Août 2022

01/08/2022

Astral Magic
Magical Kingdom
space rock / psyché – 41:66 – Finlande ‘22
Alors, si je compte bien, Santtu Laakso, le bassiste du groupe finlandais de space rock psychédélique Dark Sun, formé en 1991, en est (déjà) cette année-ci à son huitième album sous le nom Astral Magic! Un projet, rappelons-le, qu’il a lancé durant la période de confinement forcé par le virus de funeste réputation qu’il ne faut plus présenter. Nous restons dans la galaxie Hawkwind avec quelques accents floydiens de la période Syd Barrett pour ce qui est de la première plage. Surtout pour la partie vocale mais pas que. Les volutes mélodiques du Faucon créent l’incontournable ambiance pour la suite. Le côté psyché est, lui aussi, bien présent avec ce qu’il faut de reverb, d’écho et de bruitages cosmiques vintage bien typiques au genre. Mais notre artiste finlandais mêle merveilleusement ces composants à un space rock bien martelé par une rythmique diabolique et des partitions de synthé plus subtiles que dans pas mal de compos du groupe fétiche auquel je fais référence. Au croisement des galaxies, il se pourrait que Santtu caresse çà et là une approche plus prog, tout en se gardant de quitter son vaisseau spatial dont il connaît à fond les commandes. Les interventions du saxo, évidemment, ne peuvent que nous faire sentir une fois de plus le souffle du Faucon. Mais à aucun moment on ne pourra reprocher au compositeur de se contenter de cloner les maîtres du space rock. C’est surtout dans le jeu lumineux des claviers synthétiques et par des riffs de guitare cinglants qu’il s’en démarque et pose définitivement sa griffe mélodique. Un excellent cru que celui-ci.
Clavius Reticulus
https://darksun.bandcamp.com/album/magical-kingdom

https://www.youtube.com/watch?v=8lGwrPpQKwg

02/08/2022

DAAL
Daedalus
eclectic prog – 58:30 – Italie ‘22
DAAL est le duo italien formé en 2008 par Davide Guidoni et Alfio Costa proposant une musique singulière multicouche à base métal, planant, stoner; groupe décrivant instrumentalement des atmosphères oniriques, contemplatives et mélancoliques sur l’état du compositeur. Concept album, le 7e, sur le mythe d’Icare voulant surmonter ses limites, ici l’expérimentation sans fin symphonique, obscure, complexe et tourmentée. Ettore et Bobo les secondent dans cette introspection.
6 morceaux plus 3 sur la version de luxe; un «Journey Through The Spiral Mind Part 1&2» en ouverture et fin de 22 minutes plongeant dans des couches minimalistes synthé, dans des overloops endiablés, des atmosphères des Pink Floyd puis des réminiscences crimsoniennes, des envolées spleen avec un Mellotron. «Icarus Dreams» au groove puissant et percussions tribales, «Painting Wings» pour le spleen onirique, sombre et introspectif mettent l’ambiance où il faut.
«Labyrinth 66 Part 1 & 2» avec un univers électro-spatial au lent crescendo à la limite de l’improvisation renforce le climat austère; la 2e partie renvoie aux notes frippiennes, sur Zappa pour la lecture de la guitare tourmentée avec une cascade cristalline. «In My Time Of Shadow» suit pour le morceau onirique au spleen avéré; une ballade progressive mélancolique admirable, un air contemplatif vintage et le son hackettien pour achever de vous faire fondre.
La version de luxe propose «Minotaur» à l’intro éprouvante, recherche du son de la création du monstre. «Sunrise» suit avec une évolution de l’air amenant clarté et solennité. Enfin «Moonrise» enfonce le clou par un air tourmenté, soleil couchant laissant la lune éclairer le monde, contraste de notre vie en dualité.
Daal nous plonge dans un univers rempli de mélancolie jouissive, de réminiscences vintage, allant du King Crimson à Genesis en passant par Elton John pour les soli piano intimistes. C’est beau, complexe car instrumental mais c’est très émouvant, donc enclin à l’écoute méditative.
Brutus

https://daal.bandcamp.com/album/daedalus

https://www.youtube.com/watch?v=2g7CXexk_4c

03/08/2022

Crystal Palace
Still There
néo-progressif – 76:13 – Allemagne ‘22
Crystal Palace (Crystal Palace Music) a été fondé à Berlin, en Allemagne en 1991. Le seul membre fondateur restant aujourd'hui est Jens Uwe Strutz, qui à l'époque ne s’occupait que de la basse. Le premier album «On the Edge of the World» est sorti en 1995.
S’il a débuté sa carrière en jouant un style de rock mélodique AOR, le groupe a rapidement fait évoluer son exploration musicale vers le rock néo-progressif classique, avec des similitudes de style avec des artistes comme Marillion, Pendragon et Saga.
Et bon an, mal an, Crystal Palace est «Still there» et nous présente son 11e album studio. Ce dernier, il faut le noter a été mastérisé par un certain Martin Schnella (Flaming Row, Seven Steps To The Green Door, Frequency Drift…) qui a réalisé un album très bien soigné.
Tout cela nous donne un mélange cohérent de passages tantôt rêveurs et tantôt plus lourds recouverts d'une ambiance mystérieuse et de voix chaleureuses similaires à RPWL et Porcupine Tree avec des passages de néo-prog inspirés de Pink Floyd, mais aussi par des groupes de rock comme U2 ou même Coldplay.
Une bonne alliance de Prog Rock et de Metal incluant de nombreux breaks et parties acoustiques.
L’album de référence du groupe est, de l’avis de tous, «Dawn of Eternity» sorti en 2016. Sans en atteindre le niveau, «Still There» propose des mélodies néanmoins plus complexes et qui parviennent à tenir l'auditeur attentif à chaque développement au travers d'arrangements souvent intelligents et de mélodies qui, sans être immédiatement transcendantes, se révèlent efficaces à tous les coups. La musique est construite sur des structures évolutives avec des claviers électroniques bien variés et des envolées de six cordes planantes et aériennes. Par ci par là vous découvrirez également quelques bruitages et dialogues extraits (sans doute) de films.
Publius Gallia
https://crystal-palace-music.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=fw-5QU7VoBU

04/08/2022

Shiva Bakta
6/4 of Love
pop & folk – 41:12 – Italie ‘22
Voilà qui est clair, on va chanter l'amour en 6/4. Pas très prog comme métrique? Pas si clair, car par ailleurs la sortie de l'album s'est faite le 6/4. Ne nous torturons pas plus l'esprit, même si nous, les progueux, avons cette propension, enfin moi en tout cas. Ne nous torturons pas l'esprit, disais-je avant d'être impoliment interrompu par moi-même, car cet album pas très prog nous propose, au contraire, 40 minutes de relaxation, grâce à des ballades folk orchestrées, des ritournelles, des chansons pop, ponctuées parfois de pont musicaux du meilleur effet, tel celui de la chanson titre et ses 8 minutes. En 11 titres si vous ne parvenez pas à une grande décontraction, consultez.
C'est frais, très agréable, bien pensé; j'ai bien aimé que le 1er et le dernier morceaux soient des variations, bouclant la boucle, et, si vous avez mis la lecture perpétuelle, vous repartirez sans doute pour 40 autres minutes de rêveries langoureuses, sans, peut-être, vous en apercevoir.
Je termine en signalant que, quoi qu’Italien, notre hôte Shiva Bakta (i.e. Lidio Chericoni) chante fort bien, en anglais, ces chansons d'amour qui sentent bon le soleil et l'insouciance du sentiment amoureux de la fin des années 70, début 80.
J'ai même l'impression d'avoir une poussée d’acné. Il faut que je me soigne.
Cicero 3.14
https://shivabakta.bandcamp.com/album/6-4-of-love

