Janvier

01/01/2024 : The Keening - Little Bird

The Keening
Little Bird
dark folk – 51:27 – États-Unis 2023
The Keening c’est encore (et ce n’est pas un reproche, au contraire) un projet d’une musicienne qui se lance en solo. Après avoir fait partie de SubRosa, la guitariste et chanteuse Rebecca Vernon a écrit et composé son premier album. Elle est accompagnée de quatre anciens membres de SubRosa qui officient actuellement dans le tout excellent groupe The Otolith et, comme elle sait très bien se faire entourer, elle s’est adressée à Nathan Carson (batteur de Witch Mountain), à Kelly Schilling (flûtiste de Dreadnought) et Andrea Morgan (violoniste de Exulansis) pour compléter le line-up. Pour la coproduction, la conception et le mixage de l’album, elle a fait appel à l’élite de l’Oregon: Billy Anderson qui a travaillé entre autres avec Neurosis, Mr. Bungle, Fantomas, Amenra, Cathedral et Swans (excusez du peu!).
Musicalement, on se laisse bercer sur les sanglots longs des violons de «l’Autumn», ou sur les touches très mélancoliques de «Little Bird», ou encore sur la mélodie un peu floydienne de «The Hunter I». On s’élève vers «l’Eden» avec de grandes orgues et un côté orchestral. Et on termine avec le plus long titre, «The Truth» (plus de 17 minutes), qui part dans différents styles musicaux; on y retrouve, en alternance, du gothique/dark wave, des passages doux et aériens et un très beau chant classique interprété par Lisa Zimmerman et n’oublions pas, à la dernière minute, le joli chant d’oiseau. Sûr qu’avec autant d’artistes de qualité (oiseau y compris!), on ne pouvait pas se tromper sur la réussite de cet album.
La Louve
https://thekeeningmusic.bandcamp.com/album/little-bird
https://www.youtube.com/watch?v=vC4UiNnylY0...

01/01/2024 : MMTH - Infinite Heights (EP)

MMTH
Infinite Heights
post-rock – 31:12 – Allemagne 2023
Fondé en 2016, ce quatuor allemand n’en est pas à sa première production. Celle qui nous occupe aujourd’hui n’est pas dénuée de qualité. L’ambiance cafardeuse dégagée par le court «Dark Sun», ainsi que la dernière plage, «Sampras», ne doit toutefois pas vous induire en erreur. Le reste de la plaque est nettement plus proche des canons de ce style musical tant décrié par certains. «Relais» se montre à cet égard digne de concurrencer les plus grands représentants du post-rock. J’imagine parfaitement le groupe enflammer les plus grands stades du monde. Ne soyez pas les derniers à les découvrir.
Tibère
https://mmth.bandcamp.com/album/infinite-heights
https://www.youtube.com/watch?v=NOEQpAM1Pu0

02/01/2024 : Neon Heart - Söderut

Neon Heart
Söderut
krautrock – 75:19 – Suède 2023
Le quintet à l’instrumentarium original (guitare, basse et batterie, certes, auxquels s’ajoutent saxophone, flûte et alto électr(on)ique – sans oublier les interventions vocales) improvise une musique structurée par une rythmique à la mécanique implacable («Då väntar jag»), aux longs développements qui appartiennent au genre (un krautrock vitaminé, tirant sa substance, plus corsée qu’expérimentale, du (Grand) Nord – Neon Heart est basé à Stockholm) et axés sur le collectif plus que sur l’égotique (pas de soli démonstratifs). Double disque autoproduit, «Söderut» est le cinquième album du groupe depuis ses débuts en 2017, sans doute un peu long (c’est le risque de l’impro, parfois fastidieuse – c’est l’envers de la médaille de la place prise par la batterie), mais qui, à l’image de «Bråttom», recèle plusieurs titres réussis.
Auguste
https://neonheart1.bandcamp.com/album/s-derut
https://www.youtube.com/watch?v=eN-c9rsQgqw

03/01/2024 : Fuzz Sagrado - Luz e Sombra

Fuzz Sagrado
Luz e Sombra
stoner / metal / psychédélique – 43:16 – Brésil 2023
Samsara Blues experiment, Surya Kris Peters et maintenant Fuzz Sagrado sont divers et successifs projets de Christian Peters, Teuton établi depuis quelques années au Brésil. Notre artiste vient de sortir un deuxième disque de neuf titres, «Luz e Sombra», qui fait suite à «A new Dimension» de 2022. Et c’est chanté en anglais! Projet cosmopolite donc.
Musicalement, «Luz e Sombra», même si on peut y trouver des émanations, n’est pas un nouvel album de Samsara Blues Experiment en solo.
Bien sûr, il est indéniable que la voix de Peters et les riffs grondants teintés de psychédélisme ne sont pas sans rappeler ce que le groupe a pu produire en son temps. Mais la façon d’utiliser les claviers, ainsi que les guitares acoustiques et les percussions, vient (légèrement) atténuer le côté heavy pour donner à l’ensemble une atmosphère plus largement stoner-rock.
Indéniablement et sous couvert d’une écoute attentive, il apparaitra que les titres sont teintés de sonorités prog influencées par les années 70, aux côtés de chansons plus courtes et pour le coup de style grunge.
Cela n’empêche pas les tempêtes électriques comme celles qu’on peut affronter dans des titres tels que «There’s No Escape», «Luz e Sombra» ou «Love In Progress».
Notre musicien friand de voyages et d’exploration spirituelle nourrit ses morceaux de sa recherche introspective qui, musicalement, se traduit beaucoup par de vastes passages instrumentaux sur lesquels Christian Peters fouille les notes avec sa guitare, créant un blues électrique mélancolique se voulant lumineux.
Rien de transcendantal dans cette production néanmoins récréative et qui, en termes de Nirvana, fait plus penser au groupe du même nom qu’à l’état de béatitude pouvant être atteint par la contemplation et l'ascétisme.
Publius Gallia
https://electricmagic.bandcamp.com/album/luz-e-sombra
https://www.youtube.com/watch?v=tfP0EIR7IG4

04/01/2024 : Confusion Field - Future Impact Of Past Diversions

Confusion Field
Future Impact Of Past Diversions
pop / neo / heavy progressif – 48:50 – Finlande 2023
Confusion Field est un projet, créé par Tomi Kankainen (voix, basse, guitare, claviers) en 2017. En 2021, il avait fait appel à Petri Honkonen (batterie) et Markus Jämsen pour les soli de guitare pour participer à l’enregistrement d’un premier album. C’est quasiment avec ce même line-up qu’il nous propose sa seconde réalisation, seule Janne Liekkinen ajoutant sa voix pour les chœurs.
Tomi Kankainen s’est initialement illustré comme bassiste avec une carrière dans les années 90-2000 allant du pop au metal. Et cela se ressent un peu, créant un habile mélange musical: très facile d'accès sans céder à la facilité, musclé mais pas trop, la batterie est très (voire trop?) méthodique mais déliée, les guitares restent sages, les claviers très '90 proposent souvent des gimmicks qui papillonnent agréablement. La mise en son et le rendu ne souffrent d'aucun problème, rendant l'ensemble très agréable; bémol personnel: les voix chorussées style Talk Talk. Plus généralement, on pourrait les situer non loin de Riverside.
La pochette, superbe, à l'ambiance douce, ne reflète pas totalement l'album qui est plus noir et froid comme on le voit dans le livret.
Plongez sur le lien YouTube, plus bas, vous serez convaincus!
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/intl-fr/album/2WPxbQDHfCBAcsGp0Y9uwf
https://www.youtube.com/watch?v=bg-oZYdMTO8&list=OLAK5uy_nXdWD9M5mZL729w6fo_d4-0LfzFG27Z-0&index=4

05/01/2024 : Residuos Mentales - A Temporary State of Bliss

Residuos Mentales
A Temporary State of Bliss
rock progressif / ambient – 43:52 – Grèce 2023
Residuos Mentales inconnu malgré sa formation datant de 2012, bonne surprise prog flirtant avec les réminiscences dinos des Camel, King Crimson et Genesis, proposant une fusion metal-funky par instant; ambient et folklore sombre, innovant, avant-gardiste ce 2e album instrumental.
«The Stuff Of Dreams» intro spatiale, sombre, dantesque; un arpège guitare typé «Animals» égaye l’air avant l’arrivée d’une flûte donnant un air folk-ambient-jazzy; ça part sur des circonvolutions olfieldiennes avec changements de style et autre break comme celui au piano à 7 min; mélodie captivante, la sonorité des Genesis se ressent avec le Mellotron et la guitare frippienne devenant heavy, mystérieuse et explosive sur un chœur magmaïen; ambiance cinématique et finale envoûtante suite à un crescendo d’enfer. «The Missing Part» ballade solennelle au piano avec guitare cristalline, air intimiste avant la trompette de Vangelis surlignant le côté dramatique dudit morceau; ambiance funky-prog de toute beauté.
«A Series Of Self-Correcting Errors» départ serein avant que les notes déboulent littéralement; de douceur l’on passe à frénésie; de sérénité génésisienne avec arpège guitare l’on passe à la furie crimsonienne; l’ambiance cinématique présente un solo guitare mélodique et monstrueusement heavy qui égaye le titre jusqu’à l’apport d’un sax donnant une touche funky. «Impending Catastrophe» entrée cristalline à nouveau, arpège flûte et guitare acoustique; ça démarre fort avec un riff heavy et un Moog des 70, fusion des genres avec le saxo en fond; les claviers impriment un son néo-prog virevoltant suivi d’un passage orgue d’église… divin; son langoureux des King Crimson, air spleen lancinant avant de partir sur une sonate rappelant Malmsteen; le crescendo final laisse pantois devant tant d’ingéniosité.
Residuos Mentales sort un opus majeur qui se doit d’être écouté avant la fin d’année; des compos avec variations d’air, d’émotion, de grandiloquence dans la tessiture musicale mais pas de faux pas, juste l’excellence pour ceux qui adorent le prog vintage innovant sans replonger dans les 70. Stratos et Alexandros sont juste géants.
Brutus
https://residuosmentales.bandcamp.com/album/a-temporary-state-of-bliss
https://youtu.be/61HGg9FgXrg

