Octobre 2024
29/10/2024 : Leprous - Melodies Of Atonement
Leprous
Melodies Of Atonement
metal progressif / électro moderne - 52:53 - Norvège 2024
Leprous groupe majeur de metal progressif fondé en 2001; leur son évoluant avec l’atout de la voix d’Einar; une musique complexe, savante, basée sur des crescendos enivrants et des coupures franches à tessitures djent, des climats oppressants et hallucinants. Influencés par Opeth, Dream Theater et Cynic au départ. C’est leur 9e album.
«Silently Walking Alone» du Leprous électronique explosif; des cisaillements djent et la voix expressive. «Atonement» enfonce l’approche électro laissant Einar modérer l’énergie avec le refrain typé; air pop-dark wave sur un délire de ses voix intérieures. «My Specter» bruit de hibou, spectre de la nuit; air contemplatif avec Einar jonglant avec les mots; le refrain explosif, dantesque. «I Hear the Sirens» morceau somptueux sur un crescendo langoureux, émotionnel; du metal prog à l’état brut avec la voix accompagnant le clavier lancinant. «Like a Sunken Ship» rock-pop alambiqué au refrain cataclysmique; riff groovy et voix growly.
«Limbo» rock commercial au swing entraînant, synthé monolithique et guitare nerveuse accompagnant la batterie grandiloquente. «Faceless» en mode bis repetita, couplet triste et refrain énergique; Einar évanescent et le solo digne de ce nom, vibrant. Le refrain entre ballade et tourment musical. «Starlight» lente montée pour un solo marquant durant le crescendo; le break latent pour se poser avant de reprendre le second solo guitare explosif et fin éthérée. «Self-Satisfied Lullaby» a capella religieux secondé du clavier velouté; du synth-pop subtile, syncopé, à la limite du tribal. Voix s’insérant dans notre esprit, notre inconscient dépouillé. «Unfree My Soul» pour le final, ode solennelle avec le pad batterie prégnant et sa voix langoureuse, enivrante, comme son père qu’il a accompagné jusqu’au bout. Une façon de libérer son âme, l’expiation; un titre émotionnel intense. À noter «Claustrophobic» en bonus sur CD.
Leprous avait fort à faire après leur fameux «Aphelion». Les moments orchestraux du cello de Raphael ont disparu, laissant le clavier électro comme seule alternative aux soli guitare et à la base rythmique explosive des airs crescendiques. C’est direct, sans fioritures; c’est dépouillé, versé sur les explosions des instruments et le vocal impressionnant. Un opus qui les remet dans le rang du metal prog sans déclinaisons progressistes, mais qui laisse les climats clair-obscur en priorité. Un opus qui marque une fracture avec leurs dérives jouissives progressives, à considérer comme un testament mis à nu. Idéal pour celui qui recherche la violence métallique avant la composition progressiste.
Brutus
Bandcamp: https://insideoutmusic.bandcamp.com/.../melodies-of...
YouTube: https://youtu.be/k-po0_DnsJk
30/10/2024 : Entity - Il Naufragio della Speranza
Entity
Il Naufragio della Speranza
rock progressif italien / symphonique / metal - 50:52 - Italie 2024
C'est vers 1994 que Mauro Mulas (claviers et percussions) et Gianluigi Longu (basse) quittent Teatro pour produire leur musique prog; ainsi ils proposent, en 1999, une démo nommée «Il Naufragio della Speranza». Au fil des rencontres, Marco Panzino (batterie) et Marcello Mulas (guitare), puis Sergio Calafiura (chant), intègrent le groupe qui prend le nom d'Entity. Ce n'est qu'en 2013 qu'un remarquable 1er album est publié «Il Falso Centro». Voici leur 2nd... 10 ans plus tard!
Après un démarrage rock et pulsatif la guitare se fait chatoyante et le rythme doux, sur une nappe d'Hammond Leslie. À peine plus loin, le piano très jazzy égraine façon lounge, avant de plaquer une série d'accords qui aurait arrêté le tintement des glaçons dans les verres, et la guitare pulsative revient. Le chant n'intervient qu'en toute fin de morceau; Sergio y parle d'enfermement, sur une musique accélérée et tourmentée. On apprécie dans ce 1er morceau les études classiques de Mauro et la (relative) brutalité des guitares, le tout dépeignant bien le mal-être chanté.