https://www.youtube.com/watch?v=kz95aa2RJeg

05/08/2022

Dhidalah
Sensoria 認識
rock psychédélique / stoner – 38:11 – Japon ‘22
Groupe formé en 2013 à Tokyo dont le nom est tiré de la légende des dieux géants créateurs des montagnes, des lacs et des îles.
Albums précédents: «No Water» (janvier 2017) et «Threshold» (novembre 2019).
«Soma». Le trio attaque sans faillir en mode space/krautrock (rythmes motorik), guitare bien acide. Son son fait penser à Popol Vuh. Ash Ra Tempel aussi. J’ai par ailleurs vu le groupe au Desertfest Berlin très récemment (excellent). Incandescent et épique avec une bonne louche de stoner musclé.
«Invader Summer». Très cosmique avec un brin de folie à la Acid Mothers Temple (prochainement en tournée européenne). On navigue sur les territoires de Monster Magnet et d’un Hawkwind survitaminé. Des riffs monstrueux et une frénésie d’électricité dévorent mon esprit. Pour les amateurs de space rock et de stoner c’est un choix pertinent. Une agressivité musicale à la Flower Travellin Band. Pas de répit dans cet enfer cosmique.
«Dead». Illusion d’un calme retrouvé. Ce morceau est plus apaisé mais la tempête spatiale va reprendre son souffle après cette pause acid folk. C’est un groupe que j’espère revoir l’an prochain.
«Black Shrine». La pièce de luxe de l’album, 20 minutes de trip. Entre Isabelle Boulay et Plastic Bertrand avec des riffs à la Alan Williams des Rubettes, mais je m’égare. Un monolithe stoner qui rappelle Electric Moon. Le trio sort ses tripes pour nous faire apprécier notre joug psychédélique et j’en redemande, en bonne victime consentante du space rock. Heavy, trippant et furieux. Répétitif et parfois reposant mais toujours addictif. Une merveille d’épopée spatiale au son chaleureux. Je pense parfois à Bridge of Sighs de Robin Trower. Hendrixien forcément. Le Japon ne manque pas de bons groupes avec Dhidalah ou Minami Deutsch. Dommage que les excellents Kikagaku Moyo aient cessé (excellent concert parisien il y a 6 jours).
Fatalis Imperator

https://dhidalahggb.bandcamp.com/album/sensoria

https://www.youtube.com/watch?v=_zEraq-g4HI

06/08/2022

Profondo Scorpio
Profondo Scorpio
jazz soundtrack – 41:32 – France ‘22
Enregistré à Caen pour se coller aux pellicules (poisseuses, depuis le temps) des films italiens mi-policier, mi-horreur, mi-érotisme des années ’60, genre étrangement nommé «Jaune» («Giallo») pour ceux qui le désignent sous le qualificatif «noir», au fond tout aussi étrange – mais ce n’est qu’une affaire de dénomination (comme de couleur de peau) –, ce premier album, éponyme, d’un quartet jazz qui se choisit un nom (Scorpion Profond) comme d’autres élèvent des serpents, collecte les scènes plus que les chansons, qu’il sépare d’intermèdes minimalistes plus ou moins bruitistes, de ceux auxquels on s’amuse entre deux prises, quand le réal’ a déjà poussé son «Coupez!» mais n’a pas encore crié «Moteur!». Simples, efficaces, typées bien sûr, les compositions (signées Samuel Frin, le sax baryton qui, sous des contours polis, peut geindre comme on déchire une mince feuille de zinc) sont pleines d’images, inquiétantes, suantes, importunes (les poursuites – basse-batterie galopante –, les couteaux à cran d’arrêt gouttant le sang de cinéma) – et de chaleur.
Auguste
https://profondoscorpio.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=aqnP_q3yBGo

07/08/2022

OU
One
métal progressif – 41:11 – Chine ‘22
Le groupe OU nous arrive tout droit de Beijing (Pékin pour nous) en Chine et est composé de Lynn Wu au chant, Anthony Vanacore à la batterie, Jing Zhang aux guitares et Chris Cui à la basse. Notons que c’est à l’initiative d’Anthony que le groupe a vu le jour. Lorsque Wu est arrivée au chant (éthéré, cela va sans dire), la dynamique du groupe s’en est trouvée augmentée (et c’est la vraie réalité!).
Dès la plage d’introduction («Travel 穿»), la musicalité de la formation nous éclate au visage puisque nos amis nous invitent, sous un rythme enlevé, à partager des mélodies, ce qui n’est pas la caractéristique la plus courante de ce côté du monde. D’autres gammes vocales nous sont offertes sur «Farewell 夔», développées sur une trame musicale digne des plus grands du métal progressif. Plus loin («Ghost 灵»), les claviers prennent le pas et nous entraînent dans un monde fantomatique. Notre bonheur d’écoute se poursuit sur «Euphoria» avec le retour du chant sur un univers par moments planant. Retour à des ambiances plus musclées avec «Prejudice 豸». «Dark 暗» déboule ensuite sur une rythmique plutôt complexe, digne des grands groupes progressifs.
En résumé, précipitez-vous sur ce bel album car, comme aurait dit l’autre, «Le jour où la Chine s’éveillera» (musicalement…).
Tibère

https://www.youtube.com/watch?v=8mle4vtHI4E

https://www.youtube.com/watch?v=SboaUdSEpzw

https://www.youtube.com/watch?v=uoKL23zNg7w

08/08/2022

Electric Mud
Lost Places
rock progressif / electro-planant – 43:39 – Allemagne ‘22
Une nouvelle galette pour ce projet allemand dont nous vous avons déjà parlé sur cette page. Ça vient de sortir. Il s'agit néanmoins d’un album particulier puisqu’il regroupe des «fonds de tiroirs» (vous savez des morceaux un peu brouillons, pas totalement achevés, qu’on aime bien mais qu’on n’a pas suffisamment finalisés pour les intégrer dans un album).
Sept pistes instrumentales inédites qui s’éloignent assez des terres sillonnées jusqu’à présent par le groupe dans ses diverses productions. De l’intimiste, de l’atmosphérique, parfois même du carrément ambient, et même du krautrock sur «Giant Kraut Chromosome» qui rappelle, à sa façon, le célèbre Neu. Cette musique bigarrée va respirer ailleurs, on ne s’en plaindra pas. Elle nous vaut de beaux moments introspectifs, mystérieux («A digital phantom - the plus in 0+1»), parfois symphoniques («Empress of the last days»), où le groupe revisite les expérimentations teutonnes passées. Certes des morceaux «oubliés», mais que l’on découvre avec délectation.
Une riche idée d’avoir déterré ces vieilles choses.
Centurion
https://electricmud.bandcamp.com/album/lost-places
https://www.youtube.com/watch?v=urbf3Qz5dOo

09/08/2022

the Gathering
Beautiful Distortion
experimental / post metal psyche / triprock – 48:15 + 21:57 – Pays-Bas ‘22
The Gathering s’est fondé en 1989, a hiberné en 2014 revenant après une pause Habitants; connu pour un son métal atmosphérique et la voix d’Anneke les faisant se différencier grâce au fameux «Mandylion» de 95 dont j’ai usé la lentille laser. Une progression vers un son expérimental, Silje des Octavia Sperati continuant la magie avec les frères Rutten; un paysage sonore électronique pour ce 11e album que je me retrouve à chroniquer, rêve d’enfant se réalisant.
8 titres dont «In Colour» plongeant dans la ballade mélancolique électronique avec la voix suave de Silje me rappelant la limpidité d’un Japan, puis break dévastateur comme au bon vieux temps de «Rescue Me». «When We Fall» électro répétitif aux riffs tribaux et malsains; c’est soft prog avec flûte apaisante. «Grounded» arpège aérien partant sur un rock cristallin période «If Then Else»; le riff énergique, guidé par une rythmique solide; montée solennelle onirique. «We Rise» au refrain puissant, montée qui démarque sur un moment de tristesse profond de René; Silje prolonge cet état mélancolique.
«Black Is Magnified» atmosphérique bucolique pour continuer dans la lignée d’Anathema, acoustique piano et guitare, en phase avec la période «Animals». «Weightless» percus tribales amenant l’auditeur en apesanteur; vibratos australiens en fond et voix hypnotisante. «Pulse of Life» réverbération de sons, transes vocales et électro; break cotonneux et final psychédélique mélancolique, paradigme musical. «On Delay» petit titre grand effet où la basse fait taper du pied; ballade sombre entraînante.
Un EP «Interference» est disponible avec «Strongers» en mille et une nuits envoûtant, entre psyché, électro et doom archaïque. «Disconnect» voix craintive, écorchée sur un riff de René. Puis «How To Measure A Planet - live Paris 2019» et une relecture soulignant l’envie de montrer les marqueurs du groupe sur une sophistication musicale psyché-ambient.
The Gathering a été un groupe majeur de la scène musicale atmospheric-doom. Ils reviennent ici avec un album passe-partout prenant de-ci de-là des sons et atmosphères de leur catalogue bien fourni. Au fil du temps, les titres se démarquent les uns des autres entre son spatial, hymne mélancolique et ballade bucolique austère où Silje a transcendé son isolement pandémique de belle manière; un album à ne pas mésestimer.
Brutus
https://thegathering.bandcamp.com/album/beautiful-distortion