06/01/2024 : Nick Fletcher - Quadrivium

Nick Fletcher
Quadrivium
jazz fusion – 54:48 – Royaume-Uni 2023
Nick Fletcher fait assurément partie de ces musiciens inconnus par le plus grand nombre mais unanimement reconnu par ses pairs. Actif depuis 1981, ce guitariste britannique a multiplié les expériences, que ce soit en tant que musicien ou en tant que producteur, notamment pour le label Kingsway records. C’est en 1991 qu’il commence à composer sa propre musique et à sortir divers albums, en solo ou en collaboration avec d’autres musiciens tels que Dave Bainbridge, John Hackett ou Tim Harries qui fut le bassiste du groupe de Bill Bruford Earthworks. Le gaillard a donc de solides références et sa biographie mentionne fièrement que «This led to Steve Hackett referring to Nick as “The best jazz rock guitarist in the UK today”». Rien de moins.
Pour cet album, Fletcher est entouré à nouveau de Tim Harries, de Dave Bainbridge sur quelques titres mais surtout de l’excellente batteuse allemande Anika Nilles qui a notamment accompagné Jeff Beck sur sa tournée en 2022. Si vous ne la connaissez pas, je ne peux que vous recommander ses clinics sur YouTube; cela vaut le déplacement.
Pour cet album, oubliez le prog tel qu’on l’entend: ici, il s’agit de jazz fusion. Je ne suis pas un spécialiste de ce genre que j’apprécie néanmoins; cela m’a fait penser à des groupes comme Uzeb ou Mezzoforte (excellent groupe islandais, au demeurant). Les morceaux sont exclusivement instrumentaux et sont construits comme des morceaux de jazz avec des thèmes principaux autour desquels les musiciens s’adonnent à des soli plus ou moins complexes.
C’est très mélodique, c’est magnifiquement bien joué et très bien produit, même si cela ne révolutionne pas le genre. Si vous aimez le jazz fusion, je vous le recommande chaudement.
Amelius
https://www.youtube.com/watch?v=sXVZOab9CQU

06/01/2024 : tB Project - Hourglass of Exile

tB Project
Hourglass of Exile
rock / metal progressif – 77:00 – États-Unis 2023
Taylor Batory est concepteur d'univers et un univers se construit lentement et très laborieusement. Sa ruche est située dans le Michigan. Depuis son au-studio-tarcique, il a fait mûrir trois albums: «Space-Like», «The Majestic Sailors - The Salty Sardine» et, cette année, «Hourglass of Exile». Ingénieur du son, producteur, compositeur et multi-musicien, il a commencé à gratter en 2005. Son dernier «galactite» a connu une période de gestation de presque 11 ans… Pour le mener à bien, il a endossé des tas de costumes, et autant de basses que de batteries. Dans le même temps, il ne faut pas oublier l'intervention de nombreux invités et de permanents (son quatuor de cuivres). À égalité des forces, tant de passion créatrice mérite une écoute introspective, sans aucune retenue, sans zapping, sans trêve, jusqu’à la lie! La plupart des morceaux sont de longues portées: «The Messengers», «Shadowboxer», «Swindle», «Zeal/Appeal», «That's a Nice Coat«, «Riddless of Exile», etc. Ce sont tant de vaisseaux complexes qui s'enfilent de la plus audible des façons. Sur ce dernier album, nous éprouvons toutes les saisons, toutes les météos, toutes les couleurs et toutes les vibrations. Pour un disque bûcheusement produit, on a pourtant la sensation d'une certaine fraîcheur, peut-être, au travers de la partie vocale androgyne ou de la légèreté parcimonieuse de certains instruments, entre alambicage et naïveté, sur le fil constant du riffage en quelque sorte! Mon instant favori consiste certainement dans l'escapade intitulée «Riddless of Exile»; il n'y a qu'à laisser dériver le son là où il va, jusqu'à la découverte du saxophone: un peu de (fausse) candeur après le metal en faç(ade)! Et surtout, une reprise dantesque en pérégrination vocale sur un ressort de guitare pile assorti; voilà la formule, la cour des grands. Si BT fait fructifier son projet d'offrir ses services d'ingénierie à la profession, comme il en fait la publicité, il faudra surveiller ses collaborations d'assez près autant que ses prochaines sorties (en s'armant de patience pour celles-ci). 😉
Kaillus Gracchus
https://tbprojectmi.bandcamp.com/album/hourglass-of-exile
https://www.youtube.com/watch?v=6dcrkuiMb94

07/01/2024 : Galahad - The Long Goodbye

Galahad
The Long Goodbye
rock progressif – 53:06 – Royaume-Uni 2023
Galahad nous revient avec ce nouvel opus, «The Long Goodbye». J’ai un très bon souvenir de Galahad en live qui nous plongeait dans une atmosphère bien particulière, notamment avec le charisme de Stu Nicholson au chant. Je retrouve très vite la patte Galahad dans cet album, mais avec beaucoup plus de passages électroniques que l’on doit principalement à Dean Baker, le claviériste. J’adore écouter la basse de Mark Spencer, discrète mais volontairement parsemée, qui ajoute un vrai plus. «Everything's Changed» est un bon résumé de ce qu’est Galahad, un superbe titre progressif qui paraît léger lors du refrain mais qui montre déjà le sens de la mélodie et de la créativité du groupe. «Shadow in the Corner»: un titre electro-rock des plus réussis. «The Righteous and the Damned» débute par un monologue parlé pour enchaîner avec de très beaux riffs de guitare à grosse distorsion de Lee Abraham… Mais le titre principal est bien sûr l'éponyme épique, «The Long Goodbye», de treize minutes. Une pure merveille! Un côté planant mélangé à une rythmique progressive (au passage, ils montrent ce qu’est du néo-progressif de qualité). L’émotion est bien présente et la chair de poule se fait ressentir. Galahad n’a rien perdu de sa superbe et je vous conseille largement l’écoute de cet album. Ils ont quelques dates de concerts prévues en Europe (Belgique, Hollande, Angleterre, Pologne); si vous êtes dans le coin, soutenez aussi les petits clubs avec un bon concert live. Bonne écoute.
Vespasien
https://galahad1.bandcamp.com/album/the-long-goodbye
https://open.spotify.com/intl-fr/album/04qrGX5HIteDnpUN2JaISK
https://www.youtube.com/watch?v=q8dQkfjmfi0

08/01/2024 : Gleb Kolyadin - The Outland

Gleb Kolyadin
The Outland
rock de chambre – 40:57 – Russie 2023
On connaît principalement Gleb Kolyadin pour ses productions sorties avec la chanteuse Marjana Semkina pour le projet Iamthemorning, mais saviez-vous que notre compère officiait également sous son nom? «The Outland» est la troisième sortie en solo. Si, pour vous, le chamber rock, l’art rock ou le néo-classique sont des références absolues, vous serez fatalement sous le charme de cette plaque où le piano s’offre bien évidemment la part du roi. D’entrée de jeu, «Voyager» vous enchante par ses notes égrenées au cours des dix minutes que dure le morceau. L’ami Gleb est accompagné tout au long du disque par Gavin Harrison (Porcupine Tree, King Crimson) à la batterie et par Tony Levin (King Crimson, Peter Gabriel) à la contrebasse. L’apport de ces deux grands musiciens n’est en rien étranger au charme de l’album. Écoutez donc «Mercurial» pour vous en convaincre. Je n’aurais qu’un seul mot pour terminer cette chronique: allez-y!
Tibère
https://glebkolyadin.bandcamp.com/album/the-outland
https://www.youtube.com/channel/UCgqeqomhdgxBoCJxeI46zZg

08/01/2024 : The Chronicles of Father Robin - The Songs & Tales of Airoea – Book 2

The Chronicles of Father Robin
The Songs & Tales of Airoea – Book 2
rock progressif vintage – 39:01 – Norvège 2023
Voici un nouveau livre des Chronicles of Father Robin, ce super groupe norvégien qui nous avait accordé une interview à l'occasion de la sortie du 1er opus de cette trilogie. Interview et chronique du book 1 avaient été publiées ce 14 septembre, je vous invite à les (re)lire.
L'intro de Andreas Prestmo et sa 12 cordes délicate se poursuit en un «Kyrie Eleison» choral inattendu, puis seul il chante de sa voix haute perchée, encore en apesanteur, discrètement accompagné par une flûte et un orgue. «Over Westwinds» est une introduction tout en douceur d'une grande beauté.
«Orias & the Underwater City»: Andreas poursuit son oeuvre de séduction en douceur, au milieu des bulles marines d'un synthé, donne une tonalité un peu médiévale, sauf qu'a mi-chemin un motif à l'orgue émerge d'une puissante percussion électronique et l'affaire prend un tour (de magie) beaucoup plus oriental avec son orgue et des percussions tribales. Renversant!
Le morceau suivant, éponyme du sous-titre de l'album, démarre à 3 temps, basse, piano, guitare avec un chant très pop, mais très vite j'ai eu l'impression qu'un gentil géant s'invitait pour mon plus grand plaisir, par le break, d'abord, puis après la reprise des 3 temps, dans une montée syncopée, des dissonances. Et lorsque le chant boucle, «Ocean Traveller», c'est proprement génial. Aux nues. «Lady of Waves», d'une facture moins tourmentée, poursuit dans une verve vintage où, comme sur l'ensemble de l'album, les vocaux sont d'une finesse extrême, mais avec, ici, des contrastes plus rock qui donnent envie de danser!
C'est donc tout essoufflé que je prends des «Green Refreshments» pour voler encore plus haut. Alternance de riffs inquiétants, orientalisants, et de flûte et de 12 cordes. Le pattern de guitare final, et la flûte folle vous perceront le cerveau! La cavalcade finale «The Grand Reef» vous achèvera à 200 km/h.
Comme Tibère, je déclare que cet album est indispensable... En fait, c'est le triple album qui l'est... rien qu'avec ces 2 premiers volets!
Cicero 3.14
https://fatherrobin.bandcamp.com/album/the-songs-tales-of-airoea-book-ii
https://music.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_niwmYQHB6TpJXDDmvpaXsNW95hY_GWEKQ

