Avril 2024
- 01/04/2024 : Alain Pire Expérience - The Journey
- 02/04/2024 : Sammary - The Dream
- 03/04/2024 : Synth44 - Lake Ossiach
- 04/04/2024 : Nord - The Implosion Of Everything That Matters
- 04/04/2024 : MesaVerde - All is Well
- 05/04/2024 : Ellesmere - Stranger Skies
- 05/04/2024 : Ellesmere - Stranger Skies [2e avis]
- 06/04/2024 : Mariusz Duda - AFR AI D
- 07/04/2024 : Idiot Saint Crazy Orchestra - Iscommunication
- 08/04/2024 : Steve Hackett - The Circus and the Nightwhale
- 09/04/2024 : TemperToo - Monkey In The Machine
- 10/04/2024 : Gepetto - Awaiting Madre
- 10/04/2024 : The Trudy - Outside Time
- 11/04/2024 : Ancient Veil - Puer Aertermus
- 12/04/2024 : Monkey3 - Welcome To The Machine
- 13/04/2024 : Viima - V ä istyy Mielen Yö
- 14/04/2024 : VAL Experience Band - Osmium
- 15/04/2024 : Awenson - Faith
- 16/04/2024 : Schizofrantik - Truth is an Illusion
- 17/04/2024 : Goodbye Meteor - We Could Have Been Radiant
- 18/04/2024 : Vladimir Mikhaylov - Amor Caecus
- 19/04/2024 : Big Big Train - The Likes Of Us
- 20/04/2024 : Fouette - Subliminal messages
- 21/04/2024 : Cloud People - Simulacra
- 22/04/2024 : MVI (Mark Vickness Interconnected) - In The Rain Shadow
- 23/04/2024 : Path of Ilya - Heterostasis
- 24/04/2024 : Barrus - The Kids
- 24/04/2024 : Los Disidentes Del Sucio Motel - Breath
- 25/04/2024 : Oiapok - OisoLün
- 26/04/2024 : Nouvelles Lectures Cosmopolites - Le Cr é puscule des Souris
- 27/04/2024 : Corde - Schema
- 28/04/2024 : Chuck van Zyl - Gwynedd
- 29/04/2024 : Magnesis - Neige en Décembre
- 30/04/2024 : Henrik Meierkord - Zeitreisen
01/04/2024 : Alain Pire Expérience - The Journey
Alain Pire Expérience
The Journey
rock psychédélique – 45:11 – Belgique 2024
Alain Pire nous a habitués à développer une kyrielle de projets depuis de nombreuses années. Le dernier date de 2014 (voir l’interview qu’il nous a accordée) et s’appelle Alain Pire Expérience dont «The Journey» est le 6e album. Aucune reprise ne figure ici et pourtant l’ombre des Beatles plane tout au long des dix plages présentées, notamment via certains titres; j’en veux pour preuve, par exemple, «Strawberry Fields», «Getting Better» ou encore «Number Nine». Prenons donc cette superbe production comme un hommage aux Fab Four. Dès «Tell Me Why», le ton est donné: du psyché en veux-tu en voilà, gonflé aux mélodies qui restent en tête dès la première écoute. «The Temple» nous renvoie, pour sa part, à des ambiances plus soft et plus proches de Georges Harrison. Comme déjà signalé ci-dessus, «Strawberry Fields» n'a rien à voir, hormis le titre à la chanson du même moule. De beaux accords de guitare voient le jour sur «A Place To Be». «Those Were the Days» démontre à l’envi qu’une chanson peut être simple et hautement mémorisable. «The Journey» a tout pour vous faire voyager. Quel plaisir pour nos oreilles, habituellement insatiables! Ambiance ésotérique pour «Wonderland» qui n’a bien évidemment rien à voir avec Oasis, ne vous en déplaise. Préparez bien vos vacances que je suppose bien méritées car «Summer Days» vous y invite. «Getting Better», petite ritournelle pop, arrive à point pour vous relaxer. «Number Nine» n’a strictement rien à voir avec la cacophonie développée par les Beatles, même si l’on peut y dénicher des expérimentations des plus intéressantes.
En résumé, un album qui dévoilera tous ses charmes au fil des écoutes et que je vous recommande chaudement.
Tibère
https://alainpireexperience.bandcamp.com/album/the-journey
https://www.youtube.com/watch?v=nrIaknv1MrY
02/04/2024 : Sammary - The Dream
Sammary
The Dream
pop progressive – 41:03 – Allemagne 2023
Ils sont sept à composer le groupe Sammary où la voix féminine joue un rôle important, sans pour autant être envahissante. Justement, «Voices» nous dévoile une ambiance feutrée et aérienne à la fois. Des passages plus nerveux font leur apparition sur la plage titulaire, par exemple, alors que l’on s’attendait à un titre calme, ce qui nous offre un contraste saisissant mais néanmoins passionnant. Dans «Eulogy for a Dream», le piano égrène une ritournelle dépaysante et bienvenue. Un album qui, sans être révolutionnaire, s’écoute très agréablement…
Tibère
https://sammary.bandcamp.com/album/the-dream
https://www.youtube.com/channel/UCxpdEmWcYNLHs-lm_UEb5cQ
03/04/2024 : Synth44 - Lake Ossiach
Synth44
Lake Ossiach
expérimental / dark ambient / soundscape ponctuel – 82:15 – France 2024
En trois volets, Erwann Mercier et Raphaël Lejeune, Maîtres du vaisseau, nous promènent dans des ambiances variées qui flottent dans ce «Nuage de Oort» aux multiples reflets qui vont de l’expérimental à l’ambient spatial en passant par des séquences de paysages sonores («soundscape» en québecois). Les trois plages alignent chacune quelque vingt-huit minutes qui semblent naître de l’inspiration du moment en cela qu’elles sont elles-mêmes conçues de partitions collées l’une à l’autre sans discontinuité mais de textures très différentes. Ainsi en est-il surtout pour les dix premières minutes du premier volet, rythmé par des sortes de séquences évoquant des pincements de cordes célestes sur des notes étirées flottant en brumes stellaires qui se transforment en sonorités orientalisantes aux environs de la vingtième minute. La deuxième partie de l’album, calme et colorée, se complète par l’éclosion de notes irisées de guitare et de flûte. Longues moires caressantes, langueurs spatiales presque mélodiques à certains moments. Et la troisième partie, plus courte de par ses vingt-cinq minutes, nous plonge dans un univers métaphysique qui rappellera aux connaisseurs les partitions d’albums comme «Irrlicht» du grand Klaus Schulze ou plus encore «Zeit» de Tangerine Dream. Plutôt sombre et angoissant en ouverture, on s’approche (pour ne pas dire que c’en est) du dark ambient. On a l’impression de flotter sur l’horizon événementiel d’un trou noir qui s’étire sur des années-lumière. Le vaisseau plonge dans un inconnu inquiétant au scintillement inversé des non reflets d’étoiles mortes. Un psiturisme glaçant qui glisse comme l’araignée le long d’un fil d’intemporalité. Assurément pas à écouter si la dépression vous guette. Très proche du concept temporel de TD, sorte de symphonie composée de quatre mouvements à l’époque du vinyle. Notes simples, chuchotées dans le vent cosmique de l’espace-temps. Probablement le volet le plus intéressant de cet album. Mais tout est question de goût bien sûr. Vers les treize minutes, on a l’impression de passer le portail vers un nouveau multivers. La fleur noire s’épanouit et la quête de la Lumière aboutit par des séquences subspatiales. Mais la nuit revient au final. Bruits de gouttes d’eau, ambiance des profondeurs abyssales et sons cristallins en échos lointains. Le vaisseau repart vers une nébuleuse fantôme et laisse dans son sillage des perles noires de vapeur du passé.
Erwann Mercier et Raphaël Lejeune se sont rencontrés à Paris en 2022 lors d’un concert de Trentemoller. Ceci est le premier des deux albums qu’ils comptent actuellement dans leur discographie commune.
Clavius Reticulus
https://lotophagusrecords.bandcamp.com/album/lake-ossiach
04/04/2024 : Nord - The Implosion Of Everything That Matters
Nord
The Implosion Of Everything That Matters
metal progressif / post-hardcore / électronique – 24:57 – France 2023
Nord est un trio français qui nous propose ici sa quatrième sortie. Après un EP paru en 2015 et deux albums sortis respectivement en 2018 et 2020, voici un nouvel EP avec cinq titres relativement courts (entre 4 et un peu moins de 7 minutes). Autre particularité de cet EP dont l’enregistrement fut entamé lors du second confinement, il ne contient aucune guitare. Comme le précise la bio fournie par le groupe: «seules la batterie acoustique et la basse furent enregistrées en studio. Le chant et la plupart des claviers ont été enregistrés dans une vieille maison de campagne en Touraine.» Les thèmes abordés par le groupe font justement écho à cette période où tout ce qui nous semblait important a implosé de par la situation sanitaire et ses conséquences.
«Et la musique?», me direz-vous. Le premier morceau, «Candles», commence de manière assez douce et mélancolique pour nous envoyer ensuite un gros son sortant d’un album electro et pour se terminer sur une partie de piano que n’aurait pas reniée Philip Glass. «Truth Philters» commence sur des sons désordonnés pour directement nous plonger dans une ambiance presque gothique avec des voix gutturales; s’ensuit un morceau enlevé, avec une mélodie accrocheuse, ponctué par un solo de saxophone. «Incantation» commence par des voix sur fond de vocoder. Le morceau démarre ensuite sur un fond electro et des accords donnant une ambiance assez sombre sur lequel se pose un texte déclamé en japonais. «Sexorcism» poursuit dans la même veine et l’EP se conclut sur la plage titulaire qui ne manque pas d’une certaine majesté.
Le tout est aux antipodes de ce que j’écoute habituellement mais ne manque assurément pas d’intérêt. On peut toutefois reprocher à cet EP une production un peu brouillonne et des ambiances qui restent trop dans les mêmes tonalités, à mon goût. C’est donc à réserver à ceux qui aiment sortir des sentiers battus.
