Octobre 2023

01/10/2023 : Strawbs - The Magic Of It All

Strawbs
The Magic Of It All
crossover / soft progressif / pop – 46:41 – Angleterre 2023
1964-2023! Les Strawbs, nés Strawberry Boys, viennent de faire leurs adieux à la scène le 10 août 2023 et ce 25e album est probablement leur ultime plaque. C'est donc avec un brin de nostalgie que j'aborde son écoute. La voix de Dave Cousins m'a toujours touché, haut perchée depuis 59 ans. Immuable.
J'ai eu la chance de les voir en concert en 2014; ce fut magique, comme l'intro de ce nouvel album «Ready». La haute voix de Dave nous cueille dans une mélodie efficace soft rock qui persiste bien au-delà de son terme! Je l'écouterais chanter le Bottin!
Suit le morceau titre, très nostalgique, qui caresse la magie de tout ce parcours de 5 décennies, des villes, des succès, des échecs, l'insécurité de la vie d'artiste. «All Along The Bay» change encore le rythme, une sorte de calypso, éclairé de chœurs et d'un saxo voyageur, le morceau passe comme le vent. Puis Dave prend sa guitare sèche, sa voix suave pour «Everybody Means Something To Someone» et brosse une douce mélodie d'accords sous-tendus par un piano sombre et lorsque les chœurs chantent le refrain titre, l'émotion nous emporte. Sur «Our World», ils brassent encore plus.
«Slack Jaw Alice» révèle la genèse de cet album. On y retrouve le son de Graceland de Paul Simon. Cet album a été fait dans le même studio au Cap avec le même ingé son. Parce que la musique de Strawbs fut adoptée par les militants de l'ANC du temps de l’apartheid, Dave Cousins a été sollicité par le réalisateur Niel van Deventer pour faire un film sur l'influence mondiale de Strawbs. Le deal était de créer et d'enregistrer de nouvelles chansons devant les caméras. Dave accepta et appela deux anciens Strawbs, Blue Weaver (claviers) et John Ford (vocal), pour co-écrire la moitié de l'album. Et voici le produit de tout cela, et d'un peu plus, Dave s'est remis d'un cancer, a un nouveau stent et une prothèse du genou. «Wiser Now» ("plus sage maintenant") est l'un des titres!
Cet album, c'est le temps qui passe, mis en musique, avec sensibilité et classe.
Merci pour tout.
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/intl-fr/album/6xyvfC8EozMwDW7n6PW1U5
https://www.youtube.com/watch?v=pizVaTmX5R4

02/10/2023 : Me and My Kites - A Safe Trail

Me and My Kites
A Safe Trail
folk progressif – 42:25 – Suède 2023
De la pochette à son contenu, des tendres fesses de baigneurs frigorifiés dans la rivière (aux rochers desquels il vaut mieux s’accrocher pour la traverser) aux quatorze (le plus souvent courtes) chansons de ce nouveau disque du collectif suédois (qui en compte déjà trois), la candeur retrouvée de la fin des années 1960 (depuis, le glyphosate a sérieusement malmené le flower power) est le souffle qui porte «A Safe Trail». Né en 2012 des suites de collaborations entre David Svedmyr et Lisa Isaksson, tous deux chanteurs, lui claviériste-guitariste et elle harpiste-flûtiste, Me and My Kites, ainsi nommé d’après le titre d’une chanson de Fuchsia, le groupe d’art rock progressif anglais responsable d’un unique disque en 1971 (avant sa renaissance australienne quelques décennies plus tard), déploie ses mélodies rêveuses au travers d’une palette de timbres élaborée (les voix bien sûr, mais aussi le violoncelle, le violon, la trompette – sans compter les sons de synthèse) et d’une production délicate, même quand le propos est plus enlevé («Next to a Castle»): il y a chez David Svedmyr de puissantes ombres nostalgiques, évocatrices du Londres psychédélique revisité à l’aune d’une communauté hippie scandinave.
Auguste
https://meandmykites.bandcamp.com/album/a-safe-trail
https://www.youtube.com/watch?v=vkgyOeGZfOE

03/10/2023 : Jeyem - Safe

Jeyem
Safe
crossover progressif – 57:25 – France 2023
Jeyem est le projet de Julien Marchetti, membre du groupe Left Alone qui commence une carrière solo et nous propose son troisième album «Safe». Le style de l’album est un mélange de metal, de post-rock avec des touches bluesy et jazzy. Il y a par moments aussi un petit côté electro dans la rythmique. C’est vraiment un mélange de plein d’influences et d’idées. Ce multi-instrumentiste est très doué, que ce soit à la flûte, au saxophone, aux guitares et autres. Malheureusement, pour moi, le gros défaut de l’album est son chant; Julien Marchetti devrait franchement faire appel à un autre chanteur. Je n’ai pas du tout accroché à son timbre ni à sa rythmique, ainsi qu’à la sensibilité qu’il devrait y mettre. J’ajouterais même qu'il m’empêche parfois d’apprécier certains titres qui passeraient mieux du coup en pur instrumental. Malgré les diverses directions, cet album reste accessible à l’écoute; il y a un beau travail de recherche et de créativité… Dans l’ensemble, cet opus tient la route musicalement. On peut retrouver des influences à la fois de Camel, Dream Theater, Deep Purple, Beardfish, Magma, Transatlantic. Je vous laisse découvrir cette originalité (cliquez sur le lien en premier commentaire).
Vespasien
https://jeyem.bandcamp.com/album/safe
https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_lO0Cc1c8IjvsTTcORUozVAozC1Gt3k94I

03/10/2023 : Shy, Low - Babylonica

Shy, Low
Babylonica
post-rock – 19:30 – États-Unis 2023
Richmond, Virginie, USA, après avoir rangé la «Vessel», il était venu le temps de déployer du nouveau matériel. En 2011, le groupe Shy, Low entame ses premières expérimentations; s'ensuivront cinq albums instrumentaux diversement énigmatiques. Leur son est immédiatement reconnaissable, même de dos ou dans le noir. C’est leur méthode qui nous met dans les limbes. Il y a comme un voile intello entre nous et eux. D’ailleurs, le visage de leurs deux premières sorties n’invitait guère à la franche embrassade. Avec «Shy, Low» en 2012 et «Binary Opposition» en 2013, nous allons à la rencontre d’une lumière froide et d’une programmation électrique pour le spleen! En 2015, dites-le avec des fleurs? «Hiraeth», le numéro 3, tout en pétales, ne fera pas autrement. Leur fibre musicale est discrètement dépressive. Il n’y a de place que pour l’homme et l’instrument! Que la vérité nue! En 2017, «Burning Day», c’est pas tout à fait la même limonade. Ça dézingue un peu mais court. Et quand se pointe 2021, sous une couverture chaude visuellement, avec «Snake Behind the Sun», dernier exploit avant ce jour, le band se joua des apparences, sous un concept metal! Genre, le dark n'est jamais loin de la lumière. Barre à droite toute ou je me trompe? Ok un peu dans le biscornu, mais c’est tout de même un peu d’optimisme qu’ils viennent nous décrocher par l’arrière. Sur baffle, on ressent, avec un luxe de détails, les contradictions philosophiques de nos musiciens. Note après note, la cloche de brouillard qui les enfermait jusqu’alors a bel et bien volé en éclats. D’ailleurs, bien secoués après «Fulgurations» et «Fata Morgana», ils ont avalé un tube entier d'anxiolytiques puissance 3000. C’est un cri de liberté à la William Wallace, un de ceux qui vous enflamment les poumons de gauche à droite. Inscrit dans la brèche, leur tout nouveau disque, bombardé cette année, s’appelle «Babylonica». En moins de vingt minutes, ce triptyque se présente comme l'anti-suite, la réponse non résolvante à la schizophrénie du serpent bronzé. Sans désemparer, une fois passée la porte des dieux, le quatuor se met en place, Greg Peterson et Zacharee Bryant sonnent les cloches au buisson hardeux sur «The Salix», alors que Drew Storcks et Dylan Partridge viennent l'attiser, par grattes et frappes stratégiques qui se généralisent en fin de séquence. Retentissant comme une bestiole marine, «33°24_06.0_N 84°14_48.7_W», au titre imprononçable, fait le tampon entre les deux sorties fumantes de l'orchestre. Est-ce le gouffre des âmes brisées? Gare à Masque de Mort par ici. Suite et fin, «Instinctual Estrangement» reprend le flambeau aussi fiablement que sûrement, le manche sur trois mains, tiré à fonds; ça donne le tournis jusqu'aller à la renverse. Bref, Shy, Low, après un exil tristounet d’un peu moins de 10 ans, a fait le pari de revenir nous chercher, par deux fois, avec dynamite et riffant/riffé et c’est sans nul doute un heureux tournant qui se confirme dans leur carrière…
Kaillus Gracchus
https://shylowmusic.bandcamp.com/album/babylonica-ep
https://www.youtube.com/watch?v=V4ek3y-pG48