09/01/2024 : Capside - Ladyesis

Capside
Ladyesis
rock progressif italien – 35:20 – Italie 2023
Chez un virus, la capside est la structure qui entoure et protège le génome, l'acide nucléique (ADN ou ARN).
Mais c’est également, et c’est ce qui nous intéresse, le nom d’un quintet italien, plus précisément originaire de Sassari, dans l’ouest de la Sardaigne. Le groupe vient de sortir, pendant les vacances, «Ladyesis», sa troisième œuvre studio, après «CAPSIDEa» en 2009 et «Tous Les Héros» (en français dans le texte) en 2018.
Le titre de l'album, «Ladyesis», est un jeu de mots entre la note «La diesis» (A#) et «Lady», marquant la composante féminine du groupe.
Le groupe, fondé en 1992, s’est stabilisé en 1997 autour de Martino Faedda à la guitare, Manolo Ciuti à la basse, Roberto Casada à la batterie, Giovanni Casada aux claviers et Valentina Casu au chant… Le groupe peut se prévaloir de nombreuses années d'expériences live, avec divers concerts dans des clubs et des festivals régionaux.
Dès le départ, on remarque le caractère unique de la voix de Valentina Casu, la principale révélation de cet album.
L'œuvre est interprétée dans la langue maternelle italienne et la musique produite par nos artistes est un agréable mélange de rock progressif avec des influences pop et jazz. C’est légèrement différent de ce à quoi on peut s’attendre quand on parle de RPI. L’album n’est pas transcendantal mais il est de très bonne facture, professionnelle, enjoué et avec un excellent mixage «maison».
La guitare et les claviers s’entrelacent à loisir, créant des mélodies originales, tandis que la section rythmique est solide (parfois légèrement metal) et élaborée.
Ce n'est pas un album concept mais il semble qu’il y ait un fil conducteur qui est la fragilité humaine vue à travers les yeux d'une femme, la passion, l'amour filial, la guerre, la paix, le sexe, la folie, le courage et la beauté. Votre écoute sera récompensée avec le dernier titre, «Azazel», pas le plus long mais le plus prog.
Publius Gallia
Bandcamp: https://capside1.bandcamp.com/album/ladyesis
YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=wUrB1O6NFMY

10/01/2024 : Kotiomkin - Le Casalingue (The Satanic Rites of Cobram)

Kotiomkin
Le Casalingue (The Satanic Rites of Cobram)
metal doom – 41:48 – Italie 2023
Kotiomkin a 4 disques à son actif depuis 2014, ayant comme trame le cinéma des années 60-70, avec des «héros» comme Maciste ou Black Emmanuelle, cela va donc du peplum au film érotique, ou comme ici à l'horreur satanique toute simple. «Le casalingue» signifie «les femmes au foyer» en italien. Et voici de quoi effrayer la ménagère; le duo formé d'Enzo P. Zeder (basse et synthés) et Gianni Narcisi (batterie) propose 5 morceaux dont l'atmosphère lourde est faite de guitare basse ou basses synthétisées, analogiques précise le livret, de claviers parfois, et surtout d'une batterie au tempo évoluant entre inquiétant et totalement flippant. Pas totalement instrumental cependant, du fait de la présence de collages extérieurs, apportant seuls une présence humaine (et réclamant, parfois, l'aide d'Asdaroth 🤓 ), au moins nous sont épargnées les éructations qui auraient pu raconter l'indicible.
Subséquemment, l'ensemble, quoique très éloigné de mes aspirations habituelles, ne manque pas d'une certaine pertinence dans l'art de faire flipper par la seule musique. Une musique à écouter les yeux ouverts!
Les Italiens ont des maîtres en la matière: Goblin dans un style plus clavier, ou le dernier The Watch dans un pur style prog. Kotiomkin possède un style bien différent avec sa sonorité très basse allant de bien ronde à totalement granuleuse en passant par le granitique.
Mais c'est DIABLEMENT bien fait, laissez-vous tenter!
Cicero 3.14
https://kotiomkin.bandcamp.com/album/le-casalingue-the-satanic-rites-of-cobram
https://www.youtube.com/watch?v=QypFR209nAU

11/01/2024 : Dreamwalkers Inc - The First Tragedy of Klahera

Dreamwalkers Inc
The First Tragedy of Klahera
metal progressif épique – 86:47 – Pays-Bas 2023
Dreamwalkers Inc c’est Tom de TDW composant du rock-metal émotion sur des faits réels ou fictifs depuis 2004; du modern metal sympho-prog et un collectif jouant de l’ambient, du prog, de l’acoustique, du jazz, du néo-classique, de l’opéra; musique forte hybride lorgnant sur l’electro; du rock progressif pour ceux qui aiment Porcupine Tree, Riverside, Threshold ou Tool pour leur 10e album.
«Justice, My Tragedy» entame planante avant le démarrage metal avec deux vocaux; chœurs et riff et un growl; break, air opéra fugace, sur un Ayreon lourd; solo guitare nerveuse et final cinématique, c’est la mode avec un bébé pleurant. «Child of the Bloodmoon» arpège sur un climat musical sombre accompagné de bruitages, dérive progressiste. «Oldstead» batterie et basse nerveuses pour le titre metal. «Broken Puzzle Piece» air solennel, opéra heavy-rock sans sa magnificence. «It Lives» sorte de magma musical agressif et entraînant. «Despicable» changement de ton avec un titre jazz aux harmonies douces, tirant ensuite vers le hard, le thrash pour le riff endiablé, rappelant les Unexpect, final electro lançant «Knowledge From Afar» pour le morceau rock prog bariolé posé, alternant pop et énergie.
«Celebrations» retourne sur une base folk cinématique enjouée, orientale, intimiste. «Mother Dearest» titre phare avec échange metal prog entre la mère et l’enfant; un style électrique, nerveux et des ambiances jazzy bariolées, festives, sur Panzeballett pour le saxo et Sleepytime Gorilla Museum; de la douce folie créative. «Pushed» ballade sombre acoustique et tambourin, une montée finale à la Anathema. «Heroes and Charlatans» à nouveau ambiance électro puis metal limite djent; le final apoplexique. «Discovery» encore plus heavy, hard lourd, bourrin censé exprimer le désarroi de la petite, le vocal du juge dans «The trial»; break acoustique qui dénote et solo mélodique cotonneux. «Chain of Consequences» pour le final son qui enfle, grandit, gronde; l’enfant est bannie, oui l’histoire suit la musique et vice versa; le solo guitare est fort, torturé, énergique comme la décision.
TDW-Dreamwalkers Inc fusionne les genres, les voix et le metal moderne avec l’opéra rock; un metal opéra fantastique sur un roman de Janneke Stam et l’histoire d'une fille trouvée dans une forêt qui va bouleverser ses parents adoptifs, son bouleversant concept melting-pot musical; un album à part, envoûtant mais singulier, plus metal que prog.
Brutus
https://dreamwalkersinc.bandcamp.com/album/the-first-tragedy-of-klahera
https://youtu.be/c0gRjbTm0pk

12/01/2024 : The Rosen Corporation - Midnight Music / The Shadow

The Rosen Corporation
Midnight Music / The Shadow
Soundscape / spatial / dark ambient / Berlin school – 55:22/170:27 – Allemagne 2023
«Un grand lac circulaire envahit la place. De fins voiles de lumière blanche flottent à quelques centimètres de la surface de l’eau. Les diamants célestes, en tombant dans le liquide, se transforment en fine poussière plus légère que l’air et forment cette brume diaphane, jouet de la brise qui tourbillonne lentement dans cet endroit fermé. C'est éblouissant. L'air prolonge en écho un murmure liquide et gazeux à la fois. Les éléments se fondent en une subtile symbiose. Aucune loi physique connue ne régit ce lieu magique.» (Extrait du livre «Le Tombeau des Étoiles», d’El Jice.) Minuit, heure féerique des poètes et musiciens. L’heure où tout est au repos et où l’imagination prend son envol. Si je commence cette chronique par un extrait du roman cité, c’est parce que la musique de Peter Baldwin fait partie de ce même monde. Cette longue plage qu’est «Midnight Music» capte des particules de rêve, fait danser les âmes aimées, réincarne l’essence divine des notes, les transcende en perles oniriques et doucement chemine vers un Paradis perdu. Immersion totale dans un rêve étoilé. Changement de plan. Doucement, l’auditeur décolle. Il est alors comme la plume saisie par une brise légère au parfum de printemps. Au bout de 25 minutes, quelques miroitements célestes en coulis cristallins et on replonge dans les sonorités carressantes. Cette longue pièce est propice à la méditation, invite au calme mélange des sens. On tutoye les Anges jusqu’à ces rythmes pulsants qui rappellent les mondes d’Heldon conjugués à la machine de Deckard. Cascades de lumière mélodique parentes de l’univers du roman cité plus haut. Et final en séquentiels pétillants qui marient une fois de plus la constellation tangerine et la nébuleuse vangélienne.
«The Shadow» navigue un peu dans les mêmes eaux mais prend, en première partie, des teintes plus inquiétantes et proches du dark ambient. Séquenceurs couverts de sombres nuages où se greffent des bruitages d’outre-ciel. Je fais une fois encore le rapprochement avec Heldon dont l’album «Agneta Nilsson» décline des climats semblables. Mais une autre comparaison bien plus probable me vient avec le «Sonic Seasoning» de Wendy Carlos (la partie consacrée à l’hiver). Nous sommes ici de plain-pied dans un style soundscape. Cet album qui comprend quatre parties dont trois dépassent les 55 minutes présente de multiples tableaux pour le moins mélancoliques, voire angoissants, et alterne les moments planants soutenus par d’obscurs arpèges et ceux qui s’enfoncent plus encore dans des abîmes semblables à des trous noirs où se perd la lumière pour ne jamais plus en sortir. La deuxième partie est plus apaisante de par ses rythmes et son tempo de basse hypnotique qui alternent avec des phases d’une grande douceur, suivies de bruitages cosmiques et de séquenceurs berlinschooliens. Les climax sont aussi nombreux que les pulsars d’un lointain univers. Aux environs de la quarantième minute, on trouve même un écho de Soft Machine 6 (in «The Soft Weed Factor»). Tout cela se marie avec un bonheur exponentiel. La troisième partie est bien plus proche d’un lumineux multivers qui s’apparente au précédent «Midnight Music» avant de plonger carrément, au troisième tiers, dans la veine Berliner Schule de la plus belle eau, y greffant une chute perlée aux accents vangéliens absolument magiques. Les six minutes qui clôturent cet album nous promènent dans la Voie Lactée, égrenant leur mélodie comme un collier de perles de rosée musicale que Jon Anderson n’aurait pas dédaignées. Clavier en reverb moiré, lointain écho d’une absolue sérénité. Ces deux albums sont tout simplement superbes et le temps s’est suspendu.
Clavius Reticulus
https://the-rosen-corporation.bandcamp.com/album/midnight-music
https://the-rosen-corporation.bandcamp.com/album/the-shadow
https://www.youtube.com/watch?v=wcSaLND2MzE

