Février 2020

01/02/2020

KMM
Indeed
prog celtique – 29’37 – France ‘19
Je découvre ce groupe, KMM avec le plus grand intérêt mais, surtout, le plus grand plaisir. Pensez donc, un groupe prog’ celtisant qui partage son temps musical dans un langage violon/guitare excitant! Encore un nouveau groupe français qui nous nettoie les oreilles après avoir découvert S. Wilson, J.S. Bach, I. Maalouf, Magma ou Perfect Circle. Un tel éclectisme pouvait les mener au grand n’importe quoi et c’est l’inverse qui se produit: une richesse harmonique intense, un langage sonore varié, une profusion des genres touillée avec une part de génie qu’on doit leur accorder sans hésitation. Comme ce premier essai est un EP de cinq titres de moins d’une demi-heure, on en redemande et très vite, un gros album, svp! KMM est une vraie formation de rock progressif et d’un car ils font du rock la majeure partie du temps et de deux car ils progressent musicalement en métissant leurs influences sans arrière-pensées. On ne pense à rien de précis pour une fois; difficile de cerner une ressemblance particulière, ce qui est extrêmement rare. Même quand KMM se met au chant («7 janvier»), c’est du neuf, des paroles d’une inventivité sortie de nulle part. Seul le violon sur un rythme endiablé, associé à une batterie de feu, peut faire songer aux meilleures parties celtiques de certains combos bretons. Mais résumer la musique intense de KMM à cela serait faire injure à la créativité débridée qui anime les quatre musiciens (violon/guitare/basse/batterie). Tiens, pas de claviers? Ben c’est pas du prog’ alors? Ben si et du ‘mortel’ camarade lecteur! Beau pied de nez aux habitudes, «Indeed» est une petite bombe qui ne demande qu’à ‘péter à la gueule’ de celles et ceux qui l’écouteront. Attention, addiction programmée!
4,5/5
Commode
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=GUES8Wj4mnE&fbclid=IwAR0-Tg432YQBGKbIbQD_wzr0IYDomUjg47CaOCZ5sfZjdqxiqP9kFrRn6HU

02/02/2020

The Hu
Gereg
folk metal – 47’45 – Mongolie ‘19
The HU est un groupe formé en 2016. Après 3 singles, sort «Gereg», leur 1er album. Le mot Gereg a été utilisé comme premier «passeport» diplomatique par l’empire mongol à l’époque de Gengis Khan, personnage bien représenté dans cet album, notamment sur «The Great Chinggis Khaan», une «berceuse» dédiée à la puissance du fondateur de l’Empire mongol et sur «Yuve Yuve Yu», rituel adressé au Loup éternel. D’autres grandeurs sont également évoquées comme la Mère Cygne sur «The Legend of The Mother Swan» dont voici l’histoire:
https://lyricstranslate.com/fr/legend-mother-swan-%D1%85%D1%83%D0%BD-%D1%8D%D1%8D%D0%B6%D0%B8%D0%B9%D0%BD-%D0%B4%D0%BE%D0%BC%D0%BE%D0%B3-la-l%C3%A9gende-de-la-m%C3%A8re-cygne.html?fbclid=IwAR0vbD1lM1TIDeX4ObXMICb2VbCUo4BFjsi8EZlZYTBlWRgkTcKOOTEBcBs
et aussi sur «The Song of Women». Il s’agit d’un album véritablement inspiré par la culture et les traditions mongoles et qui de mieux pour en parler que ce groupe qui appelle son genre musical du «hunnu rock», en référence aux Hunnu, un ancien empire mongol. Traditionnels sont également les instruments des musiciens. Ce sont essentiellement les voix et les cordes qui prédominent sur cet album. Comme il est impossible de savoir si ces instruments sont masculins ou féminins, je n’ajouterai pas de déterminant devant leur nom. TS. Galbadrakh (alias Gala): morin khuur (ce violon à tête de cheval est un instrument à cordes… mongol) et chant principal, khöömii (chant de gorge diphonique de la musique… mongole), G. NyamJantsan (alias Jaya): chant et tumur khuur (harpe à mâchoires) ainsi que tsuur (flûte jouée par les populations… mongoles), B. Enkhsaikhan (alias Enkush): morin khuur et chant, et N. Temuulen (alias Temka): tovshuur (luth à deux cordes de la musique… mongole). Parmi les paroles du groupe, figurent d’anciens cris de guerre mongols (comme sur la plage titulaire) et de la poésie. Si vous souhaitez parfaire votre langue mongole, toutes les paroles sont traduites en anglais dans le livret qui accompagne l’album.
The Hu ont livré un concert au Camp de César lors du Sama’Rock, le 8 juin dernier. Ce jour-là, La Louve et la majeure partie du public ont été agréablement conquis (à voir sur : https://www.youtube.com/watch?v=uq9YcCRhrB0).
Je conseille donc à Vespasien d’aller en toute confiance à la rencontre de ces 4 guerriers du rock lorsqu’ils seront de retour au Graspop cet été.
La Louve
4/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=jM8dCGIm6yc&fbclid=IwAR1L7AF3SkWhzwNyUhzR3NtbbAqF4BdCkweZBGyK9zUuuQ_96mLGyowUEsA

https://thehu.ffm.to/thegereg?fbclid=IwAR0b0jV5JJ_sN9JMIHGeKxZbwQR5EqYNvumO6_FTvRgTzXKYn_PbVJNKghE

03/02/2020

Shamall
Schizophrenia
prog/electro/rock/classique – 77’01/73’27 – Allemagne ‘19
Autant vous le dire dès le début, Shamall, bien qu’il affiche plus de 35 ans de carrière, est passé sous mes radars. Et donc difficile pour moi de chroniquer cet album avec un regard nostalgique sur celui-ci. Tâche d’autant plus ardue que l’album dont je vais vous parler est une œuvre gigantesque, 22 titres pour 2h31 de musique.
Je ne pourrai donc pas vous parler de chaque titre mais plutôt vous donner une vue d’ensemble de ce pachyderme musical qui, après plus d’un mois d’écoute, n’a pas encore fini de me dévoiler ses secrets, tant l’œuvre est dense. Rien que la plage qui donne le nom à l’opus, «Schizophrenia» et ses 18’55, mériterait une chronique à elle seule.
Ce n’est pas à un voyage au centre de la folie, contrairement à ce que laisse supposer le titre de l’album, auquel nous convie Norbert Kruler, son leader, mais à une critique acerbe de notre société face aux défis sociaux, climatiques et écologiques pour lesquels nous restons peu actifs voire ignorants.
Cet album est un véritable patchwork musical qui résume 4 décennies de rock progressif, auquel vous ajoutez des éléments electro et classiques qui font penser aux meilleurs moments de Tangerine Dream et donc avec quelques répétitions de thèmes tout au long de l’album qui pour moi me paraissent lassantes, mais les arrangements et le mixage de celui-ci sont d’une qualité irréprochable.
Album long donc, qui peut en décourager plus d’un et qui aurait, pour moi, gagné à être plus concis. Ceci étant, une bonne découverte à faire si vous vous donnez le temps nécessaire.
Tiro
4/5
Album non disponible sur Bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=O7UjRh5MPXA&fbclid=IwAR0Jlfzp64R9W_JEXtWPpLjnta269VEPekJPWQQ1dSfC4mRo0NG47yz7m1A

04/02/2020

Nick Magnus
Catharsis
rock progressif symphonique – 47'36 – UK '19
Pour rappel, Nick Magnus a été membre éphémère de The Enid, il joue aussi sur le seul disque d'Autumn, «Oceanworld», dans un registre prog symphonique instrumental, mais il est surtout connu pour avoir été le claviériste de Steve Hackett, de «Spectral Mornings» ('79) jusqu'à «Guitar Noir» ('93), avant son remplacement par Roger King. Depuis 1993 avec «Straight On Till Morning», il étoffe doucement sa discographie solo à raison d'un album tous les 5 ans environ. Voici donc «Catharsis», son sixième opus, paru à l'automne dernier. À l'origine du concept, c'est en visitant les lieux de l'Ariège que notre ami anglais s'est pris de passion pour l'histoire, les mythes, les paysages et les fromages(!) de cette région pyrénéenne. L'entreprise s'est étalée sur 2 années pendant lesquelles Nick s'est imprégné des lieux à plusieurs reprises, en filmant sur place avant de retourner en Angleterre pour enregistrer. D'ailleurs le CD est vendu avec un DVD réalisé avec l'aide de Dick Foster (qui est aussi son parolier), mais la musique qui nous intéresse ici se passe totalement de support visuel. On entame la visite avec les presque 9 minutes de «Red Blood On White Stone», du prog symphonique pur jus sur des rythmes impairs et des chœurs monastiques qui nous plongent dans l'histoire du château cathare de Montségur. Comme pour enfoncer le clou, Steve Hackett vient poser sa guitare inimitable sur ce premier morceau qui était déjà un des sommets de l'album. Avec «Three Tall Tower», on revient à un format plus «pop-prog». Quel plaisir de réentendre la voix de Pete Hicks, lui aussi un habitué des premiers albums du grand Steve. Concept oblige, la musique prend souvent des accents moyenâgeux, comme sur l'instrumental «Convivium», où les sons de flûtes enjouées semblent nous convier à une fête sur une place médiévale. Avec le superbe «The Devil's Bridge», on entre dans le domaine des légendes, évoquées par la voix suave et gabrielienne de Tony Patterson. Comme il semble en avoir pris l'habitude, Nick vient lui aussi pousser la chansonnette sur «The Market Of Mirepoix», bien dynamisée par le violon omniprésent de Steve Unruh, invité sur ce titre. Avec le court instrumental «Gathering Mists», on retrouve le doux piano mélancolique de Magnus, instrument qui reste le fil conducteur de l'album, bien qu'utilisé parfois plus discrètement. On reste dans la mélancolie avec «A Widow In Black», joliment chantée par Amanda Lehmann. L'album se termine avec la même inspiration du début par le consistant «Mountain Mother», du haut de ses 13 minutes, après une intro symphonique majestueuse, les chœurs, la voix de Tony Paterson et les nombreux rebondissements se combinent avec brio pour nous régaler les oreilles d'un magnifique prog-rock symphonique à souhait. Au final, une belle démonstration du savoir-faire de Nick Magnus pour un album très réussi, se laissant immédiatement adopter et qui présente une orientation plus aventureuse que ses récents prédécesseurs.
Titus
4/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=pvOvue0mzLQ&fbclid=IwAR0TDC6frzFXjxBS9PcibCCifE3Ckk9z4fzZbw5HGmKcD9Tv6w9rapuOzIY