Amelius
https://nordnordnord.bandcamp.com/album/the-implosion-of-everything-that-matters
https://www.youtube.com/watch?v=O3akfFLgUZw
04/04/2024 : MesaVerde - All is Well
MesaVerde
All is Well
soft light pop progressif – 44:20 – Norvège 2023
Il n'a pas fallu attendre deux ans pour que MesaVerde récidive avec sa prog-pop. L'album initial, alors chroniqué dans nos pages, «KY» (2022), était plus kaléidoscopique: «All is Well» se recentre. Non que leur musique soit devenue monolithique, loin de là, mais ce n'est plus un premier album! Le groupe est resté stable avec Jørgen Apeness (batterie), Henrik Schmidt (guitare), Lars Fremmerlid (basse) et Jonas Lundekvam qui, en plus des claviers, chante, possédant toujours des intonations du grand Jon Anderson, mais à part pour les chœurs parfois, dans «Moments», ou un riff de guitare dans «Endurance», par exemple, rien à voir ici avec du Yes. Bien plus ascétique! Les mélodies sont léchées mais livrées avec parcimonie dans une belle production aérée.
On se situe plutôt entre Japan («Story») et Laurent Voulzy («Eva»). C'est chatoyant, les rythmes sont le plus souvent lents, suscitant de la nostalgie, pouvant aller jusqu'à faire office de thérapie pour des hypertendus! Même le plutôt funky «Pickings for the Beast» reste posé; parfois c'est franchement le mainstream des années 80. La boîte à rythmes serait-elle de retour? En contraste, «Eyes», avec sa guitare sèche et ses harmonies vocales, est quasi Flower Power. Alors, avec tout cela, vous comprenez qu'il n'est pas facile de situer ce quatuor!
Faites-vous votre idée, et passez 45 minutes cool, les liens sont ici.
Cicero 3.14
https://mesaverde.bandcamp.com/album/all-is-well
https://www.youtube.com/watch?v=0Cj6urZ8w94
05/04/2024 : Ellesmere - Stranger Skies
Ellesmere
Stranger Skies
néo-progressif – 47:01 – Italie 2024
En 2014, lorsque Roberto Vitelli (bassiste de Taproban) créa Ellesmere et sortit, en 2015, un 1er album très bucolique («Châteaux de la Loire») c'était déjà très génésien, Anthony Phillips y était même le narrateur! 10 ans et 4 album plus tard, il suit à distance l'évolution génésienne d'alors et nous livre un néo-prog bien agréable; la voix de John Wilkinson, typée Collins, y est pour beaucoup. À côté de Mattias Olsson (ex-Anglagard) à la batterie depuis le 2e album, un autre, nouvel entrant, Giacomo Anselmi aux guitares. Autour de ce personnel renouvelé à 50 %, quelques invités prestigieux habituels: David Jackson (sax et vents, VdGG), Tomas Bodin (clavier, Flower Kings), Riccardo Romano (guitare, voix, RanestRane), John Hackett (flûte). Mais aussi Graeme Taylor (guitare, Gryphon), Bob Hodges (claviers, Czar) et Stefano Vicarelli (claviers, La Batteria).
Dès la belle intro de Nolan, grandiloquente, on entre dans le vif, très génésien dans l'esprit, un peu plus musclé, et la guitare d'Anselmi y est très démonstrative, à la manière d'un Howe... C'est un peu le sentiment que me laissent ces premières pistes: un «Genesyes», pris de plein fouet; ce ne sont pas les chœurs a cappella de «Toundra» qui invalident ce sentiment!
Les claviers sont nombreux et offrent une profondeur sur l'ensemble du spectre sonore. C'est superbement bien mixé, aussi.
Autre intervenant de poids LE Jackson, vient souffler, déchirant sur l'instrumental très rock, inquiétant et syncopé «Crystallized», respiration ouvrant d'autres perspectives dont bénéficieront les deux epics qui concluent l'album. La flûte d'Hackett, parfois tullienne, nous emporte dans le maelstrom de «Stranger Skies» où pointe une vivacité très RPI. Bon sang ne saurait mentir!
Pour achever, et nous achever, «Another World» part à 100 km/h avant d'être stoppé, un instant, par 10 notes anthémiques du Jackson. Cette piste est une superbe conclusion qui conforte mon envie de continuer à suivre attentivement Ellesmere.
Faites de même, les liens sont ici!
Cicero 3.14
https://ellesmere-ams.bandcamp.com/album/stranger-skies
https://www.youtube.com/watch?v=HmAO2An8dew
05/04/2024 : Ellesmere - Stranger Skies [2e avis]
Ellesmere
Stranger Skies [2e avis]
rock progressif symphonique – 47:01 – Italie 2024
Ellesmere projet de Roberto Vitelli des Taproban créé en 2014; dans le style de Genesis du départ avec flûte et Mellotron. Pour voyager dans des mondes héroïques avec ce quatrième opus sur un monde étrange mi-glacial, mi-chaleureux, d’où la pochette. Des guests de grosse pointure: Clive, John, David, Riccardo ou Tomas venant booster cette musique symphonique rappelant aussi Syndone, Camel, Rush et King Crimson.
«Northwards» intro symphonique, médiévale, sur l’heroïc fantasy avec Clive délivrant un arpège bucolique; trompettes luxuriantes pour l’arrivée du héros; 2 minutes de pure joie précédant la voix de John flirtant avec Collins comme si Genesis fusionnait avec Rush; un rock prog majestueux, aérien et un très beau solo guitare; 4 titres censés glacés qui échauffent mes oreilles. «Tundra» entame saccadée, la toundra a l’air bien agréable avec ces synthés bucoliques dont l’un utilisé comme base rythmique rapide; l’air génésisien seconde mouture en réminiscence et un break rushien pour une déclinaison rafraîchissante; des chœurs lorgnant Yes du «90125» avant le solo de Giacomo secondé de Riccardo. «Crystallized» arpège guitare glacial; interlude musical raffiné secondé d’une basse prégnante et du saxo virevoltant de David pour une mélodie sirupeuse; final Genesis époque «Dodo». «Arctica» court, intense, les réminiscences ne s’estompent pas loin de là, un son actualisé non régressif; on sent l’évolution dans ce voyage ludique symphonique au clavier omniprésent.
«Stranger Skies» voix chaleureuse sur une cloche religieuse et un orgue du même acabit; procession RPI comme au bon vieux temps; sur un Jethro Tull et une histoire loufoque de poissons plus ou moins terrestres; John à la flute ensorcelle en se mettant en avant; John, l’autre, a cette similitude d’avec Phil aux vocaux nous berçant d’une mélodie majestueuse, féerique, liturgique; très bien amené avec une fin répétitive qui laisse passer un solo flûte bucolique, qui finit d’achever le progueux en mal de titre épique. «Another World» ouh là ça dépote grave dès l’entame sur cet air prog metal au relent des Rainbow et le riff facile en réminiscence; le saxo nerveux puis guimauve fondant; le rythme évolue, dense, emmenant sur un espace-temps qui défile autour de vous; Giacomo lance un solo heavy, David calme le jeu; l’air métronomique avec le vocal envahissant flirte sur Genesis s’ils avaient continué, raffiné; un break crimsonien survient, vibrant tandis que Mattias martèle ses pads méthodiquement et Stefano nous renvoie dans une atmosphère régressive avec ses Mellotrons; Tomas des Flower Kings vient finalement mettre tout le monde à son diapason avec un arpège psychédélique; voix de cour d’école, sons spatiaux, la baffe avec un grondement final inquiétant.
Ellesmere rock progressif moderne qu’il faut écouter, distillant des sons évasifs pour partir loin. Un album bourré d’instrumentation variée et jonglant sur les passages mélodiques avec flûte et synthé; déroulant avec guitare, saxo et claviers chaleureux des moments rythmés, symphoniques et énergiques; idéal pour un voyage sur des contrées inexplorées. Un petit-fils spirituel du grand Genesis avec la voix similaire.
Brutus
06/04/2024 : Mariusz Duda - AFR AI D
Mariusz Duda
AFR AI D
électronique / ambient – 42:05 – Pologne 2023
Mariusz Duda, leader des Riverside et du projet Lunatic Soul, sort son 4e album sur un style ambiant électronique; il dit s’être inspiré de Mike Oldfield de par la présence de guitare déposée sur l’électro; le concept autour de l’IA qui nous envahit, lui jouant de tout sauf la guitare.
«Taming Nightmares» ambiance sombre et prenante sur cette intro à la Tangerine Dream; mystère et inquiétude du son façonné; l’air sur un Kraftwerk monolithique et minimaliste; le plus cette voix féminine susurrée et l’air mystérieux repartant avec un piano cristallin; une nappe de synthé doux et une guitare exécutée par Mateusz Owczarek. «Good Morning Fearmongering» au son soutenu, évolutif mais sans véritable trame; comme le break synthé des Queen sur «I want to break free»; un son robotisé comme appât, un mantra électronique où l’effet stéréophonique vibre. «Fake Me Deep, Murf» synthé réverbérant sur un air des 80, je pense de suite à la célèbre bande son de «Tron»; la guitare donne un élan progressiste un temps avant de laisser un dub sinistre envahir les oreilles. «Bots’ Party» piano alcalin, envoûtant amenant une basse prégnante et un air à la Art of Noise et à certains titres de Vangelis; la voix samplée, un Daft Punk d’origine avant un magnifique solo guitare sortant des Tangerine Dream, le mieux.
«I Love To Chat With You» pour la mélodie olympienne, arpège piano bourré d’émotion et synthé sur des chœurs angéliques. «Why So Serious, Cassandra?» rythmique aux sonorités tribales, un air qui flirte avec la BOF d’un James Bond; timbales nipponnes répétitives comme le synthé vous étiez prévenus; l’air continue sur les BOF de John Carpenter, minimalistes. «Mid Journey To Freedom» pour le morceau electro-syncopé; délicieusement agressif avec cet air mitraillé, limite dansant comme avec Space. «Embracing The Unknown» comme conclusion, basse à la Massive Attack, dub, des craquements de doigts, d’escalier, sombrement inquiétant et glacé comme une carte postale musicale; un énième air répétitif, minimaliste et sournois avec un crescendo circonvolutif final griffé de guitare sur la basse hypnotisante qui réveille.
Mariusz Duda se dit heureux d’avoir composé cet album électronique; répétitif aussi; il faut plusieurs écoutes pour en sentir des airs variés et comprendre le travail de Mariusz qui cherche cette fois à explorer l’IA et son invasion dans notre monde, recherchant à n’en point douter un son avant-gardiste; du Oldfield je ne le suis pas, mais du Tangerine Dream, du Eno, du Nine Inch Nails, The Orb qui avait collaboré avec David Gilmour, oui assurément; atmo-electro-music qui gravite autour de nos têtes; chat es-tu là?