13/01/2024 : Ring Van Möbius - Commissioned Works Pt II - Six Drops of Poison

Ring Van Möbius
Commissioned Works Pt II - Six Drops of Poison
rock progressif vintage – 44:51 – Norvège 2023
Si la chose est courante en musique dite savante, elle l’est moins dans le domaine du rock: les "six gouttes de poison", que présente le trio basé à Kopervik, une petite ville du sud-ouest de la Norvège, située sur l'île de Karmøy, trouvent leur origine dans la commande, au printemps 2021, du performeur et chorégraphe Harald Beharie pour son spectacle «Batty Bwoy» (un queer en argot jamaïcain). De ce travail naissent des idées, des essais, dont certains sont finalement retenus pour la scène, alors que d’autres restent au stade de démos, en même temps que Ring Van Möbius exploite plus avant certaines des inspirations originales et se détache du concept de départ, pour rassembler les douze compositions qui forment cet album: Thor Erik Helgesen (claviers multiples et chant), Dag Olav Husås (batterie et percussions variées) et Håvard Rasmussen (basse, guitare et autres babioles sonores) produisent une musique colorée, emplie de sons vintage (le Mellotron ou le Fender Rhodes, comme dans «The 8th Chapter: A Darker Poison»), enregistrée sur des machines d’époque (Otari MTR 90 mk II, Revox PR99 mk II, TEAC 7300RX, TEAC 3300SX), délicieusement mélodique («The 5th Chapter: When Man Becomes Wolf»).
Auguste
https://ringvanmbius.bandcamp.com/album/commissioned-works-pt-ii-six-drops-of-poison
https://www.youtube.com/watch?v=DI7vEj1c5Qk

13/01/2024 : Glorious Wolf - Mysterious Traveler

Glorious Wolf
Mysterious Traveler
rock progressif – 48:38 – Pays-Bas 2023
Glorious Wolf est un projet studio néerlandais du guitariste Ruud Dielen, qui donne pour la troisième fois une forme (en forme de galette) à sa passion pour le rock progressif.
Un premier album (numérique) entièrement instrumental, «Aquarius», était sorti en 2017. Il avait fallu attendre la fin d’année 2019 pour le premier album physique, «Zodiac».
Pour ce qui est de celui-ci, ne vous arrêtez pas à la pochette (tête de loup blanc paré de bijoux indiens) qui caractériserait plus certainement un disque de «hard rock» ou de «Johnny» (Ed Unitsky, quand même).
Les quelques années passées à jouer dans divers groupes blues donneront du sens aux compositions et aux soli de guitare de notre musicien mais toute leur place est donnée aux autres instruments. Les synthés font plus que de la figuration et quelques parties de basse relèvent de l’excellence, le tout étant joué par notre multi-instrumentiste.
Néanmoins, Ruud Dielen n’est pas seul; il est accompagné, en plus d’un très énergique batteur, de deux voix (masculine et féminine) magnifiques.
Vous trouverez dans cet album quelques sonorités ethniques («The True Story», «Mysterious Traveler»), des consonances jazzy («Battlefield»), de beaux passages floydiens de la première heure («Slow Down»), du Rush avec un zeste de King Crimson, Gentle Giant et Frank Zappa disséminés ici ou là au gré des sept titres (trois pistes vocales et quatre pistes instrumentales).
L'amour de Ruud pour le rock symphonique, psychédélique et progressif des années 70 et pour les instruments vintage est indiscutable dans sa musique et devrait séduire la plupart.
«Mysterious Traveler» est, sans aucun doute, un superbe album (très riche et à réécouter plusieurs fois) qui pourrait vite être classé, également chez vous, parmi les incontournables. Dans mon top 10!
Souhaitons que Bad Dog Production, qui fait un fabuleux travail avec ses poulains, laisse à Ruud Dielen le temps de préciser encore plus finement ses idées.
Publius Gallia
https://gloriouswolf.bandcamp.com/album/mysterious-traveler
https://www.youtube.com/watch?v=2_9S7jRSo38

14/01/2024 : Feed My Daemons - Feed My Daemons

Feed My Daemons
Feed My Daemons
metal progressif – 35:56 – Grèce 2023
Feed My Daemons (FMD) est un groupe de rock progressif créé en 2018 à Serrès en Grèce par le bassiste Paris Krallis (Kryfa Monopatia, Powder Blue) et le chanteur Stavros Savvidis (Desert Rocks). Après plusieurs changements dans leur line-up, dès le début de l'année 2019, Apostolos Georgiadis a pris le poste de guitariste solo et, au milieu de l'année 2020, le groupe a été rejoint par Costas Moutafis (Powder Blue) à la batterie. En 2022, la formation du groupe s'est complétée avec l'ajout de Dimitris Kountouras à la guitare et au chant. Leurs recherches musicales s'inspirent de tout le spectre du rock, jusqu'au heavy metal. La passion, la rage, l'imagination, la liberté d'opinion et l'éveil sont quelques-uns des thèmes qu'ils abordent dans leurs paroles. La manipulation, la mondialisation, la haine, la tyrannie et la décadence ne sont que quelques-uns des démons qui nous tourmentent constamment dans le système social dans lequel nous vivons. D’où le nom du groupe… Feed My Daemons. Ce premier opus est une réussite. Des titres efficaces, un son de qualité, des rythmiques entraînantes et variées… Nos amis de Feed My Daemons seront à suivre dans le développement de leur carrière. Je trouve que le chanteur a un timbre de voix à la John Bush, le chanteur d’Armored Saint et Anthrax. Cliquez sur le lien de votre plateforme musicale préférée pour découvrir ce nouveau groupe!
Vespasien
https://feedmydaemons.bandcamp.com/album/feed-my-daemons
https://open.spotify.com/intl-fr/artist/1wo8aEPbLYuOzRlugCyCCf
https://www.youtube.com/watch?v=RmYI0Pt_U6Q

15/01/2024 : Fuzzy Grass - The Revenge of the Blue Nut

Fuzzy Grass
The Revenge of the Blue Nut
progressif heavy – 39:58 – France 2023
C’est un heavy prog d’excellente facture que nous balancent ces quatre Toulousains. N’hésitez pas à chercher des influences de Led Zep (pour la batterie - Clément Gaudry-Santiago), de Kyuss (pour la basse - Thomas Hobeck), d'Hendrix (pour les envolées de la guitare - Laura Luiz). Ne passons pas sous silence le chant psychédélique et stoner à souhait, ainsi d’ailleurs que l’orgue, le tout à charge d'Audric Faucheux. Le titre d’ouverture, «Living in Time», illustre parfaitement mon propos. On trouve également du blues («I’m Alright»). La longue plage qui clôture cette bien belle plaque («Moonlight Shades») débute comme une mélopée pour aboutir, en fin de course, en une magnifique ode aux glorieuses années 70.
Tibère
https://fuzzygrass.bandcamp.com/album/the-revenge-of-the-blue-nut
https://www.youtube.com/watch?v=OHt53ceh8wQ

15/01/2024 : Babal - Let's Get Lucid

Babal
Let's Get Lucid
art rock / rock progressif – 54:50 – Angleterre 2023
Attention, O.M.N.I. en approche de Bristol! Le nouvel et 6e album studio «Let's Get Lucid» du groupe Babal que vous avez peut-être connu sous le nom de Wise Children (2 albums) à leurs débuts en 1999 ou Babble (2 albums) dès 2012.
Babal révèle, sur un progressif technique et avant-gardiste, une vision dystopique et décalée de la vie avec une approche cinématographique, psych-art-rock.
Ce dernier album est présenté comme le plus fluide et le plus intrépide à ce jour. Intrépide, c’est sûr. Fluide, ça reste à voir.
Dès le premier des cinq titres, la section rythmique complexe et les mélodies sophistiquées avec une touche presque canterburyienne et un côté psychédélique créent une atmosphère mystique qui vous plongera immédiatement dans l'univers musical du groupe… En espérant que vous ne vous y noyiez pas.
L’album explore les rencontres avec des alter ego et des personnalités intérieures conflictuelles qui, paradoxalement, permettent à chaque musicien de rester fidèle à lui-même et à la musique qui vient de son âme plutôt que de rechercher la gloire et le succès. Pour Babal, peu importe le nombre de personnes qui «comprennent» leur musique.
Ne comptez pas suivre la structure standard de chansons couplet/refrain, le son, les arrangements et le style de chant changent à mesure que chaque chanson se développe. Chacune a évolué à partir des improvisations dont Babal a fait sa marque de fabrique. Il a, par ailleurs, également joué en direct pour des présentations de cinéma alternatif.
Défiant toute catégorisation, véritable O.M.N.I. de la musique prog, Babal est un groupe qui peut paraître dur d'approche à la première écoute, comme ce fut le cas pour les premières années de Frank Zappa, David Bowie et King Crimson, mais qui finit par s'apprivoiser pour peu que vous fassiez l’effort de plusieurs écoutes.
Publius Gallia
https://babal.bandcamp.com/album/lets-get-lucid