05/02/2020

Sequentia Legenda
Codex on the Flight of Birds
Berlin School – 55’40 – France ’19
Le digne héritier de Klaus Schulze nous propose un voyage en triptyque sur les ailes pansoniques de séquenceurs et de longues nappes synthétiques glissant dans l’azur comme une plume dans le vent temporel. Inspiré par un grand homme, inventeur, alchimiste, peintre, et scientifique passionné, Leonardo da Vinci, lui-même en quête d’infini. Un synthé obsédant, dont la mouvance s’étend sur trois volets issus des états d’âme d’un génie en quête de grands espaces aériens, distille des ambiances oniriques en fragrances subtiles. Au premier ciel hypnotique, propice à la méditation, immergeant, l’esprit capturé par cette langueur astrale, la spirale nous élève doucement vers l’éther. Un rythme doux berce l’âme et éveille à une subconscience transastrale qui peint les harmonies de paysages insoupçonnés. Ces sons d’ailleurs ne sont pas sans évoquer les premières heures des pionniers de la Berlin School, expérimentales, musicalement proches de la symphonie des sphères et des exoplanètes orbitant sur l’horizon événementiel d’un trou noir, portail transcendantal de la lumière internelle. La musique de Laurent ne s’explique pas, elle se vit. Elle est étincelle qui crée la flamme où dansent les sens enlacés. Elle réinvente le Temps, là où passé, présent et «à venir» se conjuguent en un long moment d’éternité. Nul doute que Klaus Schulze et Sequentia Legenda ne sont qu’une seule et même âme: la musique faite image, le vent du Temps, l’aurore lunaire dans le Kontinuum. La recréation perpétuelle d’un monde immortel.
Clavius Reticulus
3,5/5

https://www.sequentia-legenda.com

https://sequentia-legenda.bandcamp.com/album/codex-on-the-flight-of-birds

https://www.youtube.com/watch?v=R8Vg2BUJjC4&fbclid=IwAR3r2NOxy6Du37mc-dqXmAD0EBH4-hDtay-wvvTIPSTz0dIDpHcauwnuvlg

06/02/2020

Altesia
Paragon Circus
metal progressif – 56’46 – France ‘19
Altesia est l’œuvre du multi-instrumentiste bordelais Clément Darrieu. «Paragon Circus» est le premier album du quintet. Ils évoluent clairement dans un metal progressif de haut vol. C’est très basique de comparer un groupe de metal progressif à Dream Theater mais naturellement il y a bien des similitudes. Et quand c’est bien joué, pourquoi ne pas s’en inspirer? Mais il n’y a pas que cela chez Altesia. Le premier gros titre de l’album «Reminiscence» en est un bon exemple. Il commence avec un son digne des premiers Dream Theater période «Metropolis Part 2: Scenes from a Memory» pour évoluer avec voix, guitare sèche, piano, quelques notes de saxophone, et se poursuivre vers de gros riff… Waouh, quel départ. Mais revenons à la genèse de l’album. Il s’agit d’un concept album. «Paragon Circus» traite de la destruction de l'homme par l'homme dans la société moderne actuelle. L’histoire met en scène un personnage qui s’apprête à vivre une série d’événements au cours de sa vie. Comme le décrit Clément Darrieu: «Chacun des six titres met en lumière différents maux conduisant l’homme vers son autodestruction, comme les disparités économiques, les guerres incessantes, l’aliénation par le travail, le conformisme social, le jugement et le mépris des gens, l’absence de bonheur, la superficialité des consciences... L'expression «Paragon Circus» est construite autour de deux termes: «paragon», signifiant «parangon», expression synonyme de modèle, d'exemple, et «circus», traduction de cirque. Ce terme décrit le monde que l'homme a conçu et alimenté après l'avoir érigé en modèle; modèle duquel il ne parvient pas à s'extirper». Musicalement cet album est incroyable, on y retrouve énormément d’influences. Sur «Amidst the smoke» on retrouve du Opeth actuel, du Porcupine Tree (ou en général Steven Wilson) et même du grand Deep Purple. Ce titre a un sens de la mélodie aiguë associé à une créativité énorme. Un régal pour les oreilles. On part vers différents horizons mais ça reste accessible grâce à un fil conducteur souvent invisible. «The Prison Child» me fait beaucoup penser à «Beardfish»; la guitare et les claviers de Henri Bordillon et Alexis Casanova y sont particulièrement mis à l’honneur. L’album se termine avec «Cassandra's Prophecy», qui, du haut de ses 17 minutes, clôture magnifiquement l’album; on peut y ressentir l’étendue du talent des musiciens. Question influences on peut rajouter Neal Morse pour le côté ballade, et pour la partie plus rythmée (avec quelques growl) Haken, Leprous… Que demander de plus? Ce qui ne gâche rien, la pochette est magnifique, elle est très sombre avec une espèce de spectre à plusieurs mains sur un fond de soleil rouge. Franchement un grand respect pour ce premier opus d’Altesia… À écouter de toute urgence par tous les progueux, même les moins métalliques d’entre eux.
Vespasien
5/5

https://altesia.bandcamp.com/album/paragon-circus

https://www.youtube.com/watch?v=NJy9FUcgKdI&fbclid=IwAR2zrUiqNJNZyAQQImr5ybAjNypHg_mHf8NoYFLdF99V4rABvt-5X6PqpQE

07/02/2020

Apairys
Vers la Lumière
rock progressif à la française – 47’35 – France ‘19
Bien sûr, les chiens ne font pas des chats! Je n’avais pas fait le rapprochement de suite mais Apairys, pour nouveau venu qu’il est sur la scène prog’ d’ici, n’en est pas moins composé de «vieux» routiers du rock progressif français. Christophe Bellières au chant, Benoît Campedel aux guitares et basse et Silvain Goillot à la batterie et claviers… Ce trio a déjà bourlingué sous deux, voire trois patronymes différents. Voyons voir. Sens tout d’abord en 1999 avec «Les regrets d’Isidore G.» (Campedel) puis Saens, même groupe ou presque qui rajouta un A pour donner un autre sens (humour) avec toujours B. Campedel pour deux opus, «Escaping from the hands of God» en 2001 et «Prophet in a statistical world» en 2004. Seulement voilà, la même année 2004, on assiste à l’éclosion d’un autre groupe, Maldoror où l’on découvre C. Bellières et S. Goillot avec «L’arbre cimetière». Quinze ans plus tard, la boucle est bouclée, les trois compères se trouvent au sein de la même formation Apairys! Ouf…
Apairys serait-il la continuation de Maldoror? Il y a de ça forcément puisque les textes, le style, tout rapproche ces deux groupes. Mais Apairys atteint un niveau qui en fait, pour moi, l’extrême révélation de fin d’année. Celle du début dans le genre fut Galaad, c’est dire où se situe le niveau d’excellence auquel je place le trio. Un Mona Lisa du XXIe siècle, un Naos qui aurait persévéré, un Nemo de derrière les fagots… je ne sais de quel compliment flatter le nouveau sans dénigrer les anciens! Apairys vient s’asseoir à la grande tablée des fils et petit-fils de l’Ange cinquantenaire en apportant le dessert.
Cinq titres allant de 5’46 à 16’38, on sait d’emblée avec «Rituel» qu’on va déguster du vrai bon prog’ à textes français, alliant la naïveté bon enfant habituelle à une richesse littéraire recherchée, celle de S. Goillot sauf pour le long «Recueil» signé… Baudelaire! Je ne vais pas vous commenter chaque titre. Sachez juste que S. Goillot se partage la batterie et les claviers, ce qui n’est pas un choix je pense, le groupe cherchant quelqu’un pour les concerts car jouer des deux sur scène me semble hautement compliqué! Il y a du pêchu et du mélancolique à la fois dans cet opus, un savant mélange qui démontre une maturité certaine quand on connaît le parcours des trois bonshommes. La guitare de B. Campedel tricote des arpèges qui rappelleront parfois ceux du roi pourpre («Vers la lumière»), un instru qui bascule vers la quintessence du lyrisme prog’ avant de replonger vers un tempo métallifère sans assommer l’auditeur, puis la guitare s’envole avant de s’assoupir au gré des sillons. Magique instrumental digne des meilleurs représentants du genre. Pour «Sur le bitume», j’y retrouve un petit air d’Atoll quand ceux-ci se mettaient à chanter avec un bel élan écologique… déjà. C’est simple, c’est beau, c’est simplement beau. La voix de C. Bellières est claire, chaude, limpide et précise.
Quant au dernier morceau, le long «Recueil», c’est non pas la cerise sur le gâteau mais carrément le cerisier qui étale ses branches de la longueur de ses 16’38. Divisé en 3 parties chantées, il fait la part belle à des plans acoustiques du plus bel effet et des bouquets chamarrés de claviers fastueux et épiques. Le charme d’Apairys opère dès la première écoute, pas besoin de revenir pour en avoir goûté les multiples plaisirs mais pourtant, peu sûr d’avoir enfin un successeur de langue française au prog’ angélique, on remet la rondelle au chaud et c’est reparti, non, Apairys est un petit miracle pour le progster d’ici! Définitivement… Je n’oublie pas la superbe jaquette qui apporte la touche finale signée Jérémy Bellières, le fils de… !
Commode
5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=EzNHg0ZiCaI&fbclid=IwAR1VvE9dQwdNlpW8-gsLnIv5WfipIC6Ubq1-XQKdUwPD_LCzedkbbReXSUo