https://youtu.be/sxT4pmHCMyE

10/08/2022

De Rossi e Bordini
De Rossi e Bordini
vintage RPI symphonique atypique – 55:43 – Italie ‘22
Que dire d'un duo prog, alors que je pense qu'un trio c'est souvent trop peu? Je crains par là que la musique servie soit un peu sèche, qu'elle manque d'épaisseur... Eh bien ce duo m'oblige à réviser, une fois de plus, mes jugements hâtifs.
Seuls, un batteur et un claviériste nous proposent 2 compos originales de près de 20 minutes chacune et 2 reprises d'un autre avatar de Bordini, celui qu'il a formé dans les années 70 avec Ruschelli aux claviers où ils produisirent «Opera Prima».
Ce nouveau duo, c'est De Rossi (qui participe aussi à Trapobran) aux claviers, tandis que Bordini garde les baguettes. Ils avaient participé à Cherry 5, un groupe un peu dans la mouvance Goblin.
D'abord il faut en passer par 2 minutes de déclamation en italien, avant que le feu d'artifice auditif ne se déclenche. Et là on en prend plein les esgourdes. Essayez d'imaginer l'énergie d'ELP plus celle de Goblin portée uniquement par une batterie et des claviers! Plus loin, les mélodies s'étalent peut-être un peu plus que de raison, mais à peine le temps de s'en rendre compte que le duo m'a emmené ailleurs, après 2 thèmes alternativement inquiétants et sautillants, et un break; la reprise symphonique (à 2!) légèrement orientalisante nous achève, le morceau et moi.
«La porta del buio» (porte des ténèbres) s'ouvre sur un piano et un métronome, sombres. La batterie est tout en cymbales, lorsque les peaux sonnent, le piano se fait alors plus chaotique. L'ensemble se poursuit vraiment dans la verve Emerson+Palmer dans ce qu'ils ont fait de meilleur sur scène avec une variété réjouissante, et se termine, inquiétant, plus Goblin que jamais.
Les 2 reprises sont live et montrent les limites d'un simple duo. «Nativita», accouchement difficile, peine à dégager une vraie direction au morceau. «Cammellandia», le 2nd, plus live encore avec son solo de batterie, ne change pas le ressenti, même s'il offre un joli thème final.
Mais rien que pour les 2 compos cet album mérite votre oreille attentive!
Cicero 3.14
https://maracashrecords.bandcamp.com/album/de-rossi-e-bordini
https://www.youtube.com/watch?v=2QBVPkYZyao

11/08/2022

The Winter Tree
Words: The World of W.B. Yeats, volume 1
rock progressif soft – 34:59 – USA ‘22
William Butler (WB) Yeats (né en 1865, décédé en janvier 1939) est largement reconnu comme l'un des poètes, dramaturges et prosateurs les plus célèbres d'Irlande. Il a remporté le prix Nobel de littérature en 1923.
Vous avez peut être déjà goûté de ses vers.
En effet, au cours de l'été 2019, Andrew Laitres compositeur/multi-instrumentiste, qui avait déjà travaillé sur son dernier album, «The Regal Bastard», a été invité à travailler sur un nouvel album pour le chanteur suédois Nad Sylvan.
Andrew a suggéré de faire un album de chansons en utilisant les poèmes du poète irlandais. Il s'est immédiatement mis au travail et, au cours de l'été et de l'automne, a adapté les poèmes en musique. Nad a choisi 11 des chansons et a arrangé et développé les compositions aboutissant à l'album «Spiritus Mundi», sorti en avril 2021.
Pour des raisons que je ne connais pas, Andrew Laitres a voulu prolonger l’aventure avec son propre projet: The Winter (anciennement Magus) un groupe formé en 1985.
Notre homme n’est pas catégorisable, il ne s’interdit aucune exploration allant du rock progressif (style Porcupine Tree) à l’électronique en passant pas la musique minimaliste.
Il a sorti 7 albums, de 1985 à 2010, sous le nom de Magus… et seize albums sous le nom de The Winter Tree depuis 2010, date à laquelle le groupe a été rebaptisé.
Cet album-ci est très acoustique avec 11 titres plutôt courts (de 1:02 à 5:14) pour un total d’à peine 35 minutes.
Aucune envolée progressive, aucune tension musicale. Ici, l’ensemble est au service du texte que mon niveau d’anglais ne me permet pas d’apprécier à sa juste valeur (on peut facilement trouver les poèmes). Je me laisse donc naviguer au son de sa voix chaleureuse (un je ne sais quoi d’Angelo Branduardi) que soutiennent les cordes et autres instruments à vent… Ambiances et harmonies folk, arpèges sur cordes nylon, production soignée… Pour une soirée intime autour du feu à sculpter des bouts de bois en regardant les étoiles.
«Osez la nouveauté» comme dirait M. Versmisse!
Publius Gallia

https://thewintertree1.bandcamp.com/album/words-the-world-of-w-b-yeats-volume-1

https://www.youtube.com/watch?v=bFxjOT00Lz0

12/08/2022

Lunear
Gostracks
covers pop/prog – 53:53 – France '22
Il s’agit d’un trio français qui surprend tout son monde avec un album qui n’est autre qu’un tribute, exercice parfois scabreux où chacun peut pêcher une version tout autre d’un de ses morceaux préférés. Pour être précis, je me dois de citer les dix covers ici proposés: «Turn it on Again» (Genesis), «Modern Love» (David Bowie), «Warriors of the Wasteland» (Frankie Goes To Hollywood), «Inside» (Stiltskin), «Sleeping Satellite» (Tasmin Archer), «Perfume» (Britney Spears), «Shake the Disease» (Depeche Mode), «Venice Bitch» (Lana Del Rey), «Renee» (Talk Talk) et «This is the 21st Century» (Marillion). Si on veut coller à l’épicentre du sujet qui nous rassemble, on a là du Genesis, du Marillion et un Talk Talk, trois groupes évoluant de près ou de loin dans la sphère progressive. Pour le reste, on doit se faire à la «progressivilité» imposée par Lunear à des morceaux qu’ils doivent forcément apprécier au départ. Je ne connais pas d’exemple de formations ou d’artistes reprenant un titre qu’ils n’aimeraient pas! Jean-Philippe Benadjer (guitares, basse, chant), Sebastian Bournier (batterie, chant) et Paul J. No (claviers, chant) composent ce trio surgi il y a deux ans et ce troisième opus surprenant car rien n’est logiquement personnel et les versions exposées manquent, si j’ose, d’un poil d’identité comme il n’y a comparaison possible qu’avec deux œuvres existantes à ma connaissance «Many Miles Away» en 2018 et «Curve. Axis. Symmetry.» en 2020, on ne peut s’aventurer à trop en dire! Sans vouloir être méchant, j’ai l’impression d’écouter un jeune groupe de lycéens talentueux qui s’essaye à l’art controversé de la reprise, un peu comme ceux du Lycée Millet de Cherbourg, célèbres pour leurs reprises aventureuses exécutées avec un certain brio et même une aisance qui prouve que le talent n’attend pas la valeur des années. Les voix sont douces, les chœurs plus qu’agréables, l’orchestration de qualité, mais sans un grain de folie ou de déformations notoires des morceaux qui leur auraient conférés un attrait supplémentaire. Voici donc un album très pop dans son esprit et l’orientation musicale, chaque titre relevant d’un petit top 10 selon les affinités des trois compères. C’est bien la première fois, sinon, que je dois écouter un titre de Britney Spears, à mes dépens (!) compensé par une intro des plus insolites pour «Turn it on again», un a cappella choral de «Guide Vocal» qu’on trouve aussi sur «Duke» suivi d’une brève transition citant «Duchess» et cette version du «This is the 21st Century» de Marillion, un de leurs titres les plus souples et planants avec, cette fois, une vraie patte perso comme les refrains repris en chœur. Pour la petite histoire, le morceau opère un fondu enchaîné avec «Mama» de Genesis, très bref mais de bon aloi… La boucle est bouclée.
Commode
https://youtu.be/LCjRI1Ydkrw