16/01/2024 : Tales From The Sky - In the world of Krimus

Tales From The Sky
In the world of Krimus
metal progressif – 65:07 – Canada 2023
Tales From The Sky: du rock metal prog sur un courant progressif des 70 pour les claviers, des 80 pour les riffs métalliques et des 90 à 2000 pour la fusion; c’est nouveau, c’est là avec Simon en chef d’orchestre qui nous conte l’histoire d’un peuple soumis au dictateur fou.
«Welcome to Krimus world» intro chaleureuse classique, piano aérien, vocal et flûte tullienne élogieuse. «Techno war» son se dirigeant vers le prog metal de Rush et Dream Theater; air haché, un solo guitare gras et la basse sourde des 80-90, relent monolithique brisé par la narration orsonwellienne de Paul. «Reign of terror» titre métallique, gras, nerveux, sur Megadeth avec une voix growl; le break solo synthé dans la lignée d’un Eternity X. «Hallucinate forest» interlude sur Van Halen morceau frais et entraînant, du sang prog en fait. «Love will always live» entame flûte folk pour un titre acoustique avec Chloé aux vocaux; un titre champêtre lorgnant sur les Beatles, Led Zeppelin; orgue majestueux et final pop psychédélique. «This eternal light» fusion entre metal double pédale sur Unexpect; prog metal avec flûte ramenant à Overhead; détonnant, break bluesy avec Paulo en vedette puis Simon nous targuant d’un solo spleen enthousiaste, Genesis avec cet orgue solennel, le final wallien.
«Master lab» intro cinématique avant l’air prog metal pêchu, bien rythmé et une voix growl qui jette le discrédit. «Phymat» même air avec un phrasé plus nerveux, sur Shadow Gallery, sur Tokyo Blade pour le rythme, la voix growl sort du contexte metal prog; break saxo bouleversant la trame musicale et le solo guitare bluesy puis heavy. «Not alone» air accrocheur au départ aux synthés vintages néo-hard prog; le break avec guitare et orgue gras sur un Deep Purple des 80, une déclinaison piano cristalline à la Ruddess bien marquée. «A muse Overture» orgue génésisien solennel, yessien au fil de ce court moment, cinématique et majestueux. «A muse fall» même air; ça explose, refrain déjanté opéra rock; chorale chaste et saxo vite rejoint par Simon, Panzerballett en fond; la basse permet un défoulement musical à la Queen ou Mr. Bungle; instant disco comme le «Disco Queen» des Pain Of Salvation rattrapé par le growl et la triple batterie, désopilant; final de foire d’automne avec l’orgue champêtre.
Tales From The Sky sort un album concept sur une histoire de S.-F., hommes mi-pieuvres avec des envies malfaisantes, miroir du monde actuel. Un album avec le moins texture assez éclatée; pas de djent; le plus ce brassage musical provoque un déluge d’idées qui bouleverse les oreilles et innove.
Brutus
https://talesfromthesky.bandcamp.com/album/in-the-world-of-krimus
www.youtube.com/@talesfromthesky

17/01/2024 : Wax Mekanix - Psychotomimetic

Wax Mekanix
Psychotomimetic
rock classique – 22:22 – États-Unis 2023
Waxim «Wax» Ulysses Mekanix est un musicien multi-instrumentiste américain basé en Pennsylvanie. C’est un vieux routard de la musique, puisque membre fondateur, batteur et auteur-compositeur du quatuor américain Nitro. Depuis 1980 et pendant plus de quarante ans, il a produit de la musique à travers le monde, du genre heavy rock agressif (comme Metallica, Anthrax, Megadeth) influencé par des groupes britanniques, européens et américains des années soixante-dix et quatre-vingt.
En novembre 2020, il sort sous le nom de Wax Mekanix un EP six titres d'une durée d'environ vingt-sept minutes... «Mobocraty», puis c’est «Blunt» en 2021 et enfin cette année les sept titres de «Psychotomimetic».
Wax Mekanix reconnaît pour influences Bob Dylan, The Beatles, Neil Young, Brian Wilson, et Queen pour la composition. En tant que performer, il cite plutôt Black Sabbath, Led Zeppelin, Aerosmith, Queen, KISS, AC/DC, et Van Halen.
Vous remarquerez, à ce moment de la lecture, qu’aucune référence progressive n’entre dans la liste des influences… Et c’est bien le problème auquel je suis confronté. Rien de progressif dans cet album!
En effet, un sacré problème d’aiguillage a fait que ce disque est arrivé dans un univers auquel il n’était pas destiné.
À partir de là, qu’en dire, qu’en penser? Ce n’est pas un mauvais album de rock avec des mélodies et des arrangements plutôt sympathiques.
Dans le cadre d’une évaluation d’album rock, je donnerais peut-être la moyenne. Dans la rubrique rock progressif…
Publius Gallia
https://talonrecordsusa.bandcamp.com/album/wax-mekanix-psychotomimetic
https://www.youtube.com/watch?v=-GoIxcXIusg

17/01/2024 : Wax Mekanix - Psychotomimetic - 2ème avis

Wax Mekanix
Psychotomimetic
rock / hard rock – 22:22 – États-Unis 2023
Après nos incantations, «Ulysse» est revenu, à la rentrée, avec un EP baptisé tortureusement «Psychotomimetic». On en compte trois depuis 2020. «Blunt», son court prédécesseur, a concouru dans la catégorie «Western experimental» que n'auraient certainement pas reniée les frères Van Zant! Ce disque combine quatre titres bien couillus dont une déflagration spéciale sur «The Pigs Are on Parade Today». Avec le dernier arrivé, notre Wax a commis quelques arrangements sonores sur sa voix et ça torche pas mal! Les titres se veulent être des capsules colorées de deux à trois minutes dégageant une très grande densité. Genre: «Pillars of Creation» est une heureuse fête foraine egipto-metal; «Once Upon a Lie», entre jeux de mots et jeux de guitare, est un savoureux fer de lance rock-classico-moderne; «Two Left Feet» réussirait à faire sortir Joe l'Indien de son tipee un jour de pluie; Jeremy Hillary a débarqué de son sous-marin en chantonnant une sympathique petite ballade; derrière «Key to the End of the Word» et «Look at you Now», (re)Wax est livré presque à poil… Les plus coriaces y succomberont d’office…Y a pas à chicaner! Eh bien les gars/gaillardes!?! Curieux bonhomme que ce Mekanix! Après une «Nitro-carrière» dans les années 80, il sort de sa cryogénie, quelques décennies plus tard, assénant des (courtes) fulgurances à la pelle… Qu'il est fort cet Hibernatus!
Kaillus Gracchus

18/01/2024 : The Silver Linings - Pink Fish

The Silver Linings
Pink Fish
rock psychédélique – 37:06 – Espagne 2023
C’est une première parution pour The Silver Linings, quintette issu de la ville de Malaga, en Andalousie (un nid du renouveau psychédélique si l’on pense à ses collègues d’Híbrido, Lunavieja, Medicina, Plastic Woods...), d’abord autoéditée avant la signature chez Spinda Records – qui renvoie aussitôt le groupe en studio pour concocter un véritable album. Aux ingrédients de base que sont les guitares (avec le fuzz, le wah-wah ou le larsen qu’il faut), les claviers, la basse et la batterie, le groupe ajoute le saxophone de Marta Malinowska pour une succession nerveuse de sept chansons kaléidoscopiques débordantes de vitalité, aux couleurs vives et aux sens entremêlés, à l’inspiration nourrie à l’écriture fantastique de l’écrivain britannique Michael John Moorcock, aux dessins du français Moebius (aka Jean Giraud) et aux scénarios du franco-chilien Alejandro Jodorowsky, ou au cinéma du réalisateur russe (soviétique) Andreï Tarkovski – le tout avec, en arrière-plan, les paysages andalous du désert de Gorafe (le Grand Canyon de là-bas) ou de la dune de Bolonia. Très sympa.
Auguste
https://spindarecords.bandcamp.com/album/pink-fish
https://www.youtube.com/watch?v=7cx8wnYBoBE

19/01/2024 : Vitral - Os Loucos

Vitral
Os Loucos
rock progressif symphonique vintage – 46:30 – Brésil 2023
Vitral, groupe Carioca, s'était formé dans les années 80, années peu favorables au prog... et donc s'était arrêté bien vite! Après un long iatus, pendant lequel le Christ rédempteur, dominant la ville, restait prêt à applaudir, et il pouvait se lâcher car, en 2017, Eduardo Aguillar (basse, clavier) réunit Marcus Moura (flûte, accordéon, claviers), Luiz Zamith (guitare), et Claudio Dantas (batterie) pour faire un 1er album. «Entre as estrellas» et son epic de plus de 50 min ne pouvait que susciter que de l'enthousiasme.
Dans ce second album Eduardo, compositeur unique du groupe, a fait appel à Marco Aurêh (flûte), Bruno Moscatiello (guitare) et Gustavo Miorim (batterie), Claudio Dantas réalisant cette fois la pochette...
Ce disque, instrumental, est un bijou. Les 8 pistes oscillent, ici, entre 3 et 8 min, finement ciselées avec des instruments vintage, et une flûte qui, avec la guitare et les claviers, procure une très solide base pour des mélodies raffinées. Seul le titre de l'album dénote, «Os Loucos», les fous... alors que ce disque est d'un classisme absolu. La douce beauté de leur musique m'évoque le meilleur Camel, le lyrisme du RPI, et je me suis même surpris à penser aux tableaux d'une exposition de Moussorgski.
La citation mise en exergue par Vitral: «Ceux qui les voyaient danser, les croyaient fous, mais n'entendaient pas la musique» (Nietzsche), éclaire le titre de l'album; alors n'hésitez plus, venez célébrer le prog symphonique de ces joyeux Cariocas, que je vous recommande chaudement.
Cicero 3.14
https://vitralband.bandcamp.com/album/os-loucos
https://www.youtube.com/watch?v=oQKZdFKiRms