Brutus
https://mariuszduda.bandcamp.com/album/afr-ai-d
https://youtu.be/FVje-91nQ4I
07/04/2024 : Idiot Saint Crazy Orchestra - Iscommunication
Idiot Saint Crazy Orchestra
Iscommunication
expérimental – 49:13 – France 2023
Originaire de Dunkerke, Idiot Saint Crazy Orchestra, sur scène, ces musiciens portent des combinaisons noires et des masques. On trouve Valentin Carette à la guitare, Antonin Carette à la basse et Antoine Chotteau à la batterie. Ils sont parfois rejoints par la chanteuse Delphine Delegorgue (Yolk). Comment définir leur musique? Pour eux, ils pratiquent un post-rock alliant déconstruction pop, psyché, heavy rock, blues musique répétitive et même opéra, bien que cet album reflète plus une allure de power trio avec des touches electro, comme ils le disent eux-mêmes. En tout état de cause, cette musique n’est pas hermétique, mais au contraire riche et pleine de musicalité de haut niveau, comme le long titre «Foolish». Décidément un album que je vous recommande particulièrement.
Tibère
https://idiotsaintcrazy.bandcamp.com/album/iscommunication
https://www.youtube.com/channel/UCMN3UBIV0Zo4VBSHovY4W5A
08/04/2024 : Steve Hackett - The Circus and the Nightwhale
Steve Hackett
The Circus and the Nightwhale
rock progressif majeur – 44:59 – Angleterre 2024
Présenté comme l'aventure de Travla, ce concept album, co-écrit avec sa muse Jo et Roger King (claviers), est, selon Steve, l'un de ses plus personnels. En effet, dès «People Of The Smoke», l'intro collage évoque bien ce que devait être le Londres industriel d'après guerre, où Steve naquit en 1950, avec même Big Ben et une big big loco (D'Virgilio est à batterie 🙂 ), rapide, il y chante la grisaille et la fumée. Suit «These Passing Clouds», court instrumental lumineux ciselé autour de la guitare électrique, histoire de quitter le fog du précédent. En mauvaise compagnie sur le bluesy «Taking You Down bluesy», chanté par Nad Sylvian, il connaît, un peu plus loin ses premiers émois («Found And Lost»), Steve y chante et pleure dans son harmonica. Mais dans «Enter The Ring» on voit, par les yeux de Steve, le cirque et sa porte ouverte sur un monde magique, rêvé, très Genesis avec la flûte de frère John.
«Get Me Out» revient plus rock. Travla est une marionnette dont les fils sont tirés par d'autres, ce lourd tempo et sa guitare acérée transmettent parfaitement l'oppression vécue. La voix céleste du suivant, celle d'Amanda Lehman, contraste. «Ghost Moon and Living Love» est une mélodie rêvée par Steve, où Travla trouve l'amour et va chercher à se libérer. Les guitares superposées génésiennes sont superbes.
Initiée par le tar de Malik, «Circo Inferno» est une courte pièce, coup de poing magistral (l'intérêt de Steve pour les instruments du monde!), une infernale ritournelle, le cirque tourne, Travla voudrait en sortir. Les 2 instrumentaux suivants, «Breakout» et «All At Sea», expriment sa libération. Avec «Into The Nightwhale», il trouve l'Amour dans ce crescendo puissant explosant en délicates étincelles, où sa typique guitare soft attack fait merveille. La délivrance vient vraiment avec «Wherever You Are». Oui Steve, ou devrais-je dire Travla (pour traveller), à ta question, ultime phrase de l'album: «Will our hearts still beat beyond the edge of time?», je réponds qu'avec de telles musiques c'est fort possible!
La véritable conclusion de l'album est l'apaisant «White Dove», guitare sèche et mandoline. Comme un nouvel Horizon, Travla est serein.
Indispensable.
Cicero 3.14
https://insideoutmusic.bandcamp.com/album/the-circus-and-the-nightwhale-24-bit-hd-audio
https://www.youtube.com/watch?v=x_iujNWzPL0&list=PLJdP6kZNQvK2K75EwiFhTptxtJ2cIdYb5
09/04/2024 : TemperToo - Monkey In The Machine
TemperToo
Monkey In The Machine
pop / rock – 48:00 – Royaume-Uni 2024
TemperTemper (Steve Hubbard et Ian Ormiston Stables) a été actif sur le circuit londonien dans les années 1980.
En 1988, le duo été approché par l'ancien patron de Charisma Records, Steve Weltman, qui cherchait alors un groupe pour travailler avec Fish, qui avait récemment quitté Marillion.
Steve et Ian, pour diverses raisons (en plus du fait que l’époque n’était plus propice au rock progressif), ont refusé l'offre de Steve. Et, en fin de compte, chacun est parti de son côté, se concentrant sur sa carrière pour subvenir aux besoins de sa famille.
Après une perte de vue de 30 ans, Ian a retrouvé Steve, découvrant qu'ils vivaient à 45 minutes l’un de l’autre. Rebaptisé TemperToo, le duo a commencé à écrire et enregistrer à nouveau en 2018, pour sortir son premier album «Telegraph Road» en 2021.
Ce deuxième album contient 8 nouvelles chansons, plus 2 écrites par le groupe en 1988 («Easy??» et «Syndicate A»), mais non enregistrées ni éditées auparavant.
Des mélodies rock, pouvant rappeler Dire Straits, racontent des petits drames de la vie courante, traumatismes pour les uns, anecdotes pour les autres...
La musique est propre, professionnelle, pop, sans grandes envolées, mais avec tout ce qu’il faut de chœur, de clavier et de guitare pour en faire un produit accessible à tous les publics, et servie par une très bonne production.
Notez que le dernier titre, «Close to the Edge» (sans aucun rapport avec l’autre), est un enregistrement public qui donne une bonne idée de l’énergie que nos seniors peuvent avoir sur scène…
Publius Gallia
Bandcamp: https://tempertoo.bandcamp.com/album/monkey-in-the-machine
YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=VRLtKABBWr8
10/04/2024 : Gepetto - Awaiting Madre
Gepetto
Awaiting Madre
art rock progressif – 51:46 – France 2024
Gepetto fondé par George Pinilla, oui Shop33, projet solo avec des invités/collaborateurs. Il a joué durant 25 ans des reprises avant de sauter le pas; influences des Beatles, Yes, Genesis, Santana puis celles des Marillion des 80. Thème sur la relation d’avec sa mère mourante durant l’enregistrement, dont ce 3e album lui est dédié; son à part, plus crossover que néo, allons-y!
«Awaiting» arpège guitare amenant la voix douce de Chris sur un air mélodique, bucolique, mièvre d’antan; break soudain solo guitare jazzy et sa déclinaison piano cristallin; un peu de Moog suit pour l’air consensuel, sans vagues, mélodie quand tu nous tiens; ah un solo synthé gras, le piano encore ça virevolte; ambiance vintage génésisienne, les Beatles pour un passage vintage animé tout en devenir; à mi-parcours le piano reprend ses droits avec la guitare de Pascal à la 6 cordes pour le moment intimiste; rupture électronique jarrienne avant un nouveau couplet tranquille, break vers 17minutes pour la montée tant attendue avec le solo guitare rageur, la flûte gabrielesque et la basse; moment de plénitude qui pourrait s’arrêter là, sur un relent hackettien de toute beauté; le retour d’un dernier couplet un tantinet soporifique, l’horloge finale nous le rappelant.
«Mother» poursuit le tic-tac, oui la pièce peut s’écouter en 50 minutes d’une traite; arpège guitare amenant un terrain champêtre puis évoluant sur une ambiance flamenco chaleureuse; 5minutes de pur bonheur, un peu de «Jeux interdits» avant le chant de George en espagnol : il faut vous y préparer, changement de décor de fait, ça passe ou ça casse; le break puis le retour de la voix en stéréo apaise ce dilemme et s’intègre dans l’orchestration néo-folklo-progressive; phrasé à mi-parcours pour se poser et ça repart sur une déclive camélienne avec guitare et synthé symphonique typés, zeste de Yes. La voix parlée sur l’air flamenco me freine, bon la diversité sauve avec ce synthé new wave et cette 6 cordes magique; le clavier génésisien, on est bien sur Genesis; le vocal casse l’ambiance et tire vers les plateaux arides maghrébins. Final flûte-piano et solo guitare grandiloquent puis clavier à la Vangelis qui bourdonne en tête même après la fin. Il est temps.
Gepetto a accouché d’un bel album vintage intimiste, un son qui fleure bon les groupes des 70 et 80; 40 ans qui feront du bien aux fans de la première heure, un temps qui décevra celui qui attend de la nouveauté pour ce nouveau millénaire; du prog symphonique comme au temps d’antan.
Brutus
https://gepetto1.bandcamp.com/album/awaiting-madre
https://youtu.be/daD1iMUIU8Y
10/04/2024 : The Trudy - Outside Time
The Trudy
Outside Time
pop progressive – 21:38 – Angleterre 2023
Bel EP que nous propose ici The Trudy. Le groupe a été créé en 1979 par d’anciens membres des Cardiacs. Le chant féminin est assumé actuellement par Melissa Jo Heathcote. Vous serez emportés par sa voix enchanteresse. Sur «Dear Sancho», celle-ci fait merveille et sert parfaitement le propos. Ne vous méprenez pas, les orchestrations se révèlent largement à la hauteur! Vous serez également sous le charme du titre «Every Story Ever Told», où la guitare acoustique nous donne une ambiance feu de camp, le tout souligné par la flûte. Les guitares (elles ne sont plus acoustiques cette fois) font des entrelacs, pour notre plus grand plaisir. Une petite pépite de pop rock plus loin, le bien nommé «Pop Pop», nous offre une pause bienvenue. Un mini-album, mais il fait le maximum!
Tibère
Bandcamp: https://thetrudy.bandcamp.com/album/outside-time-mini-album
YouTube: https://www.youtube.com/channel/UCZWVrjSkMPcqTz-i0Ac6ZbA
11/04/2024 : Ancient Veil - Puer Aertermus
Ancient Veil
Puer Aertermus
rock progressif italien / folk / médiéval – 55:02 – Italie 2023
Levons le voile sur Ancient Veil, tissé par Alessandro Serri (guitare, voix) et Edmondo Romano (multi-instrumentiste, voix) en 1995, quittant «Eris Pluvia» formé 4 ans plus tôt. Actuellement Fabio Serri (claviers, voix), Marco Fuliano (batterie) et Massimo Palermo (basse) complètent le line up de base.