04/10/2023 : Mourning Knight - A World of Dreams

Mourning Knight
A World of Dreams
rock progressif '70 – 56:59 – États-Unis 2023
Originaire du comté de Westchester (c’est à New York), Mourning Knight est un projet qui remonte au milieu des années 90 et se poursuit à ce jour, entre autres avec ce deuxième album.
Le noyau dur du projet est le duo composé de Jason Brower (batterie, chant, Mellotron et mille claviers) et de Norm Dodge (guitares et basse). Dans le cadre de cet album, ils sont rejoints par Nancy Scorcia (guitare acoustique, chant) et Roo Brower (chœurs).
Fortement influencés par les atmosphères et les paysages sonores musicaux des 70’s progressives, la passion, le drame et le sens du cinéma sont réunis avec des paroles qui transmettent le côté sombre et mélancolique de la vie.
C’est ainsi que vous devez appréhender ce travail, c'est-à-dire comme un hommage aux illustres prédécesseurs, telle l’ouverture «A Fractured Fairytale» qui débute comme un hommage floydien dont le très beau son de guitare ne vous surprendra pas… Ni la voix de Jason partageant de belles harmonies avec Nancy.
Il y a ici et là des éléments plus oppressants qui nous emmènent dans le prog britannique des années 70 dans un relent de folk rock vraiment coloré et à grands coups de Mellotron, de clavecin, de cordes et de son vintage.
Les différentes régions à proximité des aires sensorielles et le cortex préfrontal, au fil de votre écoute, s’activeront et réactiveront des souvenirs qui vous sont propres.
Les cinq compositions sont correctes, les interprètes excellents et leur cohésion évidente mais des consonances qui rappellent les "grands", de Genesis à Yes, du Floyd à Gentle Giant, avec quelques digressions penchant vers le rock progressif italien, ne suffisent pas à faire un grand disque.
Publius Gallia
https://mourningknight.bandcamp.com/album/a-world-of-dreams
https://www.youtube.com/watch?v=KPmC8no39xQ

05/10/2023 : Bend the Future - Sounds So Wrong

Bend the Future
Sounds So Wrong
rock psychédélique – 45:21 – France 2023
Ces Grenoblois nous invitent avec ce projet Bend the Future à mélanger allégrement rock progressif, rock psychédélique, jazz et même un tantinet de funk. Un mélange étonnant mais réussi dans le cas présent; j’en veux pour preuve le titre d’ouverture, par exemple, «Desert Eagle». Musicalement, les orchestrations sont riches et intéressantes («Miniature II»). Même le court «Those Small Things» coule dans nos oreilles comme un ruisseau sensible et agréable. De délicats arpèges introduisent (et courent tout au long du morceau) «Not Even». Avant de nous quitter sur une rythmique plus enlevée, «Now Is the Moment» construit une composition à tiroir flirtant avec un jazz plus soft. Un album que j’ai pris plaisir à vous faire découvrir, en tous les cas.
Tibère
https://bendthefuture.bandcamp.com/album/sounds-so-wrong
https://www.youtube.com/channel/UCszMMpKStjF18Dfigh2Uikw

05/10/2023 : Jay Tausig - Skating Away

Jay Tausig
Skating Away
rock progressif '70 – 15:22 – États-Unis 2022
Jay Tausig est un multi-instrumentiste originaire de New York mais établi en Californie depuis 1998 et qui se concentre principalement sur le rock progressif spatial dont il aime souligner les accents de jazz.
Depuis 2008, il a composé, indépendamment et sous son nom, 58 albums (presque 4 par an), dans lesquels il gère seul le chant et les instruments. Sa discographie complète constitue donc un véritable coffre aux trésors, notamment pour les fans de space rock.
Jay Tausig est également apparu dans divers groupes et projets réinterprétant, entre autres, Can, Todd Rundgren, Pink Floyd, Jethro Tull, Amon Düül II, Steve Hillage, Motorhead, Nick Drake, ainsi que des chansons de Roy Harper dont Ian Anderson avait déclaré qu’il était «sa principale influence en tant que guitariste et auteur-compositeur acoustique». C’est peut-être ce qui explique que cette année, Jay décide de sortir un disque avec 5 reprises de vieilles chansons de Jethro Tull.
Le challenge consistait à reprendre ces titres en imaginant des versions dans lesquelles le groupe, empêché de jouer, est réduit à un ou deux musiciens et les instruments sont acoustiques (principalement guitare, un peu de flûte et quelques claquements de mains).
Le résultat n’est pas transcendantal mais il ne trahit pas non plus l’esprit de Jethro Tull, la voix contribuant parfaitement à restituer l’ambiance recherchée.
Nous le savions déjà mais cet EP confirme que Jethro Tull a créé de bien belles mélodies et qu’elles peuvent également être chantées autour d’un feu de bois.
Publius Gallia
https://jaytausig.bandcamp.com/album/skating-away-songs-by-jethro-tull
https://www.youtube.com/watch?v=RDzsUBGsqfo

06/10/2023 : Les Dunes - Les Dunes

Les Dunes
Les Dunes
post-rock / progressif atmosphérique – 47:26 – Norvège 2023
La Scandinavie nous offre régulièrement des groupes de qualité. À côté du prog enjoué et solaire de groupes tels que Moon Safari ou A.C.T., elle nous a aussi livré des groupes produisant une musique plus sombre, torturée, comme influencée par les vastes paysages brumeux de ces régions proches du pôle Nord. Citons bien évidemment des groupes comme Anglagard, Paatos ou Anekdoten, ou encore l’éphémère Landberk qui avait produit en 1996 un album («Indian Summer») qui avait marqué les esprits. On pourrait aussi citer Gazpacho, les Flower Kings, Kaipa, mais nous ne sommes pas là pour étaler notre culture…
Ici, c’est la Norvège qui nous tend les bras avec ce groupe appelé bizarrement «Les Dunes» et qui est un trio formé en 2020 par Per Steinar Lie à la basse, Per Andreas Haftorsen aux guitares et Morten Jackman à la batterie. Ces musiciens ont déjà un certain passé puisqu’ayant fréquenté des groupes tels que The Low Frequency in Stereo, Undergrunnen, Lumen Drones, Helldorado et Action & Tension & Space (tous inconnus en ce qui me concerne).
La musique proposée ici est exclusivement instrumentale et entièrement structurée autour de la guitare qui soit brode des arpèges, enfile des mélodies minimalistes ou tisse des paysages sonores complexes à l’aide d’effets multiples et variés. La section rythmique est là uniquement pour soutenir le travail de la guitare. Tout cela donne un ensemble aux climats parfois sereins, parfois plus sombres, mais toujours avec une forme d’envoûtement qui n’est pas désagréable.
On peut reprocher aux huit morceaux de cet album une certaine monotonie mais il se dégage de cette plaque un charme certain qui ravira ceux qui sauront s’y plonger; c’est facile d’accès sans flirter avec le simplisme mais le ton demande néanmoins une écoute exigeante.
Bref, une belle découverte et un groupe à suivre.
Amelius
https://lesdunes.bandcamp.com/album/les-dunes

