youtube.com/watch?v=OLUGSI5Zkt4

18/12/2023 : Aether - Aether

Aether
Aether
jazz / post-rock / frippien – 43:22 – Italie 2023
Voici le 1er album d'Aether, 4 musiciens qui se rencontrent fin 2021 pour travailler la thèse de fin d'études de basse d'Andrea Grumelli. Le but était d'étendre le jazz classique vers le rock progressif et le post-rock. Le résultat allant bien au-delà du but initial, Grumelli, Andrea Ferrari (ayant étudié la guitare classique, jouant aussi des claviers), Andrea Serino (claviers, Rhodes) et Matteo Ravelli (batterie et «electronic») décidèrent de poursuivre l'écriture commune et de réaliser ce 1er album. Découvrons.
«Thin Air»: courte mélodie de guitare soundscape frippienne, enveloppée tout en délicatesse par les trois autres; mon préféré de l'album avec «Grey Halo», très post-rock avec son thème imparable répété à l'envi, où l'on est transpercé par une terrible nostalgie.
«Radiance»: un appel jazz au Rhodes, puis une nappe de synthé ouvre l'espace à une guitare timide, avant que le Rhodes ne finisse par imposer sa couleur jazzy à tout le morceau, le break basse et synthé n'y fera rien. Jazzy.
«Pressure»: absolument jazz-rock mais éthéré (normal!), tout en nuances y compris lors la partie guitare énervée. «Moving Away» nous emmène un peu dans la même direction en un peu plus chaud.
«A Gasp of Wind» tend à un jazz rock apaisé avec son Rhodes réverbéré; joli climat où le synthé fait des volutes qui ondulent avec la pulsion crescendo de la basse et de la batterie.
Les cinq autres pièces de l'album mériteraient chacune un commentaire pour lequel je n'ai pas la place ici. Mais le but est atteint; l'éther (Aether) permet l'interaction entre les autres corps (jazz, rock, prog). Souvenez-vous des noms de ces musiciens, car (péché de jeunesse) ce quatuor a choisi un joli nom, conceptualisant parfaitement leur volonté... mais déjà utilisé par de nombreux groupes, français, anglais, polonais et autres sans doute. Voilà qui ne va pas faciliter leur développement. Dommage car le disque est vraiment très chouette. Osez!
Cicero 3.14
https://aether5.bandcamp.com/album/aether
https://www.youtube.com/watch?v=TPWXcbsVxUU

19/12/2023 : Nine Skies - The Lightmaker

Nine Skies
The Lightmaker
néo-progressif éclectique – 57:32 – France 2023
Nine Skies s’est fait petit à petit; du rock, pop, progressif, jazz, néo-prog sur Marillion et une orientation pour une communauté musicale propre, singulière. Ce 4e album avec l’histoire de Rudy vivant sa 1001e dernière vie, ses expériences et réflexions sur la condition humaine; l’idée de donner la parole à un chanteur différent; choix qui pose le problème de l’essence même du groupe
«An Fanai (Intro)» tout est dit, arpège guitare sur un vent glacial, approche symphonique. «The Explorer» avec Riccardo des Ranestrane excelle à la voix; un riff basique prenant l’auditeur à contre-pied sur un titre en deux tons, mélangeant mélodie et développement progressiste avec la guitare sèche d’Eric. «The Dreamer» Martin à la voix, il faut s’habituer aux voix différentes; doux, symphonique, digression avec le solo mélancolique d’Alexandre; break voix off avant la reprise mélodique au piano; comme le ressac d’une vague venant buter contre la berge; un son rappelant nombre de groupes néo des 90 avec un superbe solo guitare. «The Chaotic» explosion compulsive l’album démarre; d’un son monolithique fouillis l’on arrive au prog d’aujourd’hui comme je le conçois; une batterie agressive, des breaks en tiroirs; Arnaud secondé par Laura ayant joué sur «Imaginaerium» en voix off; un break sublime d’Adam Holzman (le clavier de sir Wilson) venant mettre le feu; son acéré, chaotique dans lequel on ne s’ennuie pas; j’y retrouve la folie créative de Zio avec un dernier bon solo guitare.
«The Lost» gong tibétain, vocal de Kristoffer sur un arpège guitare; une mélodie sombre, rocailleuse; la voix se veut chaude d’un coup avec montée heavy dark, un bon point qui fait que j’ai l’impression d’écouter un autre groupe; final à la Devin Townsend grandiloquente. «The Wanderer (Interlude)» voilà tout est dit ici aussi; basse et chorale de 50 membres pour un interlude céleste d’où les anges restent enchevêtrés. «The Haunted» avec Charlie de Zio pour un titre mélodique tirant sur Arena s’entrecroisant avec du prog moderne genre Pendragon seconde mouture; break solo expressif raccordant un tantinet l’atmosphère avant un second génésisien et l’arpège guitare cristallin; final narratif piano éthéré. «The Architect» avec cette vibration ultra basse amenant l’arpège guitare, on sent la patte d’Alexandre; Achraf, le chanteur attitré, se pose enfin; pourquoi n’a-t-il pas assuré toutes les voix? Titre mélodique prenant, la voix haute me rappelant celle de Michael des Saga; déclinaison orientale, andalouse, superbe en tout cas et un titre purement prog métal symphonique; le break phrasé singulier puis un riff heavy bien calibré, le frappé de Marco Minnemann, des notes de synthé délicates; un second break sinistre introduit une section instrumentale avec John Mitchell qui lance un solo parfait.
Nine Skies a choisi une multitude de chanteurs, ce qui fait que chaque titre peut provenir d’un autre groupe, dangereux pour la cohérence; un bel hommage à leur dévoué guitariste bête de scène; du rock prog éclaté par la succession de voix, de thèmes musicaux; des guests de prestige qui donnent un album fusionnel de haute volée, mais dont les absences risquent de semer le doute ultérieurement.
Brutus
https://nineskies.bandcamp.com/album/the-lightmaker
https://www.youtube.com/watch?v=3s84HRiDYJU