Cependant les instruments utilisés dans les compositions d'Ancient Veil dépassent de loin le simple quintet prog, c'est plus vers un Gentle Giant qu'il faut aller chercher les interventions de violons, bassons, violoncelles, hautbois ou cors français tous analogiques et joués par autant de participants, parmi lesquels Ilaria Bruzzone (alto de Höstonaten) ou Martin Grice (sax, flûte de Delirium ou de Masquera di Cera).
Que du beau monde. Mais ce n'est pas tout, ce concept album, «jeune éternellement», où il est question du drame éternel de l'homme en quête de son équilibre, est chanté par autant de Dieux (de la musique) qu'il faut. Interviennent Sophya Baccini (Thoth), Lino Vairetti (le créateur, Osanna) et Roberto Tiranti dans le rôle de Chrono (New Trolls, Nuova Idea).
Et ce projet ambitieux est totalement réussi pour celui qui, comme moi, aime cette musique délicate et très construite. RPI pour la vivacité et le lyrisme, un peu jazzy parfois, un peu rock aussi, avec des pastels de Gentle Giant, de Canterbury, le tout avec un souffle épique comme il convient au sujet et aux personnages!
Ces 18 courtes pistes, qui s'enchaînent parfois, forment un poème épique qui s'achève par une aube nouvelle «La nuova aurora». Sublime et euphorisante ultime plage où j'ai plissé les yeux car je sentais vraiment le soleil se lever en face de moi.
Ancient Veil vous propose d'emprunter leur chemin singulier, le voyage forme la jeunesse, restez jeunes éternellement: cliquez sur les liens!
Cicero 3.14
https://maracashrecords.bandcamp.com/album/puer-aeternus
12/04/2024 : Monkey3 - Welcome To The Machine
Monkey3
Welcome To The Machine
stoner / post-progressif – 46:48 – Suisse 2024
Monkey3, groupe de rock psychédélique instrumental pour un stoner agrémenté de post-hypnotique, de space rock métronomique partant dans des méandres bigarrés. Leur 7e album est là devant vous.
«Ignition» entame latente sur «Prometheus», spatiale; 90 secondes plus tard, le déluge, un feu musical, les notes emplissent l’espace; le son a progressé depuis leur dernier album. Le break stoppe la diffusion de lave incandescente, la basse au relent des Pink Floyd, entre souvenir et évolution. Le clavier enfonce le clou, lorgnant sur «Animals»; l’air remonte avec une ambiance psyché prégnante avant de lancer Boris sur un solo stratosphérique. «Collision» enchaîne avec Jalil et Walter pour entretenir le feu; collision sur «Matrix» et son égarement. Dans quel monde sommes-nous réellement? Titre electro sombre dont il faut prendre la bonne pilule.
«Kali Yuga» avec de l’eau, «Sunshine» et le délire de Danny Boyle mis en musique, un son réverbérant pour un voyage frénétique et sauver l’humanité. Un long solo guitare envoûtant puis l’air devient hypnotique et emmène sur un crescendo onirique.
«Rackman» reprend la question de la culpabilité de «Solaris» pour une rédemption; son électro-dark wave, envahissant. Boris envoie du lourd, dynamitant l’air pour mettre en transe; un riff thrash stoner pour headbanger; hypnotique avant le final avec une explosion batterie lançant «Collapse» à la réminiscence avouée floydienne sur un revisited de «1984». Un son délirant, dans le bon sens du terme, avec un solo guitare spleen chaud, un break stoner maximaliste surfant sur des nuages psychédéliques roses. Un groove hypnotique au final frénétique du nouveau millénaire.
Monkey3 rock stoner psychédélique, tout simplement; de l’instrumental pour rêver, voyager sur des contrées musicales, des brumes cosmiques; de l’art-rock à son firmament, sombre, fusionnel, captivant. La réflexion sur la machine prenant les devants sur nous pose question. Cette musique reste dans votre tête et explore l’avenir de l’Homme, son destin, sa folie au travers de ces cinq films cultes. Album jouissif et contemplatif entre mélancolie et espoir intime.
Brutus
https://monkey-3.bandcamp.com/album/welcome-to-the-machine
https://youtu.be/LzsfJG5Udg0
13/04/2024 : Viima - Väistyy Mielen Yö
Viima
Väistyy Mielen Yö
rock progressif dark folk – 44:32 – Finlande 2024
Viima: groupe venant du froid et combinant du rock prog folk avec des sonorités différentes, heavy-prog grâce à une guitare cassant les codes vintage de la flûte d’antan; du régressif moderne ou l’oxymore musical à son comble, un peu sur les Tenhi en moins dark, du son d’aujourd’hui allant, comme le vent (son nom en finnois), chercher dans l’ancien temps les accords souvenirs contemplatifs; un 3e album au bout de 15 ans.
«Tyttö Trapetsilla» entame prog folk mélodique typé vintage avec la voix du cru, air devenant symphonique au fil du temps, sur une histoire de trapèze; le solo guitare fleure bon les 70 avec un relent heavy donnant la puce à l'oreille m’obligeant à continuer. «Äiti Maan Lapset» longue suite de près de 20 minutes, qui envoie sur les terres australes scandinaves; qu'en dire de plus? Du Canterbury régressif oui mais du Canterbury évolutif avec des breaks incisifs qui renforcent les textes d'apocalypse cités; les progueux intégristes aimeront se sentir bercés dans ce paysage musical d'antan avec ces sonorités régressives; c’est assez calme mais il faudra une oreille attentive pour manger ce pavé qui évolue agréablement à mi-parcours avec un clavier génésisien jouissif; complexe et tournoyant sur le folk glacial.
«Pitkät Jäähyväiset» évocation d'un monde désespéré et désespérant, la flûte amenant une lueur d'éclaircie, le Mellotron encore plus; la guitare hard dénote et anime changeant d'un Jordsjø désespérément mélancolique; le vocal fait partie intégrante de l'air lorgnant sur les premiers Tenhi; l'air se radoucit avec la flûte ensorcelante, à la mode depuis quelque temps dans les groupes prog. «Perhonen» morceau-poésie avec un piano électrique qui coule d'un ruisseau; la montée avec l'orchestration prog vintage. Alternance douce, folklorique et progressivement heavy avec une guitare rageuse; un prog folk d'aujourd'hui où l'on ne s'ennuie pas; le vent arrive et «Vuoren Rauha», paix de la montagne; la voix de Risto fait fondre avec un orgue solennel, une ballade mélancolique avec l'orgue chaleureux, accompagné d'une batterie claire amenant un slow typé, un de ceux qui donnent envie de prendre sa blonde dans ses bras; le vent revient il est temps de rentrer.
Viima chante en finnois et amplifie le son froid de ses contrées. Particulièrement recommandé aux fans de rock progressif des années 70 avec de très belles voix féminines et d’énormes sons de clavier d’ailleurs. Du rock prog folk médiéval classique d'aujourd'hui, vintage et énergique comme j'en redemande tous les jours.
Brutus
https://viima.bandcamp.com/album/v-istyy-mielen-y
https://youtu.be/HaO7jiHIIhE
14/04/2024 : VAL Experience Band - Osmium
VAL Experience Band
Osmium
metal progressif – 69:00 – Belgique 2024
Osium est le premier album du nouveau projet Val Experience Band créé par Valéry Granson, compositeur et guitariste du groupe. Actif depuis les année nonante, Valéry a des centaines de concerts à son actif et j’ai découvert ce projet lors de l’un d’eux. En discutant avec Val après le concert, j’ai tout de suite eu envie de vous faire découvrir cet univers. Début 90, Val fait ses premiers pas dans un groupe de reprises de Joe Satriani, pour ensuite rejoindre la scène metal bruxelloise. Son premier groupe, Explain, sortira 2 EP en 1998 et se produira notamment au Botanique au concours Emergenza où le groupe atteindra la finale. En 2005, Val crée 15 Reasons. En 12 ans, le groupe de power-rock enregistrera 2 EP et 3 albums studio: le premier, autoproduit, enregistré et mixé par Didier Moens (La Muerte); le deuxième enregistré par Xavier Carion (Channel Zero, Master of Waha, Sonsof Jonathas), sorti sur CNR Records (label créé par des anciens de Roadrunner après la dissolution du label international), et le troisième sorti chez Graviton (également Ex-Roadrunner) et qui leur ouvrira les portes de concerts internationaux. En 2018, Valéry rejoint Mingawash (metal fusion) pour travailler sur la direction artistique du groupe et participer à la composition du dernier album sorti en 2022,enregistré au Noise Factory Studio et mixé par Étienne Sarthou (AqME). Valéry participe également à d’autres projets musicaux, en tant que guest pour composer et enregistrer des solos («Road To Consciousness I et II»), ou pour effectuer des remplacements (Komah). Fan de Steve Vai, Joe Satriani, Paul Gilbert, Andy Timmons, Frank Zappa, Bucket Head, Stevie Ray Vaughan, Jeff Beck, Eddie Van Halen et de toute cette vague des années 80 et 90 qui le fascine toujours, Val décide d'enregistrer un album instrumental solo, qui fera voyager l'auditeur dans des styles variés comme le rock, le blues, hard rock, ballades acoustiques. Les fans de rock classique, hard rock, métal, blues ou jazz-rock pourront s’y retrouver aisément. Franchement, la production et le son de l’album sont parfaits. La créativité est aussi au rendez-vous, on ne s’ennuie pas une minute pendant les soixante-neuf minutes de l’album… même en pur instrumental. Je ne peux que vous conseiller d’aller découvrir ce superbe artiste qu’est Valéry Granson.
