Septembre 2023

01/09/2023 : Yossi Sassi & The Oriental Rock Orchestra - Prediluvian

Yossi Sassi & The Oriental Rock Orchestra
Prediluvian
crossover progressif oriental – 41:05 – Israël – 2023
Yossi Sassi, membre des célèbres Orphaned Land, a sorti un album dès 2012; son 6e explore et fusionne les frontières musicales; il utilise des instruments traditionnels orientant sa lecture sur... l’Orient en surfant sur l’empreinte rock-tradition avec bouzouki, violons, charango et bouzoukitara (fait maison entre guitare et bouzouki) orientaux.
«On Shoulders of Nephilim»: atmo sombre sur un acoustique guitare mystérieux. «Uriel Machine» déboule, rock prog de là-bas bien rythmé avec montée suave. «Oopart»: rock satrianesque funky avec mélodie arabisante et final Serra Knopfler d’Orient. «Atlantis»: banjo mélancolique amenant une sérénade slide guitare ambiante, un pad au fond et un rythme sicilien, beau avec ce solo guitare évolutif. «Armaros Fall»: rock pêchu avec Ross des Haken aux vocaux; plus longue, AOR, avec une évolution progressive aux chœurs orientaux qui tient haut le pavé; finale harmonique vocale. «Anelo»: interlude arpège guitare minimaliste avec flûte typée sur un vocal plaintif.
«Watchers of Iyrin» s’enfonce dans les méandres du désert, le vent souffle, les instruments en rajoutent pour faire partir sur mille nuits excitantes. «Architect of the Stars»: intermède électronique jazz-rock plat avec une flûte qui fait louvoyer et un air immédiatement ensorcelant, entraînant. «Vision of Water» pour un thème alcalin, danse sur l’eau frénétique; l’ambiance de la danseuse évidemment présente. «Kumlar»: plus traditionnel avec la flûte de Pan enfin de là-bas qui distille un ton tranquille et beaucoup d’émotion. «Sirius» revient à un air rock guitare avec effluves de «Vidocq» et de Steve Vai pour un délire de notes, Yossi très bon et trop rare dans cette position. «The First Sunrise» jazzy à la Al Di Meola emmène sur le souvenir d’un de nos premiers levers de soleil et de son émerveillement, mis en scène par Yossi avec ses mille doigts.
Yossi Sassi entouré de son orchestre s’enfonce dans les méandres des sonorités orientales, sombres, éphémères, douces; une thérapie musicale pour lutter contre l’atmosphère du monde actuel, un son qui par contre s’écarte de plus en plus du metal à mon grand regret car très à l’aise dans ses soli; lorgnant plus vers Hackett & Djabe. «Prediluvian»: celui qui a vécu avant le déluge ou le voyage musical hébraïque hors frontières pour moment de détente.
Brutus
https://yossisassi.bandcamp.com/album/prediluvian
https://youtu.be/5v-M-wNmWAA

02/09/2023 : Motorpsycho - Yay!

Motorpsycho
Yay!
folk progressif / psychédélique – 42:08 – Norvège – 2023
Voici un 26e album studio en 33 ans d'existence pour le trio de Trondheim (un creuset prog de 200.000 habitants avec, par exemple, Arab's in Aspic et Kornmo). Les fondateurs Bent Sæther (compos, basse et voix) et Hans Magnus «Snah» Ryan (guitare, chœur) sont toujours là et la batterie est tenue par Tomas Järmyr (depuis 2017). Ils nous livrent, généralement, un heavy rock psyché parfois quasi metal où les voix sont toujours très soignées. Souvent chroniqués dans nos colonnes, ils ne nous sont pas inconnus, mais, si l'on garde les harmonies vocales, on change tout le reste. Vraiment. Les références sont à trouver entre America, CSNY et Paul Simon! Les instruments des 2 seuls guests convoqués confirment l'espace musical: Lisa-Maria Linnéa Isaksson à la flûte et au chant, et Josefin Runsteen au violon. Les 2 premières pistes sont acoustiques, organiques; c'est frais, on croirait sentir l'odeur de l'herbe grasse au printemps. Exit les epics de 12 ou 20 min comme sur le précédent; c'est généralement plus ramassé, plus immédiat, sauf sur le superbe «Hotel Daedalus» où il fait bon se perdre pendant quasi 8 min. On y reviendra.
Peu à peu, les pistes s'électrifient parfois mais sans s'éloigner de cette ambiance douce tels «Dank State» du CSNY où les voix enchantent, «WCA» plus chaloupé où les voix convoquent America.
«Loch Meaninglessness & the Mull of Dull», avec son riff en accord ouvert, apporte une note étrange, world, médiévale avant que le plus traditionnel «Hotel Daedalus» ne nous ouvre ses portes. La richesse des voix perdure dans un magnifique morceau soft psyché symphonique. La superposition des violons et de la guitare qui solifie est superbe!
«Rapture» qui conclut l'album dans un retour organique exprime bien le sentiment que provoque ce feel good album et qui pourrait être son titre «Ravissement».
Cicero 3.14
https://motorpsycho.bandcamp.com/album/yay
https://www.youtube.com/watch?v=8N71-adU9Ww