20/12/2023 : Kurt Michaels - Stones from the Garden

Kurt Michaels
Stones from the Garden
adult oriented rock – 56:47 – États-Unis 2023
Né à Chicago, Kurt Michaels débute sa carrière en 1975, travaillant ou partageant la scène avec des sommités de la musique allant de Chris Squire, Alan White, Carl Palmer à des membres de Supertramp et quelques autres encore.
Notre guitariste semble inspiré par les bovins (vivants ou morts), nous pouvons en voir sur la pochette de trois de ses quatre albums solo…
«Stones from the Garden» est présenté comme la suite de «Soaring Back to Earth» sorti en 2011 et c’est le 4e album de Kurt Michaels. Notre guitariste a su s’entourer d’invités prestigieux tels Billy Sherwood (Yes), Michael Sherwood (Sammy Davis Jr., Toto, The Monkees), Amanda Lehmann (Steve Hackett), John Abbey (John Cale) et Dennis Keith Johnson (Survivor, Dennis DeYoung).
L'album est globalement AOR avec donc l’ambition de sonner à la fois de façon grandiose, presque épique et présentant ici des titres d’une durée moyenne de 5 à 7 minutes, ce qui lui permet, normalement, de conserver une (relative) immédiateté radiophonique (en étant un ton au dessus du rock FM). Parfaitement composés et produits, les titres nous caressent les oreilles avec quelques solos de guitare, et les mélodies qui sont facilement mémorisables.
Seul le dernier titre, «The Road Beyond», nous invite au-delà du standard habituel puisqu’il s’étend sur presque dix-sept minutes.
Ce morceau est le plus intéressant (quelques touches de rock progressif) de l’album. Il débute par quelques harmoniques et sons de guitare qui contribuent à créer une atmosphère hypnotique soutenue par les claviers de Jim Gully. C’est globalement un long instrumental de guitare terminé par une brève conclusion orale avec laquelle nous sommes encouragés à nous attarder sur la façon dont nous vivons et comment cela affecte la façon dont nous agissons.
Je pense que ce dernier titre plaira particulièrement aux amateurs de musique électronique car il y a ici des éléments de Tangerine Dream, entre autres...
Publius Gallia
https://kurtmichaels.bandcamp.com/album/stones-from-the-garden
https://www.youtube.com/watch?v=s_3teiBQTzA