Vespasien
https://open.spotify.com/album/0Ug3W3hBV5RhkSlbTIYj1O
https://www.youtube.com/@VAL-EXPERIENCE-BAND
15/04/2024 : Awenson - Faith
Awenson
Faith
électronique / space / Berliner Schule – 73:53 – France 2024
«Pourquoi toujours comparer avec Klaus Schulze ou Tangerine Dream (celui d’Edgar Froese)?» serait-on en droit de se demander. D’abord parce que tout le monde s’accorde à dire que ces pionniers ont créé le genre dans les années 70 et sont de ce fait, l’un comme l’autre, incontournables pour le chroniqueur, tout en ayant chacun leur approche personnelle dans leurs compositions respectives, avec ce point commun qu’ils se distinguent de l’école de Düsseldorf (Kraftwerk, entre autres) dont les rythmes feront naître la techno. L’ambient (terme créé par Brian Eno), quant à lui, découle de l’école berlinoise. Si j’en parle ici c’est parce que de plus en plus on découvre une tendance fusionnelle entre les deux courants, qui conservent malgré tout chacun leur propre code génétique. Ce pseudo-mariage engendre des écarts qui rejoignent parfois le soundscape et l’expérimental. La seule limite étant l’imagination créative des artistes. Joël Awenson Bernard agite ici sa baguette magique et nous replonge dans son univers métaphysique, empreint de spiritualité et de poésie, pour nous concocter un voyage au voisinage des opus du grand Klaus, en y greffant des rythmes oscillant entre rock doux et electronica («Fountain of Sorrow», qui surfe sur un rythme rapide de batterie et des sonorités célestes faites de nappes cosmiques semblables aux voix séraphiques cousines de ce que le Farfisa Syntorchestra peut générer). L’ombre du grand Schulze est bien présente, celle d’un «Moondawn» plus particulièrement. Mais d’entrée l’album de Joël nous immerge dans les strates de la nébuleuse schulzienne dans le très enveloppant «The Cyclades», magique de bout en bout, aux sonorités rêveuses, un rien mélancoliques. «Nebulous Bright» et «Sequencer», sur un tempo séquentiel étiré, coulent, comme une fontaine adamantine, en longues nappes mélodiques rêveuses, avant d’éveiller une pulsatile «Elecro-Lyse» aux scintillances cristallines. Il ajoute au présent opus un superbe hommage à Van Halen par une composition moirée de onze minutes, flottant sur l’horizon événementiel d’un portail cosmique serti de longues notes caressantes d’une ineffable beauté! Caresse mélodique que, contre toute attente au vu du titre, il prolonge dans «Krautrock (Düsseldorf mix)» qui n’a strictement rien à voir ni avec l’école du nom ni avec le genre Kraut, si ce n’est par un rythme un peu plus marqué cousu sur la toile d’une belle mélodie qui étreint l’âme. Joël marie, comme chaque fois, ses compositions à un court texte poétique que je vous livre ici (transcrit dans l’état): «L’Immensité du cœur est infinie. Ouvrant les corolles du Cosmos. Elle crée; Beauté en l’Amour. La Foi est la Rosée de nos Rires». Et bien sûr il dédicace cette Foi (Faith) aux belles Dames, déesses du cosmos et à Sainte Marie-Madeleine (sic) pour laquelle il réitère une dévotion infinie.
Clavius Reticulus
https://awenson.bandcamp.com/album/awenson-faith
16/04/2024 : Schizofrantik - Truth is an Illusion
Schizofrantik
Truth is an Illusion
metal progressif – 44:38 – Allemagne 2023
Schizofrantik! Avec un nom pareil, on ne risque pas de s'endormir dans son fauteuil, un thé à la main. On aurait plutôt tendance à sauter d’un avion après un shot de schnaps! Munichoise par trois et maintenant par quatre, la formation a pointé le bout de son cataclysme sonore en deuxième moitié des années 90. Après trois albums mal promotionnés, nos musicos contorsionnés vont connaître la grande bascule artistique, à presque dix années d'existence, à l'issue de leur show au Burg Herzberg Festival! En studio, l’échelon supérieur, ils le graviront à l'appui des intrigues et des bizarreries de leur album suivant: «Oddities». S'ensuivra une tripoté d'œuvres aussi iconoclastes que captivantes, des prog-extra-univers, des gros morceaux! Si chaque album tire son épingle des mélodies, pour ma part, je suis attiré par le jeu sombre et déconcertant de leur sixième opus: «Ripping Heartaches», une leçon de désordre ordonné! Quand vint le temps – année 2023 – du petit dernier (eh oui, c'est un EP), le moral des troupes n'était pas au beau titre: «Truth is an Illusion». En est-ce la cause? Il faudra deux sons à l'équipe pour se faire les poignets. Avec «Singularity», l'orchestre va se mettre en fanfare, sur quelques notes répétitives qui en feront la trame. On accroche! Quand vient la «Princess and Dinosaur», c'est la basse écrasante de Marco Osmajic qui finit de nous emmener, talonnée de près par la gratte âpre de Martin Mayrhofer; sans conteste, du metal brouillardeux, comme ils savent en produire. À ses côtés, «Closed Session» se présente naturellement comme sa petite sœur hardeuse. En prime, la touch de Christian Schichtl y distribue sans retenue une volée de coups sur caisses et cymbales. Quant au surplus de l'album… si l'on passe les quelques titres moins prospères, il ne faut pas quitter le quartet, sans emprunter les sons multiprises de «Salvatore» où tout fait merveille jusqu'au synthé larmoyant d'Henning Lübben et aux hagardes vocalises de Mayrhofer. Pas si EP que ça (on frôle les 45 minutes!), bien que valeureux, «Truth is an Illusion» n'est pas le pingouin le plus aiguisé de leur répertoire, certes... On aura connu le groupe plus déluré ou alambiqué. Prions pour que ce ne soit qu'une trêve dans leur disco!
Kaillus Gracchus
https://schizofrantik.bandcamp.com/album/truth-is-an-illusion
https://www.youtube.com/watch?v=WWR4vxkXW_s
17/04/2024 : Goodbye Meteor - We Could Have Been Radiant
Goodbye Meteor
We Could Have Been Radiant
post-rock spatial – 42:54 – France 2024
Les connaisseurs n'auront eu aucun mal à déterminer l’orientation stylistique en voyant le nom du groupe et le titre de son album.
Originaire des Hauts-de-France (Amiens), ce groupe fusionne les éléments du post-rock en y ajoutant une sensibilité écologique, offrant une expérience musicale et un voyage sonore au cœur des émotions humaines et de la nature. La musique s’inscrit dans une démarche pas toujours des plus joyeuses, allant de l'espoir à la désillusion, ambiance que l’on peut retrouver également et encore plus fortement, semble-t-il, en ciné-concerts immersifs, où musique et images fusionnent pour offrir une expérience visuelle et sonore unique.
Les Français suivent les règles du genre sans grande surprise, c’est-à-dire le genre qui a connu son apogée au cours de la première décennie de ce siècle.
Si on fait fi de cet aspect et du fait que leur musique soit purement instrumentale, à une exception près dans la chanson «No Signal», c’est une réussite, même si (je me répète) nos musiciens s’en tiennent farouchement aux standards du genre. Le groupe est conscient de tout cela, car, à chaque instant de ce premier album, on sent le zèle sincère pour la cause et la passion pure pour cette musique.
Les six titres portés par des guitares à la fois aériennes et fiévreuses proposent des atmosphères aussi envoûtantes que percutantes. Le duo basse et batterie sert, sans faillir, de support à cette fresque sonore, créant des paysages musicaux d'une richesse et d'une intensité que l’on cherche souvent dans le post-rock.
Une mention spéciale pour «Destructuration» et sa structure post-rock typique.
La production d'excellente facture donne un album bien enregistré et bien mixé; on sent l'ambition du groupe derrière cette œuvre, ça veut sonner comme des grands!
Publius Gallia
https://goodbyemeteor.bandcamp.com/album/we-could-have-been-radiant
https://www.youtube.com/watch?v=ANxKWm_wIRE
18/04/2024 : Vladimir Mikhaylov - Amor Caecus
Vladimir Mikhaylov
Amor Caecus
pop progressive / new wave – 38:38 – Russie 2023
Voici un album déroutant nous venant de Russie. Vladimir Mikhaylov est un multi-instrumentiste, membre d’un groupe prog russe s’appelant Enine. Pour cet album, il joue les guitares, basses, claviers et batterie et est entouré de divers musiciens russes et lettons et notamment du chanteur Dmitriy Rumyancev. D’après la bio officielle, cet album est l'histoire d'une relation entre deux personnes, l'histoire d'un amour ruiné par des émotions trop fortes. Elle est basée sur l'expérience personnelle de Vladimir, qui a vécu une romance intense et une séparation douloureuse de 2019 à 2021. Pour le citer: «Il se trouve que, lors du premier huis clos en 2020, j'ai beaucoup composé. La vie à cette époque était étrange. Il semblait y avoir un silence après la tempête. Il s'est avéré que ce n'était qu'une accalmie avant la prochaine tempête...».
Cet album relativement court est désarçonnant car il mélange plusieurs influences; ce n’est pas vraiment du prog, ni vraiment de la pop, mais le lien le plus évident est celui avec la new wave des années 80. Le chant grave et théâtral (quoique pas toujours très juste) renforce cette impression. La comparaison la plus évidente qui me vient à l’esprit est Twelfth Night qui avait réussi, au début des eighties, cette fusion entre prog et new wave avec une certaine maestria. Tout n’est pas heureux sur ce disque; les compositions ne sont pas d’une inventivité confondante mais renferment çà et là des moments intéressants. Un gros bémol toutefois pour la production que je trouve très étriquée, mais c'est peut-être voulu afin de mettre plus l’emphase sur les guitares et les claviers.
En conclusion, je n’ai personnellement pas été hyper emballé par cette plaque mais, si vous aimez les choses sortant un peu des sentiers battus, ceci pourrait vous plaire.
Amelius
https://mylodonrecords.bandcamp.com/album/amor-caecus
https://www.youtube.com/watch?v=VwneDEz0cdU
19/04/2024 : Big Big Train - The Likes Of Us
Big Big Train
The Likes Of Us
cross over symphonique – 64:22 – Angleterre 2024
Ce 15e album studio s'ouvre avec «Light Left In The Day» immédiatement chanté pendant 30 minutes par le très attendu, nouveau venu, Alberto Bravin (ex-PFM, chant, guitare, clavier). Le thème est un délice, totalement instrumental pendant les 5 minutes suivantes. Avec souplesse, les mélodies se succèdent très vite, un peu comme avec un catalogue dont on tourne trop vite de belles pages, certain que la suivante est plus belle encore. Les tauliers Nick D'Virgilio et Gregory Spawton tricotent une rythmique raffinée. La section cuivre (quintet de Dave Desmond) s'invite avec parcimonie, mais à chaque fois fait mouche, elle aussi. Il faut toujours soigner son entrée, et ici le menu est affiché: ambitieux et enthousiaste.
Puis «Oblivion» survient, mal nommé car il persiste longtemps, tant la mélodie envahit oreilles et esprit, distillant une joie difficilement réprimable, la même que celle ressentie lors du superbe concert du 2/9/23 à Veruno où ils le jouaient déjà.