13/08/2022

OTTO
Danses
rock de chambre – 50:24 – France ‘22
Comment qualifier un projet aussi aventureux que celui-ci, je vous le demande! En effet, Ivann Cruz (guitare électrique) et Frédéric L’Homme (batterie) se sont rencontrés il y a quelques années autour d’une chaconne (ancienne danse des XVIIe et XVIIIe siècles, à trois temps, au rythme lent, qui servait de finale aux opéras et ballets). Ils s’attaquent ici à un maître du baroque (Johann Sebastian Bach, excusez du peu) pour réinventer quelques pas de danses électriques sur des bourrées tourmentées, des gigues rêveuses et autres allemandes exubérantes. Une maison de disque lilloise, Circum-Disc, publie ces pièces enregistrées à Allende, Mons-en-Barœul, en mai 2021. Notons que la pièce la plus longue de ce répertoire (13:48) se nomme «Chaconne Partita n2 BWV 1004» alors que la plus courte, «Gigue Suite pour violoncelle n2 BWV 1008» ne dure pas plus de 1:19!
Des danses que vous découvrirez avec plaisir, sauf si des œillères vous ferment les oreilles!
Tibère
https://circum-disc.bandcamp.com/album/danses
https://www.youtube.com/watch?v=fmM9pS23hkM

14/08/2022

Sammary
Monochrome
metal / pop rock / prog – 42:59 – Allemagne ‘22
Sammary est le bébé de Sammy Wahlandt, multi-instrumentiste de Francfort. Il nous présente son tout premier opus «Monochrome». Qu'est-ce qui définit l'être humain? C'est la question que Sammy Wahlandt s'est posée en écrivant cet album. C'est un album concept qui explore l’être humain et traite de ses pulsions. Le sombre et le bonheur, l'impulsion d'aimer ou de haïr. Musicalement, il développe un métal prog avec une complexité relative allant jusqu’au pop rock et complétée par des riffs durs et des rythmes typique du métal. Stella Inderwiesen, invitée au chant, est impressionnante, notamment dans la partie métal des compositions: elle arrive à faire passer toute son émotion dans ses variations. On pense directement à la chanteuse actuelle de The Gathering, Silje Wergeland, notamment sur «A Kiss Without A Meaning». Dans cet album on retrouve du Pure Reason Revolution, The Pineapple Thief et naturellement Anathema. Avec «219» et «Sweet Application», viennent des chansons plus lourdes et plus sombres, du métal avec une pointe de son new-wave année 90 avec batterie électronique et un son de guitare dans les soli qui ne sont pas loin de la guitar-synté, par moment. Pour un premier album, il est plaisant à écouter; je suis impatient de les découvrir en live car Sammy Wahlandt s’est constitué un line up spécial pour ce faire. Je suis vraiment curieux de savoir ce que Sammary sortira à l'avenir.
Bonne découverte.
Vespasien
https://sammary.bandcamp.com/album/monochrome
https://www.youtube.com/watch?v=ft6i6bafaME

15/08/2022

Anders Buaas
The Edinburgh Suite
rock progressif instrumental – 42:00 – Norvège ‘22
En 2002, John Bollenberg avait souhaité rendre un hommage à sa ville et nous avait proposé un concept-album de rock progressif médiéval, «If only stones could speak», enregistré dans la ville même dont il était question: Bruges.
En 2022, Anders Buaas (Anders Buaas - artist), Norvégien bientôt quinquagénaire, nous propose de visiter la ville aux sept collines: Edimbourg, ce qui n’a rien d’étonnant... Cet ancien «metalleux» nous avait déjà enchantés avec «The Witches of Finnmark», trilogie instrumentale basée sur des récits de chasse aux sorcières dans le Finnmark aux 16e et 17e siècles. Comme vous me semblez fatigués, je vais vous rappeler qu’Edimbourg est la ville natale de J.K. Rowling. Ah, je sens que ça se met en place! Et s’il fallait enfoncer le clou, en 2021 Anders avait sorti «Tarot»… Pour vous dire que la sorcellerie passionne notre artiste!
C’est un album purement instrumental, Anders joue d’une quantité d'instruments différents dont la liste rendrait jaloux un magasin de musique.
Il n'y a que deux chansons, de plus de vingt minutes chacune, «The Edinburgh Suite Pt. 1 Old Town» puis «The Edinburgh Suite Pt. 2 New Town».
Ces deux morceaux progressifs incorporent des éléments de nombreux styles musicaux différents, sans s'écarter de la voie du rock progressif. On lèvera les sourcils sur l'intermezzo country rapide en combinaison avec un marimba zappien dans lequel Anders montre qu'il maîtrise les qualités d’un Steve Howe. Et qu'il s'agisse d'incursions dans le folk, le blues ou de flirter avec le jazz ou la musique classique, tous les morceaux s'enchaînent harmonieusement et sont agréables à l'oreille.
Question virtuosité, le doigté d’Anders souffre la comparaison avec des maîtres tels Al DiMeola ou Jeff Beck ou encore Gary Moore, ou avec quelques touches métal appropriées à la Yngwie Malmsteen.
C’est un album plein d’émotions, de rebondissements, de surprises sonores et, sans aucun doute, d’amour pour cette capitale écossaise.
Publius Gallia
https://andersbuaas.bandcamp.com/
https://www.youtube.com/watch?v=zY9vBie55Y0

16/08/2022

Tyler Kamen
Artichoke Pythagorium
rock progressif «psychéclectique» – 42:29 – USA ‘22
Après une intro naviguant dans les douceurs hackettiennes, l’artiste plonge dans un domaine rappelant les Buggles mariés à des phrasés Gentle Giant ou Sweet Smoke par touches subtiles. Les influences prog sont aussi variées que les petits êtres peuplant la faune imaginaire de Tyler qui fleure bon le conte de fée. Guitariste, chanteur et compositeur producteur, l’artiste n’en est pas à son coup d’essai: c’est son quatorzième album et un quinzième vient tout juste de sortir. Bruitages féeriques, oiseaux qui s’égaillent, petites voix de lutin, le tout coloré de sonorités yessiennes avant de nous entraîner dans une gigue guillerette façon Oldfield. Des riffs teintés «In Dulce Jubilo» complètent cette partition avant de se colleter avec une troupe de bandits végétaux («Vegetable Bandits») et une déferlante de guitare vitaminée. Et se succèdent ainsi piments et douceurs: le chant caravanesque de «The Island» nous porte sur un nuage avec une délicate section rythmique et un jeu de six cordes génésien accompagné de quelques pépiements d’oiseaux. On reste un peu dans un univers de «Beedle le Barde» et les gigues reviennent au son des tambourins enjoués. On l’a compris, le côté psyché ne se situe pas dans le son des instruments mais dans l’esprit de l’album. Éclectique parce qu’il y a tellement de styles dans cet album qu’il serait difficile d’en épingler l’un ou l’autre en particulier. On trouve même de ponctuels rappels à J.S. Bach («Flying Hippotamus» e.a.). Mais tout est surtout empreint d’une grande gaieté et c’est finalement l’impression qui demeure à la fin de l’écoute. «Bacchanalia» est la pépite de ce «Pythagorium». Un peu dans la mouvance de «La Peregrina» de Kayak, si je puis me permettre cette comparaison osée.
Clavius Reticulus
https://tylerkamen.bandcamp.com/album/artichoke-pythagorum
https://www.youtube.com/watch?v=WqtRreMiOxU