03/09/2023 : Búho Ermitaño - Implosiones

Búho Ermitaño
Implosiones
space rock – 31:06 – Pérou – 2023
Búho Ermitaño a été formé en 2008, à Lima (Pérou), par les guitaristes Franz Núñez et Diego Pando.
La formation actuelle, un sextet, s’est fixée en 2014. C’est également l’année de la sortie de leur premier album «Horizonte». Il faut ensuite attendre neuf ans pour qu’un deuxième arrive dans les bacs.
À part les bonnets, les lamas et le Machu Picchu, je dois bien vous avouer que je ne connais pas grand-chose du pays et la flûte (de Pan) est jusqu’à présent ma seule référence musicale! Voyons donc ce que nous réservent les sept titres de cet O.M.N.I. !
Búho Ermitaño est un groupe instrumental, même si quelques voix se laissent entendre ici ou là («Explosiones»). Le groupe semble se poser comme un chef de file de la scène underground de Lima et, en marge de leurs engagements envers Búho Ermitaño, la plupart des membres du groupe sont activement impliqués dans de nombreux «projets musicaux d'expérimentation sonore».
Étonnamment, le titre «Preludio» est le troisième de l’album. C’est aussi le morceau le plus court. Entrelacées de chants d'oiseaux, les guitares pastorales de la mélodie offriraient pourtant une introduction radicale aux assauts expérimentaux qui habitent les autres parties de l'album.
Quelques traits de rock lourd («Herbie»), des passages funk, jazzy («Renacer») et même une touche de râga indien («Buarabino»), pour faire bonne mesure, émergent des explorations instrumentales hypnotiques, passages mélodiques et éléments de rock cosmique. La cithare, la flûte et la charango (un type de luth andin), parmi lesquels se glissent les guitares wah-wah, apportent la touche folk andine qui permet de rendre unique le son du groupe.
Un album qui peut prétendre, sans honte, se ranger tout à côté de Hawkwind. En espérant ne pas attendre neuf autres années pour pouvoir écouter un troisième... disque.
Publius Gallia
https://buhrecords.bandcamp.com/album/implosiones
https://www.youtube.com/watch?v=LQXpZ16719c

04/09/2023 : Stefano Panunzi - Pages from the Sea

Stefano Panunzi
Pages from the Sea
art jazz / ambient – 67:12 – Italie – 2023
J'avais déjà eu la chance de chroniquer son 3e album (https://www.progcensor.eu/2021-juin.html#C8e9zkcY). Donc, quand j'ai vu ce nouvel opus dans la liste des sorties, j'ai très vite levé le doigt! Stefano continue à composer et jouer des claviers. Il s'entoure toujours d'une myriade de musiciens talentueux pour réaliser sa musique raffinée. Parmi les 20 guests qui prêtent leur concours, je dénonce les plus connus, par moi: on trouve Fabio Trentini (Le Orme, basse sur 4 titres), Jakko Jakszyk (King Crimson) au chant sur 3 titres, Pat Mastelotto (King Crimson, batterie) et son compère dans Stickmen, Markus Reuter (touch guitar), officiant sur un titre chacun. Malgré cela, les 12 titres montrent une totale cohérence, grâce sans doute au maître d’œuvre et à la mise en son parfaite que j'avais déjà remarquée sur le précédent CD.
«Which Truth», instrumental d'ouverture où le flugelhorn (sorte de trompette au son plus moelleux) évolue entre soft jazz et ambient, pour une rêverie cinématique reverbérée. «Not Waving, But Drowning»: dans une ambiance plus sombre, douce batterie syncopée, basse qui tricote de son côté, guitare lointaine et la voix de Jakko nostalgique. Ces 1res pistes m'évoquent Japan et David Sylvian, des '80 où Fripp tissait parfois sa toile. Superbe.
«The Secret» où l'on sent un peu plus que le maître d’œuvre est claviériste, mais la magie opère toujours; c'est fourni et limpide! À l'inverse de cet instrumental, «The Sea» met en valeur les voix qui évoluent entre Anathema et Wobbler sur un tempo lent.
En 4 pistes il a gagné, et il en reste 2 fois plus à savourer! Mention spéciale aux 2 dernières: «An Autumn Day» sonne plus Fripp, sans doute grâce à la présence remarquable de Markus et à une fin multicouche math (quoique très brillante). «The Sea Woman»: retour final vers le rythme aérien et syncopé de Japan pour une apothéose qui me laisse loin en moi, dans une douce torpeur, dont il faut que je sorte pour terminer cette chronique. D'ailleurs que faites-vous encore ici? Ruez-vous sur le lien et profitez!
Cicero 3.14
https://stefanopanunzi1.bandcamp.com/.../pages-from-the-sea
https://www.youtube.com/watch?v=XjHpoNiY2_s

05/09/2023 : Giant The Vine - A Chair at the Backdoor

Giant The Vine
A Chair at the Backdoor
crossover progressif / post-rock – 46:55 – Italie – 2023
Giant The Vine, groupe italien de post-rock progressif, jouant depuis 2014 et déclinant des notes atmosphériques de toute beauté; nom tiré du groupe Gentle Giant et d’un morceau des Genesis, tout est dit; des sonorités amenant l’émotion idéale pour voyager loin et agréablement dans ce 2e opus.
«Protect Us from the Truth» post enjolivé avec déclives progressistes, un saxo, un crescendo avec riff, un solo final mélancolique, onirique génésisien qui en fait un chef-d’œuvre. «Glass» arpège guitare spleen me rappelant le fameux «Capt’aine», Kwoon pour un tableau post envoûtant pour s’immerger encore plus loin, mono comme le groupe, beau comme une montée vers l’Olympe. «The Potter's Field» sombre et ténébreux, sur les enterrés de Hart, sur le covid et son horreur, beauté sinistre. «Jellyfish Bowl» représentant le vide et la recherche d’occupation, comme d’écouter une musique de film; air latent, monolithique, primaire, Sakamoto en ligne de mire; le break médian sur le piano cristallin de Simone et la montée onirique rappelle Genesis et King Crimson versions porc-épic. «The Heresiarch» change de ton avec un air rythmé rock énergique pour le réveil, la basse incisive qui enchaîne sur «The Inner Circle» cinématique, chœur religieux qui dénote, des voix au loin, le piano d’Ilaria solennel pour «parler» de Dolcino et Marcion et leurs hérésies. «A Chair at the Backdoor» tiré d’un vers de Talk Talk, sur la crainte d’une arrivée, sur la porte pour se dérober; titre long en crescendo post, Gregory avec son saxo l’emmène sur les relents crimsoniens frénétiques avant le final plus posé.
Giant the Vine a pris de Mogwai, de Radiohead, de Wilson, et a mélangé pour sortir cet album planant magnifique, post-rock avec du Genesis et King Crimson des 70 un peu, du rock punk, le rock de Tool, des premiers Porcupine Tree; onirique, novateur, une grande bouffée d’air frais musical.
Brutus
https://giantthevine.bandcamp.com/album/a-chair-at-the-backdoor-2
https://youtu.be/rYjtohVGq3U