«Beneath the Masts», 1er épic de 17 min, s'ouvre, pastoral, 12 cordes et violons; la mélodie coule facile puis s'opacifie jusqu'à présenter un cœur assez complexe et difficile qui ne se donne pas facilement. Inspiré de la fin de vie du beau-père de Spawton, poignant, mais comme à chaque fois Big Big Train s'en extirpe en mode majeur; notre cœur est regonflé. «Miramare», avant d'être le 2nd epic, est un château proche de Trieste, souvenir d'enfance pour Alberto; Gregory et lui ont coécrit sur un peu de sa riche histoire. Ils n'étaient pas loin, car cet album a été fait «à l'ancienne», ensemble, dans le même studio italien où il y avait aussi Nick D’Virgilio, Rikard Sjöblom (guitare), Oskar Holldorff (claviers) et Clare Lindley (violon). Pas de navettes de fichiers. Cohésion nécessaire, émotions partagées. Larmes aussi, concèdent-ils.
En dépit du décès, en 2021, de son chanteur David Longdon, le BBT fonce toujours à vive allure. S'il s'arrête près de chez vous, prenez un ticket et embarquez. Leurs concerts sont enthousiasmants. Pour patienter, profitez d'un album incontournable d'un groupe phare du prog actuel.
Cicero 3.14
https://insideoutmusic.bandcamp.com/album/the-likes-of-us-24-bit-hd-audio
https://www.youtube.com/watch?v=TZjAreGfqlU
20/04/2024 : Fouette - Subliminal messages
Fouette
Subliminal messages
rock progressif / néo-progressif – 58:25 – Finlande 2024
Fouette est le duo scandinave avec le chanteur Kimmo, décédé depuis, ayant joué pour Urban Tales et Leverage, prêté sa voix pour Stratovarius, avant d’être le frontman des Boys of the Band. Timo c’est l’homme à tout faire, un génie de musicien ciselant avec amour des titres remplis d’émotion pour le plaisir ultime. La collaboration présentée sur un espace prog ambiant jazzy mélodique, rien que ça.
«Mind in Motion» une voix, un orgue, air solennel pour une minute d’orgasme; montée avec un son singulier entre pop, rock, world, AOR, la voix de Kimmo bouleversante; un peu de Boston, Kansas sans le violon; break latent avant le solo guitare expressif. Ça coule tout seul, bien construit sur un univers musical jazz-rock-ambient, énergique; la guitare plonge ses racines dans le rock sensitif tandis que les claviers partent sur des ambiances progressives néo-new avec du Vangelis. La voix lorgne sur celle émotive de Jean des Mystery, les montées orchestrales sur un RPWL, Pendragon seconde mouture. Arpège acoustique planant et synthé électronique sentant la progression onirique avant le final envoûtant. «Sea of Stones» arpège cristallin post-rock surfant sur Genesis pour l’orgue, Return To Forever pour les autres claviers, laissant une ballade musicale fondante à l’esprit. «Insomnia Borealis II» son jazz-rock ambiant, des voix éthérées et un solo guitare fugace, intermède ou réveil brusque amenant «Circular Arguments» synthé puis la montée vocale digne d’un Carmina Burana, d’un Ayreon bref planant, onirique et latence metal prog; la très belle voix aérienne vient tutoyer les anges progueux, si ça existe j’en ai même vu un qui se nommait René à l’affût de cette chronique; l’orgue et le synthé sur la sonorité de Lucassen.
«Changing Lanes» attaque arpège et vocalise flagrance a capella, berceuse soft lançant «On the Edge of a Cloud» avec cette vibration synthé ravissante; faire du bon quand on est doué paraît simple; rappel des travaux d’un certain Philippe Luttun qui a sorti des albums solo mais qui ne se produira pas en concert, paradoxe musical; la guitare je la verrai bien dans un groupe majeur, le morceau est tenu par le frappé pads vrombissants s’accordant à la voix fondante, délicieuse. Le break riff heavy jouissif démontre que le sang progressiste se retrouve dans nombre de notes, tiens le synthé me rappelle Saga, frais, éclairé; le solo guitare qui en découle est terrible, envie qu’il ne s’arrête pas. «Insomnia Borealis III» sans la 1 pour le dernier interlude spatial agrémenté d’un solo à la Gouvernaire d’Iris sur des voix à la Space, Kraftwerk. «Subliminal Messages» dernier titre éponyme long; un résumé de l’album avec de la voix, des ambiances, des soli guitares, des claviers envahissants, des chœurs célestes et des vagues d’émotion; un peu long, je le conçois, car la redite se fait jour, mais la guitare envoûte toujours; 5 minutes avant la fin l’air bucolique génésisien sur Neal Morse pour les claviers présents, le final harmonica avec un dernier arpège donnant la chair de poule, un régal.
Fouette est l’album du mois, loin de tout son musical référencé. Tenu par Timo à la barre de tous les instruments; ce musicien hors pair va chercher des ambiances intimistes, d’autres évolutives favorisant la rêverie, le recueillement et la méditation. Un creuset musical prenant, de-ci de-là, des sonorités au rock, au jazz-rock, au blues, à l’ambient, au metal, et amalgamant le tout pour sortir un bonbon musical juteux et bouleversant. Une musique bourrée d’émotions qui fait réviser, méditer, laisse coi, et qui passe finalement trop vite, brassant élégamment les genres précités.
Brutus
https://fouette.bandcamp.com/album/subliminal-messages
https://youtu.be/sxtw7-vNPDM
21/04/2024 : Cloud People - Simulacra
Cloud People
Simulacra
rock progressif – 43:00 – Norvège 2024
Cloud People est un groupe de six musiciens originaire de Bergen, en Norvège. Depuis sa récente création, le groupe cherche à expérimenter des sons et des expressions musicales fusionnant les dimensions énergétiques et d’improvisation des groupes de fusion jazz, de rock et même de metal, avec de la musique électronique (synthwave). Cloud People s'inspire, entre autres, des styles de Simon Green (Bonobo), Louis Kevin Celestin (Kaytranada) et de leurs compatriotes Todd Terje et Motorpsycho.
Ainsi pouvons nous déduire que «Simulacra» est le résultat dynamique et varié, plein de motifs rythmiques, de mélodies mélancoliques et de météorites euphoriques, qui différencie la musique de Cloud People de ce que peut proposer Seven Impale, dont les deux frères Widerøe sont membres fondateurs.
La présence du saxo apporte un peu de relief organique, ajoute à la sensualité de l’ensemble et la puissance des percussions métronomiques constitue la colonne vertébrale qui permet au reste du groupe de s’exprimer en confiance.
«Simulacra» est un album instrumental dont les seules voix créditées sont des harmonies sans mots sur «Area 91» et une série d'échantillons de monologues contribuant au thème général des conspirations et de la légende des OVNI.
Donc, après la sortie du dernier Seven Impale qui avait mis en suspens son activité depuis 2017, vous avez droit à un excellent bonus en direct de Bergen, où le repos des six dernières années fut sans nul doute propice à la création, car non seulement le groupe a sorti «Summit» en mai 2023, mais les deux frères soumettent leur premier album studio à votre écoute exigeante.
Publius Gallia
https://cloudpeople1.bandcamp.com/album/simulacra
https://www.youtube.com/watch?v=IYwLK362bc8
22/04/2024 : MVI (Mark Vickness Interconnected) - In The Rain Shadow
MVI (Mark Vickness Interconnected)
In The Rain Shadow
éclectique / jazz / ambient / progressif acoustique – 42:16 – États-Unis 2023
Marc Vickness est un guitariste titré: master en composition! Mais il a aussi étudié le piano, le sitar, le tabla... Il évolue comme musicien dans des groupes qui vont de la Motown aux big bands de jazz, compose pour orchestres des BO de films ou des danses.
Mais je dois avouer que je le découvre... La journée n'est donc pas perdue. Et loin de là, car j'aime sa musique kaléidoscopique!
Entouré de Dan Feiszli (basse), Matt Renzi (vents), Mads Tolling (violon), Joseph Hebert (violoncelle), Ty Burhoe (tabla) et MB Gordy (percussions), il offre 9 instrumentaux quasiment acoustiques, servis par une mise en son parfaite, le genre de disque pour redécouvrir à travers la chaîne hifi, le grain des instruments, ou, avec un tout autre niveau d'attention, pour rêver!
Parfois folk, telle l'intro «High Desert», mais que viendrait y faire un hautbois et des tablas dans ce cas? Inclassable.
C'est un peu jazz aussi (mais je ne parviens pas à citer le morceau évoqué, n'hésitez pas à m'aider, en commentaire) et un peu Penguin Cafe Orchestra dans «The Gorge», mais les tablas et la virtuosité d'un solo de guitare électrique font sortir des limites, pourtant déjà très larges, que j'essayais de définir avec «jazz/penguin». Inclassable, aussi. Comme l'est, en fait, chacun des morceaux de cet album.
«Alluvial Fans» et «Stillness (for Will)» seraient quasi ambient, mais aussi un rien minimalistes par ces attaques de violons.
«Cloud Shadows» me fait croire, un instant, être sur un dromadaire au pas, nausée en moins, mais il y en a assez peu en Californie dans le désert Owen, car il est la source d'inspiration, qui coule à flots (pas sûr de cette métaphore!).
«On the Cliffs of Mohr» où Bach chemine dans la lande celte et le titre éponyme concluent ce délicieux moment hors du temps. Soyez curieux et découvrez MVI vous aussi!