07/10/2023 : Eloy -Echoes from the past

Eloy
Echoes from the past
rock progressif – 48:52 – Allemagne 2023
Eloy, débuts en 1969… nom de la race futuriste de Wells, son Beatles-Shadows et psyché des Pink Floyd, puis Yes, Camel et autres King Crimson; son basé sur les soli de Frank et les synthés spatiaux pour un rock symphonique typé; ce 21e opus concept vient terminer l’histoire de Jeanne, grande muse dudit guitariste. Un rock progressif d’antan favorisant les ambiances plutôt que la virtuosité instrumentale.
«Conspiracy»: intro floydienne planante et le riff de Frank à la «Blues Brothers» met l’ambiance; un air pop-rock convenu sur une déclinaison symphonique, phrasé et pads en duo. «Compassion for Misery»: mélodie au relent folklorique, voix langoureuse sur un clavier psyché en fond en interlude. «Echoes from the Past»: prog metal avec roulement de batterie et la voix phrasée agrémentée d’un chœur féminin; air pompeux monolithique, accents orientaux et un petit break, bien fait mais prévisible. «Danger» continue, avec une flûte, on dirait Jethro Tull; riff posé, sans vague, la mélodie rassure et garde la notion de concept album mélodique; titre qui tarde à décoller, final classique. «Deceptive Glory»: même sonorité, comme un fac-similé des titres précédents pour un prog rock conventionnel lorgnant vers les Barclay James Harvest.
«Warning Signs»: ouf un peu de space, enfin c’est bon mais ça ressemble au premier titre, l’intro flirtant avec un son de la BOF de «Heavy Metal»; le riff central a un air de «Kashmir» donnant un air pompeux et grandiloquent, le titre qui sort du lot. «Fate»: court et dans la redite, sans nouveauté, linéaire malgré l’apport du chœur. «The Pyre»: sur la même trame avec une intro phrasée et un air zeppelinien, se voulant grandiloquent, pour la montée vers le bûcher; le break prévisible avec la guitare qui gratte sur l’une des plus belles intro d’ AC/DC, oui, vous verrez, on attend même la cloche; ambiance planante, latente, atmosphérique… enfin; malheureux d’attendre la fin de l’album et ce final éthéré, new-wave renforce le malaise d’un 2e bon titre. «Farewell» termine l’album par une ballade médiévale douce; la douceur leur va mieux.
Eloy fait du Eloy, toujours à préférer et/ou compenser la technique par une ambiance grandiloquente et atmosphérique, puissante mais prévisible; des passages mélodiques, spatiaux, un ton prog classique presque hypnotique par la continuité de l’air, lunatique, prévisible, manquant de créativité; nous sommes en 2023 et la donne a changé. Même s’il faut leur reconnaître une longue carrière, c’est un peu répétitif; même si c’est mélodique, c’est aussi un tantinet soporifique.
Brutus
https://open.spotify.com/intl-fr/album/09gUuvef0LsnFghB4wXfCv
https://youtu.be/3MtE1E0txKg

08/10/2023 : ESP  Project - Reverie

ESP Project
Reverie
rock progressif symphonique – 57:14 – Angleterre 2023
Tony Lowe, le maître à penser du groupe ESP Project, nous livre une suite symphonique en sept mouvements, eux-mêmes décomposés en plusieurs parties. Notons le début étrange du titre «Manifestation - Cities in the Sky» qui décolle réellement après trois minutes. Nous nous retrouvons bien dans une rêverie avec le titre suivant «Lights in the Field - Into the Earth - Heat Beneath the Soil». Ensuite le long (presque treize minutes) «Flying Deeper - Power Revealed - Reawakening», sur une rythmique légèrement jazzy (ambiance bar fin de nuit), nous permet de continuer notre planerie. Le dernier morceau, «Climb to the Stars - Corridors of Light - Coming Home», accentue encore les ambiances à tendance jazz cotonneux. La toute dernière partie de cette plage nous permet de quitter cette plaque, dans une atmosphère désincarnée et parfois inquiétante.
Tibère
https://esp-prog.bandcamp.com/album/reverie
https://www.youtube.com/channel/UCo85rSda89Ylfhuhew1ICKQ

09/10/2023 : Glacea - Glacea

Glacea
Glacea
pop progressive – 41:53 – Autriche 2023
On pourrait également classer cette belle plaque comme faisant partie de la sphère du progressif atmosphérique. Leurs sources d’inspiration proviennent de la nature et des montagnes, selon leurs dires. De fait, les titres de leurs chansons font nettement appel à ces sources («Forest», «Skies») ou aux saisons («Autumn»). L’eau fait également partie de leurs intérêts majeurs («River»). Ils ne renient en rien leur patronyme («Iceman», «Snow»). L’ambiance sur le déjà cité «Autumn» reflète parfaitement cette saison aux atmosphères changeantes; on se croirait effectivement au milieu de la forêt lorsque les feuilles commencent à chuter et à tourbillonner dans les airs… En définitive, une plaque à ne pas savourer en plein été, mais plutôt dans les saisons interlopes…
Tibère
https://glacea.bandcamp.com/album/glacea

10/10/2023 : Random Earth Project - Airwaves

Random Earth Project
Airwaves
rock progressif – 59:54 – Royaume-Uni 2023
En janvier 2022, Carleton Van Selman (compositeur, claviériste, chanteur) forme Random Earth Project avec trois de ses amis, comme lui, vieux routards de la musique et de la scène, ayant passé du temps dans divers groupes, y compris des groupes house et des groupes "hommage".
Les influences varient de Floyd à Yes, en passant par Tangerine Dream, Kate Bush ou les deux Gustav Holst et Mahler.
À peine quinze mois après leur formation, un premier album intitulé «Airwaves» voit le jour.
Dix titres très (trop) éclectiques qui reflètent bien les influences notées plus haut.
Musique planante, rêveuse, mariage réussi entre rock progressif et incursions symphoniques («Airwaves»). Assemblage audacieux d’influences orientales («Egyptian») avec de somptueux développements qui vont crescendo.
Globalement les titres qui se succèdent laissent transparaître une approche plutôt pop/rock dans des interprétations sans faute.
Notez l’apparition dans la quatrième chanson («Window»), au chant et à la guitare, d’Amanda Lehmann, également connue pour ses collaborations avec Steve Hackett.
C’est un morceau blues-rock au tempo lent («Holy Blues») qui aura retenu mon attention. Un titre que n’aurait pas renié Beth Hart (retournez écouter «I'd rather go blind»…).
Par la diversité musicale contenue dans l’opus, Random Earth Project nous propose une démonstration de ses potentiels avec des morceaux qui ne sont pas des réussites totales, mais qui laissent présager un avenir très prometteur. En attente de confirmation de tout ce potentiel avec un éventuel deuxième album…
Publius Gallia
https://randomearthproject.bandcamp.com/album/airwaves
https://www.youtube.com/watch?v=7rX8Q7TnaRc

10/10/2023 : Various Artists - Folklore

Various Artists
Folklore
progressif atmosphérique – 15:40 – Angleterre 2023
Le label anglais Fruits de Mer nous a fait parvenir cet EP, «Folklore», composé de quatre titres. Il s’agit de nouveaux enregistrements de titres connus par quelques artistes de leur écurie. On trouve des reprises par Us and Them («The Garden of Jane Delawney», de Trees), Jay Tausig («Matty Groves», traditionnel), Elfin Bow («Sea Song», de Caedmon) et Kevin & Scott Robertson («Running From Home» de Jansch). Bon d’accord, ce n’est pas très progressif tout cela, mais quand la musique est agréable à écouter, pourquoi bouder son plaisir?
Tibère
https://www.fruitsdemerrecords.com/folklore.html