21/12/2023 : Chromb! - Cinq

Chromb!
Cinq
rock in opposition – 34:03 – France 2023
Voilà dix ans et cinq albums que le groupe existe et nous délivre une musique à l’avant-garde. Et cet album ne va rien changer à la donne. Mais c’est quoi leur musique? Du rock, du jazz, du déjanté? Un peu tout à la fois en réalité. Dès les premières notes de «Fredilippe», le combo vous entraîne dans son univers à nul autre pareil. Le quatuor, composé d'Antoine Mermet (saxophone, synthétiseur, voix), Camille (c’est un prénom épicène) Durieux (synthétiseurs, voix), Léo Dumont (batterie, voix) et Lucas Hercberg (basse, voix), n’a pas d’égal pour brouiller les pistes. Les titres eux-mêmes sont quelque peu exotériques; j’en veux pour preuve «Roupoutoum contre Roupoutoum», «Rogongonfre», j’en passe et des meilleurs. À ne pas mettre entre toutes les oreilles, assurément.
Tibère
https://chromb.bandcamp.com/album/cinq
https://music.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_mZ7wqNUS70Hy3OG80ekfbdAG_8I7sxY8g

22/12/2023 : Lisa Bella Donna - Electronic Voyages

Lisa Bella Donna
Electronic Voyages
Moog / musique concrète atmosphérique – 45:46 – États-Unis 2023
Exploratrice des sons, tant dans une optique clinique que musicale, Lisa est également multi-instrumentiste et combine parfois les instruments dits «traditionnels», comme la batterie, la guitare et autres claviers, avec les sons purement synthétiques. Mais en 2023, il semblerait qu’elle se consacre exclusivement à son instrument favori: le Moog. Elle affectionne plus particulièrement le Moog modulaire que l’on retrouvera donc dans cet album aux côtés du Moog One, du ARP 2660 et du ARP String Ensemble. Voyage sidéral et sidérant dès la première plage aux reflets schulziens spectraux («Double-Image»), vaporeux comme les brumes cristallines d’une nébuleuse diaphane. Le phrasé répétitif se fait discret et caressant, mû par le flux et le reflux d’une mer cosmique en parfaite symbiose avec les courants spatio-temporels. On trouve ici de longues notes sublimées par une aube lunaire. Douceur intemporelle à laquelle s’ajoutent des accents «blade-runniens» d’une calme et redoutable efficacité. «Inner Space» flirte avec les sonorités de Richard Pinhas («Claire P.» et «Trapèze/Interférence» in «Rhizosphère»; «Variations I sur les thèmes des Bene Gesserit» in «Chronolyse» e.a.) mais les séquentiels donnent ici un aspect plus proche de la musique contemporaine d’obédience Riley. «Metempsychosis», troisième voyage, revient à une partition atmosphérique et spatiale avec quelques discrets relents Fripp & Eno («Evening Star», «The Equatorial Stars»), en plus «abordable» cela dit, l’acidité de la guitare frippienne gommée et remplacée par des textures ronronnées sur des moires flottantes en reflets d’infini. Mouvances océanes. «Cosmotopia» est calqué sur les tessitures synthétiques de J.-M. Jarre et je pense à «Oxygène», l’intro juste avant qu’il embraye avec ces rythmes enjoués qui ont fait son succès. Une fois encore, ici, très calme et reposant; une brise cosmique de vent solaire d’une majestueuse beauté mélodique alliant la simplicité de la composition et la douceur éthérée d’un mirage stellaire. Lisa est très prolifique. Un coup d’œil sur son catalogue Bandcamp vous en convaincra. Mais attention, tous les albums de la laborantine des sons qu’elle est ne vous plairont pas nécessairement. Certains se montrent plus expérimentaux que d’autres, tout en restant du domaine de la musique atmosphérique et «spatiale». Cet «Electronic Voyages» s’écarte aussi d’autres compositions de l’année, plus proches de Steve Roach ou de Robert Rich («Synesthesia» et «Early Atmospheres» e.a.).
Clavius Reticulus
https://lisabelladonna.bandcamp.com/album/electronic-voyages-3
https://www.youtube.com/watch?v=YdyW-QZIk9g