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/intl-fr/artist/0ihY73aDoJkEkEkhnyRt0r
https://www.youtube.com/watch?v=68unZ9AKFLk
23/04/2024 : Path of Ilya - Heterostasis
Path of Ilya
Heterostasis
folie orgastique – 61:30 – France 2023
Path of Ilya est un trio français instrumental qui a choisi «un voyage musical non contraint par un style particulier mais qui lui est propre» (dixit le groupe). André Marques à la basse, Bruno Chabert à la batterie et Jean-Joseph Bondier aux guitare et platines (!) nous embarquent dans un tourbillon fantasmagorique où se mêlent, avec un bonheur certain, un funk emballant à la façon jazz-rock et… je ne parlerai pas de progressif cette fois, un psychédélisme énervé, le tout enrobé d’une empathie pour le metal fun hérité des années 80, celui qui touillait le hard et le funk justement pour accoucher d’un genre rock encore inusité. C’est emballant, avec une french touch de dérision, du moins c’est ce que j’ai semblé détecter, enfin une musique touche-à-tout, parfois orientalisante («Palitana Sarando»), d’aucuns diront un foutoir patraque qui doit aussi à un certain Frank Zappa mais encore à Steve Hillage parfois pour le son que tire J.J. Bondier de sa guitare, parfois couplé au scratch de la platine (c’est comme ça qu’on dit?!). Donc, les progueux pur jus ne seront pas vraiment à l’aise ici; un esprit large et ouvert par contre saura débusquer l’ironie qui se dégage de ce bric-à-brac farfelu et merveilleux à la fois, sept titres auréolés d’un bonheur jubilatoire, avec la louche qui puise dans toutes les marmites du rock pour napper la galette d’une sauce multicolore qui nécessite plusieurs écoutes, autant pour le plaisir retiré de certains riffs que pour assimiler (si c’est possible) la folie géniale de ces trois gaillards. Déjà auteur d’un premier opus en 2018, l’éponyme «Path of Ilya», le trio a bien raison; ils ont reconstitué en un tout un style qui leur est propre, je pense pouvoir écrire du jamais entendu ou juste parfois, comme ça en passant, des rappels de certains trucs, mais l’impression est excitante au possible! Une oreille quand même à arrimer sur les «Giboulées ahurissantes», perle exquise au cœur de l’album pour ceux que la chronique aurait effarouchés… Sont forts ces petits Frenchies!!
Commode
https://pathofilya.bandcamp.com/album/heterostasis
https://www.youtube.com/watch?v=rWIFzirBKaw
24/04/2024 : Barrus - The Kids
Barrus
The Kids
rock atmosphérique / dépressif – 37:19 – Pologne 2024
Barrus est le pseudonyme du guitariste Rafał Lipka. En 2010, il fonde Eyewash, thrash metal. Le groupe se sépare en 2018 et Barrus se lance dans l’élaboration d’un rock atmosphérique glacial, mélange de guitares chatoyantes et stridentes, d’airs dépressifs et de saturation musicale. Son 2e opus explore l’abandon; des textes métaphoriques sur la perte, des cris, une aventure avant-gardiste traumatisante.
«Dream Bible» arpège sombre, tel un pamphlet religieux, une ode contenue avec un tambour saccadé; errance musicale austère avec un solo guitare arraché, virevoltant, des voix en arrière et un final psyché. «The Kids» grincement de gond de porte; air flirtant sur du King Crimson strident; une continuité indé-alternative avec voix growl un temps et une guitare décousue, un final avec bruit d’avion pour le voyage sans retour. «Siarka» voix off phrasée sur une saturation guitare comme testament de la déchirure; les sons semblent sortir d’une recherche avortée angoissante avec un final en crescendo. «Zgliszcza» avec l’arpège qu’un Robert Smith jouait au départ dans The Cure, moment dark wave. «Wilk» apparaît, mélodie latente qui flirte entre la tristesse et l’espoir musical; les vocaux aidant à cet espace d’ouverture et la guitare répétitive captant l’oreille.
«Brak» revient au climat latent, sombre sur les premiers Dead Can Dance froids; le mitraillage batterie fait sortir de la torpeur avant d’y replonger encore avec ce rythme syncopé. «Ghost» prolonge cette atmosphère qui peut rappeler les travaux des Tenhi et Mono avec des sons abruptes, froids, monocordes et dépressifs où se baigner devient une délectation; air où la torpeur musicale provoque une beauté binaire envahissante. «The Barrus» sensation d’orage au loin avant la venue réverbérante de la guitare, slide contemplatif comme dans «Paris, Texas», doom plus qu’atmosphérique. «Postrain» arpège guitare cristallin qui dénote avec l’atmosphère générale ressentie; le final donne une gaieté relative sur un Anathema édulcoré, un Tenhi archaïque.
Barrus combine l’alternatif avec l’art-rock glacé, emmenant l’auditeur sur des terrains austères où le mid-tempo est de base; musique primaire avec guitare et voix basique pour saisir, instrumentation de la vie tel cet orage, ces réelles gouttelettes d’eau formant un espace cinématique; un album récit, bande-son d’une vie de rupture, de coupure et d’émotions douloureuses.
Brutus
Bandcamp: https://barrus.bandcamp.com/album/the-kids
YouTube: https://youtu.be/ohHxPQq0K_g
24/04/2024 : Los Disidentes Del Sucio Motel - Breath
Los Disidentes Del Sucio Motel
Breath
stoner / progressif – 26:00 – France 2023
LDDSM pour les intimes est un groupe strasbourgeois, créé en 2005, naviguant dans la klonosphère entre stoner, prog et metal.
Le quintet a sorti son quatrième album «Polaris» en 2021 et vous les avez peut-être vus défendre ce dernier au «Hellfest» en juin 2022.
Cet album a été influencé par l’arrivée de Katia (basse, claviers), intégrée au sein de la formation en 2019 et a beaucoup contribué à donner un nouvel élan au groupe. Depuis, les racines stoner originelles se marient, de plus en plus fortement, à de nouvelles sonorités orientées rock progressif.
C'est du gros son avec des guitares bien lourdes et des motifs qui reviennent parfois en boucle, une batterie survoltée avec des breaks puissants et rapides, bref de la musique riche en testostérone. Chantant majoritairement en anglais (mais aussi en espagnol) le groupe ne tombe pas dans le travers de hurler ni de faire du guttural. La musique saura enthousiasmer autant le bucheron que le mélomane épris de sonorités aériennes et psychédéliques.
Cédant aux sirènes de l’unplugged, l’EP dont il est question aujourd’hui se compose de reprises acoustiques des titres «From 66 to 51» de l’album «Soundtrack From The Motion Picture» sorti en 2010, «Z» de l’album «Arcane» sorti en 2013, et de trois morceaux du dernier opus, «Polaris», de 2021.
Pour avoir survolé les titres en version originale, je dois avouer que mon cœur penche, sans conteste, pour cette relecture dans laquelle LDDSM offre une toute nouvelle approche de leurs morceaux, mettant en avant les guitares acoustiques, le violoncelle ou le piano pour emmener dans un voyage folk majestueux, mélancolique et poétique où les harmonies vocales sont mises en valeur d’une manière sublime. Trop court!
Publius Gallia
https://lddsm.bandcamp.com/album/breath
https://www.youtube.com/watch?v=ig2HGYPM55o&list=OLAK5uy_nZd3ac-wewVZHEFc70nSwcmPBVNvnb9Hk&index=3
25/04/2024 : Oiapok - OisoLün
Oiapok
OisoLün
jazz / progressif futuriste – 39:03 – France 2023
Cette belle et féconde terre de France dispense l’éclosion d’une nichée de groupes aventureux et passionnants, une portée cette fois venue de Strasbourg avec un patronyme fleurant le courant zeuhl mais qui n’en est pas, enfin pas vraiment même si l’on ressent l’esprit. Pas moins de dix personnes composent cette belle équipe, avec des instruments qui reniflent, à l’énoncé, une épopée progressive épicée (trombones, harpe, xylophone, vibraphone, flûtes). Oiapok pratique un rock progressif fantasque en chamboulant les codes, puisant dans des similitudes jazzy qui font rebondir la musique sur un trampoline de funk et de rythmes afro-cubains, si, si… On croit découvrir un de ces groupes français oubliés des seventies, furieusement enjoués comme Spheroe, Zao, Chute Libre et consorts, pour ceux qui n’ont pas oublié ces époque et école dorée d’un jazz-rock tous azimuts éclos dans mon cher pays. Pourtant, modernité oblige, c’est vers Jagga Jazzist, Stereolab, King Gizzard and the Lizard Wizzard qu’il faut se tourner pour y chercher quelques points de comparaison. Je rajouterais malgré tout une pincée de Magma pour certaines tournures inévitables, comme porteuses d’un souvenir léger comme une volute de cigarette. Avec son instrumentation en dehors des habitudes rock, Oiapok reconstitue un territoire de nouveau à défricher et je n’hésite pas à inclure Yes dans la danse, certaines fulgurances chatouillant l’oreille quand le niveau de composition s’élève. Je rassure le lectorat, il est déjà bien haut! Voici donc de multiples raisons de découvrir le premier opus des Alsaciens qui se sont lancés dans une aventure des plus réjouissantes. Le résultat de deux années de studio et de live se ressent à l’écoute et on se dit qu’on n’a pas fini d’avoir tout entendu, qu’Oiapok peut encore non pas faire mieux mais déjà un futur album du même acabit serait un vrai bonheur. Décidément, notre époque mérite-t-elle des formations de cette envergure? J’espère que nous ne serons pas quelques-uns à savoir d’où vient le bonheur musical…
Commode
https://oiapok.bandcamp.com/album/oisol-n-first-album-release-02-09-2023
https://www.youtube.com/watch?v=6E6uP_zxrvY
26/04/2024 : Nouvelles Lectures Cosmopolites - Le Crépuscule des Souris
Nouvelles Lectures Cosmopolites
Le Crépuscule des Souris
expérimental / musique concrète / néoclassique – 53:09 – France 2024
La musique de Julien Ash reste toujours étrange et souvent inclassable quant au style et aux influences. Des sonorités qui, dans un univers parallèle, auraient marié la poésie noire et les textures électroniques de facture Pierre Henry (ce qui n’est pas un compliment). Ce «Crépuscule des Souris» évoque plutôt les rats qui infestent les cités obscures loin de celles de François Schuiten. Voyage crépusculaire aux accents néoclassiques dans la première partie de cet opus auquel collaborent François Porte, Aloïs L. (Poison Bleu) et Erwann Mercier qui, avec Raphael Lejeune, forme le duo de Synth44. Mélodie qui doucement prend des teintes mélancoliques marquées par un rythme construit en rinforzando. Dix-huit minutes pour nous amener en douceur dans ce monde où les dernières lueurs du jour s’éteignent, laissant un voile d’angoisse nous envelopper. Mélodie flûtée en seconde partie évoquant la solitude et encore la noirceur des zones ténébreuses des cités où se perdent les pas du promeneur solitaire. Une première partie qui s’achève par un climax obscurci de brumes impénétrables où se languit un violon qui doucement s’efface dans l’oubli. «Falling from Beneath» s’habille d’un rythme épousant des notes électroniques en cascades. Phrasé plus enjoué sans être joyeux, les nuages de la nuit s’écartent pour laisser passer un rayon de lune. Mais au bout de quelque quatre minutes, le rayon disparaît derrière ces nuages qui se montrent plus menaçants. Voix étranges des abîmes. Flottement dans les zones abyssales de l’esprit. Clignotements de lumière noire. «La Nuit du Rongeur» se démarque par son côté féerique qui m’a rappelé la BO du film «Legend» de Ridley Scott ou encore celle de l’excellent «The Company of Wolves» de Neil Jordan. Sons cristallins du glockenspiel, perles de voix séraphiques, violon et flûte enchanteresse, notes de harpe qui s’ouvrent en corolle. Gemme de mélancolie condensée d’une grande beauté. Le crépuscule ferait-il place à l’aurore? Las, la flûte survole un canevas obsédant des plus sombres durant les deux premières minutes de «Die Blume, die alle Ratten gefällt» (la fleur qu’aiment tous les rats) avant de céder le place à de nouvelles couleurs plus proches des lumières de l’aube. Ainsi, alternant luminescence des sons et ambiance dépressive, Julien nous mène au bout d’un voyage mélancolique et parfois même dépressif où perlent cependant des moments de magie où les (chauves-)souris se muent en fées vespérales. Un album d’une poésie sombre qui réveille des émotions insoupçonnées. Le seul bémol (mais il est hélas de taille!) se situe dans ce bruit aigu agaçant qui vrille les tympans, accompagné d’un bruit de crécelle qui n’apporte rien et qui, bien au contraire, gâche l’ensemble des deux premières plages et la dernière dans une moindre mesure. Un gommage serait de bon aloi mais ce n’est que mon avis d’auditeur (déjà partagé par d’autres qui ont entendu l’album).