11/10/2023 : Tenhi - Valkama

Tenhi
Valkama
neo-dark folk pagan / progressif – 70:03 – Finlande 2023
Tenhi connu en 1999, me faisant découvrir Kauan l’album et le groupe; une musique étrange, sombre, parsemée d’instruments acoustiques avec Death In June et Clannad comme réminiscences; un 7e opus mélancolique distillant des contes provenant de contrées crépusculaires, austères et merveilleusement solitaires; Tenhi c’est le groupe ancien, son nom, qui associe le paradigme de la musique à son comble et une beauté indicible sublimée.
«Saattue»: intro… froide, voix de Tyko envoûtante, le son est lancé pour un lent crescendo "boléro de Ravel" monolithique d’où sort une mélancolie salvatrice. «Kesävihanta»: arpège grinçant et cristallin et voix gutturale. «Valkama» où l’art musical crépusculaire prend tout son sens; solennel, intimiste et aérien avec le piano en avant, Anathema doivent adorer. «Rintamaan»: folk épique par excellence avec flûtes et chants guerroyant qui pourrait être joué en voyant défiler une armée belliqueuse. «Rannankukka» prolonge avec un tambourin tribal esseulé au milieu de la guitare, désopilant. «Laineinen» à l’orgue majestueux qui transperce un corps, aérien et onirique.
«Hele» continue sur un long monologue d’où le spleen lui-même ne peut s’extirper, quelques notes nipponnes amplifiant l’air; le final instrumental donne un sentiment de souveraineté. «Ulapoi» surfe avec un koto ou ce qui lui ressemble pour une ballade phrasée symphonique subarctique crépusculaire majestueuse. «Elokuun linnut» aux chœurs venant réchauffer cette atmosphère lugubre; simple mais prenant. «Sydämes on tiel»: flûte en tête d’affiche et l’acoustique guitare floydienne. «Veden elein» en continuité sur la guitare acoustique avant un final vocal cathédrale, sur les Anathema langoureux; la batterie assez discrète se fait jour ici, donnant le ton solennel. «Aina sininen aina» me rappelle de suite un air à la Enya bien éthéré; des guests vocaux accentuent la vibration et donnent l’impression de venir de là-haut, latent, mélancolique, apaisant.
Tenhi a donc attendu 12 ans pour amener son post-folk sombre aux pointes néo-classiques à un port d’où l’atmosphère dégage paix, romantisme et harmonie; moins d’ambient, plus de brut, plus d’émotion et de sérénité; une noirceur musicale égayant notre cerveau pour un message salvateur sur le temps, le monde, nous, pour croire en demain avec un piano omniprésent; un opus concept pour s’immerger durablement dans l’espace incomparable et unique de Tenhi.
Brutus

https://tenhi.bandcamp.com/album/valkama
https://youtu.be/knzuxhTYvFw

12/10/2023 : Soft Machine - Other Doors

Soft Machine
Other Doors
jazz rock – 56:27 – Angleterre 2023
Né en 66, Soft Machine (SM) a connu au moins deux vies (voir l'excellent «50 ans après, que reste-t-il de nos amours?» qui leur est consacré) et cet album, même s'il est studio (et n'est que le 13e), résolument jazz-rock, est le reflet parfait des prestations scéniques de leur seconde vie: une maîtrise parfaite de la liberté musicale.
«Careless Eyes» qui ouvre entre flûte légère et guitare chaude est une merveille de sensibilité en 150 secondes! Vient ensuite «Penny Hitch», une compo de Carl Jenkins issue de l'album «Seven» (1973), Roy Babbington est en guest sur ce morceau (il officiait déjà sur le «Fourth»!) formant avec Fred Baker un couple de bassistes accompagné d'un Rhodes réverbéré, puis du sax de Theo Travis font merveille. John Etheridge vient y mêler sa guitare avec ce son si chaud, sa virtuosité et sa musicalité sans pareille.
«Other Doors»: un thème assez math de John dont s'échappe un sax de Theo assez classique bientôt chorussé. Un break plus tard, peuplé de chaudes guitares sur fond de Rhodes, le thème math revient tel un refrain, le second couplet c'est un sax chaud qui solifie à tue-tête avant que le thème ne vienne conclure.
Ces 3 premiers morceaux étaient très construits; tout change avec «Crooked Usage» qui sent plus la liberté propre au jazz, alors jaillit aussi la virtuosité de John Marshall (batterie). «Joy of a Toy», initialement composé par Kevin Ayers, est une reprise du 1er SM. Le départ très R&R s'efface vite au profit du jazz-rock soft dont est fait cet album, on y apprécie particulièrement la basse de Fred Baker soutenue par la wah-wah de John. «Flock of Holes» et «Whisper Back» sont de courtes rêveries faites d'un jazz totalement aérien, «The Stars Apart», plus long, ne nous permet pas de retomber. «Now! Is The Time»: Fred et Roy (pour une seconde pige) nous livrent un beau duo basse et fretless. Après cette parenthèse pour subwoofer, SM nous précipite jusqu'à la fin du disque dans un jazz de plus en plus improvisé où les bons moments se succèdent, laissant notre esprit vagabonder au milieu de quatre virtuoses réunis pour notre seul plaisir.
Cicero 3.14
https://softmachine-moonjune.bandcamp.com/album/other-doors

13/10/2023 : The Rosen Corporation - Hidden Structure

The Rosen Corporation
Hidden Structure
Vangélien / Berliner Schule – 55:13 – Allemagne 2023
Peter Baldwin n’est jamais en panne d’inspiration et il excelle dans ses œuvres improvisées incontinentes. J’en veux pour preuve l’opus précédent, «Remnants of Being», composé de neuf parties enregistrées «live en studio (sauf une)» qui comptent presque toutes plus de 30 minutes chacune. Plus de 333 minutes au total. Comme je ne chronique jamais au terme d’une seule écoute, vous imaginez le nombre d’heures que je vais passer à analyser ces merveilleuses choses! Et donc, présentement, j’ai opté plus sagement pour cette structure cachée arrivée à point nommé, d’autant qu’elle est excellentissime! La musique de Peter nous transporte sur les ailes du rêve par des flux atmosphériques faits de notes éthérées qui coulent comme un fleuve mélodique sur une lumineuse moire cosmique. Frémissements vangéliens nés des échos d’une cathédrale d’Émeraude. Les onze premières minutes nous enveloppent dans un cocon de béatitude céleste. Nées d’une brise intemporelle, viennent les premières notes séquentielles d’une caressante douceur. Vapeur mélodique ciselée dans l’eau la plus pure d’un diamant qui reflèterait l’âme éveillée du mélomane. La mélodie coule sur ces doux miroitements syncopés qui évoquent l’image d’un tulle flottant sur le corps d’une déesse alanguie. Des textures qui rappellent une fois encore l’univers de «Blade Runner» et ce n’est pas vraiment un hasard. Peter utilise ce matériel nommé «Black Corporation Deckard’s Dream» ou DDRM, un hardware clone du synthé Yamaha C80, cher à Vangelis. Matériel très sophistiqué qui permet de recréer ces sonorités astrales avec chœurs et reverb de voix célestes nées d’un improbable Multivers. Dès la 25e minute, le vent solaire tourne à nouveau et apporte une touche de mystère. Peu à peu, imperceptiblement, on glisse dans une constellation proche de celle du Tangerine Dream des années Virgin et je pense particulièrement aux intros de «Rubycon» et de «Ricochet». À partir de la trentième minute, le vaisseau passe en exponentiel et les séquenceurs se greffent peu à peu aux sons flûtés et séraphiques. Un courant d’énergie pure submerge alors l’auditeur. On est de plain-pied dans le vortex de la tangerine tout en conservant ce rappel constant au compositeur grec évoqué plus haut. Un mariage improbable de deux galaxies en intrication quantique, la douceur de l’une lissant l’ardeur de l’autre. La fusion se fait totale. Perfection. C’est comme si la calme rivière étoilée s’était muée en un étincelant et vertigineux maelstrom astral. Construction similaire à celle des TD de la grande époque mais sublimée par la touche inimitable de Peter, le Faiseur d’Univers. Avec lui, le voyage est infini et va au-delà de l’Ultime Frontière!
Clavius Reticulus

https://the-rosen-corporation.bandcamp.com/album/hidden-structure

14/10/2023 : TrancEnd - Lilac

TrancEnd
Lilac
trip hop progressif – 47:00 – États-Unis 2022
Un album censé être sorti le 10 septembre 2022 et qui ne nous parvient qu'aujourd'hui! J'avoue ne pas avoir tout compris... sauf si l'on considère que ce disque n'est paru à l'origine qu'en digital.
Pour faire court, TrancEnd est un quatuor, la fratrie Maurus augmentée de la chanteuse Brittany LeAnn; ils nous viennent d'Asheville en Caroline du Nord et mixent brillamment le trip hop et la musique progressive en se réclamant de Portishead et de Massive Attack entre autres. Vous suivez?
Quelques titres se détachent de l'ensemble: le titre inaugural, «Landing», avec un terrible groove de guitare basse, le second, «Meridian», pour moi la perle de l'album avec les chœurs de Brittany qui porte très haut la pièce, le septième, «Another Day», léger, mutin et facilement mémorisable, le onzième, le faussement calme et mystérieux «Twin», seconde perle du disque, et enfin le titre conclusif, «Green-Yellow Lights», ou comment maintenir la lumière dans une œuvre au clair-obscur, le seul instrumental de l'album parsemé des vocalises de Brittany.
Osez l'aventure TrancEnd entre deux productions hollywoodiennes boursouflées (je ne nommerai personne…).
Domitien
https://trancendband.bandcamp.com/album/lilac
https://www.youtube.com/watch?v=rfifxcfnUds