08/02/2020

Aswekeepsearching
Rooh
modern post-rock – 33’45’’ – Inde ‘19
Mes craintes se confirmaient... J’avais trouvé deux perles rares et ces belles laissaient aux restes de musique qui se présentaient mensuellement dans mes écouteurs un insipide aspect. Les parfums devenaient odeurs, les odeurs traces, les traces relents… Mais qui sommes-nous, trublions dont on n'a d’ailleurs guère sollicité l’avis, pour éluder le résultat de tant d’heures de travail au prétexte d’une fatigue auditive? Et qui serions-nous si nous ignorions ce déluge d’émotions sincères jeté sur la vague? Puisque, nonobstant, nous nous permettons d’émettre notre humble opinion… sachons garder la tête froide, l’oreille pragmatique. C’est donc habité d’un sens gonflé du devoir que j’envisage, aujourd’hui, la découverte de la dernière livraison du Dux Bellorum.
Quatre albums au palmarès de Aswekeepsearching. Pour vous parler du dernier-né, je m’applique d’abord à l’écoute des trois premiers. «No doubt», nous sommes d’emblée enrobés d’un glaçage post-rock. Cependant ici, point de «J’ai foutu tous les potards d’mon matos à fond d’balle, maint’nant j’vais faire une sieste sur ma gratte…», rassurez-vous.
Ambiances moelleuses, nuances, moments paroxystiques, une musique généralement lumineuse et un fil conducteur dont le nom de cette formation indienne nous dit sans doute l’essentiel: une recherche perpétuelle!
«Rooh » n’est donc pas la énième éructation du père Omer mais bien une compilation de ce que ces gaillards peuvent offrir de meilleur. Un post-rock orchestré, teinté d'électro puis nimbé d’exotisme car, si certains titres sont en anglais, l’équipe de chercheurs utilise sans complexe sa langue maternelle... et c’est beau!
Après un magnifique «Chasing Light» en ouverture, planant mélange 90’s, arrive un amalgame monotone ponctué d’efforts percussifs aux accents ethniques qui offrent par là même un intérêt particulier à cette seconde pièce. S’ensuit le floy[in]dien «Aas Paas» qui se densifie insensiblement avant de se clore sur de délicates notes au piano introduisant le brièvement susurré «Eneke Najaaba».
«Rooh», davantage rock, est une chanson d’amour qui philosophe au fil des distorsions. Quant à la véritable curiosité de cette galette orientale, c’est à la lecture du titre de cette 6e piste qu’elle m'apparaît! «A Night in Zottegem», intitulé que mêm’ Hooverphonic il aurait pas été cap’ d’en affubler l’un d’ses albums. Le groupe s’en explique sur son Bandcamp par «la joie de voyager, découvrir de nouveaux endroits et de nouvelles personnes. L’émerveillement de remarquer ensuite que cela vous manque.»
Nous reste une sympathique ballade pareillement assaisonnée ainsi qu’une atmos-féérique conclusion.
«Rooh» est un album agréable avec un vrai propos. Quelques belles mélodies en font une pièce attachante. L’originalité de ses arrangements lui permet d’éviter nombre de pièges du genre qui peuvent parfois faire sombrer ses meilleurs représentants dans un ennui profond. Une réussite!
Néron
3,5/5

https://aswekeepsearching.bandcamp.com/album/rooh

https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_lAudGxvGMXf9pqVpXD68ZD_HVdpgTIocw&fbclid=IwAR3Y23ckfW91NtHJiZ1uiNKdrGxbtkzcIPGFUOmWHgverBEXCyfDxWfqQ4A

09/02/2020

Psychic Equalizer
The Sixth Extinction
prog/new age/jazz – 43’48 – Espagne ‘19
Troisième effort de ce groupe espagnol articulé autour du pianiste Hugo Selles. Les plus lettrés d’entre vous auront deviné que le titre de l’album s’inspire de l’essai d’Elizabeth Kolbert, prix Pulitzer 2015, qui traite de la sixième et dernière extinction qui est en marche, celle de l’humanité. Avec un tel propos on pourrait s’attendre à une musique angoissante, pesante ou à un requiem. Eh bien non... Je dirais même que le morceau qui ouvre la galette, «Lonely Soul», est une sorte d’hymne pop electro aux accents new age qui lorgnerait légèrement du côté de David Sylvian mais avec la douce voix féminine de India Hooi. Plaisant sans être transcendant, à l’instar du clip qui illustre ce morceau. La deuxième plage est du même acabit au point que je faillis ne pas aller plus loin dans l’écoute. Mais lorsque je vis que la suite était composée de deux plages successives se déclinant en 13 tableaux, je supposai que l’on entrait enfin dans le vif du sujet. Certes le côté symphonique est plus marqué. La guitare se fait parfois plus rude, parfois acoustique. Un passage par le flamenco, origines hispaniques obligent, surprend l’auditeur au tournant. Quelques envolées «néo-progressives» de bon ton viennent titiller les oreilles et confirment qu’on est bien à l’écoute d’un morceau du genre. La deuxième partie commence comme du Rachmaninov, tout en douceur au piano, puis traverse différentes colorations musicales comme du jazz, du chant lyrique mais sans trop de longueur, ce qui laisse quelque peu l’auditeur sur sa faim. La reprise du «Prélude Opus 32 n°10» du maître russe du romantisme qui clôt l’album nous rappelle, si besoin en était, la formation classique de l’auteur du projet, Hugo Selles. Un album plaisant, bien interprété et à la production soignée, avec cependant un petit goût de trop peu pour votre serviteur.
Hadrien
2,5/5

https://psychicequalizer.bandcamp.com/album/the-sixth-extinction

https://www.youtube.com/watch?v=_IoLg0Qbqjw&fbclid=IwAR0uoTOqS0DFzxSh9V_sCG3Pu2woUS-M8iEJaoeCOx6R8JDqqYAg0_ZSkCM

10/02/2020

Flying Colours
Third Degree
rock progressif – 66’23 – USA ‘19
Troisième album studio pour ces vétérans du prog! Et ma foi, le résultat en vaut la chandelle! Mais on ne présente plus une telle équipe gagnante, alors passons directement au contenu, si vous le voulez bien: l’album débute par «The Loss Inside» dont l’intro pourrait nous faire croire à un titre presque «heavy» alors que l’ambiance se fait plus calme sur les couplets (cela dit, la mélodie reste en tête!). Sur «More», les intonations au chant de Casey McPherson se montrent réminiscentes de Matthew Bellamy (Muse). Rassurez-vous, les interventions de Steve Morse à la guitare ou de Neal Morse au clavier seront bien évidemment familières à nos oreilles progressives! «Cadence» démarre de manière bucolique avant de permettre à nos amis de faire montre de leurs différents talents avec leurs instruments respectifs. La basse de Dave LaRue nous fait vibrer dès l’intro de «Guardian». Le corps de ce titre se fait plutôt pop alors que les refrains font preuve de plus d’énergie. «Last Train Home», une pièce épique de 10 minutes, est là pour nous faire planer. Sur le pont musical, Mike Portnoy nous rappelle qu’il s’avère être un dieu de la batterie, sans pour autant éclipser ses congénères qui s’en donnent d’ailleurs à cœur joie pour arriver à un final purement éblouissant. Arrive ensuite une pièce que je juge dispensable bien qu’introduite par une séance de tapping («Geronimo»). C’est sous la forme d’une ballade bien agréable, «You Are Not Alone», que se poursuit l’écoute de cette plaque. «Love Letter» est une petite friandise comme les Beatles pouvaient nous en proposer: cela s’écoute sans soif! Vous reprendrez bien un titre épique de onze minutes avant de nous quitter? Car voici «Crawl» qui ne peut que séduire les amateurs (que nous sommes) d’ambiances très contrastées au sein du même titre. En résumé, un album qu’il serait dommage de rater car le plaisir est bien présent!
Tibère
3,5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=ZoSCxlO2wfg&fbclid=IwAR3NXRZIVT5WMaT51moJU88HSKeRTHLZBFvQvZ9KfAqX8VpYEk3PcTg9H4E

11/02/2020

Steve Hillage
The Golden Vibe
psyché – 68’57 – UK ‘19
Un fantôme du passé fait de quatorze plages sans aucune orchestration. Une étude mélodique aux accents cosmiques qui perd l’auditeur dans la houle d’une chambre d’écho et le balade au sein d’une cathédrale où naissent des écumes de notes virevoltantes tels des flocons de neige portés par le vent. Ces partitions de guitare a capella exhumées d’une époque révolue ont été extraites d’une bande magnétique (baptisée par l’auteur «Wata Trip! 1973») contenant plus de trois heures psychédéliques. Hillage (The Steve Hillage Band) vivait alors en communauté dans la «Gong House», en France, avec sa compagne Miquette Giraudy et les chevaliers du Gong qui préparaient le futur «Angel’s Egg». Le titre du présent album se retrouve en conclusion de la suite finale «Aftaglid» sur l’excellent «Fish Rising» en 1975, un grand cru décidément pour tout ce qui touche au progressif de toute obédience. Au départ, Steve n’était pas chaud pour rendre publiques ces expérimentations sonores mais, avec le temps, il voit les choses autrement. Certains pourraient dire que le guitariste s’est complu à vivre une exploration personnelle de ce qu’il pouvait tirer de sa six cordes, ou alors était-ce plutôt un réel «what a» trip? Mais bon, dans sa discographie il y a d’autres choses étonnantes comme l’album «Rainbow Dome Music» qui s’illustre par son style techno ambient. Et, justement, si l’on extrapole un peu, ce «The Golden Vibe» peut sans doute s’y inscrire à sa façon. Rien à faire, plus je l’écoute et plus je me dis qu’il y a quelque chose d’onirique dans ces sonorités propices à un certain trip… heu je veux dire type de méditation ou à un voyage comme on en faisait à l’époque grâce à certaines substances pas du tout légales.
Clavius Reticulus
3/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=-fcU8CpZYDs&fbclid=IwAR2oGMY84z2k-AQuB1CMPHQrtSZqVhqZify301OkjjmLo772Mt53LAqnzi4