06/09/2023 : Mouth - Getaway

Mouth (mouth)
Getaway
rock progressif – 43:59 – Allemagne – 2023
«Getaway» démarre avec un épique, éponyme, aux relents ancrés dans l’expérience de «666», l’album franco-hellénique (pourtant partis pour Londres, les musiciens se fixent à Paris), historique (1972) et ravageur (la volonté de Vangelis d’aller vers l’expérimental met fin au groupe après trois Long Playing) d’Aphrodite’s Child, le groupe de Papathanassiou, Demis Roussos et Lucas Sideras: on s’attend à entendre surgir sept trompettes sonnant fort, fort, fort, sur les chevaux des quatre cavaliers, au mariage du mouton – le break d’avant-final donne un désarçonnant coup d’«Imagine». Beaucoup plus court, «On The Boat» confirme les liaisons dangereuses entre psychédélique et progressif, suivi du crimsonien «Sea» aux guitares étirées et à la rythmique décalée, lui-même détrôné par le lourd et pénétrant «Purge & Hunt» qui me rappelle les heures roses (et bleues) de Frijid Pink (de Detroit) à l’aube des années 1970, tandis que «Once» et son pas d’éléphant et «Drowning» et ses nappes de claviers figurant cet entre-deux-eaux dans lequel les poumons se remplissent d’eau, clôturent un album enthousiasmant – il a la fraîcheur, l’imperfection (le chant aux limites évidentes, intelligemment mixé en retrait), le côté brouillon qui font craquer.
Auguste
https://mouthprog.bandcamp.com/album/getaway
https://www.youtube.com/watch?v=YWveU1ihT04

07/09/2023 : Deep Imagination - The Children of the Moon

Deep Imagination
The Children of the Moon
dark wave / gothique – 41:21 – Allemagne – 2023
Si l’on pouvait trouver des relents jazzy ou des ressemblances avec Pink Floyd dans le «Live at Electronic Circus Festival» de 2011, il n’en est plus question ici (ou alors de façon très anecdotique et pas celui de «Dark Side of the Moon», même si notre satellite est aussi à l’honneur; on ira plutôt chercher dans leur période psyché). Par ses ambiances ténébreuses, le présent opus évoque le style gothique d’un Saviour Machine, fût-ce par le chant crépusculaire tout en restant malgré tout moins luciférien. Assez éloigné des premières œuvres instrumentales électroniques «Scapes» (2005), «Gemstones» (2008) et «Awareness» (2010), cet album comporte des intonations vocales à certains moments proches de celles de Till Lindemann (Rammstein) (particulièrement dans le très incantatoire et mystique «The Magic Moon»); mais ne faites surtout pas une comparaison de style, on est à des années-lumière du metal. Thorsten Sudler-Mainz, maître opérateur de cette imagination profonde, s’occupe de tout: enregistrement, mixage et production, comme si le fait d’être en sus multi-instrumentiste (chant, claviers, guitares, basse et percussions) ne suffisait pas. Cet album est son sixième projet solo et succède à l’excellent «My Silent Celebration» d’il y a trois ans. Plus sombre qu’icelui malgré la voix de Ann Kareen qui vient s’ajouter par touches subtiles à celle de Thorsten pour écarter les nuages plombés d’un univers fait de matière noire. Le jeu de guitare de Achim Von Raesfeld allume lui aussi des étoiles dans cette noirceur un peu glauque. Les percussions drapées d’un léger écho ajoutent au mystère de ces enfants de la Lune. «The Silence of Winterland» est, avec «The Magic Moon», l’un des joyaux flamboyants de cette nébuleuse opaque, semant des particules d’espoir assombries par un chant grave, même si celui-ci est tempéré ponctuellement par la voix séraphique de Ann Kareen qui en reconduit l’impalpable silence. Conjointement, la voix de Ann et les arpèges de guitare de Achim ouvrent un portail luminescent dans cet obscur vortex où flottent comme des lamentations («No Words to Say»). Résonances cristallines appuyées par la basse et les riffs complétés de percussions au tempo lancinant. Cet album est comme un diamant noir qui jetterait d’improbables éclats de lumière sélénite. Une belle réussite à déguster sans modération.
Clavius Reticulus
https://www.deep-imagination.com/home
https://www.youtube.com/watch?v=qBaqx764Y1c