20/01/2024 : Ron Boots - Alone on stage

Ron Boots
Alone on stage
Berliner Schule – 59:03 – Pays-Bas 2023
Ces cinq plages ont déjà été disponibles en téléchargement et sur CD. Si ce ne sont pas de nouvelles compositions au sens strict du terme, elles bénéficient quand même d’un remaniement en profondeur pour le concert live «Dutch Master Festival» (festival réunissant les maîtres hollandais de la discipline). La durée de chaque morceau fait office de titre. Nous nageons à nouveau dans les eaux de Klaus Schulze. Une entrée en matière tout en douceur pour un premier trip de quelque sept minutes qui ouvre la porte des partitions séquentielles pour le suivant voyage d’une double durée. Viennent alors se greffer au tempo des échos des premières œuvres de Pink Floyd, époque psyché («Saucerful of Secrets», «Ummagumma»). On ne peut être qu’envoûté par ces notes célestes qui cascadent sur un rythme devenant rapidement hypnotique. Ron n’a plus sorti d’album solo depuis 2021. Les fans se souviendront de l’excellent «When it gets Dark» et des ambiances non moins magiques de «A Night at Blackrock Station», opus né de la collaboration avec un autre ténor de l’e-music: Gert Emmens. La coloration schulzienne est ici, disais-je, omniprésente: rémanences d’albums comme «Timewind» et «Moondawn», deux pièces majeures du Maître incontesté de la Berliner Schule. Sons flûtés conjugués aux chœurs synthétiques en toile de fond, navigation en sublime douceur parmi les étoiles des plus lointaines galaxies. Ceci pour le troisième saut quantique qui rappelle encore le Floyd de la période psyché et je pense ici à «Ummagumma» et plus précisément à «Careful with that axe Eugene»; le jeu d’une batterie n’y est sans doute pas étranger. Mais, toute comparaison gardée, nous sommes toujours dans le style de Berlin. Flux et reflux d’un océan de douceur – oserais-je dire de tendresse? – sur ce cœur qui bat la mesure et complète les caresses synthétiques d’un monde baigné de perfection harmonique. Plage numéro quatre: palais des glaces, ambiance de cristal, scintillements dans les ténèbres d’un trou noir, lumière cendrée d’un improbable paradis cosmique qui appelle peu à peu les rythmes séquentiels où se conjuguent les vapeurs d’une aube lunaire et les syncopes d’un vent temporel. Une touche légère tangerinienne, très légère. Cadence répétitive envoûtante à nouveau, plongée dans une infinité de fragrances mélodiques. Au final, un excellent album et ticket pour un voyage merveilleux dans les bras stellaires de l’École berlinoise.
Clavius Reticulus
https://ronboots.bandcamp.com/album/alone-on-stage

21/01/2024 : Chris Angels - Chaos - The War of the Worlds

Chris Angels
Chaos - The War of the Worlds
rock progressif – 34:24 – Allemagne 2023
Chris Angels est une maison de disques à lui tout seul. Depuis 2020, il a proliféré sur deux carrières, celle de Cen-Projekt, du prog mélodique sur 8 enregistrements, et la sienne, plus orientée prog rock/hard, sur 5 albums! Ne mâchons pas nos mots: quelle gargantuesque productivité, la plupart des compositions étant fort intéressantes! Et d'autant plus quand on sait que le gaillard joue tout un groupe avec le seul renfort de ses mains et de ses cordes vocales passées, tout de même, au filtre de Robby le Robot. Poète (pour le coup) industriel, ses textes ne manquent pas de saveurs littéraires. Le thème choisi pour l'album du jour est un roman d'H.G. Wells, qui a donné lieu dans les années 2000 à une adaptation spielbergienne, bien filmée mais chaotiquement promotionnée. Vous m'avez suivi? Fatalement, les tueries entre l'humain et l'alien seront au cœur des 6 chansons. Le chant est un peu psyché-déroutant. Certes, il peut, ici et là, convenir au style rock spécial/spatial de l’opus. Plusieurs écoutes en aval, une fois l'orbite rejointe, on préférera, néanmoins, les parties instrumentales. Et que dire partie par partie? Avec le titre «Oxxana» faisant écho à une beauté Dorcelienne, c'est d’office la partie vocale qui pêche en comparaison de ses reprises orchestrales sonnantes et trébuchantes. «The Way» et «Side by Side» passent plutôt bien, sans toutefois casser la baraque… En définitive, on ira chercher la crème de l'album sur les sillons de trois chansons: 1/ «A Child Unknown» pour son thème d'entrée classico-inquiétant, aux claviers puis repris à la guitare, 2/ «The Virus» pour son énergie guitaristique rebondissante et enfin, mais surtout, 3/ «Six Chapters», pièce maîtresse de l'album, qui aurait pu faire la B.O. de l'histoire à elle seule, tous les continents musicaux de cette terre champ de bataille s'y retrouvant! En quelques mots, «Chaos (War of the Worlds)» et sa pochette style réunion des bouffons verts est un studio fortement réussi sur ses parties non chantées. Sorry si le timbre ordi de Chris est une option artistique, qui peut se lier avec quelques mélodies, il représentera cependant pour certains (dont je fais partie) la faiblesse de l'œuvre.
Kaillus Gracchus
https://chrisangels.bandcamp.com/album/chaos-the-war-of-the-worlds
https://www.youtube.com/watch?v=jAPJTIHkf8Y&list=OLAK5uy_kZ3f600_rktJlfqze7On4qP1xopI9B0i0&index=2

22/01/2024 : Hexvessel - Polar Veil

Hexvessel
Polar Veil
metal atmosphérique – 41:40 – Finlande 2023
Je ne connais pas toute la discographie d’Hexvessel mais je n’avais pas le souvenir qu’il y avait des interventions metal dans les albums précédents. Et en effet en réécoutant entre autres «When We Are Death» (2016), les sonorités diffèrent par rapport à «Polar Veil». Dès «The Tundra Is Awake», les riffs sont plus forts et accélérés sur un chant langoureux. Celui de Mat Kvohst McNerney qui a également écrit, composé et enregistré ce sixième album dans sa cabane, durant l’hiver (polaire) 2022. Le choix d’un son métallique est donc à nouveau une autre orientation pour Hexvessel, mais dans un style musical que le chanteur connaît bien pour avoir été membre des groupes de black metal tels que et Dødheimsgard. Si ce n’est «Older Than The Gods» où intervient le growl d’Okoi Thierry Jones du groupe Bölzer, le chant de Mat est doux (et très beau sur «Crepuscular Creatures») mais toujours très sombre, voire implorant («Listen To The River») ou tantôt revendicatif, tantôt calme («A Cabin In Montana»). Dans certains titres, on se rapproche aussi un peu du post rock comme le très beau passage planant sur «Ring».
Si vous n’aimez pas les voix black metal mais que vous appréciez ce genre musical, je vous recommande chaudement ce voile polaire.
La Louve
https://hexvessel.bandcamp.com/album/polar-veil
https://www.youtube.com/watch?v=5yiuPOD9vXY

22/01/2024 : Marco Machera - Dormiveglia

Marco Machera
Dormiveglia
crossover – 38:05 – Italie 2023
Marco Machera est à la base un bassiste et instrumentiste reconnu. Sa participation à «Three of a Perfect Pair Music Camp», animé par Tony Levin, Adrian Belew et Pat Mastelotto, lui a certainement permis de créer les liens pour les belles rencontres musicales qui peuplent sa discographie. Ainsi sur ce 4e opus, Pat Mastelotto assure l'essentiel de la batterie, Tony Levin complétant même la section rythmique du superbe et très gabrielien «Building Home». À noter aussi la participation sur l'atmosphérique «The Nest» de l'électronique Steve Jansen (créateur de Japan avec son frère David Sylvian) et de Julie Slick (basse, Adrian Belew Power Trio) sur «Trains» dont la clochette permanente gâche le plaisir.
L'ensemble forme un disque dont le rythme lent, éveille, à moitié, une nostalgie certaine, donc moitié endormi aussi, comme le signifie le titre de l'album «Dormiveglia» 😉 !
Pour évoquer le style de cet album, c'est majoritairement entre Peter Gabriel et David Sylvian, puis pêle-mêle me viennent John Hassel pour les nappes aériennes de trompette sur «Lost and Found» et Moby pour les boucles/motifs électros finaux.
La clarinette romantique de la 1re piste «Dearest Fools», où elle rejoint le piano, fournit un merveilleux éveil, et lorsque huit pistes plus loin, dont les chœurs émouvants de «Within the Words», l'album se termine sur le très moderne «Did You Get What You Wanted?», il est temps de répondre à la question de ce titre.
Je souhaitais faire la chronique d'un disque et découvrir un nouveau musicien, le tout en prenant du plaisir.
Cet album coche toutes mes attentes, prenez le temps, vous aussi, de vous éveiller à l'univers cocon de Marco Machera, vous ne le regretterez pas.
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/intl-fr/album/1bnaiNdwR8RaPgkHDQTC9R
https://www.youtube.com/watch?v=8lIuRX_ux-A