12/02/2020

One Now Ago
No One's Listening
rock progressif – 56’59 – USA ‘19
D’emblée sachez que ce «No One's Listening» est à classer dans les meilleurs albums prog de 2019. Ça c’est pour l’accroche, pour vous donner envie. ;-)
Le projet One Now Ago est une création du multi-instrumentiste américain Steve Carlisle, qui s’est entouré pour l’occasion de Ritchie DeCarlo à la batterie, de Dave Kloss à la basse, et de Cary Newell en backing vocals et guitare acoustique. Tous des bêtes de compétence et de technicité.
Cet album c’est un peu comme si One Now Ago reprenait le flambeau qu’Echolyn avait planté «une dernière fois» en 2015 avec «I Heard You Listening» et répondait à cette affirmation par un «No One's Listening». D’ailleurs les deux groupes proviennent de Philadelphie, et - ce n’est très certainement pas un hasard - la filiation stylistique entre les deux groupes est évidente. Autant dire que ce band fait partie de la grande famille des groupes inspirés de Gentle Giant. Mais pas seulement. J’y vois aussi quelques affinités avec Jethro Tull; le son et le style de guitare de Steve Carlisle font parfois songer à Martin Barre.
«No One's Listening» est un album qui se livre d’un bloc, comme une grosse baffe qui vous expédie dans les cordes au premier round. Tout y est millimétré, pensé, construit et orchestré à la perfection. L’équilibre entre chant et parties instrumentales est savamment étudié et laisse des interstices salutaires pour qu’apparaissent flûte traversière et guitare acoustique aux sonorités rappelant les ballades médiévales, «No One's Listening, Pt. 2». Une fougue jamais démentie évoluant dans des structures complexes mais non rebutantes. Dans le genre on touche à la perfection tout en sachant qu’il est peut-être encore possible au groupe de taper plus haut. La grande classe!
Centurion
4,5/5

https://onenowago.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=1IPC4KuzJeg&fbclid=IwAR0n9PErv-Bi_iDSxVu9X4i_hI4hO2KbiryY9IdudpL05kVHMLY65LHnbvQ

13/02/2020

The Pineapple Thief
Hold Our Fire
rock progressif alternatif – 50’07 – Angleterre ‘19
Bruce Soord a déclaré il y quelques temps que l’arrivée dans le groupe de Gavin Harrison (Porcupine Tree) avait sauvé le groupe du naufrage et force est de constater que, depuis 2016 et la sortie de «Your Will Derness», le groupe a trouvé un nouveau souffle.
Il faut aussi constater que la musique de The Pineapple Thief trouve tout son peps en live en devenant un groupe de rock au détriment du côté pop alternatif de ses enregistrements studio. En effet, en live, le groupe explose et c’est d’autant plus vrai depuis l’arrivée de Harrison et son jeu de batterie unique et extraordinaire.
Pas étonnant donc que nos Ananas aient produit deux albums live en trois ans: le premier, «Where We Stood», en 2017, et celui qui nous intéresse aujourd’hui, «Hold Our Fire», témoignage de la dernière tournée pour la sortie du dernier opus du groupe, «Dissolution».
La presque totalité de ce dernier est ici interprétée en concert, donnant de nouvelles perspectives aux compositions de cet album.
À noter une version longue de «White Mist» aux improvisations de batterie, claviers et guitares à tomber! et une interprétation des plus expérimentales de «3000 Days».
Un indispensable pour tous les fans du Thief, qui regretteront toutefois que ce live soit composé d’enregistrements de différents concerts, ce qui nuit à la dynamique de l’ensemble.
Tiro
4,5/5
Album non disponible sur Bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=M8wkIVRVclg&fbclid=IwAR3Y23ckfW91NtHJiZ1uiNKdrGxbtkzcIPGFUOmWHgverBEXCyfDxWfqQ4A

14/02/2020

The Nomaders
The Orion Procession
rock progressif – 30’43 – France ‘19
On se rend compte avec une certaine délectation, pour tout progster français qui se respecte, que le genre a encore de beaux jours devant lui dans l’Hexagone. Il ne se passe pas un mois sans que deux ou trois nouvelles formations, même si parfois formées de musiciens ayant déjà œuvré ailleurs, n’apparaissent sur les platines!
Cette fois, c’est au tour des The Nomaders de tenir la rampe d’accès vers la reconnaissance du milieu. Premier album pour les Lyonnais et on constate que le prog’ proposé n’est pas celui, classique et historique de l’école Ange, mais un plein charroi de nouveautés musicales amalgamées, témoignant d’influences éclectiques qu’on constatera savamment digérées au gré de la rondelle. Une nette ressemblance m’interpelle cependant et persiste à l’écoute, il y a comme du Muse ou du Coldplay chez ces Nomaders… Une emphase, une envie de grandiose et une production assez puissante au service d’un chant parfois similaire à celui de Matthew James Bellamy. Est-ce le chant qui m’inspire cela ou la musique qui accentue cette comparaison flatteuse? Sensation provoquée par les deux premiers titres («Aftermath» et «The Orion Trail»). Autre addiction flagrante: le soin mis dans chaque intro des huit morceaux. Ce qui donne, inévitablement, l’envie d’en savoir plus. Le groupe va pourtant lorgner parfois («Lady Amelia») vers une forme de hard rock a.o.r. très mélodique aux chœurs bien portés, ressenti encore plus évident avec le titre qui suit («Veteran Rider») qui utilise les vieilles recettes de la Nwobhm!
On sent les Nomaders pressés de montrer ce qu’ils savent faire et l’album part un peu dans tous les sens, sans que cela soit un vrai reproche. Disons qu’il peut plaire à tout le monde ou alors, à l’opposé, être rejeté par les diverses niches musicales pour ses différences de styles si flagrantes, parfois dans le même morceau. Vous me direz que Queen était déjà comme ça dès son premier album, mais là je donne encore une autre définition du rock dit progressif! Comparaison flatteuse s’il en est, mais on sent, à l’instar d’un F. Carducci Band, une dévotion envers le rock anglo-saxon sous toutes ses coutures. Bref, «The Orion Procession» est l’album «chiant» à décrire car il fait l’effet d’un cachet effervescent et cet arrière-goût de Muse/Coldplay colle au palais et ce n’est pas désagréable. «From bad to worse» a cette appétence-là aussi… La diversité musicale et la palette de couleurs rock diffusées par les Nomaders ont besoin de plusieurs écoutes pour en apprécier les contours, ce qui en fait, à l’arrivée, un véritable disque de rock progressif car moult influences y ont fait leur nid. En collant «Mutual Trust» et «Days are numbered» au final, The Nomaders tire sa révérence en beauté. Le tout dernier titre met les poils par son entrain héroïque, ses guitares enflammées et clôt l’album de la plus belle des façons.
Commode
3,5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://youtu.be/ji_Mq50p8WE?fbclid=IwAR3NXRZIVT5WMaT51moJU88HSKeRTHLZBFvQvZ9KfAqX8VpYEk3PcTg9H4E

15/02/2020

Emmett Elvin
The End Of Music
rock progressif – 59’44 – Angleterre ’19
Le clavier de Knifeworld (le groupe psychédélique de Kavus Torabi, Anglais d’origine iranienne qui officie aussi chez Gong - vous l’avez peut-être vu à Soignies), Chrome Hoof (la bande de cacophoneurs prog doom de Leo et Milo Smee) et Guapo (avant rock, quelques albums mémorables) passe aux guitares (mais pas que puisqu’il gère aussi bien le piano, le Rhodes, le synthé, les percussions - dont casserole et boîte à biscuits en fer blanc -, les enregistreurs, la voix…) pour un cinquième album solo - plutôt séduisant. Ça peut se révéler un inconvénient, mais c’est aussi un avantage: un album à soi révèle les limites de la solitude, en même temps qu’il exploite la diversité des inspirations, des moments de vie - qui se sont succédé sans intention, laissant traîner des marques aussi aléatoires que des bosons de Higgs en collision dans un accélérateur de particules. Je ne sais pas si «The End Of Music» est réellement la fin de quelque chose pour Emmett Elvin (Emmett Elvin Music), mais il sonne plutôt comme un éclatement des genres: Canterbury parfois («Everything Falls Away»), progressifs souvent («Know Nothing»), psychédéliques à l’occasion («Magnus Opium»), transgenres (au sens "qui enrichit la taxinomie") tout le temps («Through The Hoops»). La douzaine de compositions de cet album doit s’entendre sans préjugé - même si un léger essoufflement ternit le plaisir final.
Auguste
3/5

https://emmettelvin.bandcamp.com/album/the-end-of-music

https://youtu.be/pJTJGFJ2bHU?fbclid=IwAR3Y23ckfW91NtHJiZ1uiNKdrGxbtkzcIPGFUOmWHgverBEXCyfDxWfqQ4A

16/02/2020

Martin Barre
Road Less Travelled
blues-rock-Tull – 43'00 – UK '18
À 73 ans, et malgré sa mise en retrait de Jethro Tull imposée plus ou moins dans la douleur par Ian Anderson en 2012, Martin Barre (qu’on ne présente pas) a encore une carrière très active, puisqu’il continue d'enchaîner les tournées pour fêter dignement les 50 ans de son groupe nourricier. Et quel plaisir de le voir avec une énergie jubilatoire revisiter tous ces morceaux qu’il a aidé à façonner au fil des années (Ian Anderson étant crédité quasiment à 100% du matériel tullien). Son jeu de guitare n’a d’égal que sa modestie, lui qui chaque fois qu’il se trouve invité sur un projet n’en revient pas de susciter autant l’admiration. Mais, même si la flûte a toujours été l’instrument phare de Jethro Tull, le son de guitare de Martin en a été un élément indissociable, par exemple le morceau «Aqualung», qui ne comporte pas de flûte! Les 6 premières notes ont bien été composées à la flûte, mais Anderson voulait un son plus fort et fit ainsi passer le guitariste à la postérité. Pour mémoire, on peut réécouter «We Used To Know» de l’album «Stand Up» pour voir à quel point la chanson inspira (le mot est faible) les Eagles pour «Hotel California», leur guitariste piochant allègrement dans le solo de Martin Barre. Mais revenons sur scène, où le chanteur Dan Crisp semble adopter les tics et les mimiques d’Anderson pour caler parfaitement sa voix sur les classiques du groupe. Certes, Martin aurait pu faire appel à un flûtiste, mais sa démarche est à l’opposé de celle d’un cover band, et avec raison et honnêteté, il laisse la flûte à Ian. Il nous livre son Jethro Tull, côté guitare. Mais si je parle de Martin Barre en concert, alors que je suis supposé présenter une chronique de son dernier opus studio, c'est parce que tous les arguments évoqués plus haut se retrouvent ici, dans ce «Road Less Travelled» (route moins fréquentée). Il n’est donc pas étonnant de retrouver le line-up qui tourne avec lui sur son disque solo (hormis les prestigieuses vieilles gloires qui complètent habituellement le groupe sur scène). On navigue dans les ambiances chères au maestro, du blues-rock parfois un peu hard agrémenté d'instruments acoustiques. Le chant est donc majoritairement tenu par Dan Crisp, et le début de l’album se veut plutôt énergique avec des titres bien enlevés, presque FM par moments, gorgés de petits breaks assez courts et redoutablement efficaces comme sur «Lone Wolf» et son banjo ou sur le morceau titre où s'invite une mandoline (très présente tout au long de l'album). Les voix féminines des choristes se partagent 3 chansons dans des registres un peu différents, tantôt blues-folk sur «Badcore Blues», ou simplement acoustique sur l'élégant et intimiste «You Are An Angel». Ces changements d’ambiances ne manquent pas de charme, et l’album s’écoule ainsi dans une fausse simplicité, impression renforcée par le jeu tout en fluidité du guitariste. Sa dextérité fait encore merveille sur l'instrumental acoustique «Trinity», avant la conclusion de l'album par «And The Band Played Only For Me», un titre mi-jazzy mi-blues où l'orgue Hammond prend quelques libertés, un morceau qui semble d'ailleurs avoir été capté en une seule prise. En résumé, un bon petit disque attachant d'un immense guitariste qui n'a plus rien à démontrer sur sa technique bien sûr, mais qui prouve (depuis plusieurs albums déjà) qu'il sait aussi composer, gérer un groupe mais surtout garder la flamme intacte.
Titus
4/5

https://martinbarremusic.bandcamp.com/album/road-less-travelled

https://www.youtube.com/watch?v=SSVUWuxXL4k&fbclid=IwAR1bDPo3_htlCqrTPW1TPLQ0YOrsTlyqMfcAnEdhJMm_0De5aGLM-9Ivggw