07/09/2023 : Covet - Catharsis

Covet
Catharsis
rock psychédélique – 28:30 – États-Unis – 2023
«Catharsis» est le troisième EP de Covet. Trois personnes constituent le groupe qui balance une sorte de psychédélique surf (on n’est pas originaire de Californie pour rien). À la guitare, on trouve Yvette Young, à la basse, c’est David Adamiak qui officie tandis que la batterie est l’apanage de Forrest Rice. Remarquons dès le début qu’Yvette nous balance de sacrés riffs à la tête. Des chœurs harmonieux nous accueillent dès l’ouverture de «Coronal» et la guitare fait des merveilles. Avec «Vanquish», on ne serait pas étonné de voir débarquer d’évanescentes vahinés au sein de notre salon. Voici donc l’album parfait pour vos soirées de vacances!
Tibère
https://covetband.bandcamp.com/album/catharsis
https://www.youtube.com/playlist?list=PLawMNLVMLgQVKWP4R0glaruz7gBtqs-UL

08/09/2023 : François Long - Get Away

François Long
Get Away
rock 'n' roll – 43:24 – France – 2023
Fin 2020, mon collègue Centurion présentait un guitariste amiénois qui se consacre à la musique depuis presque 40 ans: François Long, peut-être plus «anonymement» connu comme un des Rabeats, groupe de reprise des Beatles depuis 1999, qui a joué dans tous les Zéniths de France et des dizaines de fois à l'Olympia et a également parcouru plusieurs continents.
En 2014, sa longue expérience musicale l’avait amené à créer sous son propre nom, et ce avec l’aide de quelques amis et invités, dont Gail Ann Dorsey (Bowie, Kravitz…), son premier album studio, «The Seven Others». Un deuxième album, «Light Years From Home», paraissait deux ans plus tard. Et c’est en 2018 qu’il se consacrait à l’écriture de son troisième album, «Breathe».
Aujourd’hui, il s’agit de faire connaissance avec son nouveau et quatrième LP de dix titres: «Get Away». Précisons tout de suite que notre artiste se charge de presque tous les instruments et boucles.
Alors, c’est assez difficile à définir tant chaque titre est une surprise et sonne différent du précédent. On peut, ici ou là, sentir les influences, éclectiques comme le rock qu’il joue: Bowie, Nine Inch Nails, Queens Of The Stone Age, The Cure et Depeche Mode…
Pour simplifier, c’est comme si nous écoutions Johnny Cash sous acide, qui aurait rejoint les Sex Pistols. Il y a de grands renforts de bruits d’ambiance, de sons électro, entre rock ’n’ roll pur et dur et guerre des étoiles. Au détour de tel ou tel titre, des cordes apparaissent et s’estompent.
Énergie et puissance, riffs rageurs, entêtants et fulgurants de guitares guerrières, sans doute un peu grâce à Bérenger Nail qui a tout mis en son.
Tout cela donne des compositions percutantes qui s’ancrent dans notre cerveau reptilien.
Soulignons l’apport de Hervé Mabille dont le saxo, sur deux titres, se pose comme une cerise sur le gâteau.
On ne va pas se mentir, ce n’est pas du prog, excepté peut-être «Night flight II», céleste, au rythme lent, qui grimpe, sans hâte, dans un velours prog que la basse fait tanguer. Mais c’est un disque que vous aurez plaisir à écouter plusieurs fois.
Publius Gallia
https://open.spotify.com/intl-fr/album/3veOvKAXugkoIm94zQbn3x
https://www.youtube.com/watch?v=UQO12NzEV2g

09/09/2023 : Sesam - Modern Voodoo

Sesam (SESAM)
Modern Voodoo
jazz progressif – 47:34 – France 2023
Ils viennent de Metz, avares d’autres informations les concernant, hormis leurs noms (Emmanuel Abdul, Yacine Belmahi, Mathis Klaine, Léo Lévêque et Marc Stehlin) et leurs instruments de prédilection (respectivement, guitare, basse, claviers, batterie, trompette), et ont publié deux morceaux avant d’enregistrer ce premier album de jazz progressif, cinq pièces taillées pour la scène (ils jouent pas mal autour de Metz), captées et mixées aux Downtown Studios de Strasbourg par Matthieu Pelletier. Ça groove (parfois à un train de sénateur, comme dans «One Year Beneath The Ice» – avant de s’énerver et de secouer les endormis, qu’une petite sieste ambiguë attend après le tournant), la trompette alterne son rôle en tête de gondole avec le piano électrique (comme dans le morceau titulaire «Modern Voodoo») ou une langueur de chaleur étale de longues notes de guitares plus évocatrices de l’ouest américain que du pays messin («Passages»). «Jean-Luc» (c’est le titre) conclut cet éclectique disque par une atmosphère stellaire et ambient, déployée sur un gros quatre minutes.
Auguste
https://sesammusic.bandcamp.com/album/modern-voodoo
https://www.youtube.com/watch?v=niz2scaF9_I

09/09/2023 : Fairy Tale - Live from studio session (Bypass 1.)