23/12/2023 : The Ascending - The Ascending

The Ascending
The Ascending
folk rock – 37:50 – France 2023
The Ascending est un nouveau projet nantais mais ses membres ne sont pas des petits nouveaux, il s’agit en fait d’un supergroupe formé d’Eddy Kaiser, au chant et à la guitare, Jessica Delot (qui a travaillé notamment avec Alan Stivell, Kervegans, B.R.E.T.O.N.S…) au chant et au violon, Clair (Stinky) au chant, Alxbizar (Les Hommes Crabes et No Jogging For Today) à la guitare et au clavier, Maxime (20 Seconds Falling Man et Stinky) à la basse et Thomas (Tsar) à la batterie. Pour les arrangements, ils ont été aidés par Dimitri Dupire (peut-être un cousin éloigné de La Louve?) qui a mixé et masterisé l’album.
Les textes, écrits en anglais par Eddy, ont été inspirés par des sujets sociaux ou politiques comme les maladies dégénératives («Oblivion»), les violences sexistes et sexuelles («The Ascending»), la place de la communauté LGBT («Overture»), la censure du concert d’Anna von Hausswolff par des catholiques intégristes («Waiting a storm»). Les chansons parlent aussi de l’amour et de la mort, et en effet la musique, souvent douce et mélancolique, s’accorde avec ces deux thématiques, ainsi que le violon, l’instrument de prédilection. Mais les sonorités peuvent s’emporter également. Les chanteurs venant d’horizons différents apportent de la diversité sans rien perdre en harmonie. Espérons que les membres de ce supergroupe arrivent également à faire concorder leurs agendas pour se produire le plus souvent possible sur scène.
La Louve
https://wearetheascending.bandcamp.com/album/the-ascending
https://www.youtube.com/watch?v=GdHTZrw2_Xo

24/12/2023 : Dirtface - Sulphur

Dirtface
Sulphur
doom progressif – 48:22 – États-Unis 2023
Dirtface est un groupe américain venant des USA (Nashville, Tennessee). Le multi-instrumentiste Don McGreevy est la tête pensante de ce groupe. Dirtface est un mélange subtil de rock progressif et de doom aux riffs bien lourds. Mais, dans ce «Sulphur», c’est le côté progressif qui prend le dessus avec des soli à la Pink Floyd et un Mellotron bien présent. «Pathetic Fallacy» en est un modèle du genre; ils restent toujours sur un rythme lent mais avec une puissance qui se dégage de cette composition énorme. Si on accélérait le tout, on pourrait en faire du Candlemass… mais il n’en est rien, on reste avec une base planante. Le titre «Diana» quant à lui est totalement pop et, pour moi, c’est la partie de l’album la moins intéressante car trop répétitive et tirée en longueur. En ce qui concerne l'inspiration, j’y retrouve du Pink Floyd, Anathema, Antimatter. Dans l’ensemble, cet album est bien conçu et agréable à écouter. Ok, il ne révolutionnera pas le style mais, franchement, j’ai passé un bon moment en sa compagnie.
Vespasien
https://donmcgreevy.bandcamp.com/album/sulphur
https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_lS7wHZqNuQ0O_PNINh8zovYSg4BRf6qRk

25/12/2023 : Anaïd - Seven Lives

Anaïd
Seven Lives
jazz / zeuhl / progressif – 45:39 – France 2023
42 ans d'existence pour Anaïd! Et une 7e production nommée «7 Lives» avec 7 pistes. 7 étonnant, non? Pas tant que leur musique habitée que je vous enjoins de découvrir au plus vite (si ce n'est déjà fait!).
Emmanuelle Lionet (vocal, claviers, percussions) et Jean-Max Delva (batterie, vibraphone, claviers) ont été rejoints par leur fils Alexis Delva (guitare, basse, claviers), Théo Ferrari (sax et batterie) et Enguerran Dufour (basse, trompette), pour créer l'un de mes albums préférés de l'année.
Après un court «Prologue» brumeux et world, «Farid» arrive avec sa basse jazzy chaloupée qui tresse la trame, à l'autre bout du spectre des chimes frétillent dans nos oreilles, c'est alors qu'apparaît LA voix d'Emmanuelle, formidablement incarnée, souvent douce, cristalline; puis, lorsque la guitare s'électrise, elle se fait puissante, incantatoire et âpre. Quel souffle, quelle pulsation! Un sax tantôt déchirant tantôt entêtant, et des gimmicks discrets de guitares complètent un panorama extraordinaire. Avec «Sophia», la voix cristalline surfe sur un tempo lourd de piano, de nappes de trompette et guitare mêlées, avant que le sax et la voix incantatoire ne nous arrachent le cœur d'un appel sublime. À mi-chemin, changement de signature, une pulsation plus rapide, succession de motifs de trompette, un solo acéré de guitare saturée et l'ambiance devient inquiétante, le dernier quart de la piste renoue avec le thème initial qui rayonne maintenant et nous laisse finalement apaisés par un solo de trompette d'une belle puissance nostalgique.
Avec «Blue Moon», Anaïd nous emmène un peu plus loin encore dans son univers quelque peu kobaïen mais lumineux, car certes la pulsation reste oppressante mais l'impression d'une issue est entretenue par les digressions plus légères du vibraphone. L'album se termine plus sereinement avec «Happy» où le xylophone et la voix d'un enfant ouvrent ce morceau où basse, Rhodes et sax distillent un jazz quasi lounge. Et «Epilogue» offre une fin funk jazz très dansante.
Indispensable.
Cicero 3.14
https://anaidband.bandcamp.com/album/seven-lives