17/08/2022

Riccardo Romano Land
Spectrum
néo-progressif – 49:17 – Italie ‘22
Riccardo Romano, clavier bien connu de RanestRane, groupe célèbre pour proposer des ciné-concerts (Nosferatu, Shining, 2001, The Wall et plus récemment Apocalypse Now), dont nous avions chroniqué le superbe album The Wall (https://www.facebook.com/progcensor/posts/802803700323848/).
Il fait aussi partie du Steve Rothery Band, entre autres...
Mais ici, ce qu'il nous propose est bien loin de cela. C'est une œuvre éminemment personnelle, presque impudique, qu'il nous livre. Il y parle simplement, humainement, de la très belle relation qu'il a tissée avec son fils autiste, dans un opus d'une grande puissance où sa voix ne peut que vous saisir dans les peines, les joies, les espoirs et les victoires qu'elle exprime.
Un morceau de 7 minutes encadré par 2 epics de 17 et 24 minutes. De la rencontre avec la future mère, de la difficulté d'accepter le handicap jusqu'à la victoire, tout est exprimé, le cœur au bord des lèvres.
La musique, comme on peut s’y attendre, est un pur néo-prog foisonnant, il y dit même écouter du Marillion dans le premier morceau (le shell seeker c'est lui). Mais on est loin des excès du néo, car cet album transpire la sincérité.
S'il fallait un point d'orgue, ce serait «The winner/wrong» et sa très belle et lancinante guitare wah-wah.
Outre la participation de Steve Rothery (dont un merveilleux solo sur «The name of the son»), l'album est servi par les guitares de Luca Grimieri, et la batterie d'Enrico Rossetti. Riccardo assurant, outre les claviers, le chant poignant (en anglais), la basse.
Le tout faisant 50 minutes de pathos transmuté par 3 solides compositions, un régal!
Cicero 3.14
https://maracashrecords.bandcamp.com/album/spectrum
https://www.youtube.com/watch?v=sqgGWFnYdSw

18/08/2022

Tim Bowness
Butterfly Mind
électro prog – 43:23 – UK ‘22
Passées les fleurs enfumées de l’ami Tim, nous nous étions quittés sans un mot, souffrez que je me retire… Oui, c’est vrai, j’avais alors souligné l'inexpressif essai puis déploré un rendez-vous manqué. Pingre à garnir ma constellation, avare d’astre en conclusion, parole de critique, vilenie!
Mais, l’ennui est l’ennui, et si d’aucuns bavent sur des napperons, je m’octroie le droit de trouver ça chiant nonobstant le louable labeur du crocheteur chevronné.
Entre-temps, fi de lamentations nocturnes, voilà que Mr Bowness reprend des couleurs électroniques, habillé d’une collaboration avec Giancarlo Erra, vêtement parfait pour son chant placide, avant-dernier album sobre et plaisant.
La question reste donc: quoi de neuf avec cet esprit de papillon, dernière envolée du calme hère qui pourtant me tourmente? Tout en sachant que nous n’aurons, certes, point l’effet associé à l’insecte coloré, compte tenu du flegme légendaire de notre gaillard…
Somme toute, d’agréables moments comme ce Dark Nevada Dream qu’on trouverait sans surprises égaré en la discographie d’un Robbie Williams, Smooth, relaxante ballade à la mélodie bien sentie. L’on peut dire que la voix, le feeling surtout, de Tim Bowness sert particulièrement bien ce genre d’ambiance… ce qui n’est pas le cas d’un titre tel que «Only a Fool» où le manque d’incision de celle-ci s’écrase comme une sauce hollandaise sur un gibier faisandé, voire pire sur «Always the Stranger» où il est décent de parler de décalage!
…pour ne vous parler que des trois Singles mis en avant à l’heure à laquelle je vous parle, mais le reste du disque arbore les mêmes contrastes; «It’s Easier To Love» vs «After the Stranger», «Say Your Goodbyes» vs «Lost Player»…
On peut être doté des cordes et de la luette d’un Pavarotti et délivrer d’insipides élans sonores, plats comme le pays de Brel, ou murmurer dans l’mille des paysages d’un relief flamboyant; là n’est pas la question.
Mon ressenti reste celui d’un artiste qui transcende dans la collaboration, parce que sans doute ses compagnons de jeu saisissent bien mieux que lui-même l’endroit de son talent et la manière de l’utiliser au mieux.
Néron
https://timbowness.bandcamp.com
https://www.youtube.com/watch?v=pWZ7ABPAa5I

19/08/2022

Soft Ffog
Soft Ffog
rock progressif / jazz-rock – 35:38 – Norvège ‘22
«Chun Li». Voici un groupe (qui a démarré au Kongsberg Jazz Festival en 2016), plus intéressé par Street Fighter (les 4 titres sont dérivés des personnages de ce classique du jeu de baston d’arcade) que par les cheeseburgers (les fans de nanar noteront la référence au Faucon de Paul Boujenah avec l’imbitable Francis Huster).
Une bonne entrée en matière très jazz-rock. C’est un groupe instrumental très brillant et ça m‘évoque «La Villa Strangiato» de Rush. Je souhaiterais les voir en concert car je n’ai jamais vu Secret Oyster.
De la fusion de belle facture avec force solos, un son cristallin et une agressivité bienvenue. Electromagnets vient à l’esprit et moi quand il y’a un bon guitariste ça me va.
«Zangief». Toujours solide à la mesure du lutteur brutal que peut être «Zangief». Un progressif jazz-rock de haute volée. J’aime aussi le fait que ça me donne envie de réécouter «Relayer» de Yes. Je dirais aussi que Modry Efekt n’est pas loin. C’est entre Svitanie et Svet Hledacu!
«Ken». C’est vrai qu’il y a des réminiscences de Yes dans cet album avec cette technicité à la Rush. Gros coup de cœur! Des sonorités cosmiques et une exigence à la Bi Kyo Ran, la bonne découverte d’un disque sans concessions.
«Dhalsim». Pas de faiblesses dans cet album teigneux et virtuose. Pas si loin non plus des délires free à la Mars Volta et certains projets solo jazz rock d’Omar Rodriguez Lopez. Ce n’est pas sans rappeler Colosseum 2 du regretté Jon Hiseman.
Je vais surveiller leurs activités live et il faudra sans doute que j’aille en Norvège pour les voir! La note maximum pour eux car je retrouve mes premiers émois jazz-rock à la fac!
Fatalis Imperator
https://softffog.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=zGyQpAv2nrE

20/08/2022

Stathis Chouliaris
November Tree
rock cinématique – 36:15 – Grèce ‘22
La mélodie primesautière de «Before you» peut faire penser à Yann Tiersen (le Breton derrière l’accompagnement sonore du «Fabuleux destin d’Amélie Poulain»), mais la référence est fugace, pour un court album, composé, arrangé et joué par Stathis Chouliaris (accompagné par James Basdanis), qui explore des paysages expressifs dont on aimerait que la naïveté, probablement non feinte («Monday») et parfois consternante («Blue» – on se prend à prier pour le retour de Rhoda Scott et, au final, c’est André Brasseur qui débarque), soit à la hauteur de la candeur, sincère, d’un Mammane Sani – mais, du Niger à la Grèce, il y a plus d’un pas, et l’ambition de «Fairyman», pièce classique aux timbres mieux équilibrés, ne compense pas une recette aux ingrédients mal proportionnés, à laquelle «After the Winter» met un point final, comme enfanté par une Wendy Carlos (alors encore Walter) qui aurait oublié 50 ans d’évolution de la musique pour synthétiseur.
Auguste
https://stathischouliaris.bandcamp.com/album/november-tree

https://www.youtube.com/watch?v=EmuCs2jV8RQ&list=OLAK5uy_mKt5cAt-ZfwH-fFIfd9Irl8Te7MZYoaY4&index=1