Fairy Tale
Live from studio session (Bypass 1.)
hard rock – 16:39 – Slovaquie 2023
Après la Hongrie pour ma chronique précédente, voici dans la Slovaquie.
Fairy Tale n’est pas un groupe débutant, même si peu d’informations sont disponibles sur le web. En effet, si j’en crois les infos trouvées, le fondateur Peter Kravec a déjà bricolé quelques démos vers 1997-1998 avant qu’il ne rencontre vers 2003 la chanteuse Barbora Koláriková. Leur précédent album «That is the Question» a déjà été chroniqué sur cette page le 10 juin 2022 (http://www.progcensor.eu/2022-juin.html#E4So5VQ8) et avait reçu une excellente cote de 4/5.
Cette plaque n’est pas un nouvel album mais le résultat d’une session live enregistrée rapidement en studio. On y retrouve en effet deux morceaux (sur les quatre que compte cette production) déjà présents sur le précédent album.
J’avoue ne pas comprendre l’utilité de la démarche! En effet, par acquit de conscience, j’ai écouté les versions studio de deux morceaux en question et ces versions live sont, à mon sens, de vraies catastrophes, alors que les morceaux originaux sont tout à fait acceptables. Le son y est étriqué, la voix est enregistrée sans aucun relief et prend des intonations assez anachroniques; guitares et batterie sonnent également petit. Cela ne rend en tous cas pas service à leur musique. La démarche est d’autant plus étonnante que le groupe semble ne pas manquer de métier.
Pour le style, le groupe se présente comme «art rock»; sur ce live, cela sonne comme du hard sans originalité. Bref, cela ne m’a absolument pas touché. Si vous appréciez ce groupe, replongez-vous dans les productions précédentes et oubliez celle-ci au plus vite.
Amelius
https://fairytaleartrock.bandcamp.com/album/live-session-in-studio-bypass-1
https://www.youtube.com/watch?v=Z7KHALiSiDg

10/09/2023 : Marekvist - Varde

Marekvist
Varde
folk progressif – 39:29 – Norvège 2023
Ne manquez pas de lire l’interview que Marekvist a bien voulu nous accorder. Vous y découvrirez plus précisément l’univers de ce groupe norvégien. Les liens repris ci-dessous vous permettront de bien vous imprégner de leur musique absolument charmante et enchanteresse. Le chant de Live-Andrea s’y fait envoûtant, c’est particulièrement le cas sur la plage titulaire de cet album, mais c’est également le cas sur le titre «Draug» où les guitares se montrent capables d’envol quasi métallique. Le plus long, «Fanden», n’est toutefois pas en reste. «Myling» est un titre court et parfait pour clore les débats. Je vous invite vivement à porter votre attention sur cette plaque particulièrement emballante.
Tibère
https://marekvist.bandcamp.com/album/varde
https://www.youtube.com/channel/UCq2Gb_sDWWtS0We3d5UGG5Q

11/09/2023 : Godsticks - This Is What A Winner Looks Like

Godsticks
This Is What A Winner Looks Like
crossover progressif – 42:08 – Royaume-Uni 2023
Déjà un sixième album pour les énergiques membres de Godsticks… Pour tenter de coller une étiquette au groupe, le titre «This Is My New Normal» est un bon exemple; un metal prog dur, lourd et dynamique mais qui garde toujours une ambiance mélodique de fond. «Silent Saw» rappelle un peu Queensrÿche avec une ambiance mélancolique à base de guitares résonantes et un chant cristallin. Godsticks est vraiment un groupe d’une grande créativité, on ne s’ennuie pas une minute avec cet album. «Throne» est plus dans le style Dream Theater dans la partie gros riff que John Petrucci ne pourrait renier, avec de multiple changements de la base rythmique. «Mayhem» est carrément du heavy bien lourd, un peu à la Gojira ou encore Alter Bridge. Le son est parfait, la recherche est là, la puissance et le feeling… rien à dire. Il y a des riffs lourds à profusion et une section rythmique hyper douée, mais il y a aussi des mélodies de haut vol. Si vous êtes fan de metal progressif et que vous ne connaissez pas Godsticks, il est temps de corriger cette lacune avec cet excellent «This Is What A Winner Looks Like». Bonne écoute.
Vespasien
https://kscopemusic.bandcamp.com/album/this-is-what-a-winner-looks-like
https://music.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_lTF6oHxht0pDdWGw7UyBTGodJVWo9VNGQ

12/09/2023 : Laughing Stock - Songs for the Future

Laughing Stock
Songs for the Future
crossover – 49:59 – Norvège 2023
À 12ans, en 1978, Havard Enge (voix, clavier, flûte) et Jan Mikael Sorensen (voix, guitare, basse, claviers, batterie) se sont rencontrés; Jan-Erik Kirkevold Nilsen (voix, guitare) n'est arrivé que beaucoup plus tard pour former Laughing Stock.
Si vous êtes un fidèle lecteur de Prog censor, vous les connaissez déjà, au travers de 2 chroniques sur l'histoire, assez déprimante, de Zero, héros que l'on suit sur 2 albums, depuis sa naissance.
Alors, quelle n'est pas ma surprise de découvrir «For the Boys (featuring Colin Moulding)»! Cette piste introductive est... joyeuse! Le riff de trompette triomphante est jouissif. Et c'est la première fois que je ressens cela à l'écoute de LS! Le nom du groupe (signifiant «risée») vient d'un morceau de Talk Talk, et nos compères ont aussi beaucoup écouté de XTC. Ils étaient ados dans les '80, alors on ne s'étonne pas vraiment d'y trouver Colin Moulding (XTC basse, chant).
Rupture avec les 2 albums précédents. Là où je trouvais quelques traces du Floyd ou de Crimson, on trouve toujours le phrasé de David Sylvian (Japan), mais les morceaux sont résolument plus crossover et ramassés que jamais.
La gaieté du morceau introductif ne se poursuit pas, et l'on retrouve le climat délicat et nostalgique, qui semble, pour moi, la marque de fabrique de LS.
«The other Side» accueille Colin Bass (Camel) pour une belle piste d'une langueur toute nippone.
Dans «The Ocean», Billy Sherwood (Yes) en ultime guest bassiste chanteur vient apporter son concours à cette chansonnette qui, bien que plutôt entraînante, ne laisse pas grand-chose. Contrairement aux 5 derniers morceaux de l'album. «Changed» dont l'atmosphère noire s'interrompt trop tôt après 3:19. «Night of a thousand Stars» est une superbe chanson, 12 cordes et chœurs et envolées en 2:42. Que les 7 min de «It is Time» ne nous abusent pas, un long break médian divise cette pièce la plus prog. Les 12 pistes tiennent en moins de 50 min. Histoire de multiplier les voyages, rapidement!
Loin de faire la risée 😉 , ce 6e album confirme la qualité de ce groupe. D'ailleurs vous l'écoutez déjà!
Cicero 3.14
https://laughingstock1.bandcamp.com/album/songs-for-the-future
https://www.youtube.com/watch?v=iULk5G3NPQM