23/01/2024 : Univers Zero - Lueur

Univers Zero
Lueur
rock in opposition – 47:48 – Belgique 2023
Le groupe belge Univers Zero a été créé en 1974 par Daniel Denis et Claude Deron. C’est en 1977 que sort le 1er album du projet, simplement intitulé «Univers Zero», remixé ultérieurement et ressorti sous le nom «1313». Depuis, 13 albums ont été réalisés dont le dernier (avant celui qui nous occupe aujourd’hui) date de 2014 et s’intitule «Phosphorescent Dreams». Je dois reconnaitre, pour être honnête, que nombre de ces réalisations me sont passées au-dessus de la tête car nous nous trouvons devant une musique pas facile d’accès pour le commun des mortels, mais maintenant j’ai grandi et je commence à apprécier des compositions plus élaborées. Notons immédiatement que, outre Daniel Denis (claviers, batterie, percussions), l’aide appréciable de Nicolas Dechêne (guitares), Kurt Budé (clarinette, clarinette basse) et Nicolas Denis (basse, percussions, chant) participe à l’élaboration des titres présentés. Ne nous attardons pas sur l’historique du groupe et passons à l’écoute attentive de cette nouvelle offrande. «Migration vers le bas» ouvre les hostilités sur un mode bruitiste et même métallurgiste. Sur «Sfumato (part 1)», du chant se fait même entendre et le titre se montre plus accessible quoique fouillé. «Cloportes» nous dévoile une rythmique plus enlevée, tandis que «Rolling Eyes» épouse des accents mélodiques certains. Plus loin, la seconde partie de «Sfumato» nous convie à des heures graves. Le court «La tête à l’envers» met la mienne dans le même état, c’est peu dire. Tout au long de cette plaque, Daniel Denis nous rappelle qu’il est un excellent batteur capable de toutes les finesses. Je vous recommande chaudement de vous plonger à l’écoute de «Lueur», vous ne devriez pas le regretter.
Tibère
https://subrosalabel.bandcamp.com/album/lueur
https://www.youtube.com/playlist?list=PLfClPSp_IuNA6LruO5IHf5vtgpHh8yiPQ

24/01/2024 : Gert Emmens - The City never sleeps

Gert Emmens
The City never sleeps
Berlin School mélodique – 66:13 – Pays-Bas 2023
«The City That Never Sleeps» est d’abord un film muet tourné en 1924 par James Cruze, titre repris ensuite par John H. Auer en 1953. Un polar dans la veine des films noirs. Et, pour l’anecdote, c’est aussi le nom d’un jeu vidéo dont Spider-Man est la vedette dans l’univers Marvel. Mais quel rapport avec Gert Emmens me direz-vous? Eh bien c’est simple: aucun! Ceci est la bande originale d’un film qui n’existe pas! Exercice de style pour Gert dont la composition de ces plages assez courtes est plutôt éloignée de ce à quoi il nous habitués jusqu’ici. Ambiances parfois feutrées ou mélancoliques, loin des développements cosmiques s’étalant sur de longues plages séquentielles; ce qui ne signifie pas que les séquenceurs en soient absents. La démarche est en cela différente que le compositeur imagine des pages de vie en y greffant la musique qui leur sied et en y ajoutant ponctuellement des bribes de conversation et des bruitages de transports en commun. En ce sens, l’opus de Gert se rapproche de l’album de Bertrand Loreau, «Correspondances», tout en demeurant dans le domaine plus proche de la Berliner Schule que de l’avant-gardisme de Bertrand. Alternant pièces mélodiques et poignantes («Main theme», «Dad’s funeral», «At the cemetery») et partitions séquentielles («Getting in touch with yourself»), Gert fait voyager l’auditeur en lui suggérant des images que celui-ci pourra projeter sur son propre écran intérieur. Les plages mélodiques s’agrémentent de partitions de guitare, d’arpèges de piano et d’une batterie qui rapprochent ces compositions d’un style modérément rock et s’éloignent définitivement de l’e-music («Surrender to loneliness»). À d’autres moments («City never sleeps – part 1», «Back to work»), on pourra comparer cet opus aux compositions de Tangerine Dream dans ce qu’ils ont créé pour de réelles bandes originales. En fin de compte, ce «City never sleeps» ne plaira pas aux inconditionnels d’Emmens dans sa veine habituelle mais touchera probablement un nouveau panel d’auditeurs. Il reste que des plages comme «Dad’s funeral», «At the cemetery» ou encore «Main theme (short version)» sont d’une majestueuse beauté remplie d’émotion.
Clavius Reticulus
https://gertemmens.bandcamp.com/album/city-never-sleeps
https://www.youtube.com/watch?v=sqKUksjXm0s

25/01/2024 : You Bred Raptors? - Lysine

You Bred Raptors?
Lysine
rock de chambre – 55:43 – États-Unis 2023
Avec un nom interpellant, sous forme de question (littéralement: "Vous avez élevé des rapaces?") descendu en droite ligne du film «Jurassic Park», les New-Yorkais (du quartier d’Astoria, dans le Queens) Peat Rains, Tara Hanish et Danny Sher, habitués des musiques pour le cinéma et la télévision, donnent, sur cet album (le cinquième du trio), 11 morceaux enlevés, dont le socle repose sur la mélodie structurante de la basse à 8 cordes du premier (développée selon ses spécifications personnalisées par Conklin Guitars), la vivacité sur les roulements de toms – et plus généralement le souplesse organique du jeu – du troisième (il a plutôt une éducation jazz) et la mélodie sur le violoncelle de la seconde (de formation classique et enseignante au conservatoire de musique classique de Brooklyn). Les compositions sont instrumentales, parfois complétées de glockenspiel et autres percussions, pétillantes, mêlant gentiment l’acoustique et l’électrique dans une inspiration plutôt convenue. Pour l’anecdote, le groupe (à l’origine, en 2010, un duo basse/batterie) est estampillé "Music Under New York" – ce qui l’autorise à jouer dans les stations de métro de la ville.
Auguste
https://youbredraptors.bandcamp.com/album/lysine
https://youtu.be/U88D3I2DU6c

26/01/2024 : Fish on Friday - 8 mm

Fish on Friday
8 mm
pop progressive – 54:30 – Belgique 2023
Et si ce groupe était le secret le mieux gardé de Belgique?
Fish on Friday est le projet porté par Frank Van Bogaert qui, mine de rien, poursuit son bonhomme de chemin avec son sixième album depuis maintenant quatorze ans. D’une (trop) grande discrétion, le groupe compte tout de même dans ses rangs depuis 2017 rien moins que Nick Beggs qui fit les beaux jours de Kajagoogoo avant de devenir un musicien recherché notamment par Howard Jones, Steve Hackett ou Steven Wilson, sans compter la mise sur pied de The Mute Gods et le lancement de Lifesigns… Excusez du peu!! Le groupe est complété par le guitariste américain Marty Townsend et le batteur Marcus Weymaere.
J’avais eu l’occasion d’entendre des morceaux des précédents albums et j’étais immédiatement tombé sous le charme de ce groupe. Leur musique est plus pop que progressive mais repose sur des mélodies solides, des arrangements soignés et une production particulièrement léchée. Inutile de chercher ici des développements verbeux; tout est centré, calibré (peut-être trop), mais c’est un régal pour les oreilles en recherche d’une musique apaisante sans être mièvre. Au jeu des comparaisons, le premier nom qui me vient à l’esprit est celui de Alan Parsons Project.
L’album commence par le morceau titre et directement, on est plongé dans leur ambiance feutrée. Un peu plus loin se trouve le morceau-phare de l’album avec la suite «Overture to Flame» et «Flame» qui s’avère en fait être une reprise d’un morceau sorti en 1976 par le groupe Metro, un obscur groupe new-wave actif entre 1976 et 1980. C’est assez troublant car ils arrivent à faire sonner le morceau comme s’il s’agissait d’une de leurs propres compositions. Ce morceau met surtout en lumière la manière dont un excellent bassiste peut relever un morceau de facture somme toute classique. Les morceaux suivants tels que «Jump this wall», «Funerals» ou «A new home» se déroulent avec aisance et classe; ce n’est évidmment pas du metal mais assurément une musique qui fait du bien par là où elle passe.
Ne boudez pas votre plaisir et commandez votre poisson non seulement pour le vendredi mais aussi pour les autres jours de la semaine.
Amelius
https://open.spotify.com/intl-fr/album/1Kpx4q7cnmoVQgjnbuld2b
https://www.youtube.com/@FishonFridayBand

26/01/2024 : Gabriel Agudo - Tales & Thunders

Gabriel Agudo
Tales & Thunders
néo-progressif – 46:03 – Argentine 2023
Gabriel Agudo chanteur pour Bad Dreams jusqu’en 2017 puis avec les fabuleux In Continuum et le SRB, distillant du rock prog classique, entre contes des temps anciens et tonnerres de la vie actuelle; un second opus bien plus sombre et innovant.
«Voyager» hommage NASA pour le départ vers la lune; air mélodique sombre, synthétique, latence de la composition, relent sur Led Zeppelin; rock heavy rythmé aux percussions typées qui change avec un solo guitare de Dave; final céleste. «A Last Chance» acoustique guitare avant un break violent, dérive cinématique en voix off sur les tourments covidaires puis reprise de l’air mélodique, spleen, clin d’œil à Tim Bowness; final entre l’angoisse du souffle et celui joyeux de la naissance. «Nosferatu» tout est dit; intro sombre avant la mise en route sur un rock pop wavien; riff heavy qui rappelle les Killing Joke avec air désaccordé; le synthé lugubre de Derek amplifie le riff avant de partir dans un solo tonitruant, rappel des belles heures de Dream Theater, singulier. «The Way of Shaman» hommage aux Lakotas avec l’intro narrée, des percus tribales, une mélodie consensuelle; le break sur un éclair avec trompette, guitare hard métallique et percus accompagnant des cris en transe pour une fin entre mystère et noirceur.
«Endless Night» atmosphère intimiste, piano cristallin à la Joe Jackson, un air jazzy-prog rock ambiant parsemé de percus et la basse métronomique; texte sur la divagation suite à une rupture; une trompette aérienne enfonce le côté jazzy, mélancolique sur cette nuit sans fin. «Dark Father» retour sur la terre des Indiens aborigènes avec un didgeridoo introduisant Dark Vador dont Gabriel lui-même est fan; son synthétique, riff entraînant, des volées de notes et un instrumental rappelant «Kashmir»; ambiance sombre, spatiale, grandiloquente et folklorique avec ces chœurs d’ailleurs; symphonique, métallique frénétique et envoûtant. «Area 51» suit avec les ambiances intro métallique sirène de vaisseau en détresse; son futuriste au riff soudain; le synthé planant et latent. «Even to the Edge of Doom» fin avec Romeo et Juliette en filigrane et cet Amour plus fort que la Mort; narration sur des synthés atmosphériques, puis d’autres aqueux, étincelants et une guitare qui émerge: Steve celui des Marillion; lorsque latence s’associe au spleen pour un solo prophétique sur notre chance de sortir du marasme; une occasion de confirmer son talent sur ces notes mélancoliques de toute beauté.
Gabriel Agudo lance un message, celui de profiter du bonheur de la Vie; un album véhicule pour rêver dans d’immenses espaces inconnus, fantaisistes dans lesquels les étoiles vous frôleront pour vous réchauffer; un album faisant régresser utilement l’enfant qui est enfoui en vous.
Brutus
https://gabrielagudo.bandcamp.com/album/tales-thunders
www.youtube.com/c/GabrielAgudo/videos