21/08/2022

...And You Will Know Us By The Trail Of Dead
XI: Bleed Here Now
alternative glam / art-progressive rock – 72:21 – USA ‘22
And You Will Know Us By The Trail Of Dead, créé en 1994, présente son onzième album. Le groupe s'est surtout fait remarquer en 2002 avec l’excellent «Source Tags & Codes» qui proposait une musique pop rock prog punky sans concession sur des titres plus ou moins enchaînés, donnant il y a plus de 20 ans toute la noblesse au style art-rock. Une écoute immersive, ambitieuse, grandiloquente, expérimentale par moments, magnifiée par un son quadriphonique. Conrad Keely et Jason Reece, les deux chanteurs, proposent une instrumentation variée et de nombreux changements de tempo, d'où la difficulté de les décrire musicalement.
«Our Epic Attempts» et vous nous reconnaîtrez par la traînée de mort, lente montée symphonique grandiloquente qui puise dans l’art-rock. «Long Distance Hell» punky, puis «Field Song» pop prog à la The Cure, Coldplay, break final spatial puis «Penny Candle» au rock brut, Clash alternatif fruité. «No Confidence» titre bariolé que le grand Alice Cooper aurait pu composer. «String Theme» champ d’honneur avant «Kill Everyone» base punk faussement mal enregistrée avant le déluge. «Growing Divide [ft. Britt Daniel]» sur une ballade intemporelle, arpège guitare, vagues en final amenant «Pigments» sur une guitare slide puis «Golden Sail» transe onirique psychédélique digne du meilleur Monster Magnet et Motorpsycho avant «A Life Less Melancholy» rempli d’admiration musicale.
«Taken by the Hand» l’opus tonitruant digne d’un titre opéra fou comme sur «The Wall», dithyrambique, rock sans concession, morceau qui me fait dire que les Rival Sons pourraient s’en inspirer. «Darkness Into Light» sombre, gothique embrayant sur «Water Tower» pop fruitée, «Protest Streets» au crescendo consensuel avec la voix sulfureuse et médiévale. «The Widening of Gyre» mantra spatial et «Millenium Actress» avec Amanda qui était bien punkérisée et me conforte dans le style punk déjanté du groupe, le violon pour le côté grandiloquent puis «Salt in Your Eyes» l’hymne final rejoué et «English Magic» à l’atmosphère so british qui te fait partir.
Trail Of Dead a sorti un put… d’album art-rock punky bien foutu à la croisée de plein de genres et de groupes. Un groupe inclassable, même pas chez ProgArchives alors que le concept progressiste suinte de mille feux de leurs albums, quadriphoniquement sur ce dernier.
Brutus
https://dinealonerecords.bandcamp.com/album/xi-bleed-here-now

https://youtu.be/a47oQMN7iqE

22/08/2022

Lady Lake
Not far from Llyn Llydaw
rock progressif symphonique / Canterbury – 44:26 – Pays-Bas ‘22
Je découvre avec ce 3e album un groupe néerlandais formé en... 1973. Et autant vous le dire tout de suite, je regrette de ne pas les avoir connus avant, tant la première écoute m'a vraiment plu, sans être démentie ensuite. Le 1er morceau, «Séjour au Gîte de la Tourette», est (malgré ses seulement 5 minutes) découpé en 3 parties, fort plaisantes et hétérogènes, quoique cohérentes. La légèreté, c'est sans doute ce qui fait l'un des charmes de ce groupe. Cela démarre façon autosatisfaction de guitariste, solo avec un gros son et une grosse réverbération, sauf que je pense qu'il s'agit d'un violoncelle électrique. Puis sans transition un piano électrique, bien vite soutenu par un violon pour une comptine légère, encore plus vite interrompue par un Hammond et des claviers bien symphoniques. La guitare revenue et les claviers rivalisant jusqu'au solo de trombone final, façon étranglement. Il y a aussi un peu de Focus, pour le côté fou!
«Nachtfahrer» plus monolithique n'est pas moins intéressant, moins dans l'esprit Canterbury ironique, plus dans un Camel déluré. «Alpenkreuzer» avec ses 9 minutes ne prend plus aucun temps pour démarrer un long et riche périple rêveur.
«24 Mayfield Road» le «trombone» magnifié nous transporte avec piano et violon.
«Yuletide in Glenshee» un rien celtique dans le violon qui solfie doucement tout le long. Les 2 derniers morceaux de l'album sont particulièrement réussis, «Patchouli Girls», plus vif en intro, se fait rêveur sur de longs soli ensuite.
Le morceau titre est majestueux et permet de boucler sur l'origine du nom du groupe, hommage au 2e album du groupe gallois Gnidrolog... tout comme ce lac breton (Llyn Llydaw) tout proche.
Le groupe réduit à un trio de multi-instrumentistes autour de L. Korstanje (fondateur, claviers), J. Dubbe (batterie) et J. Houwers (cordes), (plus P. Shoemaker, invité à la trompette), produit une musique instrumentale sophistiquée et accessible, servie par une très belle prise de son. Foncez.
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/album/6wQo4cDMwThIW7S5WTSwgQ

https://www.youtube.com/watch?v=A8TpmDdpAUM

23/08/2022

Prefers to Hide in the Dark
Boundless Eternity - Hereafter Torment
rock progressif / metal ambiant-bigarré – 38:07 – UK ‘22
Prefers to Hide in the Dark est le groupe de rock prog fondé en 2021, basé sur de grandes pièces harmoniques et hypnotiques, rien que ça donne l’eau à la bouche; du prog contemporain psychédélique complexe avec des instrumentations sortant de l’ordinaire, des associations entre riff heavy, trompette spleen et voix envoûtante; des textes sur les réminiscences du passé et ses dommages collatéraux et l’essai d’en sortir, le décor est planté.
«Boundless» à l’intro planante, rappelant les premiers émois des Tangerine Dream, des atmosphères inquiétantes de Lustmord; ça monte sur un son électronique, l’ajout de la voix dépressive mais cajoleuse et sombre de Rob; titre hypnotique, air austère envoûtant se prolongeant sur une mélodie spleen; ça évolue sur du néo prog 80’s basse et voix en avant, prog rock alternatif puis piano et voix en vaguelettes. «Eternity» change de sonorité, voix plaintive à la Radiohead, riff lourd à la lisière du prog métal, son polyrythmique entêtant du refrain; solo guitare avec chœur pour une expérience de mantra progressif avec batterie électrisante. «Hereafter» trompette en intro western andalou; Rob dont il faudra s’habituer à la voix portée haut lance une complainte sur un arpège acoustique; la trompette d’Adam revient, amplifie l’air, intense avec un côté jazzy ambiant au break minimaliste; les poils se hérissent, les bruitages sinistres, les voix déformées amplifiant ce climat singulier et dérangeant; du Miles Davis progressif pour la trompette et un mantra sauvage à cailloux hypnotiques. «Torment» conclut l’album par une rythmique dynamique et le chant prenant; longue litanie avec un côté électrique doom progressiste sur My Dying Bride, plus éthéré sur un mantra spatial; des breaks torturés sur du heavy prog inventif et jouissif; les synthés virevoltent, je pense à Riverside un temps, une beauté furieuse; acoustique final aux relents de claviers atmosphériques.
Prefers to Hide in the Dark a jeté un album-concept-pavé dans la mare musicale, inventif, expressif; Paul a composé une perle mi-prog, mi-mantra, mi-ingénieuse, mi-démon rock jouissif qui dénote admirablement avec les sorties actuelles un tantinet formatées. Un plus pour se démarquer et l’acquérir en attendant sa suite.
Brutus
https://preferstohideinthedark.bandcamp.com/album/boundless-eternity-hereafter-torment
https://www.youtube.com/channel/UCXGblSt0IGUbZYrsKd5punA