13/09/2023 : Animatone - Who Saw Us

Animatone
Who Saw Us
metal progressif / jazz progressif – 16:30 – Hongrie 2022
Très peu d’informations pour cette sortie; Animatone est un duo originaire de Hongrie qui livre ici ce qui semble être son premier EP avec trois morceaux relativement courts (moins de 6 minutes).
Il est difficile de savoir si les deux fondateurs, Zoltán Szécsi et Bernát Kiss, guitaristes de leur état, jouent de tous les instruments; il semblerait que la basse soit une vraie basse, la batterie est à mon avis programmée et le duo agrémente ses compositions de quelques jolies parties de claviers et se permet même une incursion electro dans la plage titulaire.
Le style est un prog métal mâtiné de jazz avec une vraie patte pop dans le sens où il y a un soin pour les mélodies et les arrangements. On pense inévitablement aux références du genre que sont Polyphia ou Arch Echo. Certes, c’est une autoproduction, cela manque de moyens, mais le duo a des idées et un sens mélodique. Il faudra donc surveiller ce qu’ils pourront produire à l’avenir.
À recommander donc aux amateurs des groupes précités et à garder du coin de l’œil pour le jour où ils auront les moyens de sortir un album complet.
Amelius
https://animatone.bandcamp.com/album/who-saw-us

13/09/2023 : Franck Carducci & The Fantastic Squad - The Answer Live

Franck Carducci & The Fantastic Squad
The Answer Live
crossover – 75:57 – France 2023
Si vous lisez cette chronique, cliquez immédiatement, s'il vous plaît, sur le lien qui mène vers la page Bandcamp de ce merveilleux album. Et, éventuellement, poursuivez votre lecture... Vous écoutez donc le témoignage de la tournée de 65 dates, support de l'album «The Answer» qui s'est terminée fin 2022, pour laisser la place en 2023 à un «Extravaganza Tour» [une trentaine de dates prévues, ndlr].
«(Love Is) The Answer» ouvre l'album; 12 cordes et harmonies où l'on apprécie le mariage vocal de Franck Carducci et de Mary Reynaud, un rien médiéval avant de tendre plus vers un Genesis qui aurait passé les années 1980 sans rien perdre. Le Hammond rugit, la guitare saturée solifie gentiment. Comme intro aussi «Love Is The Answer»!
Suit le bluesy «Closer to Irreversible». Puis c'est «The Betrayal of Blue», epic inédit qui m'évoque Bowie pour le ton et la 12 cordes. Et là, on touche l'essence même de notre genre favori, lorsque la délicate «flûte» s'envole, que la guitare saturée riffe, rageuse, que 12 cordes bouclent sur une suite d'accords, que les voix mettent en valeur un texte intelligent, que le piano arpège, qu'un thérémine solifie, et que tous nous laissent à pleurer sur notre belle planète dans un choral imparable accompagné d'un piano floydien (Cédric Selzer). Larmes transformées en rage d'un tel gâchis planétaire dans un prog rock apocalyptique (révélation!).
«The Angel» avec son motif lancinant de 4 notes, sur un tempo lourd (Léa Fernandez, batterie) avec la voix claire de Mary en opposition, propose une belle et lente digression que le solo final déchire (Barth Sky, guitare). Plus loin, «Alice's Eery Dream» nous fait passer 15 min plus rock, avant de devenir prog et théâtral.
Depuis 2011, outre 3 albums studio, c'est le 2e album live de Franck; il y en aura d'autres tant ses concerts sont extraordinaires (ouvrant pour Sting – celui-ci s'est-il demandé comment il pourrait passer ensuite?). Alors ne le ratez pas s'il ne passe pas trop loin de chez vous, car il est l'un des rares groupes français à tourner à travers l'Europe!
En attendant, vous avez l'album... Bonne écoute!
Cicero 3.14
https://franckcarducci.bandcamp.com/album/the-answer-live
https://www.youtube.com/watch?v=hsatnCzqqvk&list=OLAK5uy_mSZa8eqowi5Iyl8WoI5w7N0sBxrDJbeao&index=4

14/09/2023 : The Chronicles of Father Robin - The Songs & Tales of Airoea – Book 1

The Chronicles of Father Robin
The Songs & Tales of Airoea – Book 1
rock progressif – 46:15 – Norvège 2023
The Chronicles of Father Robin ont accepté de nous livrer quelques réflexions sur leur projet. Vous les lirez ailleurs sur cette page, mais laissez-moi vous livrer mes propres impressions sur cette plaque hautement progressive. Ils sont en effet fortement influencés par les plus grands du progressif des seventies et, ma foi, c’est très bien réalisé. Je trouve que la musique développée ici ne peut qu’attirer les afficionados de prog vintage que vous êtes très certainement. Notons que le collectif comprend en son sein des membres de Wobbler, de Tusmørke, de Jordsjø ainsi que de The Samuel Jackson Five. Vous avouerez qu’il y a pire comme collaborateurs. Quelques longs titres se démarquent sur cette plaque («The Death of the Fair Maiden», «Twilight Fields» ou encore «Eleision Forest»). Soyez assurés de passer un bon moment à l’écoute de cette superbe réalisation. Nous suivrons avec un grand intérêt les prochaines sorties du projet.
Tibère
https://fatherrobin.bandcamp.com/album/the-songs-tales-of-airoea-book-1
https://www.youtube.com/watch?v=tfX3ReI4vbM