15/10/2023 : Various Artists - Above and Below: The Music of Allan Holdsworth - Volume 1

Various Artists (Allan Holdsworth)
Above and Below: The Music of Allan Holdsworth - Volume 1
jazz progressif – 73:57 – International 2022
Comme vous pouvez vous en douter à la lecture du titre de cet album, il est bien question ici de rendre hommage au guitariste Allan Holdsworth, décédé le 15 avril 2017 à l’âge de 70 ans. Quatorze titres composent cette plaque, interprétés par différents artistes (ils sont au total vingt-cinq) dont je vous épargnerai le listing dans cette chronique. Ils interprètent chacun leur version personnelle des morceaux choisis car Allan avait un style et une écriture uniques. Indispensable pour tous les afficionados de cet immense guitariste.
Tibère
https://aboveandbelowthemusicofallanholdsworth.bandcamp.com/album/volume-1
https://www.youtube.com/watch?v=AkUQQ7JVIO4

16/10/2023 : 35 Tapes - Fabric of Time

35 Tapes
Fabric of Time
rock progressif – 42:53 – Norvège 2023
Déjà le troisième album pour ce groupe norvégien 35 Tapes. Il nous propose un album totalement mélancolique, rempli de Mellotron et de synthétiseurs analogiques. Le nom du groupe est d’ailleurs un hommage aux 35 bandes magnétiques nichées au sein du Mellotron. Les musiciens sont particulièrement talentueux et s’harmonisent pour créer des ambiances progressives douces et délicates. On y retrouve l’influence des plus grands comme King Crimson, Genesis et encore plus Camel, particulièrement au niveau du chant proche de celui d’un Colin Bass. Plusieurs membres du groupe ont également une formation en ingénierie du son et cela s’entend parfaitement! L’album est parfait au niveau prise de son et mixage. Certes, pour l'originalité on repassera… mais ils nous offrent un album de classique prog de haute qualité. Heureusement, l’album n’est pas trop long car les titres sont quand même un peu répétitifs. Amis progueux, vous ne pouvez pas passer à côté de l’écoute de «Fabric of Time».
Vespasien
https://35tapes.bandcamp.com/album/fabric-of-time
https://www.youtube.com/watch?v=jKF5-8TfKkc

17/10/2023 : The Sun or the Moon - Andromeda

The Sun or the Moon
Andromeda
rock psychédélique – 47:33 – Allemagne 2023
The Sun Or The Moon nous vient d’Allemagne, entre Bonn et Nuremberg, et c’est tout naturellement qu’il a décidé de s’appuyer sur l’héritage krautrock laissé par ses ancêtres teutons.
Si ses références proviennent principalement des pionniers de l'électronique (Kraftwerk, Tangerine Dream), des sons trip-hop, qu’on attribue plus souvent à Massive Attack ou Portishead, émergent de-ci de-là…
Les plus fins d’entre vous discerneront également des relents de world music, de jazz et de post-punk (new wave). Les productions des débuts (expérimentaux) de Pink Floyd viennent compléter les sources susmentionnées (pour l’anecdote, sur leur 1er album figurait une reprise de «Julia Dream»).
Mais c’est de leur 2e album dont il est question aujourd’hui.
Le quatuor explique vouloir jouer une musique lounge psychédélique.
Ainsi, sur une base électronique de rythmes répétitifs et de paysages sonores générés électroniquement, le groupe développe un son feutré que contribuent à renforcer les voix. Mais alors que nous pourrions penser voguer, durant tout le voyage, sur un long fleuve tranquille, des cassures de rythmes et des riffs presque «hard» nous sortent, au gré des compositions, de la torpeur hypnotique inhérente au genre…
L’apport de groupes psychédéliques des années 60 et 70, tel Pink Floyd, peut se sentir assez fortement sur le morceau d’ouverture «Operation Mindfuck» et des sons organiques pimentent l’ensemble des titres comme la flûte sur «Planet 9», le piano sur «Into Smithereens», le saxo sur «The Art Of Microdosing», titre aux sonorités orientales.
La section rythmique nous rappelle, s’il en était besoin, que The Sun Or The Moon est avant tout un groupe de rock dont les solos de guitares emmènent surfer autour de Saturne.
L’épidémie avait empêché nos musiciens de défendre le premier album sur scène. Espérons qu’ils puissent le faire avec ce second effort, pour notre plus grand plaisir.…
Publius Gallia
https://thesunorthemoon.bandcamp.com/album/andromeda-2
https://www.youtube.com/watch?v=9BnDB8oiNyg

18/10/2023 : Nicola Alesini - Dante-Viaggi immaginari tra Inferno e Paradiso

Nicola Alesini
Dante - Viaggi immaginari tra Inferno e Paradiso
jazz rock minimaliste – 75:16 – Italie 2023
Ces voyages imaginaires entre enfer et paradis, basés sur les écrits de Dante, sont une captation de concerts qui se sont tenus à Rome en 2009. Mais la publication, uniquement digitale, ne se fait qu'en 2023!
La performance est pourtant remarquable car seul Fabrizio Cicero (qui n'est pas de ma famille) accompagne les nombreux saxos de Nicola Alesini qui en outre crée des boucles en live, parle et chante!
Utilisant un jazz rock minimaliste, c'est une longue plongée dans les textes de Dante découpée en 14 pistes. Si l'ensemble trouvera plus facilement un écho auprès des italophones, les autres seront peut-être subjugués par les saxos parfois doubles (basse, alto) joués à travers des boucles; ici pas de jeu comme celui de Maître David Jackson (VdGG) qui souffle souvent dans 2 embouchures à la fois! On est plutôt dans du John Hassell (RIP) qui aurait abandonné la trompette!
Les compositions se ressentent du vécu de Nicola qui a collaboré avec une pléiade de musiciens évoluant dans différents univers: Richard Barbieri (Japan, Porcupine Tree), David Sylvian (Japan), et plus ambient les Hans Joachim Roedelius, Harold Budd et autres Roger Eno.
Laissez-vous tenter par un premier voyage, vous verrez bien si c'est un enfer, ou si c'est le paradis, et si vous souhaitez repartir!
Pour moi ce furent 75 minutes de douces rêveries.
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/intl-fr/album/47fjw7KciGPSnjKbWvBATE?fbclid=IwAR2sJQGFHIb4o6nZaP4w3HsqFvL5urQ2C8gPMHO-l_MD_90VQNjpFFM2zQY
https://www.youtube.com/watch?v=dG8uJxZ6a_s