24/08/2022

Blueminded
Break The Silence
AOR / néo-progressif – 57:56 – Pays-Bas ‘22
En chroniquant le dernier EP de ACT (voir le 21 mai 2021), je me posais la question de savoir s’il y a une manière typiquement suédoise de faire du prog. Par analogie, on pourrait se demander s’il existe aussi une manière typiquement néerlandaise. Je ne vous ferai pas l’injure de vous rappeler que les Pays-Bas nous ont offert quelques solides références telles que Ekseption, Earth & Fire et, les plus connus, Focus et Kayak.
Mais depuis la fin des années 80 (et à l’exception notable de Ayreon), on dirait que nos amis bataves se sont spécialisés dans un néo-prog qui tire son inspiration dans le début des années 80 et aussi dans l’AOR typiquement US. Citons ici des artistes tels que Like Wendy, Brassé, Cliffhanger, Maryson ou encore For Absent Friends qui privilégiaient tous une musique plus immédiate, aux mélodies soignées mais semblant parfois sortir un peu du même moule.
Blueminded qui nous occupe ici plonge ses racines dans la même veine. Il s’agit visiblement d’un parti-pris parfaitement assumé puisque la bio du groupe mentionne fièrement que (en anglais dans le texte): «The combination of the 80’s pop/rock and modern contemporary styles makes the sound of Blueminded unique and recognizable. It’s influenced by music of great artists such as Peter Gabriel, Sting, U2, Simple Minds, The Police, Genesis, Coldplay, Mr. Mister, Muse, etc.». Nous voici donc prévenus.
Formé en 2012, le groupe est au départ un projet solo imaginé par le guitariste Jörgen Koenen qui, après avoir élaboré une série de titres seul, a voulu les amener sur scène et a, pour ce faire, monter un groupe. Il nous livre ici son déjà troisième album.
La bio a quasiment tout dit: la musique proposée ici est pétrie d’influences 80’s; tout y est! Les arrangements de guitares, les sons de claviers, les rythmiques simples et sans vraies surprises et une voix pour le moins classique. Les morceaux sont courts, directs, sans fioritures. Le morceau le plus long («Gerry’s song») prend un peu plus son temps mais toujours sur une facture hyper-classique. On se surprend même à finir les phrases tant les rimes sont prévisibles.
À mon sens, les références citées sont flatteuses car ce qui fait le sel et la particularité des groupes précités est ici formaté dans un style qui manque de marque distinctive. Cet album aurait pu faire un carton en 1985, dans une période de disette pour les amateurs de prog. Mais près de 30 ans plus tard, les références ont changé et le prog a aussi su, depuis, prendre plus de risques.
L’anachronisme de cette plaque peut en faire le charme pour certains, d’autant plus que c’est de l’excellent travail tant au niveau musical que production (d’où ma cote). Mais l’absence de second degré et de prise de risque font de cet album une vraie bizarrerie en 2022.
À chacun de se faire son opinion.
Amelius
https://open.spotify.com/album/5CN6NnWCV01uHyPrYJ6d4z

https://www.youtube.com/watch?v=QGpCCl1qTkA&t=1s

25/08/2022

Ghost Of The Machine
Scissorgames
rock néo-progressif – 62:30 – UK ‘22
La région du West Yorkshire, en Angleterre, est très prolifique en production progressive. C’est dû au fait que plein de musiciens s’associent et se séparent. Ce qui nous donne, tous issus de schismes plus ou moins importants d’avec This Winter Machine, Catalyst*r, Apostle (Of Chaos) et Ghost of the Machine qui nous intéresse aujourd’hui.
«Scissorgames» est le premier album du groupe.
Je ne suis pas sûr que ce nouveau sextet apporte quoi que ce soit de nouveau dans le monde du prog avec ses très nettes influences de l'incarnation précédente du groupe.
Une fois que cela est dit, il faut bien avouer que le noyau de ce groupe, qui était déjà devenu une équipe affirmée capable de produire des performances rock élégantes avec une touche progressive, nous offre un disque impeccable sous tous les aspects, de la conception à la production.
Si vous pouvez dépasser les sensations de déjà entendu, car vous ne pourrez éviter des comparaisons inévitables et justifiées entre le chant de Charlie Bramald avec celui de Fish du début de Marillion, vous prendrez alors beaucoup de plaisir à l’écoute de cet album…
Pour aller, comme disent les Marseillais, droit au but, le titre d’ouverture «Scissors» est incontestablement le point culminant de cet album. En effet, cette suite de six mouvements peut prétendre rester dans les esprits et justifier l’acquisition du disque à elle seule.
Nos musiciens ont effectué un bon travail, bien propre, bien professionnel. Ils donnent l’impression d’avoir bien restitué tout ce qu’ils savaient et je regrette qu’avec leurs compétences, à l’occasion de ce (pas vraiment) premier album, ils n’aient pas pris le risque de surprendre au lieu de s’inscrire dans la continuation… Même si elle est de qualité!
Mais peut être que, comme semble l’indiquer la belle pochette, le groupe est en passe de couper les liens avec ses influences…
Publius Gallia
https://ghostofthemachine.bandcamp.com/album/scissorgames
https://www.youtube.com/watch?v=T6tF6CI0Pmw

26/08/2022

Vénus Bleue
Génocide Intime
rock-prog-metal psychédélique / exubérance narratrice – 44:32 – France ‘22
Comme le dit si bien l’auteur de l’album, voici un «metal fantasmatique, de la poésie et des tortures oniriques». Qui mieux que le responsable peut résumer ainsi son œuvre? Vénus Bleue est le patronyme d’un homme seul, originaire de Béthune dans le Pas-de-Calais, mon département natal, et je reste précautionneux voire diplomate avec mon avis sur ce premier opus bien délicat à résumer en quelques lignes. Vénus Bleue chante, psalmodie ou éructe en français sur une musique qui peut séduire les fans de rock progressif par une certaine noirceur et une inspiration des plus sombres. Je pense à des œuvres dérivées de certains «maîtres» du black metal qui s’adonnent parfois à une musique ambient ou tout au moins à un éloignement de leurs origines tonitruantes. Ou alors, par le fait de textes poétiques et oniriques des plus étranges qui peuvent évoquer certains disques bien barrés de la toute fin des années 60 et du tout début des années 70, comme ont su si bien le proposer des artistes français emmêlés dans leurs explorations tous azimuts. Il s’agit d’une expérience sonore parfois fort acceptable pour un «progster», contrebalancée cependant par une inspiration que je juge venue du black metal, mais je peux me tromper, n’étant pas assidu en la matière, loin de là. Pour ceux qui connaissent, on peut aussi penser à Chapson, rocker poète ardéchois qui évolue aussi sur une sorte de fil du rasoir entre prog, rock déjanté et textes exaltés et chimériques à la fois. Une touche de psychédélisme hasardeux parcourt quelques morceaux, cisaillé par un metal bien balancé comme dans «Couronne d’échardes», excellent morceau que seule la voix spéciale de Vénus Bleue peut rebuter. Mais ce type d’organe rocailleux est au point d’orgue entre rêveries musicales d’un certain type et fantasmagories d’outre-tombe dont les titres donnent le ton avant même l’écoute. Au hasard, citons «Orgiaque Sonate», «Génocide Intime», «Désir Désarticulé», ou encore «Sous le Soleil des Psychotropiques». Tiens, pourquoi je songe à Versailles, moi? Torturé est l’adjectif qui convient certainement le mieux à ce «Génocide Intime» et il peut ne séduire que les oreilles les plus ouvertes aux expériences sonores issues du metal ayant sérieusement dérivé vers un univers poétique alambiqué, dopé aux textes déclamatoires et emphatiques.
Commode
https://venusbleue.bandcamp.com/album/g-nocide-intime
https://www.youtube.com/watch?v=rPc6Gg3uXeU