15/09/2023 : Comedy Of Errors - Threnody For A Dead Queen

Comedy Of Errors
Threnody For A Dead Queen
néo-progressif – 58:58 – Écosse 2023
Comedy Of Errors connus en 1988, 4 ans après leurs débuts; dissolution puis redémarrage avec Joe Cairney, Mark Spalding et Jim Johnston restant à la barre, dans un genre d’Aragon, Marillion, Pendragon, Galahad, IQ, Pallas ou Abel Ganz; bref ce 7e album rentre dans la terminologie de néo-prog mélodique à tendance mélancolique avec des détours new age avérés.
«Summer Lies Beyond»: intro new age, vangélisienne, mélancolique, tempo linéaire lent contemplant la mer; vocal de Joe et une dérive orchestrale imposante sur IQ et Pendragon à la pelle, synthés et guitare en avant; break planant intimiste avant le crescendo final. «Seventh Seal» change, plus dynamique entre un Magellan et un Yes surboosté, avec prédominance des synthés de Jim; la seconde moitié presque orchestrale avec vocal éthéré et des parties de guitare stratosphériques. «We Are Such Stuff As Dreams Are Made On»: interlude instrumental oriental, aérien, venant des limbes, délicat et reposant, puis «Jane (Came Out Of The Blue)» au son 70’s love flower pour la ballade pop romantique agrémenté d’un beau solo bucolique, consensuel, puis «Through The Veil» clôt ce triptyque avec un titre similaire à «We Are»; intermède avec pad accompagnant l’air complainte hypnotisante d’église. «Threnody For A Dead Queen» et la dernière des trois longues suites pour un voyage répétitif dans lequel le rythme semble maintenu à son élan basique; piano d’orient, guitare plaintive; il faut attendre 5 minutes pour avoir un synthé gras qui coupe la procession; l’air nippon n’est pas loin, sidérant; je retrouve Kitaro, Apsaras et Kitajima bien sûr; fin à 9 minutes… avant l’envolée solo guitare et les voix yessiennes religieuses. «And Our Little Life Is Rounded With A Sleep» vient refermer cette envolée lyrique avec un climat intimiste jouissif lorgnant vers Sigur Rós et Vangelis. «Funeral Dance» comme seconde chance, Mozart, Chopin ou Purcell, cochez la case; baroque à tout va et clin d’œil pour les fans au «Prélude» de leur premier album; final bucolique oldfieldien folklorique, bucolique et festif.
Comedy Of Errors n’en finit pas de surprendre en proposant un son rempli de claviers surfant sur le new age par instants; un rock prog mélodique ambiant frais et singulier, innovant qui change du néo, plus contemplatif.
Brutus
https://comedyoferrors.bandcamp.com/album/threnody-for-a-dead-queen
https://youtu.be/3KmfO3DRWzw

16/09/2023 : Heatwaves - Kappa

Heatwaves
Kappa
rock fusion – 42:51 – Norvège 2023
Un nom de groupe de circonstance pour cet été 2023! «Canicules»…
Originaire de Bergen, il existe depuis 2017.
Heatwaves a à son actif un EP 4 titres en 2019, un second en 2023. Une compil de 18 titres en 2021 et cet album qui vient de sortir en juin avec 11 titres (de 3:07 à 6:33).
Jose Dolz (basse) et Luis Sanchez (guitare), venant du pop-rock pour l’un et du punk pour l’autre, ont lancé ce projet avec l'idée de reprendre des chansons de groupes de filles des années 60. Ils ont rencontré Ana Beltran (chant) lors d'un karaoké et lui ont immédiatement demandé de rejoindre le groupe. Fernando Cabalo (guitare) et Tomas Escoin (batterie) sont arrivés juste après.
Si l’album de 2021 montrait une inspiration et des références tirant vers The Ronettes, The Supremes, The Crystals, The Shangri-Las, et presque tout ce que Phil Spector a produit de «groupes de filles», le présent album aborde un autre registre foncièrement plus soul.
Heatwaves évolue, avec cet album, dans un paysage indé nostalgique avec des relents de soul, de jazz et de funk dans une ambiance générale de quiétude, de paresse, de langueur, comme pouvaient l’être certains morceaux de Pink Floyd. Le seul énervé de la bande étant le batteur.
Les chansons ne sont pas mauvaises mais elles sont sans aspérité, à ranger dans le registre «musique de Prisunic» (pour ceux qui n’ont pas connu ces magasins, c’est du même registre que «musique d’ascenseur»!).
Pour faire passer tout ça, je suis retourné écouter quelques Isaac Hayes et quelques vieux Floyd!
Vous comprendrez que Heatwaves m’a bien fait suer. Je suspecte qu’après avoir exploré les années 60 avec «Complete Recording», les années 70 avec «Kappa», le groupe ne récidive avec un album sur les années 80…
Publius Gallia
https://heatwavesbergen.bandcamp.com/album/kappa
https://www.youtube.com/watch?v=y6RIZJ3ZgW8