26/12/2023 : Deep Aetherium - Mockingbird

Deep Aetherium
Mockingbird
pop progressif – 37:24 – France 2023
Ils nous viennent de Grenoble. Le projet a été monté en mars 2022 à l’initiative de deux frangins, Gérald Maria (guitariste, bassiste et compositeur) et Olivier Maria (batteur). Enregistré dans un esprit progressif, cet album instrumental tire ses références entre Joe Satriani et Porcupine Tree, avec des touches orientales et même celtiques. Les influences guitaristiques sont très nettes dans un titre comme «Purple Boogie», par exemple. «The Gate of Kirkuk», lui, explore plus précisément les racines celtiques du projet. «Just Because You Exist» nous permet de quitter cette très belle plaque sur la pointe des souliers. Je vous en recommande l’écoute.
Tibère
https://deepaetherium.bandcamp.com/album/mockingbird
https://www.youtube.com/channel/UCf86ke6GG5REJgTsuT7VugQ

26/12/2023 : Synapse - Alter Echoes (EP)

Synapse
Alter Echoes
rock progressif – 21:21 – France 2023
Synapse: jeune groupe parisien fondé en 2016, s’apparentant à Dream Theater; du rock, des déclinaisons progressives et une touche jazzy, une tornade musicale mélodique avec de bons passages instrumentaux actuels, fleurant bon les Rush, Muse; ce 3e EP est fait de reprises.
«La Bikina» (Luis Miguel) sur un air metal opéra enjoué, le travail à la guitare d’Alex lorgne sur celui de Brian des Queen, un mariachi prog surprenant. «Et si en plus y’a personne» (Alain Souchon) entame a capella singulière avant le riff amenant un côté prog djent-nu métal, une fusion progressiste au vocal doux et criard, ah oui c’est la patte de Thomas qui varie sans difficulté sa gamme sonore; fin atmosphérique spatiale. «Force your way» (Final Fantasy VIII) pour l’instrumental avec riff sur un synthé qui annonce un rythme endiablé; Alex montre sa dextérité, oui il travaille dur et les réminiscences heavy Devin Townsend et Dream Theater se sentent; break piano aérien, solennel, tiens sur Thin Lizzy, rien que ça; rondement mené on se croirait sur les nuages de l’Olympe mais le final rappelle le versant métallique. «All I want for Christmas is you» (Mariah Carey) l’intro dépote grave; Thomas se charge de reprendre le titre pour en tirer un son baroque metal; très travaillé par rapport à l’original. «I’ll be there for you» (The Rembrandts) basse de Sacha chauffant l’air, le prog s’éloigne, le jazz n’existe plus; l’on est sur du heavy punk voix growl qui remue fort; le prog c’est juste le son et le sang bariolé et le souvenir des Friends. «Take on me» (a-ha) oui il fallait l’oser celle-là, frais, aérien, pop song déprimée au départ avant la phrase qui a fait le tour du monde; un groove énergique, des ruptures entre la voix et la rythmique, un clavier cinématique pour jeter le doute et ce refrain semblant sortir d’ailleurs.
Synapse sort un EP de reprises d’avant Noël malaxant les titres originaux avec leur patte; c’est bluffant, loin de leur son jazz-rock prog d’origine, mais les breaks montrent bien la dimension progressive de ce jeune groupe bien achalandé musicalement; c’est déroutant, intrigant et peut-être le meilleur moyen pour trouver un public plus large; c’est frais et innovant.
Brutus
https://synapsefrance.bandcamp.com/album/alter-echoes
www.youtube.com/channel/UCDlq0fiA1R39ZJCjODn9sLg