19/10/2023 : The Ancestry Program - Of Silent Mammalia Part II

The Ancestry Program
Of Silent Mammalia Part II
néo-progressif – 65:49 – Allemagne 2023
The Ancestry Program est un groupe néo-prog fondé très récemment par Andy. Un «Part I» de 2021 avec des sonorités sur Talk Talk, Dream Theater, Subsignal, Haken, voire Arena, un son melting-pot brassant un prog symphonique sublime; un 2e guitariste et une section cuivre fournie pour leur 3e album, l’histoire des baleines sauvant la planète.
«Mysticeti Ambassadors...» l’intro mystérieuse, ambiance sombre des abysses! «Path of Inspiration» au riff gras et sax au menu; voix typée, monocorde, batterie imposante qui part sur une ambiance jazzy-prog; le solo guitare sur Saga; le final cuivré sur EWF désopilant et original. «Pangreta's Box» puissant avec Ben surfant de sa voix suave puis growl; un break violoncelle et la déclinaison sur les terres néo-floydiennes. «War Is Over» va plus loin; du violon à la Kansas, du blues, un orgue Hammond chaleureux, une sonorité latine et un piano aérien, entreprenant, des voix off prog avec l’éternel «Never Surrender»; la fin space qui introduit «Maria's Smile» avec l’intro abyssale, sur un «Grand Bleu» des espaces avec claviers et guitares inondant; le côté psychédélique des Pink Floyd, mélodique aérien, une ballade explorant la Forêt-Noire, un solo guimauve, une montée symphonique avec chœurs émouvants.
«Ancestors» pour la baffe, retour au néo-prog metal, expressif avec Ben mélangeant son organe mélodique-voix grognement death; un mélange tonitruant sur IQ. «Star to Follow» et un roulement de tambour à l’intro; solo guitare à la Toto, saga, superbe; des nappes synthé new wave brouillent les cartes, la mélodie soft sur Talk Talk qui s’écoule, la voix aérienne, un riff proggy et le clavier vintage 80, ballade acoustique sur le final guitare, Ayreon avec synthés fondant. «Paranoid Sructures» intro électro; paf un air digne d’un Zappa ressuscité, jazzy puis le néo reprend ses droits, gras, mélodique et nerveux; fourre-tout et distrayant; douceur de la voix et riff enflammé; final arpège guitare à la Steve Howe et «Create Our Sins» enchaîne, ballade limpide piano et sax que j’avais oublié; contrées funky où le piano et le break jazzy trompette déroutent pour une fusion singulière; final riff hard rythmique. «...of Silent Mammalia» clôt cet album déconcertant par une ballade country, folk à prendre comme outro.
The Ancestry Program suite, moins étonnante car je connais; plus variée, mélodique, prog, métal, jazzy, groovy, néo-metal: déconcertant, peut-être trop pour les puristes; un son graisseux, des variations de couches musicales imposantes, un peu à l’image de cette baleine sauvant le monde, un album innovant et grouillant de réminiscences progressistes, voilà l’important.
Brutus
https://theancestryprogram.bandcamp.com/album/of-silent-mammalia-part-2
www.youtube.com/watch?v=3YvqBuQs5wI

20/10/2023 : Ian Neal - Barkston Ash

Ian Neal
Barkston Ash
rock progressif symphonique – 48:33 – Angleterre 2023
Quatrième album pour Ian Neal et, si les sources d’inspiration sont à chercher du côté de «Trespass», «Nursery Crime» ou «Selling England by the Pound», des influences très nettes de Spock’s Beard, Transatlantic ou même Flower Kings se font sentir de-ci de-là, le tout sans être pour autant du plagiat car notre ami Ian se révèle un as de la composition avec une personnalité propre. Par exemple, «Fair Winds» est très nettement influencé par Genesis. «Holst’s Hollows» nous fait voyager quant à lui dans un univers pas si éloigné que cela de certaines pièces de musique classique. Arrive ensuite le plus long titre de l’album, «The Vale of Linden», superbe pièce de douze minutes avec, en son sein, de claires citations de Genesis. Dix minutes sont nécessaires afin de quitter cette superbe réalisation («Come Harvesting!») comme un hymne final que je vous conseille d’écouter tant cette plaque, dans son ensemble, se révèle hypnotique.
Tibère
https://ianneal.bandcamp.com/album/barkston-ash
https://www.youtube.com/channel/UCqYFwRJnZMuHBIK84-mztIw

21/10/2023 : Arjen Lucassen's Supersonic Revolution - Golden Age of Music

Arjen Lucassen's Supersonic Revolution
Golden Age of Music
metal progressif – 64:45 – Pays-Bas 2023
Premier album pour ce side project Arjen Lucassen's Supersonic Revolution. Bien sûr vous connaissez déjà Arjen Lusassen avec ses autres groupes Ayreon, Guilt Machine ou encore Star One. Pour cet album il s’entoure notamment du grand Joost van den Broek, claviériste de Stream of Passion ou encore d’After Forever. Le principal invité est le chanteur John Cuijpers qui officie depuis des années dans Praying Mantis, le grand groupe anglais de NWOBHM [New Wave of British Heavy Metal, ndlr]. Le moins que l'on puisse dire c’est qu’il est parfait pour cet album! L’idée est de composer et jouer des chansons à la manière du hard rock des années 70 comme pouvait le faire Deep Purple, comme le traduit le titre de l‘album «Golden Age Of Music». Comme chez Deep Purple, le clavier devient un élément dominant dans plusieurs chansons, faisant presque oublier les riffs de guitares, mais une fois que la guitare s’y met… elle est magique! On ressent pleinement le plaisir de composition des musiciens, notamment avec les cascades d’orgue Hammond déversées de main de maître par Joost van den Broek. Le résultat final se résume à 11 titres de heavy rock énergique, à l’inclination progressive, qui sonnent dans la lignée du groove du rock dans les 70’s. Un petit plus à la fin avec des covers de T. Rex, ZZ Top et le fameux «Love Is All» qui nous remet Dio en tête. Franchement un petit ovni musical, surtout venant de Mr. Lucassen, mais surtout un plaisir intense tout au long de cet opus. Album à écouter absolument.
Vespasien
https://supersonicrevolution.bandcamp.com/album/golden-age-of-music
https://open.spotify.com/intl-fr/album/7sHaKnNMC8MVBnruMeWDOH

22/10/2023 : AVKRVST - The Approbation

AVKRVST
The Approbation
metal progressif – 48:44 – Norvège 2023
Deux musiciens et amis, Martin Utby et Simon Bergseth, ont grandi ensemble et vingt-deux ans plus tard, ils sortent enfin un album, influencés, entre autres, par Anekdoten, Porcupine Tree, Opeth, Neal Morse ou King Crimson. Le projet est un concept sur une âme sombre qui se retrouve seule avec ses pensées, isolée dans une cabane au fond des forêts sombres, loin de la civilisation. Remarquons que «The Approbation» a réellement été écrit dans une cabane pendant un automne et un hiver pluvieux et froid. La pluie ou le klaxon du train ont effectivement été enregistrés à l’extérieur, la nuit sous les étoiles. Les différents titres alternent passages acoustiques et riffs nettement heavy. Les deux épiques qui clôturent magistralement cette plaque se révèlent d’une beauté à toute épreuve. Bien que le patronyme du groupe semble obscur, l’explication la plus plausible que j’ai trouvée à ce sujet est qu’il provient du dessinateur et peintre norvégien Olav Ukrust. Les autres explications relèvent plus de l’affabulation que d’autre chose, selon moi. Précipitez-vous donc sur cette merveilleuse plaque, vous ne serez pas déçus.
Tibère
https://open.spotify.com/intl-fr/track/4mQTW2yQN1HLDVBk02GFSg
https://www.youtube.com/watch?v=PWSXCfnpUME

23/10/2023 : The Weever Sands - Secrets Of The Pecking Order

The Weever Sands
Secrets Of The Pecking Order
pop progressive – 43:23 – Allemagne 2022
Avec cet album, nous allons parcourir les sept jours de la semaine, en débutant, bien sûr, par le lundi. Bien que cela soit sautillant, ce lundi n’est pas au soleil, vous vous en doutez. Je vous fais grâce des titres des sept plages constituant cette plaque car ils sont à rallonge… Notons que Jens-Peter Gaul est le compositeur principal, ainsi que le claviériste du projet. On pourrait présenter le projet comme étant la fusion entre un minimalisme post-rock et du Canterbury, le tout en mode qui peut sembler faussement enfantin. Il nous raconte ici l’histoire de Phea the Pheasant («le faisan» pour les non-anglophones). Amateurs de non-sens british, vous allez pouvoir prendre votre pied à l’écoute des histoires de Phea (les Monty Python ne sont jamais très loin). Pour les autres, abandonnez pour une fois votre sérieux.
Tibère
https://theweeversands.bandcamp.com/album/secrets-of-the-pecking-order
https://www.youtube.com/c/The-weever-sands