17/09/2023 : Beyond Berlin - World gone Mad

Beyond Berlin
World gone Mad
Berlin School – 66:20 – Pays-Bas 2023
L’aventure commune de nos deux compères, René de Bakker et Martin Peters, commence en 2020 au terme d’une jam improvisée. Sur cette base, après mûre réflexion, ils donneront naissance à l’album «Epiphany» en 2021. Une riche collaboration, on peut l’affirmer sans crainte, du meilleur duo de la Berliner Schule néerlandaise. Ils nous offrent ici un nouveau trip au cœur de strates séquentielles que le fantôme du grand Klaus étoile de ses courants cosmiques. Le premier voyage, au titre éponyme, est rythmé comme une aube lunaire qui se lève dans le zéphyr du temps, en glissement progressif sentient. «Legacy» reste dans la nébuleuse schulzienne sur un rythme lent et discret où flottent des nappes synthétiques d’une éthérale douceur. Parfums de plénitude qui, au fil des minutes, combinent les séquentiels en cascades scintillantes semblant naître d’un ciel peuplé d’anges aux ailes diaphanes. C’est comme si le regard plongeait dans les miroitements irisés d’un diamant de la plus belle eau. Une caresse plurielle des sens. Le calme reste de mise dans le pulsatile «Stages» qui s’écoule tels les grains d’un sablier mariant les couleurs d’un rêve empreint d’une absolue sérénité. Sursaut d’énergie à mi-parcours. Élévation incrémentale. Envol. Plénitude à nouveau. Regard vers l’infini. Plongée stellaire. Un rythme discret de basse accompagne tout au long du voyage jusqu’au dénouement étrange et inquiétant. «Pleasant Challenge» se vêt des parures d’un «Mirage» schulzien. Voyage de velours, mirage adamantin encore une fois d’une douceur évanescente. Au fil des minutes qui s’égrènent, la magie opère et l’on se perd dans les bras d’une nébuleuse envoûtante, un cocon astral tissé de séquenceurs moirés dont l’aboutissement entraîne une sorte d’état de transe hypnotique. Captivé, l’auditeur change inconsciemment de monde. L’esprit s’évade définitivement, flotte dans un ailleurs qu’il croyait enfoui. Simplement oublié, sublimé et retrouvé. Le voyage s’achève à regret. Pourquoi les plus beaux songes se fanent-ils pour nous abandonner à la triste réalité? Mais la vraie Réalité ne serait-elle pas dans un rêve comme celui-ci? Perfection des notes, perfection d’un voyage aux confins de la Conscience. Une bulle d’oxygène dans un monde devenu fou.
Clavius Reticulus
https://beyondberlinongroove.bandcamp.com/album/world-gone-mad
https://www.youtube.com/watch?v=nsnxg8vs56Y

17/09/2023 : Vertiges - Doriflore

Vertiges
Doriflore
jazz progressif / improvisation – 21:23 – France 2023
Curieux projet que celui de Vertiges, duo atypique d’un autodidacte aux claviers (Bruno Mutschler – ailleurs, il joue aussi d’autres instruments et compose) et d’un (musicalement) éduqué (Djid Chic) à la flûte traversière – il manie également plusieurs saxophones: le concept, risqué, sans compromis et assumé, met en jeu une improvisation (à distance, ça se passe pendant vous-savez-quoi), avec pour seuls préliminaires un accord sur le tempo (pour synchroniser les effets) et, pour «Doriflore», sur un mode – le premier prépare un éventail de sons sur ses claviers ou son ordinateur, le second saisit un de ses instruments (ténor, sopranino, alto, soprano) en fonction de l’instant. Le résultat en est une suite (5 parties) de musiques aux textures originales, libre de s’écarter de la tonalité, parsemées d’instants vocaux – les onomatopées de Djid Chic, dont la voix (mais pas que) évoque Robert Wyatt (une source d’inspiration partagée).
https://music.apple.com/us/album/doriflore-ep/1661057484
https://www.youtube.com/watch?v=kxCDtePmj34
Auguste

18/09/2023 : Actionfredag - Turist i eget liv

Actionfredag
Turist i eget liv
Canterbury – 39:30 – Norvège 2023
Le premier album d’Actionfredag établit une liaison (ferroviaire, de bus, de ressources, c’est selon) directe Oslo-Canterbury, par laquelle les cinq garçons et une fille, copains de l’est de la capitale norvégienne (Ivar Haugaløkken Stangeby aux claviers, Aksel Valheim Lem à la guitare, Katrina Lenore Sjøberg au chant, Martin Hella Thørnquist à la guitare et au chant, Espen Fladmoe Wolmer à la batterie et Ola Mile Bruland à la basse), ambitionnent de faire résonner, comme entre les murs de l’école d’arts britannique, les instruments qu’ils maîtrisent depuis un moment déjà (dans des groupes comme Tusmørke, Lupa, Jordsjø, Mt. Melodie…) et qu’ils chargent aujourd’hui de rendre hommage aux collections de disques de leurs parents, directement importés, cinquante ans plus tôt, de cette ville en ébullition créatrice du sud de l’Angleterre – les six sont épaulés par une série d’interventions de musiciens affiliés, qui à la clarinette, qui au violon, au glockenspiel, au mélodica ou au saxophone. C’est dire si les six morceaux, à l’ambition et aux longueurs respectables (mais raisonnables), bénéficient d’arrangements riches, parfois touffus («Peaches en Ulven»), de rythmes souvent actifs voire emballants, au sein desquels «En behagelig durakkord som sier noe om hvordan det er å se uten å bli sett» ("Un accord majeur agréable qui en dit long sur ce que c'est que de voir sans être vu") introduit une oasis reposante. Ah oui, «Turist i eget liv» signifie "touriste dans ma propre vie". Un disque intense.
Auguste
https://actionfredag.bandcamp.com/album/turist-i-eget-liv