17/02/2020

Chardeau
In Terra Cognita?
arty rock progressif et baroque – 69’29 – France ‘19
J’ignorais jusqu’à l’existence de cet artiste étonnant découvert via la mailing list de Francis Décamps! Faisant suite à la rencontre entre Jj Chardeau et Alan Simon, ces deux personnalités hautes en couleur décident de collaborer afin de créer un rock opéra intergalactique et déjanté (qui a été présenté au public le 23 novembre 2019): «The Magical Musical Man». L’ami Chardeau a concocté un tour du monde onirique et musical en quatre volumes dont «In Terra Cognita?» est le premier volet et s’avère également la musique du projet présenté juste avant. Mais laissons JJ nous présenter lui-même cette œuvre: «C’est un album spécial pour moi, ma Mona Lisa à moi! Un tour du monde onirique et musical, en quatre volumes, que j’ai conçu patiemment et fiévreusement pendant vingt ans, comme une gigantesque mosaïque. Voici donc le premier volet de ce puzzle enfin constitué devant vous. Il a été conçu comme un film spatio-temporel, un voyage aux confins des musiques terrestres et des sociétés humaines… Ce sont (comme pourrait le dire The Magical Musical Man, le héros de cet opéra rock) les vitraux de ma cathédrale, dédiée à la musique… en toute simplicité. Alors installez-vous confortablement, mettez le (bon) son et laissez-vous porter…». De nombreux invités (que je vous présenterai plus bas) participent à cette opération! Dès le premier titre «Evolution? (MMM Ouverture)», l’envie irrésistible d’accompagner les chanteurs – Mark Andes (Spirit), John McFee (Doobie Brothers), Jason Scheff (Chicago) - nous prend aux tripes. «Dream in Moscow» nous emmène dans les steppes russes avec même une citation musicale à «Kalinka» avant de véritablement nous emporter dans un tourbillon sonore sous le chant impétueux d’Alex Ligertwood (Santana). Les invités ne sont pas en reste: Mark Andes à la basse, Danny Seraphine à la batterie, Martin Barre (Jethro Tull) à la guitare, Jerry Goodman (Mahavishnu) au violon, Francis Décamps (Gens de la Lune, Ange) aux claviers… Notons également une courte bribe classique («A Night on a Bald Mountain»). Partons ensuite en Inde à l’écoute de «Black Taj Mahal», texte en français (comme d’autres au long de cette plaque), avant de nous envoler au Tibet avec «Farewell Lhassa» et Jean-Claude Drouot comme narrateur (!). La Corée nous attend ensuite et les claviers de Brian Auger (Rod Steward, Jimi Hendrix, Led Zeppelin) nous enchantent sur «DMZ». Un détour par Tokyo («Frisson Nippon» en français) et voici le Japon qui s’offre à nous, Amélie Nothomb n’a qu’à bien se tenir! L’océan Pacifique nous accueille ensuite («Les Larmes du Pacifique») où le chant est assuré en partie par Chardeau lui-même, mais aussi par la chanteuse d’électro-pop bretonne Kohann. Après le Tibet, Drouot revient nous glacer le sang aux confins de la nuit polaire («Nunavut»). Michael Sadler (Saga) nous interroge sur «The Last Rockaway»: Où êtes-vous combattants, où sont vos ancêtres? Mais nous ne sommes pas si éloignés du Mexique, alors pourquoi ne pas boire un coup «Pablo Tequila»? Profitons de quelques instrumentaux pour visiter le «Machu Picchu» ou le Maghreb («Cabale Kabyle») ou bien encore Israël («Wall of Laments»). Lulando (ancien choriste de Papa Wemba d’origine angolaise) nous invite, avec l’aide de Christian Décamps (Ange), à visiter le «Tchad». Et c’est avec une relecture de certains thèmes musicaux de la comédie musicale qu’il est temps de se quitter («The End?»). Maintenant, je trépigne d’impatience à l’idée de découvrir les volets complémentaires de cette saga: je ne vous cacherai pas que cette splendide plaque a tourné en boucle dans ma voiture pendant un certain temps. Faites-en autant!
Tibère
5/5
https://www.facebook.com/chardeauofficiel

https://www.chardeau-officiel.com/itc

https://soundcloud.com/jjchardeau/sets/in-terra-cognita-the-music-of

https://www.youtube.com/watch?v=e0D0Hg0GcD4&fbclid=IwAR1L8CKk7MzPFRzLGlc36k5nX780mNLEpMIE8loPbC4pY5rc1SC9JOYwZ2k

18/02/2020

Elder
The Gold and Silver Sessions
rock/psyché – 33’50 – USA ‘19
En attendant la sortie d’un nouvel album d'Elder avec, paraît-il, une nouvelle orientation musicale, cet EP nous en donne déjà un vibrant aperçu. Trois plages qui vont crescendo dans l’exploitation d’un flux musical où la batterie et la six cordes ont les rôles majeurs. On y retrouve des sonorités modulées avec un léger écho, marque de fabrique du présent style, et un travail rythmique hypnotique où coule la guitare par phrasés répétitifs ponctués de riffs parents avec ceux de Steve Hillage. Mais ce n’est qu’une première comparaison. La troisième plage est assurément la plus surprenante. Le rythme mesmérisant et obsédant à l’ouverture de ces 18 minutes de trip est mélodiquement pareil à celui que l’on entend sur «Experiment IV» de Kate Bush. Simple seconde comparaison de similarités toniques. Ce martèlement monte en puissance et se termine, de façon éblouissante, par des riffs soutenus et une poussée d’énergie teintée clairement d’une coloration metal. Il faut dire que le trio œuvrait en 2008 dans le stoner metal. Poussées d’adrénaline donc pour conclure les première et troisième sessions très jumelles dans leur écriture. Le second track débute, quant à lui, par une certaine douceur menée conjointement par le piano électrique et la flûte. Le rythme s’accélère ensuite et le jeu de batterie se fait plus travaillé jusqu’au fade out qui s’achève en pluie d’étoiles. Beau travail qui promet des lendemains qui scintillent!
Clavius Reticulus
3/5

https://beholdtheelder.bandcamp.com/album/the-gold-silver-sessions

https://www.youtube.com/watch?v=6f67HJ_IrN0&fbclid=IwAR1IeEPm40GiG5WtpAn-WBNOJB1iStATtePguFTdRjbHkn1jMZ4ITNO9DXg

19/02/2020

Kayo Dot
Blasphemy
post-metal/slimy prog – 44’20 – USA ‘19
Le Dux Bellorum avait rassemblé les troupes. À ses mimiques «gendarmesques», je pressentais qu’il n’allait point nous proposer du Partagas. Après avoir présenté une série de statistiques décevantes, notre procès était fait: trop lents à sortir le glaive du fourreau, pas assez précis avec le pilum, tièdes au combat... même les plus expérimentés de nos centurions s’étaient ramollis. Il allait nous en cuire. Nous nous voyions déjà affamés, dévorant les semelles de nos sandales dans un épisode disciplinaire digne du front de Stalingrad! C’est, heureusement, avec une engueulade monumentale que le bataillon s’en sortit. Intimidé par cette solide mise en garde, c’est à toute berzingue que je rentrai chroniquer la pièce reçue la veille. Respiration profonde, concentration, ma plume serait impitoyable... ou pas!
Aussi vrai qu’il est déconseillé au dépressif d’absorber, façon binge-watching, l’intégrale de Lars von Trier ou, au prude hématophobe, un seul épisode de Game of Thrones, il faut une forme psychologique étincelante pour ingérer serein du Kayo Dot au petit déjeuner. Ce n’était évidemment guère mon cas, victime du savon sus-cité. «Blasphemy», leur nouvel album, est, à l’image de leurs précédents ouvrages, un univers mouvant qui ne vous récompense jamais d’évidences mais, à revers, vous surprend en permanence. Afin d’apprécier pleinement cette chimère poisseuse et lourde, étrange et profonde, il faut consentir à s’y perdre. Peut-être totalement!
L’album explore les affres de la cupidité à travers le parcours de trois singuliers personnages. M’avertissent-ils en précisant dans le titre «A Prophecy»!
D’une hargneuse puissance dès le premier titre, j’y explore ensuite des textures sonores inédites qui recouvrent copieusement de chaotiques paysages. J’y croise des âmes perdues cheminant, flagellées par de pesantes percussions qu'accompagne une harde de chiens muselés. Ça grogne, ça se retient… Sans transition, le sol se dérobe subitement sous mes pieds, la douce mélodie que je pensais confortablement installée sur ses dernières mesures choit avec moi vers un fond “jamais atteint”. Alors que je sombre, voilà que je plane. Ma chute devient vol, touche au sublime, emportée par turbines et crochets. Je respire... puis me fracasse, l’instant d’après, contre un roc mousseux baigné d’un mystique R’n’B défoncé. Conclusion tribale frappant, également, ceux qui réveillèrent la belle «Blasphème» endormie.
Et... une bonne grosse claque, en pleine figure, la seconde de la journée!
Extraordinaire glauquerie à laquelle nous convie Kayo Dot. Une invitation à la noyade quand la tasse est délicieuse! Une aventure osée, aboutie. Ne vous reste qu’à décider d’en prendre le risque pour le plaisir. Mais quel plaisir!
Néron
4/5

https://kayodot.bandcamp.com/album/blasphemy

https://www.youtube.com/watch?v=PcETHwURvZI&list=OLAK5uy_l8xFJvrEve6QgDmq5Z2rgrFKlxi5fMFAI&index=5&fbclid=IwAR0XaqsdslBj-VUuasa1-d1A5rxCTXsiNqbJdoXLNX3JYhNiFtm5V8DJ0Bg