27/12/2023 : Ashley Reaks - Winter Crawls

Ashley Reaks
Winter Crawls
rock progressif éclectique – 46:16 – Royaume-Uni 2023
Pour Ashley Reaks, le déclic a eu lieu à l’âge de 11 ans, lorsqu’il a entendu les punks new-yorkais «The Ramones». Leurs chansons sur les cinglés et les marginaux issus de familles dysfonctionnelles lui ont donné un espace où s’inscrire.
Carrière musicale pour le moins éclectique, entre bassiste de studio et (entre autres) tournées mondiales avec Francis Dunnery, le leader d'It Bites.
Notre musicien qui se présente comme un survivant de maltraitance infantile propose une musique naviguant entre punk et rock progressif. Les thèmes du traumatisme, de l'impuissance, de la protestation, de la maladie mentale, de la violence, de l'humiliation, de l'abandon, de la honte et de la claustrophobie apparaissent régulièrement dans son travail musical mais aussi plastique.
8 titres constituent « Winter Crawls », son 13e album. L’écriture et l’enregistrement ont commencé en 2018, mais ont été interrompus et retardés à plusieurs reprises par un divorce, un déménagement, la pandémie de Covid-19 et une série de problèmes de santé chroniques.
Les chansons ne sont pas toujours constituées de couplets et de refrains identifiables. Rythmiquement, les arrangements sont très irréguliers et changeants. Les parties de guitare et de clavier ne sont généralement pas constituées d'accords pour soutenir le chant (masculin et féminin), mais d'arpèges et de contre-mélodies.
À noter: le travail fabuleux de Rob Hirons aux fûts et les saillies des saxophones de Joel Purnell.
«Winter Crawls» défie toute catégorisation (il y a du Devin Townsend, du Wishbone Ash et du Frank Zappa), mais le style progressif est omniprésent et constitue le noyau de base à partir duquel l’artiste converse avec des musiciens, des philosophes et des entités spirituelles qui l’ont marqué, des Stranglers, Yes et Genesis (de l'époque de Peter Gabriel), à Francis Bacon et Ivor Cutler.
Publius Gallia
https://ashleyreaks.bandcamp.com/album/winter-crawls

28/12/2023 : Billy Yfantis - Birds In Space

Billy Yfantis
Birds In Space
électronique – 127:10 – Grèce 2023
Le problème (enfin, un des problèmes) avec la musique électronique est le rythme soutenu des sorties de disques… Deux, trois, parfois quatre par an! À croire que les types s’assoient devant leurs ordinateurs et enregistrent automatiquement tout ce qu’ils jouent. Et là, vous vous dites: «Publius Gallia, ce n’est pas un amateur de ce style de musique.» Et c’est un euphémisme. En effet, explorer l’univers, côtoyer les galaxies avec trois notes et deux bruits me paraît être un projet présomptueux ou alors centré sur soi-même dans une tentative d’autohypnose thérapeutique. Ce n’est pas parce que les titres des chansons de l'album mentionnent des objets spatiaux qui sont réels et existent dans la science de l'astronomie que la musique en est meilleure.
Je ne suis donc définitivement pas le chroniqueur adéquat, je n’y connais rien et je n’aime pas. Ne vous fiez donc pas à mon avis. J’ai arrêté l’écoute, à la neuvième fusée qui frôlait Andromède, bien avant le dernier et éponyme titre de plus d’une demi-heure et, s’il était utile d’insister, je n’ai même pas regardé les titres des trois bonus (+ 20 min). Je trouve que la vie est déjà assez difficile comme ça!
Néanmoins, si vous êtes «branchés» musique électronique atmosphérique, principalement inspirée des groupes de synthétiseurs allemands Tangerine Dream et Cluster, vous pouvez vous risquer à une écoute et partager le rêve artistique de Billy à travers les sons électroniques expérimentaux provenant de machines électroniques.
L'album se compose de 27 morceaux expérimentaux qui explorent l'espace d'un point de vue musical et conceptuel. Le concept fait référence à une volée d'oiseaux qui voyagent dans l'espace parmi divers objets spatiaux (amas et galaxies).
Publius Gallia
https://billyyfantis.bandcamp.com/album/birds-in-space
https://www.youtube.com/watch?v=Odl7elyVtnI

29/12/2023 : Arabs in Aspic - IV-VI (Pictures in a Dream - Victim of your Father’s Agony - The Magic of Sin)