«Inettitudine», second epic de plus de 9 min, ouvre sur piano solo et mélodie classico-romantique, soutenue par les vocalises de Sergio. La guitare reprend le thème avec des vocalises féminines cette fois. Le tempo s'accélère, les Moog vibrent et soudain tout s'éclaire reprenant plus doucement les vocalises, le tout découpé parfois de riffs rock metal et de grand piano classique dans un aller-retour, que l'on fait chaque fois avec bonheur. Le mélange metal/classique est remarquable et la fin apaisée simplement lumineuse. «Cristallo»: arpèges de guitare classique pour une ballade susurrée par Sergio. La mélodie léchée est imparable, pas de no man's land entre variété et prog pour le RPI! En fin, quatre morceaux d'un grand classicisme; on y admire la maestria de Mauro et la guitare de Marcello. On fuit la réalité puis l'on s'éveille. Et le visage dans le miroir est inconnu…!
Mêlant habilement puissance et douceur, grand piano et guitare rageuse, Entity trace sa route… à suivre!
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/intl-fr/album/3KhjuzWytqkn5qU4C945Wz
https://www.youtube.com/watch?v=JzurFWYt9WQ
30/10/2024 : Magnesis - Dernier délire
Magnesis
Dernier délire
rock progressif théâtral à la française - 190:29 - France 2024
35 ans! Oui, déjà, Magnesis fêtait ses 35 ans d’existence le 18 novembre 2022 au théâtre de la Fontaine d’Ouche à Dijon, le fief de son charismatique leader, Eric Tillerot. Il en ressort ce joli cadeau, une double galette regroupant CD et DVD produite et distribuée par notre bon vieux label lorrain, Musea. Magnesis, je le rappelle toujours, me répétant inlassablement, est bel et bien le dernier descendant en activité du rock théâtral à la française. Cherchez bien, à part la bande à Tillerot, qui est encore là? Certains me citeront bien volontiers l’Ange éternel mais j’ai quelque retenue quant à l’avenir du groupe sans Christian Decamps, sinon… Mona Lisa a essayé un retour sous la houlette de Francis Poulet fin 2021, Motis ne semble plus donner signe de vie, Versailles est enterré depuis belle lurette et Naos n’a pu survivre au décès de Phil’ Mott’ (paix à ton âme, vieux camarade). Que me (nous) reste-t-il pour apaiser ma (votre) soif de progressif à textes chantés et souvent déclamés dans ma (votre) si jolie langue maternelle, sinon le sémillant Magnesis qui, parti de loin, est à ce jour le survivant de cette école? Parfois raillé à ses débuts pour la préciosité symphonique pas encore affinée de ses complaintes médiévales et XVIIIe siècle, Magnesis, à force de ténacité, d’albums et de concerts, restera le dernier des (mots) icans… Le groupe dijonnais bénéficie avant tout du charme d’Eric Tillerot, conteur et chanteur n’hésitant pas à changer dix fois de costumes sur scène, du bouffon au chasseur de loups, la palette est vaste, narrant, avec l’emphase qui sied à ce genre musical, les péripéties des personnages qu’il interprète dans la grande tradition des P. Gabriel et D. Le Guennec (si, si…) Quant au groupe, un bel accessit au guitariste Fabrice Foutaillet, le seul en costume avec Tillerot sur les tréteaux, qui sait faire briller le symphonisme des claviers de Jean-Pierre Matelot avec une maestria des plus exaltantes. Le CD contient dix titres extraits du concert que vous pouvez donc visionner sur le DVD. C’est pourquoi je ne vous parle que des images cette fois. En somme, une belle occasion de voir Magnesis sur scène, car qui peut me citer un festival estival où ils se sont produits ces 35 dernières années? Avec des titres comme «Je suis la bête», «La porte du diable» (morceau emblématique du groupe), «Bouffon», «Légendes au coin du feu» ou «La cueillette des champignons hallucinogènes», Magnesis enchante un passé historique enchâssé dans un progressif symphonique parfois digne de la version angélique du «Bal des Laze» (les connaisseurs apprécieront!). Après tout, comme dit Eric Tillerot avec humour, Magnesis est le plus grand groupe de rock progressif de…Dijon. Perso, j’étendrais le cercle géographique beaucoup plus loin, oh beaucoup plus loin, un pays où l’on se nourrit d’éloquence (tiens, encore une citation cachée et un clin d’œil au Père des délires). Rassurons-nous, malgré le titre du double opus, Magnesis n’a pas encore dit son dernier mot!