20/02/2020

Alhena
Breaking the silence... ...by scream
metal progressif – 61’33 – Pologne ‘19
Nous voici en présence du premier album de ce groupe polonais ALHENA... «Breaking the silence... ...by scream», tout un programme! Le groupe s’est formé en 2010 et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils se sont cherchés. Durant plusieurs années le line up n’a pas arrêté de changer. Pendant cette période mouvementée, ils sortent quand même deux premiers EP. À la sortie de l’album, Alhena est composé de Piotr Pryka au clavier, Tomasz Bogulski à la guitare, Piotr Grugel à la batterie et Patryk Durko pour la basse, et la très talentueuse Marta Bejma au chant. En décembre, le groupe a annoncé encore le départ du co-fondateur Piotr Kowalski, remplacé par un certain Piotr Pryka. Espérons pour eux qu’ils sont bien partis cette fois. Dans l’ensemble cet album est doux et mélodique, entrecoupé de riffs métalliques endiablés. Le synthé s’immisce parfaitement en créant de l’épaisseur à leur musique. Mais le guitariste ne fait pas que de la pure rythmique, il possède également un toucher fin et délicat qui lui permet de varier son jeu à l’envi, notamment sur le titre éponyme. Il possède un très bon feeling et les notes glissent toutes seules de son manche à nos oreilles. Mais ce qui marque le plus cet opus c’est la voix charismatique de Marta Bejma; elle est à la fois douce, cristalline et mélancolique. Elle fait beaucoup penser au chant de Heather Findlay (ex-Mostly Autumn) dans sa partie douce mais, quand le rythme s’accélère, son chant est plus proche de celui de Charlotte Wessels, la chanteuse de Delain. Elle arrive à allier douceur et puissance dans un même chant. Dans la musique, je retrouve également les influences de The Gathering, mais en plus doux. En résumé, ce «Breaking the silence... ...by scream» est un album intéressant, frais et cohérent, avec un très bon son et une bonne production. Peut-être un peu trop sur le même ton car, sur un album d’une heure, on espère un peu plus de variation. Voyons leur évolution dans le futur…
Vespasien
3/5

https://alhena.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_lRzYpOeWwPktWl0r29dctNfy6bk46B9uQ&fbclid=IwAR0dunXRx6KPv2015dN2B8YcaRbcAF_dfD4LIBIo-PgYt_KIdYcXP2F0EMs

21/02/2020

Lazleitt
Perpetually Under Idle Grounds
rock progressif/néo-progressif – 42’17 – USA ‘19
Cette formation américaine de Washington DC, menée par Alex Lazcano, nous propose un second album après «On the Brink» paru en 2018. Entouré de quelques pointures du milieu progressif: le batteur Eric Gillette (connu pour accompagner Neal Morse), Liz Tapia de Dark Beauty au chant, David Knowles de the Swan Chorus aux claviers et Carlos Hernandez du Tree of Life Project à la guitare, le multi-instrumentiste américain nous entraîne dans les méandres d’un progressif autant redevable du rock progressif traditionnel que d’une certaine idée du néo-progressif symphonique.
Après une mystérieuse mini-introduction, c’est au travers d’un long titre de plus de 20 minutes, «A Furtive Shelter», que nous plongeons dans l’entité, l’identité progressive. Une ambiance symphonique, des sons vintages, un rétroviseur pointé vers Yes, des mélodies et un style à la Neal Morse, ou Spock’s Beard l’ancien. Le décor est planté, le voyage connu, le chemin semble sans embûche, mais on se surprend néanmoins à s’arrêter ci et là pour s’émerveiller de telle ou telle beauté rencontrée au fil du voyage.
La mélancolie du chant (voix féminines et masculines), les consonances des claviers parfois à la Woolly Wolstenholme (Barclay James Harvest), les guitares délicates et majestueuses… Tant de richesses et de sonorités captivantes qui renforceront une impression de solennité afin d’accompagner l’auditeur durant son périple et contribuant à ce que l’album de Lazleitt ne souffre nullement d’écoutes répétées. La bonne impression laissée de prime abord se bonifiera même au fil du temps...
«Perpetually Under Idle Grounds» ne décevra donc pas le fan de prog de tradition.
Centurion
3,5/5
http://www.lazleitt.com
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=Fgvn6KQwuJU&fbclid=IwAR1Ix1XuVWP6G6PHhSfxB6x1uGeUpxtcwiyB1OmK-DG-fJVnR284H-lPl-o

22/02/2020 : Les samedis étranges

Papillon de Mai

Amis, si vous m'aimiez…
poésie musicale – 35’18 – France ’19
Il y a un léger parfum du Genevois Jean Bart dans cet «Amis, si vous m'aimiez…»: la poésie flottante, le chant désincarné, la primauté du texte - le brin de folie en moins. L’écrit, justement, est dû à la plume d’Annick Merlin, la mise en musique, l’instrumentation, la voix, les images, à Franklin Hamon. Il s’agit bien plus de poésies musicales que de musiques à textes: Hamon dit plus qu’il ne chante, l’arrangement est fourni mais léger, avec une prédominance des sons acoustiques. Si le disque débute sur une mélodie primesautière avec «Croire en l’infiniment bleu», la monotonie de la déclamation prend rapidement le pas et lasse. La peinture de la pochette a coulé, avec un certain talent, des pinceaux de Natalia Koreshkova.
Auguste
2/5

https://papillondemai.bandcamp.com/album/amis-si-vous-maimiez

https://www.youtube.com/watch?v=aTBSwq7P81Q&feature=share&fbclid=IwAR2r9wYdEhLWSQxArNHgOq0pZZ7oT6SFPQcyC0EdAkPiexEer-IBkDdSHxA

Dennis Young

Primitive Substance
post-punk/new jazz/post prog rock – 55’48 – USA ‘19
Lorsque j’ai croisé récemment le nom de Dennis Young et après l’avoir mis en relation avec le groupe Liquid Liquid, je me suis dit que je tenais là quelque chose de potentiellement intéressant…
Liquid Liquid était, jusqu’à sa dissolution en 1985, un digne représentant du post-punk new-yorkais dont Dennis Young était le percussionniste, connu notamment au travers de son morceau «Cavern».
Même si Liquid Liquid a depuis lors disparu de la scène musicale, Dennis Young semblait donc avoir continué à travailler au travers de diverses collaborations, ou pour lui-même comme le prouve cet album «Primitive Substance», une compilation de créations de diverses époques.
Il en résulte un «produit» très disparate en termes de formes, de rythmiques, d’instruments, d’ambiances… qui met également en avant le travail de percussionniste de Dennis Young (que l’on pouvait déjà retrouver sur certaines plages de Liquid Liquid, telle «Eyes Sharp»).
C’est ainsi une sorte de contrepied à la facilité qui voudrait classer toute création dans des boîtes, cet album se rangeant dans plusieurs boîtes toutes à la fois (ou étant une boîte à lui tout seul?).
C’est tout à la fois un album de jazz avec ses sonorités classiques de cuivres, un album «primal» ou «animal» avec des bruits et des sons plus sauvages ou naturels, un album prog avec son lot d’expériences sonores, des sonorités exotiques avec des marimbas…
Un album tout en éclectisme, en juxtapositions, en incohérences qui se mélangent dans un joyeux désordre pour au final lui donner sa cohérence.
Il y a tellement d’éléments distincts mais complémentaires que cela fait craindre qu’une seule écoute soit insuffisante pour en percevoir les nuances.
Alors, pourquoi se priver?
Isidøre
3/5

https://aotns.bandcamp.com/album/primitive-substance

https://www.youtube.com/watch?v=A5RMXfnZb_k&list=RDA5RMXfnZb_k&start_radio=1&fbclid=IwAR2mxB98cNA3AaqiHC_As0M0P1SrQLW44L1xuokijDhxoBHDdZfzxe4OM90

Lobotomobile

First
rock psychédélique / stoner – 104’54 – Russie ‘19
D’après une légende bien ancrée (mais fausse, le mot n’apparaissant que dix ans après la disparition du chirurgien), "Lobotomobile" serait le petit nom dont Walter J. Freeman affublait son van, avec lequel lui et son collègue James Watts sillonnaient les institutions psychiatriques américaines au milieu du XXe siècle pour pratiquer des lobotomies (préfrontales d’abord, transorbitales - lyriquement surnommées lobotomies au pic à glace - ensuite). Le nom n’en a pas moins conservé son potentiel poétique aux yeux de ce trio de Tuymen (Sibérie), qui, après une démo en 2018, sort «First», enregistré live au Solar Zero Studio - un nom inspirant pour les vacances d’été. En voilà qui, à l’évidence, déplorent de n’être pas nés dans les années 60, époque où l’acide lysergique, indispensable à pleinement apprécier leur musique, était encore en vente libre. Sept (longs) développements aux accents psychotropes, sans doute largement improvisés, articulés autour des parties de guitares - aux sons sous effets comme il se doit - se succèdent dans ce qui se veut une transe hypnotique qui pèche par où elle faute: trop de transe nuit à l’hypnose.
Auguste
2/5