Arabs in Aspic
IV-VI (Pictures in a Dream - Victim of your Father’s Agony - The Magic of Sin)
progressif vintage heavy – 43:54/39:44/42:13 – Norvège 2013/2015/2017
Promesse tenue! Au cours de l'interview qu'il nous avait accordée lors de la réédition, en 2021, des trois albums de Arabs in Aspic couvrant la période 2003-2010, nommés «I-III», Jostein Smeby nous avait annoncé qu'il poursuivrait les rééditions avec les 3 suivants. Les voici, couvrant la période 2013-2017, avec cette fois un personnel inchangé: Jostein Smeby (guitare, voix), Stig Arve Kvam Jørgensen (claviers, voix), Erik Paulsen (basse, voix) et Eskil Nyhus (batterie). Le changement arrive avec le mastering plus aéré que Jacob Holm-Lupo a tiré à partir des nouveaux mixages faits par Jostein.
«Pictures in a Dream» est l'album par lequel j'ai découvert AiA. J'y apprécie toujours cette belle alchimie entre les influences revendiquées que sont Uriah Heep, Black Sabbath, auxquelles j'ajoute Deep Purple et les voix, ils sont trois au chant, très west coat. Cette nouvelle mouture m'a semblé plus aérée, plus léchée. J'aime tout autant le résultat renouvelé. Cet album reste exceptionnel.
Mais ce n'est pas celui où les changements sont les plus remarquables; «Victim of your Father's Agony» arrive en ordre remanié, démarre balnéaire avec une piste inspirée par leur passage au Festival Crescendo qui offre aux groupes une scène face à la mer, bien présente dans ce remix! Il n'y a pas que ce détail qui mérite d'être signalé; reprenant le thème de l'instrumental «The Turk and the Italian Restaurant», «Italian Class» est ici pour partie chanté en italien et prouve que ce trio ne manque pas d'humour et de talents. Preuve: la basse d'Erik dans «One» ou avec les 16 guitares à l'unisson de «Flight of the Halibut», pièce démesurée façon King Crimson. À la fin de l'album, la piste titre, «Victim of your Father’s Agony» passe de 6 à 10 min avec bonheur; certaines dissonances ont même disparu, d'aucuns s'en plaindront peut-être!
Très gros travail sur le dernier. «The Magic of Sin» a été anglicisé, titre, pistes ET paroles. Ce qui a demandé deux fois plus de temps que pour concevoir l'album initial lui-même! Il possède toujours ses trois longues pistes de 10 à 20 min qui avaient été acclamées dans le monde entier, même (bien) chantées en norvégien!
Alors n'hésitez pas: que ce soit la box «IV-VI» ou les rééditions individuelles, Arabs in Aspic se doit d'être présent dans toute discothèque prog!
Cicero 3.14
https://arabs.bandcamp.com/album/iv-vi
https://www.youtube.com/watch?v=q9PwjgCbar8&list=OLAK5uy_k1UK1DYJG0_vXrGr_d5OufqNmTFKF1CQE

30/12/2023 : Jonn Serrie - Elysian Lightships

Jonn Serrie
Elysian Lightships
spatial / ambient – 38:05 – États-Unis 2023
«J’ai recherché une certaine profondeur, une expérimentation musicale créatrice d’espace qui permet à l’auditeur de se relaxer. J’ai pour but de combiner des éléments cosmiques au romantisme pour tisser une délicate toile de fond à l’âme.» Tels sont les propos de Jonn. Une philosophie dont notre compositeur, aujourd’hui âgé de 72 ans et originaire de la Nouvelle-Angleterre, ne se départit pas. Il a travaillé pour Lucasfilm, IMAX et la NASA, entre autres, en débutant par des musiques d’ambiance pour planétarium. Fidèle donc à une ligne musicale d’une grande douceur, il prolonge cette ambiance caressante d’infini profond que l’on trouvait dans son excellent précédent «Azurae» (2019) coloré de longues moires stellaires sur lesquelles glissent le temps et l’espace. Musique reposante s’il en est, proche de la New Age et d’un ambient tourné vers les étoiles. À l’instar de Steve Roach ou de Robert Rich avec lequel il pourrait rivaliser dans sa «musique de sommeil» (n’y voyez rien de péjoratif surtout!), le trip en sa compagnie vous permettra d’atteindre des multivers d’une sérénité insoupçonnée. Jamais lénifiantes, ces compositions spatiales se teintent de scintillements vaporeux agités par les vents solaires de lointaines galaxies. Musique majestueuse et enchanteresse. Laissez-vous bercer et vous entendrez la voix des sirènes astrales qui flottent aux abords d’horizons événementiels. Ces dernières années, après avoir exploré la veine musicale spirituelle et, à l’instar de Steve Roach, celle issue de la musique ethnique – aborigène pour Steve et amérindienne pour lui –, Jonn est retourné à la musique spatiale, sans aucune concession d’ordre commercial ou autre car c’est pour lui la racine de ce qu’il est et de ce qu’il veut exprimer. Il a toujours l’art d’y mêler des sentiments divers, des chaleurs cosmiques, des variations oniriques, des échos lointains d’étoiles qui ont cessé d’exister ou de mondes qui émergent dans les pouponnières galactiques. Il sait remixer les longs plans impalpables pour créer ces petites perles qui lancent chaque fois une invitation au Voyage! Invitation ici renouvelée à un nouveau voyage auquel nous convie ce poète des étoiles.
Clavius Reticulus
Bandcamp: https://valleyentertainment.bandcamp.com/.../elysian...
YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=hurVy8gpDCo