24/10/2023 : Myrkur - Ragnarock

Myrkur
Ragnarock
folk metal – 23:42 – Danemark 2023
Avec cet EP (uniquement disponible en numérique), nous retrouvons Myrkur, alias Amalie Bruun, dans un registre plus habituel que «Folkesange», son album précédent. Comme ma chronique précédente, il s’agit aussi d’une musique composée pour un ballet qui sera joué au Royal Danish Theatre de Copenhague. Celui-ci s’intitule également «Ragnarock» et présente une légende inspirée de la mythologie nordique (https://kglteater.dk/en/whats-on/season-20232024/drama/ragnarok). La musique composée par la multi-instrumentiste (chant, guitare, piano, alto) peut apporter des cordes langoureuses et mélancoliques («Ragnarok Tema»), des touches délicates uniquement au piano («Livs Tema»), ainsi qu’un son typique folk rock («Krigersang»). Mais Myrkur revient aussi sur des sonorités plus lourdes et métalliques («Kampsang») et des rythmes tribaux («Jætternes Sang»). Soulignons la qualité et la diversité des voix: la chorale féminine quasi a capella sur «Odins Sang», le côté heavenly voices sur «Balders Tema» et bien sûr le chant dur et guerrier de Myrkur qui colle à la thématique du spectacle.
La Louve
https://myrkur.bandcamp.com/album/ragnarok-original-soundtrack
https://youtu.be/yNVym4qhdCY

25/10/2023 : Pledge Of Healing - One Step Closer

Pledge Of Healing
One Step Closer
trip-hop / rock atmosphérique – 53:30 – France 2023
Pledge Of Healing naît à Orléans en 2021, trip-hop à la frontière des Massive Attack, Anathema, Radiohead, The Gathering ou Edenya pour un rock atmosphérique mêlant tendresse et énergie, du spleen aérien et relaxant; un son planant rempli de synthés et de basse prenante, avec Claire Sergue et Cyril Delvallez unis pour nous étourdir.
«A Friend For Bad Times» entame avec un vocal sur Björk, son sur un Anathema 3e mouture; paf virage électro avec phrasé et break riff heavy atmosphérique, pas mal du tout; voix langoureuse qui se lâche à la fin. «Hopes And Dreams» sur une montée tout en douceur, douce ballade mélancoli-romantique. «What I Have Left» sur la même veine atmosphérique, crescendo avec Claire en fer de lance; le break mélodique piano sur des notes guitare viennent parfaire la sensation trip-hop. «Life Explorer» toujours mélancolique, avec sa ligne groovy, latente, entre rock et trip, avec un début de lassitude au vu du côté linéaire. «The Universe Responds» à l’acoustique guitare sur un duo chœur pour un son plus soft; air cinématique me rappelant les BO de «Silent Hill»; montée consensuelle et hypnotique.
«Too Late» comme interlude avec un arpège guitare primaire spleen; réminiscence des Gathering, trip tribal percu final, géant.
«Thrill Ride» revient à la sauce trip-hop que MDS avait auguré avec son chanteur; électrique et ambiant; montée et voix en deux temps pour plonger dans l’atmosphère romantico-classique. «Run To Light Up The Sun» arpège piano et la pièce la plus singulière; ténébreuse, floydienne, électro et progressive; construite en délicatesse sur une déclinaison fusion d’Anathema et The Gathering onirique avec un trop rare solo guitare enivrant. «Through The Storm..» montée sombre crescendique flippante, vibrante au piano; le titre qui te donne envie avec «Too Late» de le remettre; cette explosion digne d’Anathema me fait sursauter agréablement.
Un premier jet intéressant avec quelques longueurs, un bémol pour ce genre déjà envoûtant et atmosphérique; quand la mélancolie devient ambiante, quand le rythme lent inspire à la méditation et aux méandres musicaux c’est bien; lorsque le côté évanescent soft et progressif latent se fait jour cela devient un tantinet redondant; un opus introspectif flirtant avec de très bons titres favorisant le décollage et d’autres en manque de roues pour adhérer à ce fameux décollage.
Brutus
https://pledgeofhealing.bandcamp.com/album/one-step-closer
https://youtu.be/6HmTGmOH1xE

26/10/2023 : Claudio Milano's End Friends (La Bobina di Tesla) - ManifestAzioni Live 2011-2023

Claudio Milano's End Friends (La Bobina di Tesla)
ManifestAzioni Live 2011-2023
expérimental / avant-garde – 124:50 – Italie 2023
Avide, explorateur, fureteur érudit (il étudie le chant opératique aussi bien que le registre technique du sifflement ou le chant de gorge tibétain), engagé (avec la musique, il tente de faciliter l’intégration des réfugiés politiques), Claudio Milano fait entendre son travail, prolixe, protéiforme, expérimental, toujours en recherche, insensible aux limites (sinon pour les faire voler en éclats) dans les salles de concerts, les théâtres, les workshops, les scènes underground du spectacle vivant, sur disques, films ou installations multimédias, dans des registres qui mêlent le rock, le jazz, le classique, le world, l’avant-garde et se centrent tous sur la voix – instrument universel, apprivoisé et indomptable. Ce nouveau disque (double) témoigne de 12 ans (10, + 2 "volés par la pandémie") devant ses publics, en Italie bien sûr, mais aussi ailleurs en Europe, de ses innombrables rencontres dans le milieu des musiciens, des metteurs en scène, des créateurs de spectacles, de sa vitalité et de son inextinguible besoin de faire parler ses cordes vocales – au travers de musiques magmatiques, prêtes à heurter («Per causa - nostra») ou à simplement se laisser aller («Secca in festa»), les premières emportant ma préférence.
Auguste
https://claudiomilano.bandcamp.com/album/claudio-milanos-end-friends-la-bobina-di-tesla-manifestazioni-live-2011-2023
https://www.youtube.com/watch?v=1mJBjHyO1VE

27/10/2023 : Valid blU - The Missing Link

Valid blU
The Missing Link
art rock / rock progressif – 36:32 – Allemagne 2023
Valid Blu est un projet à 5, entamé, il y a quatre ans. Basée à Wolfsburg, foyer de la célèbre VW coccinelle, Suzen Berlin a recruté un chapelet d'implacables artisans prog: Anni Riemer, son complément vocal harmonique, Lena Uhde, la basse secrète liante, Dennis Wetzler, le rythme dans les poings et surtout, Peter «cosmic» Schmidt, le génial cuisinier, aux mille recettes alambiquées. En 2021, sur leur premier et disque concept (plus) aventureux, «WFYB.TV», notre brigade germanique avait mis en scène l'avatar de leur front woman dans un monde dominé par les médias; originalités et épopées auditives à l'arrivée. Chemin poursuivant, après avoir soigneusement géré leur image Dark SM à coup de clips ou à coup de réseaux sociaux, la bande à Berlin est de retour en 2023, avec la suite (moins prolixe) autoproduite: «The Missing Link»… Au travers de ce set, il y a du David Bowie, période berlinoise, un peu de Kraftwerk, et quelque chose de Pink Floyd post seventies. Pourtant, cette fois, on reconnaîtra volontiers quelques accents pop, le titre «All I Want» en tête; d'ailleurs, côté promo, trois singles sur six morceaux ont été sortis de (la cuisse de) l'album. Plume au chapeau, pour «Poison (In My Veins)», notre guitare-top chef a touillé, avec dextérité et chatoyance, dans la grande marmite des sons, consolidant autour de sa cuillère en argent une préparation n'étant pas sans rappeler, quelque part, du Jan Hammer et de la télévision clipesque, années 80… Dans un registre tout aussi authentique, on suivra avec plaisir «Breathe», où les poly-résonances de nos athlètes en voix font un taff de Belzébuth, instruments à la hauteur de leurs relais acrobatiques! Quand siffle la fin de la récré, on laisse partir «First Woman on Mars» un tantinet ordinaire, avec des chants et des accords (beaucoup) trop terrestres. «The Missing Link» est de bonne composition… sans aucun doute mais il a rejoint les sentiers battus, alors qu'on avait envie de poursuivre une expérience plus affolante. Tant pis!
Kaillus Gracchus
https://open.spotify.com/intl-fr/album/0d9yfaleUifQUkyMRrkR0F
https://www.youtube.com/watch?v=qFmYvLZRj7k