https://doyouwannaride.bandcamp.com/album/first

The Nois.IV

Dystopia
trip hop/acid jazz – 48’39 – États-Unis ‘19
Intrigant. Le groupe, d’abord, qui, s’il n’affiche pas une volonté affirmée de se soustraire à la curiosité du public (tels The Residents, à la persévérance sans faille, ou Daft Punk, au délire de motocyclette, ou Telex, qui résista toutefois moins aux appels de la gloire - "Belgium, one point"), ne fait en tout cas rien pour se faire, voire se laisser, connaître. Tout juste sait-on qu’il a ses bases à Los Angeles, Californie. La pochette ensuite, ce visage aux yeux perçants, qui évoque un dédoublement onirique, à la symétrie déséquilibrée par une ombre de dos. La musique, enfin: beats en cul-de-sac («Uprooted Tongues»), parfois pareils à des rouleaux de surfeur, fins impromptues («Void»), charges d’ions positifs jazzy/trip hop - c’est la couleur de fond de l’album - («Dystopia»), basse pétulante («Broken Glass»), souvent à l’avant-plan («Mantra»), voix utilisée comme un objet concret plus que comme un instrument de chant - les 17 (courts) sont essentiellement instrumentaux - («Human Spirit»), et aussi quelques titres superflus («Uprooted Tongues (Departure Version)»), voire pompiers («Nightlite»). Quant à la dystopie, "récit de fiction pessimiste se déroulant dans une société terrifiante", alors là…
Auguste
2/5

https://www.youtube.com/watch?v=dIa6Df9Y-Gc

Tusmørke

Leker for barn, ritualer for voksne
traditionnel enfantin – 43’37 – Norvège ‘19
Je voulais absolument chroniquer un album de Tusmørke et grâce à Tibère j’ai réussi à saisir cette «chance»! Ayant reçu le fichier contenant cet album durant les fêtes de fin d’année, je me suis dit en écoutant le premier titre que Centurion était encore dans les vapeurs de cervoise lorsqu’il me l’avait envoyé, et que du coup il s’était trompé de fichier! Mais non, en prenant des renseignements sur ce dernier album de Tusmørke, je m’aperçois qu’il s’agit bien du groupe dont certains membres se retrouvent aussi dans Jordsjø! Comment est-ce possible? Vous allez un peu mieux comprendre déjà par la traduction du titre de l’album: «Jeux pour enfants, rituels pour adultes», et dans le genre, je vois que ce n’est pas le premier essai de ces Norvégiens puisqu’ils avaient déjà sorti «Bydyra». Celui qui nous concerne ici est basé sur deux comédies musicales pour enfants: «The Bridge to the other Side» et «The Root of all Evil», qui se compose en partie sur des chansons traditionnelles norvégiennes pour enfants, façon Tusmørke, et en partie sur de nouvelles compositions. Durant la quasi-totalité de l’album, la voix de Benediktator est accompagnée de chants d’enfants, un peu parfois comme une chorale, mais on reconnaît toujours le groupe fidèle à la flûte, c’est peut-être pour cela qu’il est affiché: «pour les fans de Jethro Tull, Camel, Caravan» sur les étiquettes de la Fnac et de Cultura (sûr que pour avancer cela, l’album a été super bien écouté!). Moi je ne vois rien de comparable. Par contre, on peut trouver une différence entre la première et la deuxième partie de cet album. À l’écoute du début: «Per Sjuspring» et «Kjerringa med staven», on imagine que ces chants enfantins pourraient être assortis d’une danse folklorique, mais nous avons droit aussi à une berceuse «Bjørnen sover» (en français: l’ours dort), le «p’tit Quinquin» norvégien et la suite sur «På Torneroses slott» (en français: au château de Tornerose - Tornerose ayant été adapté par Walt Disney sous le titre «la Belle au bois dormant»), si Quinquin n’est pas tout à fait endormi. Mais, à partir de «Sjubidubidu Sju» (où on n’entend presque plus les voix d’enfants), on retrouve enfin un peu le «vrai» Tusmørke. «Velkommen til Hades» est un titre très (trop) court; dommage car il sortait du lot. Les titres «Kharons Vise» et «Eventyret er ute», sont, pourrait-on dire, les plus «rock» de l’album. Le seul titre à en tirer est «Den Tolvte Baal» qui est un tout petit peu plus expérimental: ça fait du bien!
C’est clair ce Tusmørke ne sera pas dans mon top pour 2020, mais il devrait l’être dans toutes les écoles norvégiennes.
La Louve
1/5

https://tusm-rke.bandcamp.com/album/leker-for-barn-ritualer-for-voksne

https://www.youtube.com/watch?v=KmtkeI39ovU&fbclid=IwAR3ViJlrgVIqTdbNeHuPWajJJtUaNJLwA8B9aI9oq10ZIDml9JR6MJHiL-Y

23/02/2020

Les Penning
Return to Penrhos
folk/Oldfield seventies – 48’15 – UK ‘19
Un peu de douceur dans ce monde de brutes. Leslie Penning "Les Penning musical page" (accompagné de Robert Reed) nous offre ici un voyage dans le temps et nous replonge dans les premières années de l’épopée du grand Mike. Il a collaboré avec lui sur «Ommadawn» (flûte à bec) et quelques singles qui restent dans la mémoire des fans: «In Dulci Jubilo» (dont on trouve ici une version plus étoffée et chantante), «Cuckoo Song», «Portsmouth». C’est lui qui a initié Oldfield à la musique médiévale durant leur séjour à Penrhos Court, dans ce hameau à la frontière du Pays de Galles fréquenté par d’autres célébrités dont Queen qui y travailla «A Night at the Opera». Robert Reed n’est pas un inconnu non plus, loin s’en faut: compositeur et producteur, membre de Cyan et de Fyreworks à ses débuts, fondateur de Magenta ensuite et, plus récemment, du super groupe Kompendium aux côtés de Steve Hackett, de Collins et de Beggs pour ne citer qu’eux. Après avoir rendu un vibrant hommage à Mike Oldfield, son idole, en commettant son premier album solo «Sanctuary», dans la veine de «Tubular Bells», il rejoint Leslie pour ce voyage pastoral aux fragrances médiévales. Amateurs de folk et de bal(l)ades dans les sentiers de la campagne galloise, vous allez vous régaler. Nostalgiques des premières heures de notre multi-instrumentiste ressuscitées par cet autre talentueux musicien, Reed, qui joue tous les instruments, de la basse aux claviers, en passant par les percussions quand le besoin s’en fait sentir, auxquels vient se greffer la flûte pastorale de Leslie, laissez vous prendre par la main pour un promenade toute de douceur, de calme et de volupté baignée au rythme des accords du passé. Féerie, beauté et magie, merci Leslie et Robert.
Clavius Reticulus
4,5/5

https://robertreed.bandcamp.com/album/les-penning-robert-reed-return-to-penrhos

https://www.youtube.com/watch?v=g0xOGXACUWY&fbclid=IwAR2zdsx9J3xVHxtJ1evKIWukTojuc0dhPV8vXbEaavRo1JdeO4czFheoI9k

24/02/2020

Il Giardino Onirico
Apofenia
crossover prog – 77’52 – Italie ‘19
Près de sept ans après son précédent et premier album «Perigeo», le groupe Il Giardino Onirico, originaire de Civita Castellana, non loin de Rome, aura mûri avec patience ce nouvel effort, voyant au passage son line-up quelque peu remanié au cours de ce long hiatus, avec le départ de son chanteur, le poète Marco Marini. Qu’à cela ne tienne: pour ce nouvel album, le groupe s’offre les contributions pour le moins prestigieuses d'Alessandro Corvaglia (La Maschera Di Cera) et de Jenny Sorrenti (Saint Just). Sous ces heureux auspices, le jardin a fleuri de plus belle avec un album qui s’articule autour d’ambiances le plus souvent prenantes, comme faisant écho à la thématique induite par le titre de l’album, à savoir la référence à l’apophénie, trouble de la perception dont les manifestations induisent un aller-retour incertain entre réalité et rêve. Ce que traduit assez justement le contraste permanent entre metal et ambient qui crée la dynamique inhérente à cet album, où l’aspect concret des rythmiques (parfois suggérées par des outils électroniques) s’évapore régulièrement dans des textures atmosphériques. C’est un ensemble d’une cohérence constante, où la construction mélodique s’applique à appuyer des envolées instrumentales de haute tenue (mention spéciale à l’excellent guitariste Stefano Avigliana). Si quelques passages abordent des sonorités ethniques (l’instrumental d’ouverture «Onironauta») ou flirtant entre jazz acoustique et flamenco (les guitares sur «Un Nodo Dell’Anima»), le propos est majoritairement symphonique, avec une science des constructions parfois dignes des grands aînés du genre (le passionnant «Lacrime Di Stelle», ou bien le finale haut en couleur de «Apogeo»), tandis que la maîtrise des ambiances offre des développements dans une sérénité pleine d’assurance (tel «Alétheia» et ses guitares hautement lyriques et un somptueux crescendo d’arrangements vocaux). Parfois un accès de fièvre point, comme sur «Mushin’» où les vocaux de Jenny Sorrenti suggèrent l’abandon dans cet espace particulier où l’esprit croit identifier la réalité dans l’illusion. Une certitude pour autant: cet album possède, pour peu que le temps lui en offre la possibilité, les qualités d’un possible classique du genre.
Cenomanus
4,5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://youtu.be/24Ivyi__s24?fbclid=IwAR0fdX3F4E0M4k_qUZetlJ12jFN5tQWbRJwS6ZEC843ZA9ZawkJmvFKvX_0

25/02/2020

Spaarkles
Tir na nÓg
folk celtique aérien – 52’52 – France ‘19
Naissance du groupe en 2011 suite à la rencontre entre France Verhaeghe (chant, flûte) et Thierry Trutet (guitare, mandoline, bouzouki). Rejoint ultérieurement par Radcliffe Henri (guitare, chant) et François Aubry (percussions), Spaarkles sort, en 2016, son premier EP, «A Travel in Every State of Mind», suivi, en 2017, par un single: «Promised Land». Au tour, maintenant, de leur premier album! Un détour par Wikipédia m’apprend que Tír na nÓg, désigne en gaélique «la Terre de l'éternelle jeunesse», l'un des plus connus des «autres mondes» de la mythologie celtique irlandaise, connu notamment par le mythe de Oisín et Niamh aux Cheveux d'Or. C'est l'un des noms du sidh, où les Tuatha Dé Danann s'installent lorsqu'ils sont battus par les Milésiens. Cette petite incursion nous permet donc de placer leur musique plutôt du côté celtique de la Force que les influences qu’ils citent, comme Bob Dylan, Léonard Cohen, Nick Drake ou Pentangle. Une courte introduction instrumentale nous accueille et est prolongée par «Tir na nOg part 2 & 3» qui en exploite le thème de manière plus approfondie. Tout de suite, une elfe, pas moins, fait son apparition en la personne de France Verhaeghe dont le chant est une merveille de quiétude et de douceur, couchée sur des entrelacs délicats à la guitare acoustique (et, il est vrai, un soupçon de flûte, vers la fin du titre). Pour «Promised Land», ne changeons pas d’atmosphère et restons sur cette note bucolique à souhait avec, toujours, des harmonies vocales mitonnées aux petits oignons! Décidément, j’imagine sans aucune difficulté Spaarkles sur l’une des scènes du festival hollandais Castlefest (Where fantasy becomes your reality), tant leur musique se prête facilement à une telle expérience (que ceux d’entre vous n’ayant jamais auparavant tenté cet événement s’offrent un WE de rêve dans cette ambiance féérique!). Sur «Embarr», de (légères!) percussions donnent une coloration différente à notre écoute. Mais entrons maintenant dans ce magnifique château médiéval et laissons-nous bercer par les douces mélopées de notre maîtresse de maison («Willow»). Mais il est tard, Monsieur, il faut que je rentre chez moi rejoindre tous mes petits lutins. Faites-en de même!
Tibère
3,5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=WMBJ6iYVecs&fbclid=IwAR3INTJbiotfOw_bKReNm1odhq8IY3c2Gzz9ENDLfHbINmKZMbofFrSMCMc