31/12/2023 : Steven Wilson - The Harmony Codex

Steven Wilson
The Harmony Codex
rock progressif / fusion / ambient avant-gardiste – 64:02 – Royaume-Uni 2023
Steven Wilson: compositeur et multi-instrumentiste dans de nombreux projets, nombreuses vies; son 8e opus, un album patchwork rassemblant divers tiroirs musicaux avec l’opportunité de vous évader de ce monde sombre; Steven utilise les mots et les sons pour nous heurter à l’intérieur du rock prog d’aujourd’hui.
«Inclination» arabisante, du vent, du prog; une basse assourdissante, un air transe aux nappes d'instruments à vent samplés, le break part sur une piste d'avion; trois minutes et Steve arrive, sa voix, un piano, cristallin, prog contemporain, très monolithique; des chœurs enflent l'atmosphère, quelques bidouilles du genre trompettes utilisée par Nils, moderne. «What Life Brings» mélodie piano sur une ballade arpège 60's, les Beatles et des films de gangsters mods; solo guitare lascif amplifié par Ninet au fond. «Economies of Scale» retour aux samples; sa voix devient progressive sur une boîte à rythmes; air latent, montée prenante, spleen mélancolique des doigts d’Adam pour partir. «Impossible Tightrope» intro travaillée, cordes et riff rock nerveux; un riff aigu partant sur Pink Floyd, sur son immense «The Sky Moves»; des bruits de pas, le saxo teigneux de Theo puis un break éthéré, on est bien sur une corde raide; 5:22 des chœurs angéliques arrivent; The Enid maintenant pour le côté symphonique, au loin un solo synthé de Genesis, le moment pour Adam de se lancer sur un versant jazzy loufoque; spleen contemplatif avec le retour des cordes. «Rock Bottom» avec Ninet en guest, voix rocailleuse; montée lancinante, slow d'un autre temps, guitare d’Anathema; Ninet hausse le ton me rappelant la voix des Ruby Dawn avant un solo gilmourien.
«Beautiful Scarecrow» son samplé, electro; l’air s'assombrit, un break violon spleen, tribal avec cor, sur Peter Gabriel; une transe assourdissante; Steve nous remet dans le bon sens. «The Harmony Codex» intro rappelant Vangelis pour une mélodie minimaliste et des mots de Rotem lorgnant Marta d'Amarok; crescendo atmosphérique, en dehors du système ambiant; hypnotique comme le superbe «Music for a Nurse» d’Oceansize. «Time Is Running Out» ballade electro, ça bouge avec l'air des 80-90's; solo guitare flirtant avec la guitare de May, ici Niko. «Actual Brutal Facts» acoustique guitare et basse sombre pour une dichotomie des instruments utilisés pour surprendre; voix phrasée, air dub; une lente vague musicale, entêtante et hypnotique, bruitages comme ce ha-ha à la Ange dans «Fou»; la basse sourde; ça explose sur un son moderne, trafiqué, du Massive Attack. «Staircase» un escalier pour le 4e grand morceau et l'utilisation de ces sonorités «musik elektronische» à outrance; comment faire évoluer la musique sur une pente progressiste avec ce solo floydien qui coule de source; un couplet méditatif, une trace spatiale de «Blade Runner»; break piano avec son violon divin, «Interstellar» au loin; Rotem vient phraser un temps, expliquer par où prendre l'escalier? Les entourloupes synthés d'Adam et Jack amplifient l'atmosphère cinématique..
Steven Wilson sort un album avant-gardiste transcendant la musique; un album culte avec 3 déclinaisons possibles, le CD pur, le second «Harmonic Distortion» aux titres alternatifs et 12 minutes de plus, le Blu-ray pour l’immersion totale; un bon casque suffit amplement pour écouter ces sons de toute beauté nous faisant rêver, voyager, c’est ça avant tout le rock prog; Steven l’a fait.
Brutus
https://open.spotify.com/intl-fr/album/0qEIPJU8WQdXpr3eIc6dHK
https://youtu.be/Zmd-MNCt6u8