28/10/2023 : Infinitome - Beyond the Beyond

Infinitome
Beyond the Beyond
rock progressif symphonique – 61:09 – États-Unis 2023
C’est une fratrie qui compose Infinitome, à savoir Richard Horn (basse, claviers), qui vit dans l’Arizona, et David (saxophone, guitares), vivant, lui, à New Jersey. Une suite composée de cinq mouvements entame cette plaque («Beyond Mars») de bien belle manière. Nous voyageons en plein symphonisme, ce qui n’est pas pour nous déplaire, bien au contraire. Un peu plus loin, un titre énigmatique attirera votre attention («Baa Baa Goes the Sheep»). La partie de saxo est de toute beauté (j’ai toujours adoré cet instrument). Sur la longue plage «Dream of Life» (douze minutes), le piano s’accorde une place de choix, tout en laissant de mini-symphonies s’octroyer également un espace musical, c’est tout ce que souhaite tout véritable amateur de rock progressif. On quitte l’œuvre de nos amis sur la pointe des pieds avec le délicat «Day I Lost You», seule plage avec du chant. Un bien bel album en tous les cas…
Tibère
https://infinitome.bandcamp.com/album/beyond-the-beyond
https://www.youtube.com/watch?v=69SQ1ziXn_s

29/10/2023 : Threshold - Dividing Lines

Threshold
Dividing Lines
metal progressif – 64:52 – Angleterre 2022
Threshold... un des fers de lance du metal progressif ne cessera jamais de nous régaler album après album. Si je compte bien, ils en sont au treizième album! J’avais adoré l‘album précédent, «Legends of the Shires», sorti en 2017; avec cet opus, ils sont dans le même sillage mais sans être répétitifs.
Leur musique passe invariablement entre progressif et metal avec un style toujours audacieux et recherché mais surtout sans fioritures inutiles. La mélodie est privilégiée avec de superbes soli exigeants du guitariste Karl Groom ou du claviériste Richard West. L’entrée en matière de l’album est phénoménale avec «Haunted». On découvre d’entrée de jeu cette guitare irremplaçable et la beauté du chant de Glynn Morgan. Avec «Let It Burn», on retrouve de multiples changements de rythmes et la dextérité époustouflante dans leur jeu. Avec «Lost Along the Way», on voyage plus dans le prog année 80-90, style Asia ou encore Pendragon, mais naturellement plus musclé; ce feeling est bien présent et cette ambiance donne la chair de poule. Le groupe avait annoncé un album plus sombre, on le ressent particulièrement dans les dernières minutes de la composition qui clôture l’album sur des tonalités excessivement metal aux riffs lourds. Le son de l‘album est parfait et la production de Karl Groom lui-même ne pose aucun problème. Il faut dire qu’il a pris de l‘expérience dans ce domaine aussi en ayant travaillé pour Pendragon, Yes, John Wetton, Clive Nolan, Edenbridge ou encore DragonForce. En conclusion, ne passez pas à côté de cet album. Écoute indispensable!
Vespasien
https://thresholdprog.bandcamp.com/album/dividing-lines
https://music.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_lP1RNs6VrhVP_XEo0WSHJjieVJ_aF9aak

30/10/2023 : a.P.A.t.T. - We

a.P.A.t.T.
We
avant-garde / rock progressif – 40:44 – Angleterre 2023
Certaines musiques agissent comme ces parents trop précautionneux qui déplacent en hauteur tout objet fragile, placent des coins en caoutchouc aux arêtes des meubles, étalent des coussins rembourrés contre les murs, persuadés que le monde doit se sécuriser pour assurer la survie de leur progéniture; a.P.A.t.T. est persuadé du contraire: le collectif liverpudlien œuvre tant qu’il peut, depuis ses débuts en 1998 sur un MiniDisc 4 pistes accueillant tout qui passe dans le coin, à déstructurer les repères, misant sur la remise en cause incessante de la prévisibilité pour aiguiser les sens, développer les aptitudes réactionnelles, gérer l’incertitude – car la vie, c’est l’incertitude. «We», septième album d’un groupe connu pour ses expériences multimédias, ses surnoms abracadabrantesques (General MIDI joue d’un tas d’instruments, Private Dancer tient le violon, Commodore 6/4 et Empress Play soufflent, entre autres, dans un saxophone) et une musique qui doit autant au progressif qu’à la pop et à l’électro, des chansons brinquebalantes, troublées et troublantes – à l’image des essais de télévision en couleurs de Tryphon Tournesol dans «Les Bijoux de la Castafiore» –, sautillantes et tyranniques : une sorte de «Y a d'la joie» des temps modernes, percuté des maux sonores communs en 2023 (les jingles publicitaires, les sonneries de téléphones, les conversations sur haut-parleur, les bips de Candy Crush, le son nasillard des vidéos TikTok…).
Auguste
https://apatt.bandcamp.com/album/we
https://www.youtube.com/watch?v=6VKuJgWRJKA

31/10/2023 : Cédric Theys - Colour Spectrum

Cédric Theys
Colour Spectrum
jazzy-rock / avant-garde – 51:19 – États-Unis 2023
Cédric Theys a commencé à jouer fin 90, proposant des paysages sonores ambient dans une veine ensemble de chambre; des titres frisant l’expérimentation avec une guitare U8 aux sons nouveaux, différents; un rock électronique bigarré censé repousser les limites musicales avec ses acolytes utilisant glockenspiel et basse clarinette; un album world, électronique, progressif et ambiant.
«Weaving Light» avec le marqueur de l’album, utilisation guitare et clarinette pour recherche singulière, ambiant et expérimental. «Silver Sands» avec le glockenspiel en fond pour un titre sombre à l’instrumentation sèche et saccadée partant sur un break heavy au groove incertain. «Sea Of Change»: cloche, piano, guitare cristalline pour une ballade bucolique en chambre; un free jazz progressiste sombre et austère pour demeurer en contemplation, la clarinette comme guide. «Translucent Rainbow»: duo guitare-basse clarinette enchevêtré et une mélodie caverneuse comme le faisait si bien les Art Zoyd; final percussion guitare frippienne. «Coding Shades» change de style, proposant un air entêtant entre jazz et déclinaison batterie prégnante, avec un groove flirtant avec un King Crimson; la clarinette ôte toute idée de notion rock, le glockenspiel illuminant la piste.
«Fallen Feather»: titre le plus conventionnel; un morceau enjoué partant sur des contrées cauchemardesques où la guitare U8 amplifie le son morbide. «White Moons»: titre le plus long, pardi pour aller sur la lune c’est logique; une errance free jazz, folk world extraterrestre déroutante pour avertis et fanas, sur un slow magmaïen et un solo intimiste à la Woody Allen avant d’aller voir sa fille. «Colouring The Skies»: duo guitare-clarinette contenu par la batterie posée de Troy pour une ballade forestière normande bien à l’abri des bocages. «Invisible Light»: notes parsemées, ambiance austère, sur un jet frippien, différent et similaire à la force que l’aspect éclaté devient rassurant. «Magnet Metal» en final et une recherche acide, aiguë, désopilante, pour qui n’aime plus le jazz, ni le prog, mais souhaite s’évader dans un univers solitaire.
Cédric Theys est bien un admirateur de Markus Reuter pour l’utilisation de la U8 Touch Guitar; un opus pour admirateurs, à la recherche du son différent, aptes à s’égarer au détour d’une clarinette ou d’une batterie pour ne plus revenir; des sons désaccordés, des notes farfelues arrangées pour s’évader et retrouver l’univers singulier d’Art Zoyd ou Univers Zero.
Brutus
https://madducksrecords.bandcamp.com/album/colour-spectrum
www.youtube.com/@ctheys