26/02/2020

Bend the Future
Pendellösung
jazz-rock progressif – 45’01 – France ‘19
Groupe français originaire de Grenoble, Bend the Future nous délivre ici son tout premier album. On sent immédiatement que ces jeunes (batterie: Piel Pawlowski - claviers: Samy Chëbre - basse: Rémi Pouchain - sax: Pierre-Jean Ménabé - chant, guitares, claviers supplémentaires et basse: Can Yıldırım) ont déjà une solide expérience et une approche enthousiaste et très fluide d’un genre (jazz-rock) particulièrement exigeant pour les musiciens qui s’y adonnent.
J’ai entamé l’écoute de cet album, sans le moindre a priori, intrigué, certes, par le titre et quelque peu dérouté par la présentation de son thème (très prog): «Pendellösung raconte l'histoire d'un ermite dans une forêt isolée qui est un pèlerin dans ses propres souvenirs, souvenirs qui sont enregistrés dans ses écrits adressés à un être cher anonyme. L'album explore les concepts d'isolement, de désir, de confrontation et d'éveil à travers des airs de longue durée mélangés à une musicalité inventive et à un large éventail de rebondissements émotionnels…» [Traduction Google de la présentation de l’album via leur site Facebook.]
Six titres pour me convaincre…
Je n’ai pas dû attendre bien longtemps pour être happé par le rythme de la batterie du premier titre, «Texture», les voix très bien assorties et la chaleur du saxophone et des guitares.
Agréable sensation que ne dissipera pas l’excellente ligne de basse (entre autres) de «Reaching for» et qui trouvera encore son prolongement avec l’intro au synthé de «Kiss n fly» et… son final musclé.
À ce titre délicieusement planant, parfois syncopé, entre jazz et prog, succède naturellement «Readiness», dans la même veine.
Comme annoncé, les titres «Frozen Hands» et «Heathens» parachèvent parfaitement l’évocation des sensations érémitiques: «musicalité inventive» et «rebondissements émotionnels» n’étaient pas de vains mots...
Un album studio très bien produit, une bonne cohésion, d’excellents musiciens et un répertoire - qui s’enrichira certainement de nouveaux titres - idéalement taillé pour les scènes intimistes (ou plus grandes!) où ces jeunes Grenoblois devraient logiquement «cartonner». C’est tout le mal que je leur souhaite!
Vivestido
4/5

https://bendthefuture.bandcamp.com/album/pendell-sung

https://www.youtube.com/watch?v=aaB8vB0Wlf0&fbclid=IwAR1wbgun2B0VklJEtiBK3CKlUfQWXrK3JrEtaUhixEf7S2QHReY7nAMHB2M

27/02/2020

Flaming Row
The Pure Shine
rock progressif folk et symphonique – 73’20 (x2) – Allemagne ‘19
S’attaquer à «La Tour Sombre», l’œuvre gigantesque de Stephen King, est une gageure. Résumer un telle épopée, (8 romans), sur une galette de 73 minutes, n’est pas chose aisée. Nikolaj Arcel s’y est essayé au cinéma,… on a vu le résultat. Quant à savoir si l’histoire est bien retranscrite ici, avec «The Pure Shine», je ne vous en dirai rien car je me suis arrêté à «Le Pistolero», le premier volet de la série du grand King. Bref, aucune importance, ce qui compte pour nous ici c’est la musique, alors allons-y… Flaming Row, formation germanique, aura construit et peaufiné ce projet durant 5 à 6 ans avant d’aboutir à ce «The Pure Shine», un double album dont le second disque est la version instrumentale du premier.
Déjà fort de deux autres albums, «Elinoire» en 2011 et «Mirage - A Portrayal of Figures» en 2014, le groupe semble vouloir évoluer à présent davantage vers un rock progressif caressé d’harmonies folkeuses et léché de flammes métalloïdes. Un concept symphonique et mélodique qui pourrait se résumer par l’hypothétique fusion d’un Mostly Autumn et d’un Ayreon. Réducteur? Sans doute, il y a plus: de la personnalité, un sens mélodique certain, une propension à l’emphase convaincante, des arrangements absolument parfaits; il s’agit donc ici d’un ouvrage riche et travaillé.
Six titres, dont la plupart dépassent les dix minutes, articulent cet album et constituent ce fil d’histoires vacillant entre très belles voix féminines et masculines, entre riffs appuyés et ballades subtiles, entre emphase et complexité, entre poussées symphoniques et apaisements bucoliques. Un tout équilibré et maîtrisé, «à la germanique» en quelque sorte, comme un opéra-rock grandiose mais qui souffrirait peut-être un peu d’un excès de fignolage. À trop vouloir en faire, ce foisonnement deviendrait presque monolithique et nous empêcherait parfois d’isoler les moments prégnants auxquels on voudrait se rattacher. Peu importe, voilà un bien bel album, peaufiné et convaincant, qui devrait ravir les adeptes du progressif symphonique et mélodique.
Centurion
3,5/5

https://flamingrow.bandcamp.com/album/the-pure-shine

https://www.youtube.com/watch?v=aa2VnbGw53A&fbclid=IwAR2ZplAdqAAF12elpxkm0kH0bwFYSu0hbEbRlhX71S0YTwQlkg2xVV5HDEU

28/02/2020

Djabe & Steve Hackett
Back to Sardinia
progressif/fusion/folk – 76’21 + DVD – Hongrie/UK ’19
DJABE, un groupe hongrois formé en 1996, réussit à merveille le mariage entre des styles aussi différents que le jazz et les folklores magyar et africain. Il compte déjà plus de vingt albums à son actif mais ce qui retient ici notre attention, c’est sa nouvelle collaboration avec Steve Hackett (un ami de longue date). On le retrouvait déjà en 2017, en guest star sur l’album «Summer storms & rocking rivers» ainsi que pour l’album live, enregistré en Sardaigne cette même année: «Live is a Journey - The Sardinia Tapes». Les instruments prédominants sont le saxo, la trompette (parfois «bouchée» - comprenez «à sourdine»), la guitare de Steve, évidemment, mais aussi la basse de Tamas Barabas qui tue par ses sonorités Tony Levin. De ce nouvel enregistrement en Sardaigne découle un album homogène malgré sa diversité mélodique, aux atmosphères et colorations musicales aussi différentes que le jazz fusion et la cinématique dans la plage «Dancing in a Jar» évoquant Nino Rota, compositeur attitré de Fellini. Ajoutez à cela les improvisations de l’ami Steve, impros qui se fondent merveilleusement dans le style à prédominance jazzy de Djabe, et vous obtenez cette pépite qui s’apprécie au nombre des écoutes. Djabe a également collaboré avec Sting et Ben Castle de Radiohead, saxophoniste que l’on retrouvera sur «Summer storms & rocking rivers». Pour les plus curieux, Djabe signifie «liberté» en langue akan (Côte d’Ivoire). Le package comprend en outre un DVD de cinq titres dont le mix en 24 bits en 5.1 surround, le documentaire «When the film is rolling» et des séquences vidéo live.
Clavius Reticulus
3,5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=Y0T8ze8hYwY&fbclid=IwAR0oBOS5GUrA_jxXiiI3uP9VPOV9ZXImdiJihE7Gzgjd_wdI3mImYagSvFI

29/02/2020

no-man
Love you to Bits
électro-prog – 35’54 – UK ‘19
Voici un album qui va faire polémique, surtout si vous êtes dans l’attente d’un retour là où les deux compères de ce projet, à savoir Steven Wilson et Tim Bowness, nous avaient laissés il y a 11 ans déjà. Surpris également si la présence du Dave Desmond Brass Quintet, complice des derniers Big Big Train, vous laissait espérer un album de néo prog rock comme seuls les Anglais peuvent le faire.
Si l’orientation de Porcupine Tree sur «Voyage 34» vous avait déroutés et si l’incursion dans la brit pop de Wilson dans son dernier album vous avait fait crier au scandale, ce «Love You Bits de No man» a toutes les chances de vous donner envie de l’utiliser comme frisbee lorsque la bonne saison sera revenue.
Et pourtant, si vous faites l’effort de découvrir cet album avec un esprit ouvert, afin de capter l’approche pleinement assumée des deux protagonistes d’aller vers une musique électro dance, vous allez alors découvrir un véritable chef-d’œuvre de l’électro-prog!
35 minutes de pur bonheur, où, comme pour les classiques de notre musique préférée, un thème musical est ici développé crescendo en deux parties bien distinctes, «Love you to Bits» et «Love you to pieces». Morceaux aux arrangements de piano et de guitares larmoyantes qui sont du pur Wilson. Vous serez surpris par des solos dissonants et jazzy qui nous renvoient à l’univers de King Crimson. Et puis il y a Bowness qui n’a jamais aussi bien chanté. Un timbre à vous donner le frisson.
Un conseil, écoutez ce disque au casque pour en percevoir toutes les subtilités.
Une œuvre majeure de la musique populaire contemporaine.
Tiro
4,5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=bGeLzKdPeZE&fbclid=IwAR39w4IWOMqXly2vs7ajs1xUZG2zKyGbE6TIeIyAWVxSgDo1Hm2dfv1K-wY