Commode
https://www.youtube.com/channel/UCbHRZkPnaKleFeGohKpsLhQ
31/10/2024 : IQ - The IQ Weekender 2024
IQ
The IQ Weekender 2024
néo-progressif - 256:07 - Royaume-Uni 2024
C’est avec une grande joie non dissimulée, à l’instar de votre serviteur, que l’on retrouve sur CD live l’un des grands groupes fondateurs de la vague néo-progressive britannique.
La formation anglaise nous gratifie ici avec ce 13e opus de sa série Archive Collection, non pas d’un seul album mais d’un coffret protéiné de 4 CD.
L’ensemble de l’enregistrement des titres est réparti sur les deux soirs de prestation live du groupe, lors de leur propre Week-End Fan Club, et qui ont eu lieu au Colos-Saal à Aschaffenburg (Bavière) les 16 et 17 février 2024.
Le choix de cette salle n’est pas un hasard puisque, si on remonte dans le temps de 22 ans en arrière, IQ avait déjà choisi ce lieu pour l’enregistrement d’«IQ20», le 1er live de leur même Archive Collection.
Choisir quels titres jouer sur seulement deux concerts consécutifs à partir de leur désormais imposante discographie ne fut certes pas simple pour le groupe, mais le défi est largement réussi.
Le 1er soir (les deux premiers CD) est axé principalement sur les albums sortis depuis 1992 à aujourd’hui, avec ainsi des morceaux extraits depuis «Ever» jusqu’au dernier «Resistance» sorti en 2019.
Sur les deux autres CD (second soir), le panel est plus large puisqu’on y trouve aussi bien des plus anciens (comme les fabuleuses longues et mélancoliques pièces «The Last Human Gateway (Middle Section)» de leur 1er opus studio «Tales From The Lush Attic» en 1983 et «The Magic Roundabout» de «The Wake» en 1985), que des plus récents aux ambiances plus dramatiques voire sombres. Le groupe britannique se paie même aussi le luxe d’offrir avec brio à son audience l’intégralité du ténébreux et pourtant excellent concept album «The Dark Matter» (2008).
Le chanteur Peter Nicholls se fait même plaisir à interpréter avec les autres musiciens deux titres de «Nomzamo» (1987) de la période de son successeur (et à la fois prédécesseur) Paul Menel: mention spéciale à «Human Nature» bien dépoussiéré.
Cerise sur le gâteau, IQ propose un nouveau morceau au titre provisoire «Last Remains (Malagonia)», de mouture très classique mais alléchant, et extrait de leur prochain album en cours d’écriture.
Le groupe de formation maintenant quasi originelle (exception faite du talentueux claviériste Neil Durant qui a remplacé Martin Orford en 2011, la même année où Tim Esau est revenu à la basse après le départ de John Jowitt, parti rejoindre Arena) est excellent sur ces deux soirées, et cela s’entend par le public présent ravi !
Vivement conseillé aussi bien aux fans d’IQ, toutes périodes confondues, qu’à celles et ceux qui ne demandent qu’à (re)découvrir ce fleuron de la nouvelle vaque prog anglaise du début des années 80, et qui a tout de même réussi le pari, tout comme Marillion, à s’adapter et moderniser en quelque sorte son jeu musical tout en étant reconnaissable.
Caligula
https://youtu.be/jAYW3lmoy-8
https://shop.iq-hq.co.uk/products/weekender-2024-box-set