Clavius Reticulus
https://musiquemoleculaire.bandcamp.com/album/le-cr-puscule-des-souris
27/04/2024 : Corde - Schema
Corde
Schema
electro folk – 36:56 – France 2024
Un trio de barbus lillois de post-rock/electro folk instrumental qui existe depuis 2019 et se produit sur scène, depuis 2021. On peut également qualifier le groupe de «classical ambient» ou bien encore de «néo-jazz» selon les morceaux.
C’est le deuxième album dans lequel Corde propose, sur dix titres d’une durée de 3 min à 4 min 30 s, des musiques instrumentales les plus narratives possibles et visuelles. L’expérience visuelle se poursuit d’ailleurs à travers des clips mais également et surtout sur scène où nos artistes projettent des petits courts-métrages ou des séquences évocatrices.
Ce trio lillois fusionne le violon, le folk et la musique électronique, créant une expérience sonore suggestive et envoûtante. Les mélodies ensorceleuses et les arrangements puissants du post-rock caractérisent cet album, offrant une plongée dans les limbes de l'âme humaine. La magie opère grâce à des envolées de violon équilibrées par des beats percutants, créant une atmosphère onirique et mystérieuse.
Si le violon est central dans la musique, il n’est pas seul puisque des synthés sont omniprésents. Le tout est soutenu par une batterie métronomique et riche.
Notez que le mastering a été réalisé par Benjamin Savignoni (Alpha Blondy, Matmatah, Véronique Sanson, CharlÉlie Couture…)
Le premier rendez-vous de présentation de cet album est fixé à la maison Folie Beaulieu de Lomme, à 20 heures, le 29 mars, date de la sortie du disque. Sinon, le 10 avril, vous pouvez les retrouver sur l’équipement culturel flottant «Petit Bain», dans le 13e arrondissement à Paris.
Publius Gallia
28/04/2024 : Chuck van Zyl - Gwynedd
Chuck van Zyl
Gwynedd
ambient / space music / Berliner Schule – 61:22 – États-Unis 2023
Comme beaucoup de compositeurs d‘obédience électronique, Chuck van Zyl – alias Xyl – nous offre de longs voyages dans l’espace profond constellé de corps célestes qui n’ont pas encore été ni nommés ni même répertoriés. Et devinez à qui ces compositions font penser? Au grand Klaus, évidemment. C’est du domaine du sublime. Dans ses créations sorties cette même année, on trouve aussi cette très très longue suite baptisée «Stars Landing», divisée en cinq parties portant toutes le titre «Night Riders»; cinq plages cosmiques dont certaines dépassent l’heure d’écoute. Je ne puis trop recommander cet opus pour les boulimiques de Berliner Schule (comme votre serviteur) et particulièrement pour la troisième partie. À l’instar du The Rosen Corporation de Peter Baldwin, il semblerait que Chuck ne puisse arrêter la machine une fois celle-ci lancée dans de superbes improvisations. Plutôt que de me voir embarqué pour de longues heures d’écoute afin de vous concocter une chronique (je l’ai dit: je ne me contente jamais d’une seule écoute), quoique ce serait avec le plus grand plaisir, j’ai préféré vous présenter cet album d’un concert réparti sur deux plages dont une totalisant plus de 40 minutes. Concert intégral du 9 avril 2022 au «Gwynedd Friends Meeting Coffee House» à Gwynedd (of course!) en Pennsylvanie. La première session d’un peu plus de 20 minutes s’apparente très fort à l’album «Mirage» de Klaus Schulze pour sa fluide ambiance et ses accents oniricosmiques nappés d’arpégiateur bien tempéré. Le vaisseau aux voiles solaires flotte dans un infini irisé telle la caresse d’une brise printanière vénusienne. La coda dessine l’image du navire qui s’éloigne vers l’infini, avalé par un portail luminescent. «Mesmerism Mechanism» prend le relais et allume un séquentiel simple dont les quelques pétillements auxquels s’additionnent des mouvances en cascades et une note obsédante de basse nous dévoilent une étonnante similitude avec le «Crystal Lake» de KS (ce merveilleux album «Mirage», encore, référence incontournable du Maître). Hypnotique et envoûtant d’un bout à l’autre au fil des minutes, le titre mérite amplement son nom. On est lové dans un cocon quantique où notre imaginaire s’ouvre lentement aux paysages magiques suggérés par ces notes miroir, léger écho d’un autre multivers. Construction mélodique très simple, faite de quelques notes déclinées à l’infini, tressées en moire flottant dans les vents stellaires, d’un calme pénétrant, reflet d’une sérénité astrale créatrice de mondes vaporeux; l’âme plane dans des strates arc-en-ciel où le divin se révèle et s’impose comme une nouvelle réalité transcendentale faite de non-matérialité et d’immortalité subliminale. Et l’on s’envole tout au bout du rêve, là où tout est vibration, au risque de nous métamorphoser en pur esprit.
Clavius Reticulus
https://chuckvanzyl.bandcamp.com/album/gwynedd
29/04/2024 : Magnesis - Neige en Décembre
Magnesis
Neige en Décembre
rock progressif / symphonique – 41:00 – France 2023
Le dernier fleuron du rock progressif français à l’ancienne est sorti. Inévitable Magnesis, gardien du temple, s’il n’en reste qu’un ce sera celui-là. Présent depuis 1992 dans le paysage du prog’ théâtral, Eric Tillerot, dernier dépositaire des clefs du royaume, a rassemblé sa bande de ménestrels une fois encore pour distiller non pas la bonne parole, pas de chant cette fois, mais un rock progressif enchanté en deux grosses parties, «Neige en Décembre Partie 1» et bien sûr, j’allais dire sur l’autre face, «Neige en Décembre Partie 2». Oui, eux aussi s’étonnent des saisons qui s’affolent «jadis, on vit de la neige en hiver…» Un seul changement au line up: Ivan Jacquin a été remplacé par Jean-Pierre Matelot aux claviers. Sinon, autour d’Eric, on retrouve le duo qu’on aime: Denis Codfert (batterie, percus) et Fabrice Foutoillet (guitares) et l’on est saisi par l’audace et l’ambition manifestées en voulant faire deux instrumentaux d’environ vingt minutes chacun. Non pas qu’on ne les savait pas capables de le faire mais avec autant de bonheur, certains me rappelleront que Magnesis a déjà inauguré le tout instru en 2017 avec «Prés en bulles…», un peu plus long même, mais cette fois c’est la plénitude de l’art qui s’instaure sous le blizzard d’une nuit de décembre. Non, j’avoue, perso, j’avais peur de moments plus faibles (n’est pas Yes qui veut), mais la réussite est absolue! Jamais ampoulé, sans fanfreluches ostentatoires, Magnesis a réussi l’album instrumental quasi parfait en jouissant d’une guitare qui n’est pas sans rappeler Rothery et des claviers, Mellotron et piano inclus joués par Eric Tillerot qui ne chante donc pas, je le rappelle… Sont invoqués les grands anciens mais on pense aussi à Pendragon, IQ et l’école néo-prog qui n’est pourtant pas le plat de résistance habituel du groupe. L’expérience de plus de trente ans de compositions a permis d’arriver à cette maturation inattendue; Magnesis a accouché d’un maître-album comme au temps du petit Charlot, sans paroles! Les atmosphères déployées au gré des deux morceaux sont d’une beauté grandiose, sans baroque fanfaron ni maniérisme affecté, ils sonnent juste et explorent tous les versants du rock symphonique. Magnesis est dans l’âge mur et séduira de nouveaux adeptes, sans pour autant délaisser les anciens qui seront, comme moi, subjugués par l’ambiance générale. Vive le vent d’hiver…
Commode
https://youtu.be/TByHhC-MIms?si=Bcj_mkmwWu7mZX2o
30/04/2024 : Henrik Meierkord - Zeitreisen
Henrik Meierkord
Zeitreisen
ambient / musique minimaliste – 40:35 – Suède 2023
Henrik Meierkord vit à Stockholm avec son violoncelle (il a aussi un coin où il range alto, contrebasse et guitare), l’instrument qu’il met en avant dans ce voyage dans le temps (c’est la signification de l’allemand «Zeitreisen») en dix étapes, et qu’il complète d’autres cordes et de pédales d’effets: moins avant-gardiste que sa consœur islandaise Hildur Guðnadóttir (elle multiplie les collaborations osées, de Pan Sonic à Hauschka, en passant par Throbbing Gristle, múm, Animal Collective ou Sunn O))) – le tiret cadratin n’est là que pour éviter la confusion de parenthèses), il se glisse entre les strates temporelles avec des sons à l’évolution lente (on pense parfois au compositeur américain Phill Niblock, en plus mélodieux), toquant furtivement (comme Obélix chez Falbala) à la porte du rêve éveillé, puisant dans un passé lointain nimbé d’une religiosité agnostique, cultivant des textures mélancoliques, élongées, qui étirent le temps comme pour nous en donner plus.
Auguste
https://projektrecords.bandcamp.com/album/zeitreisen
https://www.youtube.com/watch?v=91X563QGkP8