27/08/2022

Strange LAB
Influences
jazz-rock / prog / blues – 50:47 – France ‘22
C’est l’histoire de quatre types, qui, comme tous bons musiciens qui se respectent, décident, durant le confinement, de poursuivre leur passion commune. Olivier Gadet, guitariste à l’initiative du projet, réunit une bande de vieux potes musiciens, le bassiste Eric Halter-Mingaud (musicien de session), Greg Aguilar (claviers) et le batteur Fabien Tournier pour travailler sur les premières créations qu’ils vont enregistrer, à l’époque, à distance. Les quatre, après ces premières tentatives convaincantes, lancent un crowdfunding pour poursuivre l’aventure afin de construire les bases d’un premier album.
«Influences», le bien nommé, en est le fruit, bien gorgé des multiples influences des musiciens. En gardant ces quelques grands Maîtres de la gratte à l’esprit (Metheny, Morse, Gilmour, Clapton, Scofield, Hendrix, Gibbons, Johnson, Beck et Lukather), on comprend que l’inspiration du groupe le conduit tout droit vers le jazz-rock et le blues. Même si Strange Lab n’est certes pas le seul à avoir tenté le coup de la fusion des genres, la tâche, pas forcément évidente, de mélanger ces deux courants musicaux est ici pleinement réussie. À travers ces influences majeures que l’on ressent par touches incisives, mais sans qu’elles dominent à outrance, on perçoit l’amour, le respect que le groupe porte à ses idoles susmentionnées.
Sur cet album essentiellement instrumental (deux titres sont chantés en anglais), la formation française fait montre de toute sa technicité au fil de 10 titres d’une parfaite cohésion. Les couleurs jazz, blues et même parfois prog rappellent quelquefois Brian Auger's Oblivion Express, et pas seulement grâce à l’orgue Hammond sur, par exemple, «SL blues»; c’est d’ailleurs, si on voulait résumer, un peu une démarche similaire à celle du musicien anglais que le groupe initie sur ce premier album.
Album agréable, musique chaude, remplie d’hommages sous-jacents et de finesse d’interprétation.
Centurion
https://strangelab.bandcamp.com/
https://www.youtube.com/watch?v=5wCJcORShUU

28/08/2022

Von Hertzen Brothers
Red Alert In The Blue Forest
pop progressive – 69:28 – Finlande ‘22
Des Von Hertzen Brothers, j’avais adoré l'album de 2017, «War is Over», et je dois avouer que leur nouvelle livraison me laisse pantois. Non pas qu’il soit mauvais, loin de moi cette idée, mais je n’ai pas été surpris pour cette fois. Mais revenons, si vous le voulez bien, aux fondamentaux. Le groupe est composé de trois frères chantant tous les trois, (Kie et Mikko à la guitare et Jonne à la basse) et a été créé en 2000. On pourrait qualifier leur musique comme le résultat d’influences provenant de classic rock, de progressif, de folk et principalement de pop.
Onze titres constituent le corpus de cette production dont le timing varie entre 4:38 et 10:00. Même le plus long des morceaux présents sur cette galette («Peace Control») ne parvient pas à capter mon attention: trop pop et aseptisé pour mes oreilles. «Elbowed» débute de manière plus agressive (entendons-nous bien, ce n’est pas du punk ni même du rock de motard) mais est vite rattrapé par la mièvrerie ambiante.
Tout ceci peut expliquer ma cote basse. Mais ne vous y trompez pas, j’en connais qui adorent, voire idolâtrent, cet album et ils ont probablement raison.
Tibère
https://open.spotify.com/album/6meNaKwbmCyc3VJ4MBbCE3
https://www.youtube.com/watch?v=aJDZl7MiFss

29/08/2022

Frédéric Gerchambeau / Bruno Karnel
N + 8
rock progressif / krautrock / post-rock - 29:18 - France ‘22
Trois albums pour le duo Gerchambeau / Bruno Karnel, «Las Ilusiones» (septembre 2021), «Nuage Huzun Live» (mars 2022) et donc le dernier né «N + 8».
«Selinofilimeni», une superbe entrée en matière. Je suis d’emblée convaincu par ce groupe qui m’était inconnu jusque là. Une première pièce très krautrock qui me rappelle le «Between» de Peter Michael Hamel. À la fois une aventure intellectuelle et un voyage dans le temps. Une guitare déchirante à la Robert Fripp. Évoque aussi Dead Can Dance et les projets de Brian Eno et Robert Fripp.
Puissant, j’apprécie aussi le violoncelle poétique.
«Nachtseelen», une musique toujours aussi planante et assez obsédante. Un univers très post-rock. J’y trouve aussi un peu d’Adelbert Von Deyen. Avec une louche de Richard Pinhas. Bel assemblage de boucles sonores. Constituerait également une très bonne bande son, la guitare sonne parfois comme une composition pour un western italien.
«Nat Og Dag», c’est marrant car je n’ai jamais été très Stooges mais la voix fait penser à Iggy Pop. Très lancinant une fois encore. Un post-rock du désert, très sombre et assez heurté. Silver Mount Zion n’est pas si loin. Groupe parfait pour un ciné concert. Tiens je pense à «Chronolyse» d’Heldon et également à Zed.
Un album très cérébral, sensuel, et mélancolique.
Fatalis Imperator
https://brunokarnel.bandcamp.com/
https://www.youtube.com/watch?v=ap3whyqkWDI

30/08/2022

Mikael Åkerfeldt
Clark
rock progressif éclectique – 76:33 – Suède ‘22
Est-il utile de présenter Mikael Åkerfeldt? Comme chacun le sait, il se trouve être le frontman du groupe de métal progressif Opeth. Il a été contacté afin de réaliser la bande-son d’une nouvelle série de Netflix. La musique développée ici est intéressante à plus d’un titre. Quelques 34 titres emplissent cet opus, allant de 1:05 à 3:55, dans l’ensemble fort proche d’un prog scandinave atmosphérique à la Morte Macabre (fantastique album «Symphonic Holocaust» en 1998). Tout cela s’écoute avec bonheur et calme (une ambiance bucolique me prend soudainement) et ne soyez pas excités par «Wish You Were There» qui n’a, vous vous en doutez, aucun rapport avec «Wish You Were Here» de qui vous savez! Parfois des réminiscences d’accompagnement arabisant se font jour, comme sur «La Shay' Jadid Taht Alshams». On retrouve également des atmosphères de musique de chambre («Ballad of the Libertine in G Minor»), mâtinées d’arrangements à la Disney.
Ne boudez pas votre plaisir et laissez-vous guider par cette musique voluptueuse.
Tibère
https://open.spotify.com/album/7mzvn5Ibx0QyAIvAbODGQt
https://www.youtube.com/watch?v=izBIT5xur00

31/08/2022

Out of the Beardspace
Like Moths To A Flame
crossover / jazz rock – 37:49 – USA ‘22
Out of the Beardspace est un sympathique quintet d'amis qui jouent ensemble depuis l'adolescence (2010) et s'inscrivent dans une démarche de durabilité. Prosélytes, ils ont créé le festival Beardfest Music, Art, and Sustainability dans leur New Jersey natal. Leur musique: intro sur un riff simple, quasi hard, immédiat, efficace, «Sneaky toad» voit un déferlement de synthés spongieux et effervescents, sous-tendus par le riff rémanent. Des digressions lancinantes façon Steve Hillage finissent de rendre ce morceau très attachant, nous laissant hagards après 5:20 superbes.
«The fall» reprend, un peu, le même schéma du riff fil rouge, mais plus vocal, le morceau se fait plus léger, impression renforcée par le break aérien à mi-parcours. Frais!
«Spooky beard» avec son rythme lourd mais pas effrayant est vraiment poilu, façon prog hard Black Sabbath ou pour être plus cohérent avec l'esprit du quintet avec Arabs in Aspic qui seraient leurs cousins vikings.
«Clukaroons» est, initialement, plus jazz-rock dans sa fusion orgue guitare, puis funky dans le traitement des guitares, et ici encore le tout sonne comme une évidence, avant qu'un solo Hammond ne s'étire pour conclure ces 7 minutes.
«Booch» c'est près de 8 minutes, démarré par un duel Rhodes/guitare sur un riff partagé. Une très belle progression guitare solo nous fait sortir par le haut puis nous ramène dans le thème. L'orgue prend alors les commandes, la basse sourde restant sur le thème. Revient la guitare solaire avant un break assourdi, tout en retenue, la guitare qui se fait crunchy, majestueuse, nous saisit, mais le riff malicieux n'est pas loin et revient en force pour un final enthousiasmant.
«Flex» marque un retour, final, aux fondamentaux. Riffs et échappées belles. Voilà qui catalyse mon impression sur leur 3e album: un jazz rock hard psyché pour un voyage, très recommandable, immédiat et sans prise de tête.
Cicero 3.14
https://beardspace.bandcamp.com/album/like-moths-to-a-flame
https://www.youtube.com/watch?v=iLPHCrbgPY4