27/01/2024 : 100 Guitares sur un bateau ivre (Gilles Laval) - Bateau ivre

100 Guitares sur un bateau ivre (Gilles Laval)
Bateau ivre
rock expérimental – 42:09 – France 2023
Gilles Laval se fait la main dans les années 1980 dans le milieu underground lyonnais, en même temps qu’il étudie la musique électroacoustique avec Denis Dufour; depuis, il gratte ses cordes en compagnie de Fred Frith (Henry Cow, Art Bears), Guigou Chenevier (Etron Fou Leloublan, Mutants Maha) ou René Lussier (le Québécois), quand il ne monte pas ses propres projets. Imaginé en 2017, «100 Guitares sur un bateau ivre», au thème (l’océan) inspiré du poème éponyme d’Arthur Rimbaud, suit un concept doublement original: rassembler 100 guitaristes (ok, György Ligeti convoque, dès 1962 avec son «Poème symphonique», 100 métronomes – une résultante de sa fugace rencontre avec le mouvement Fluxus), dans le plus grand éclectisme, d’esthétique, d’âge et de niveau, et changer de musiciens à chaque concert – l’idée est de créer des liens locaux. La pièce, divisée en sept morceaux, est d’une écriture qui évite délibérément la complication – elle est accessible aux guitaristes encore peu expérimentés –, entre rock et musique contemporaine, se faufile entre improvisation et recherche sonore, guidée par quelques guitaristes référents et jouée, en extérieur, sur quatre scènes entourant le public.
Auguste
https://daaganda.bandcamp.com/album/bateau-ivre-2
https://www.youtube.com/watch?v=RtloeQbpWw0

28/01/2024 : Jim Politis - Unveiling Emotion

Jim Politis
Unveiling Emotion
jazz-rock – 37:27 – Grèce 2023
Voici un petit groupe bien sympathique composé de Gabriel Kabadais à la basse, Menios Gounaris aux claviers et Stefanos Dimitriou aux percussions, réunis à l’occasion de ce petit album de sept titres. Chacun est issu d’une école de musique classique et en a fait son métier (de la musique!). Chacun a créé un ou plusieurs groupes orientés vers le jazz-rock. Aujourd’hui, c’est Jim Politis et sa guitare qui les a invités sur son quatorzième album solo, pour dévoiler ses émotions.
Et les émotions qu’il nous procure sont vives. Nous sommes emmenés successivement des eaux calmes vers les tempêtes, au gré des rythmes auxquels nous ne pouvons échapper.
La technique est sans faille, les compositions (instrumentales) excellentes avec des références allant de Jaco Pastorius à Uzeb en passant par Victor Wooten, Les Claypool, Marcus Miller, Victor Bailey ou Brian Bromberg.
Ce trop court disque sera une parfaite parenthèse entre deux albums de rock progressif. Une parenthèse que vous aurez envie de rouvrir afin d’en savourer la substantifique moelle et de pouvoir affirmer dans quelques années que vous saviez que cela deviendrait un classique!
La dextérité, la créativité et l’exécution mixées par Chris Zantioti font de cet album une perle de la Méditerranée.
Publius Gallia
https://jimpolitis.bandcamp.com/album/unveiling-emotions
https://www.youtube.com/watch?v=uAKTZAlE-6E

29/01/2024 : Unsafe Space Garden - Where's the Ground?

Unsafe Space Garden
Where's the Ground?
rock psychédélique humoristique – 48:58 – Portugal 2023
Il faut une sacrée dose d’humour pour entrer dans cet album du groupe Unsafe Space Garden. J’en veux pour preuve le titre «Grown-Ups!», le troisième de la plaque avec ces voix enfantines, ainsi d’ailleurs que la mélodie. Les autres titres ne sont d’ailleurs pas en reste. Si Frank Zappa fait partie de votre panthéon personnel, alors cette plaque hors norme est certainement faite pour vous car l’esprit de son œuvre y plane tout au long de votre écoute. Précipitez-vous afin de ne pas rater un album essentiel de votre discothèque.
Tibère
https://unsafespacegarden.bandcamp.com/album/wheres-the-ground
https://www.youtube.com/channel/UCTCEaRgLpWJhUdi6_Kth65g

30/01/2024 : Solstein - Solstein

Solstein
Solstein
jazz fusion / rock progressif – 36:11 – International 2023
La Norvège est un cas à part: ses fjords, ses glaciers, ses montagnes et ses volcans bravant un climat tempéré. Rajoutez à ça la technique américaine, vous pourrez appréhender le groupe Solstein dont c'est le premier album: un son introspectif tourmenté qui dévoilera ses codes méthodiquement au fur et à mesure de son écoute. Sur cette œuvre au titre éponyme, Jacob Holm-Lupo a fusionné un archipel de mélodies jazz doucereuses/chatouillantes. Les travaux de Brynjar Dambo et de Bill Bressler sur leur clavier prennent leurs références dans les années 70 et 80. Leurs créations à quatre mains sont des répertoires d'ambiances innovantes et mystérieuses. Quant à la guitare de (Stian) Larson? Elle ne craint personne. Ses accords sont, tour à tour, baladeurs, aériens, funky ou tout simplement rock. Nos musiciens démontrent leur art complexe sur chaque morceau. Avec «Oriental Folk Song», le combo baigne dans l'huile sur un ton classique! «The Night Owl» compose un écho nocturne (presque) solitaire. Sous «February 9th», on croirait contempler une aurore boréale. «The Creeper» se dévoile en toute subtilité, basse feutrée et tapes sèches sur caisse claire signée Keith Carlock. Attitré ou simple mercenaire, notre batteur étoilé sait parfaitement rendre ses frappes originales; surtout hors tempo! C'est le cas pour Hamada qui diffuse comme des apartés résonant entre trois et cinq coups: easy et génial. Parallèlement, l'équipe va entamer un jeu de ping pong entre claviers et six cordes qui enverra ses partitions à cent à l'heure vers le mystique. Le dernier chapitre clos, personne n’a eu l’impression de se perdre dans ce paysage rocailleux, ni de s'ennuyer pendant les marches. Le timing est idéal: moins de quarante minutes pour huit instrumentaux. En définitive, ce disque est comme une parfaite bande originale accompagnant notre quête vers cette Pierre de Soleil. Un bémol tout de même: on aurait apprécié plus de blizzards ou d'éruptions çà et là; cela aurait apporté plus de contraste sans casser la tendance générale du projet…
Kaillus Gracchus
https://solstein.bandcamp.com/album/solstein

31/01/2024 : Voodoo Beach - Wonderful Life

Voodoo Beach
Wonderful Life
rock psychédélique – 30:13 – Allemagne 2023
Après une décennie d’exploration musicale dans les arcanes de Sonic Youth ou de Slowdive (plusieurs EP documentent la chose), le groupe berlinois underground renaît avec l’arrivée de Heike Rädeker (18th Dye, le groupe de noise rock) et en profite pour approfondir le son de «Wonderful Life», premier véritable album de Voodoo Beach, fait de neuf chansons de rock (néo-)psychédélique sombre, teinté de l’influence des années 1980 (celles de sa compatriote Nina Hagen), pas seulement par la voix (si allemande, si… féminine) de Rädeker (elle tient aussi la guitare), mais aussi par l’obscur du propos musical – la basse fuzzy de John-Hendrik Karsten, la batterie lourde et balancée à la fois de Josephine Oleak. Si «Immer Noch» se chante comme une mélodie à la radio, «Nein» a des relents inquiétants et le morceau titulaire pêche dans l’atmosphérique, alors que «Euphorie» fait irrésistiblement penser (dans son intro) à «The Forest» de Cure et que «23» est un court field recording, avec un chant d’oiseau en vedette. Inclassable et bien fichu.
Auguste
https://voodoobeach.bandcamp.com/album/wonderful-life
https://www.youtube.com/watch?v=inhIO4qoY_Q

31/01/2024 : Animatone - Soul Moments EP

Animatone
Soul Moments
metal progressif / jazz progressif – 19:08 – Hongrie 2023
Voici déjà la deuxième livraison pour Zoltán Szécsi et Bernát Kiss, guitaristes hongrois à la base de ce projet après une première sortie intéressante il y a quelques mois. Animatone s’inscrit dans la lignée de groupes tels que Polyphia en proposant un mélange assez réussi de prog metal et de jazz-rock.
Il s’agit à nouveau ici d’un EP avec (seulement) quatre titres. Comme pour la première sortie, le duo montre ici de belles dispositions avec un sens évident de la mélodie et des arrangements dans un genre qui peut paraître parfois un peu typé.
Si vous avez aimé leur première production, celle-ci ne vous décevra donc pas; toutefois, ces quatre morceaux n’apportent pas d’éléments vraiment neufs par rapport au premier EP. Comme je l’écrivais pour leur premier EP, le duo a un vrai potentiel mais, à présent, il serait temps pour eux d'élargir la palette sonore et de sortir un vrai premier LP pour nous montrer de quoi ils sont capables.
Ma recommandation d’alors reste donc pleinement valable: un projet à garder à l’œil, assurément.
Amelius
https://animatone.bandcamp.com/album/soul-moments